I am that crazy (Bella)

“I'm that crazy”

Bella + Blake

"We are what we are"

Vous êtes-vous déjà senti comme si vous étiez un pur étranger au sein des vôtres ? Je dois admettre qu’en ce qui me concerne, d’aussi loin que je puisse me rappeler, j’ai toujours ressenti cette folle impression.  Évidemment je ne saurais vous en donner les raisons puisqu’il ne m’appartient pas de m’analyser, d’ailleurs ma psy est la personne la mieux placée pour vous en parler d’autant plus compte tenu de la hauteur des honoraires qu’elle me facture. Par moment j’ai l’impression de patauger dans le néant, comme si je chutais dans le vide et que rien ni personne ne pouvait amortir ma chute. Un jour, enfin c’est ce que je souhaite ardemment, j’obtiendrai les réponses à mes questions mais pour le moment ma seule et unique certitude est celle d’être un vrai taré tellement cette impression à la fois folle et démente, celle d’être totalement paumé dans ma tête, se veut puissante.

Téméraire, à la limite suicidaire, je m’étais porté volontaire afin de prendre la place d’une fort jolie jeune femme, lors d’une visite à la banque, alors qu’un vol avorté se transforma en prise d’otage. Peut-être voulais-je tout bonnement en finir avec la vie après tout ? Mais ça on ne le saura jamais puisqu’il y a de ces questions dont la réponse se veut si terrifiante que vivre dans le déni total se veut la solution la plus apaisante. Il fallait me voir afficher un air zen, et totalement détaché, pour constater que je me sentais totalement libéré en me faisant pointer l’extrémité de ce canon sur la tempe. Le regard de celle que je venais d’extirper des griffes d’un imminent destin plus que funeste semblait en être un des plus terrifiés mais pour ma part j’y voyais une libération. Peut-être aurais-je eu intérêt à prendre mes antidépresseurs ce matin.

Néanmoins j’avais eu du bol ; le gars n’avait pas pressé sur la détente, mon sang n’avait pas repeinturé les murs de la banque et je n’avais pas eu à tester si l’on pouvait survivre à une balle logée dans le crâne. L’intervention policière, rapide et musclé, ayant empêché la grande faucheuse de venir s’emparer de mon âme. Ce n’était que partie remise.

Quelques jours s’étaient écoulés depuis ces événements plus que surréalistes, je n’avais pas eu l’opportunité d’échanger quelques mots avec cette jeune femme, avec qui j’avais changé de place, en même temps je ne savais pas trop ce que l’on aurait pu se raconter. J’étais conscient que, malgré mes études et mon métier, je n’étais pas forcément l’homme le plus rationnel lorsque je me retrouvais confronté à ce genre de situation.  Néanmoins je revoyais la scène dans ma tête, en boucle, tout en me demandant ce que je ferais différemment avec le recul et, aussi étrange cela puisse paraître, je dois admettre que je n’en modifierais absolument rien. J’assumais pleinement mes faits et gestes aussi étranges puissent-ils paraître.

Installé au bar du Dirty Goose, je m’y trouvais depuis environ trente minutes, je m’y étais commandé un whisky que je bu d’un trait pour ensuite m’en commander un double. Évidemment j’aurais pu faire comme le font la plupart des clients, regarder autour de moi afin de voir si je ne tombais pas sur un visage familier, mais je n’étais pas forcément dans les meilleures dispositions pour socialiser. Jack Daniels étant mon seul et unique confident ce soir mais évidemment ce n’était pas coulé dans le béton, ce détail pouvait changer mais je ne comptais pas forcer les choses ; ce n’étais pas dans mon style.

Ces derniers temps, la vie ne cessait de me rappeler que des millions de petits détails pouvaient facilement gâcher une vie. J’avais cette forte impression que Dieu m’attendait au tournant, prêt à me donner un autre défi à relever. Bien entendu, il ne se contentait pas que de me donner un petit accrochage en voiture ou une perte de clés, quelque chose de simple. Non. Il me foutait la mort de mon frère sur le chemin, une perte d’un enfant ou encore une prise d’otages inusités en plein milieu de la banque. Vous avez compris ce que j’ai dit ? Une prise d’otage. Qui d’assez malchanceux comme moi peut être la cible d’un groupe de cons pensant être plus allumés d’esprit que les autres. Surtout – assez cons pour croire que voler une banque est la meilleure des choses à faire pour passer le temps. Je me souviens encore de l’odeur qu’avait l’haleine de celui qui me parlait à quelques centimètres de mon visage. J’ai encore la sensation de ses mains autour de mes poignets et le froid de l’arme qu’il avait posée contre ma tempe. Je me souviens avoir fermé les yeux et dédié ma dernière pensée à mon père. Sachant que sa maladie le rendait de plus en plus faible à chaque jour et le faisait souffrir, c’est vers lui que je dédiais mon dernier moment.

Jusqu’à ce que. Sans m’y attendre, sans même avoir espéré ce tournant de situation, quelqu’un prenait ma place. Ce n’était pas non plus une place que qui avait été forcé de prendre, c’était le choix de l’homme en question. Alors qu’on échangeait nos deux positions, je l’avais regardé avec tellement d’inquiétude, de peur et de désolation. Pourquoi c’est lui qui devrait en baver à ma place ? Pourquoi les dernières pensée d’un innocent devraient spécifiquement être une haine contre moi, sachant que j’aurais dû être à sa place. Et vous savez quoi ? At this point, dans ma vie, je ne crois même pas que ça m’aurait dérangé. Hé oui, je ne sais même plus quoi pense de moi-même et de ma propre vie ces temps-ci. Après tout, je me réveille bien à tous les matins avec l’impression d’avoir accompli rien d’autre que ; nothing.

Ce soir, au diable les retenus. Au diable la sagesse. J’avais besoin de rencontrer mes propres démons et de même les affronter. Je sais que je ne suis pas le genre de fille à mieux tenir l’alcool et surtout pas celle qui retient ses propos lorsque je sens la boisson enivrer mon âme. Je me laisse aller dans mes paroles et arrivera ce qui arrivera. J’entrais au Dirty Goose comme si ma place se trouvait ici. Comme si je savais exactement ce que je cherchais. Par contre, j’avouerais que les gens trop heureux me faisaient peur. Les éclats de rires provenant des diverses tables me foutaient la gerbe, sachant que moi, en ce moment j’étais tout sauf la personne la plus heureuse du monde. Histoire de mieux commencer à gâcher ma soirée, je me rendis au bar, l’air confiante. Des hommes en habit me dévisageaient de la tête aux pieds, sûrement entrain de se demander s’ils réussiraient à m’emmener chez eux ce soir. Non, je ne finirai dans le lit d’aucun inconnu ce soir. J’ai beau mal aller, je ne suis pas au bord du gouffre pas non plus. - Gin. Sans glace. Ma phrase sonnait confiante, comme si c'était le nectar que je prenais tous les soirs. Regardant un peu autour de moi, je vis son visage à l'autre bout du bar. Ce mec, celui qui a risqué sa vie pour moi. Pourtant, il était sacrément bien foutu et plutôt joli je vous avouerais. Ce type, il devait avoir tout pour lui. Je paris même que sa femme l'attend sagement à la maison, entourée de leurs jolis gosses. Pourquoi il est ici ? Mais surtout.. Pourquoi il a l'air aussi malheureux que moi, sinon plus ? Je me rendis jusqu'à lui, posant mon verre doucement à ses côtés. - Je ne sais toujours pas si je dois vous remercier ou simplement vous traiter de fou. Un sourire narquois se formait sur mes lèvres. Bien sûr j'allais le remercier mais je voulais plaisanter un peu. Et puis .. son regard à lui là, il perturbe un peu.

“I'm that crazy”

Bella + Blake

"We are what we are"

À quoi diantre avais-je pensé en prenant une décision se voulant pour le moins illogique et insensée ? À vrai dire je n’en savais rien, je dois admettre que sur le coup je n’avais pas trop réfléchi à la portée de mes gestes, ni encore moins aux conséquences qui pouvaient en découler, j’ai simplement fait ce qui me semblait aller de soi. On dit que ce qui distingue les héros du commun des mortels réside dans le fait qu’ils agissent plutôt que de passer leur temps à réfléchir, pour ma part je ne me considère pas comme un héros … disons simplement que j’ai eu le malheur de me retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment et que mon instinct a pris l’ascendant sur ma raison.

Installé au bar fixant le vide du regard, agitant mon verre afin de remuer les glaçons, je ne portais que trop peu attention à ce qui pouvait m’entourer. Absorbé par mes pensées, plus qu’obscures, le monde aurait pu cesser de tourner que je ne m’en serais pas aperçu.

Soudain j’entendis un brut, plutôt léger, alors qu’un verre vint se poser tout près du miens et laissant mon regard se poser sur la personne à qui cette consommation appartenait il ne me fallu que bien peu de temps pour en reconnaître la propriétaire. Belle, charmante et élégante comme elle était, la jolie blonde était le genre de femme qui marquait les esprits. Moi qui avais une mémoire photographique, jamais je n’aurais pu oublier un visage aussi exquis et envoutant.

« Ce que vous en pensez n’appartient qu’à vous. Puis il est vrai que le courage et la témérité ne sont séparés que par une ligne infime. Chacun son degré de folie après tout. » Évidemment je m’étais mis à lui sourire, bien que faiblement, je n’avais pas forcément envie de la perturber avec mes états d’âmes puis, il faut l’admettre, elle avait probablement été troublé par les événements de la banque alors il aurait été inconvenant de ma part d’en ajouter au caractère troublant et déstabilisant de ce qu’elle pouvait avoir vécue. Me décalant légèrement ’entrepris de déplacer mon tabouret afin de lui permettre de s’installer, après tout elle n’allait pas demeurer planter debout indéfiniment. Mon regard rivé sur le sien je n’avais pas été sans remarquer ces quelques hommes qui semblaient n’avoir de yeux que pour la belle, de toute évidence elle comptait sur une horde de prétendants disposés à pactiser avec le malin pour un moment en sa charmante compagnie. C’était amusant de les voir la désirer de la sorte alors que de toute évidence elle n’en avait rien à cirer de leur attention.

@Bella Reacher

Mon interlocuteur me faisait de la peine un peu. J’avais l’impression qu’il avait la tête très préoccupée par quelque chose ou qu’il était peut-être triste. Cela expliquerait sûrement sa décision de m’avoir sauvé. Enfin, je sais pas vraiment si quelque chose de grave me serait arrivé. Lui, il était quand même là devant moi, en un morceau et vivant. Je pense que le traumatise se jouait vraiment dans nos têtes à tous les deux. Je ne sais pas vraiment si de mon côté j’aurais eu la même chance que lui ou si je me serais retrouvé un peu partout sur les murs de la banque. Dans tous les cas, je pense que mes mots ne seront jamais assez forts pour lui dire à quel point je suis reconnaissante.

Son visage avait tourné légèrement dans ma direction, tandis que je posais ma boisson près de lui. Il n’avait pas l’air dérangé que le rejoigne. Il ne devait donc pas attendre quelqu’un, sinon il aurait probablement manifesté la chose. En m’approchant, j’eus l’impression de le sortir d’une sorte de bulles de pensées. Tant mieux, je voulais faire connaissance avec cette personne, sachant qu’il m’avait rendu un énorme service. – Je ne vous dérange pas j’espère ou .. vous attendez quelqu’un ?

Il avait décalé sa chaise un peu, faisant en sorte de replacer le tabouret pour que je me joigne à lui. Un sourire narquois se formait sur mes lèvres. Il avait donc envie que je reste. Tant mieux, puisqu’une partie de moi se sentait joueuse ce soir et j’avais envie de faire connaissance. Bon, je n’avais certainement pas l’intention de lui sauter au cou en le draguant comme une malade, rassurez-vous. Par contre, je ne peux cacher que je trouve cet homme plutôt attirant et grandement mystérieux. Quelque chose se dégageait du regard de celui-ci. Visiblement, il avait une stature, une personnalité forte et je me devais d’en apprendre un peu plus. – Dans tous les cas, je ne vous remercierai jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi. Je ne sais vraiment pas ce qui vous a pris mais c’est d’une grande bravoure à vous. En terminant mon verre, je fis signe au barman de m’en emmener une autre et de commander la même chose. J’adorais le regard des gens autour de nous. Il y avait des femmes qui tentait tellement d’attirer le regard de l’homme vers elles et inversement des hommes voulaient le mien. Par contre, c’était différent ce soir. J’avais l’impression d’avoir une certaine symbiose avec la personne devant moi. Nous avions vécus quelque chose de difficile et maintenant nous connections. Je me tournais vers lui, m’accoudant au comptoir, histoire que son regard soit bien dans le mien et qu’il ne regarde pas d’autre chose. – Je m’appelle Bella au fait.. quelle impolie je suis! Je ne me suis même pas présenté. Le barman apporta nos verres et je levais le mien, plongeant fermement mon regard à celui de l'homme devant moi. Bordel, ces yeux bleus me jetaient par terre et il avait un de ses sourires. Je gardais mon calme pour ne pas devenir enfantine devant lui. - Comment puis-je vous remercier ?

“I'm that crazy”

Bella + Blake

"We are what we are"

Avez-vous déjà ressenti l’étrange impression, à tout le moins momentanément, de ne pas être à votre place ? Je dois avouer qu’en ce qui me concerne cette impression, cet état d’âme aussi étrange qu’insoutenable, est pratiquement une réalité de tous les jours mais évidemment j’évite de trop m’étendre sur ce sujet puisque je n’ai pas forcément l’envie de me retrouver dans ce genre d’instituts ou l’État entasse ses fous. Heureusement que l’alcool existe, il me permet de noyer momentanément ce qui se veut de nature à me troubler et ce soir je ressentais l’envie, on ne peut plus incontrôlable, de submerger mes états d’âmes sous un déluge de millilitres de ce liquide ambré et fortement alcoolisé.

L’espace d’un bref instant mon regard s’était dirigé vers la base de mon poignet, comme si inconsciemment je m’étais mis à envisager cette idée plus que saugrenue de mettre fin à mes jours, mais évidemment cette intervention de la belle blonde me tira de mes pensées et me ramena rapidement aux aléas du monde réel. Bien qu’elle dût, fort probablement l’ignorer, elle venait bien malgré elle d’abréger cette torture à laquelle je semblais un peu trop enclin à me livrer corps et âme. « Vous ne me dérangez aucunement et, non, je n’attends personne. » Lui dis-je d’entrée de jeu afin de répondre à sa question et la mettre à l’aise.

Visiblement elle semblait apprécier mon geste et elle ne s’était fait prier trop longtemps pour se joindre à moi. Je n’avais pas posé ce geste à la banque afin d’obtenir de la reconnaissance, à vrai dire je crois que c’est surtout cette folle envie de faire la paix avec mes démons intérieurs qui m’avait incité à commettre un geste se voulant aussi insensé et allant totalement à l’encontre de l’instinct de préservation. « Vous savez j’ai simplement fait ce que je croyais approprié à ce moment, je n’étais pas forcément animé par une quelconque poussée héroïque et encore moins motivée par la reconnaissance que pourrais m’apporter ce geste. En fait, pour me montrer parfaitement honnête, sur le coup je n’ai pas réellement réfléchi aux conséquences que pouvaient avoir ce geste sur ma personne. » Évidemment j’aurais pu lui dire que par moment il fallait savoir sacrifier un pion pour sauver sa reine mais je ne savais pas trop si mon analogie comparant ma vie à une vulgaire pièce disposée sur un échiquier allait passer ; du coup je m’étais donc abstenu.

Regardant brièvement le serveur, aller et revenir, mon regard se posa presque exclusivement sur celui de mon interlocutrice. Il faut dire que pour ma part regarder son interlocuteur, lorsque l’on s’adressait à ce dernier, se voulait une forme de respect plus qu’élémentaire. Évidemment j’étais conscient que certaines demoiselles pouvaient probablement nourrir du désir à mon égard bien que je m’en foutais éperdument. Continuant de la regarder, mes yeux se noyant dans les méandres de son regard azur, plus rien ne semblait vouloir compter puisque je m’y perdais sans retenue. « Enchanté Bella, je me prénomme Blake. Je crois que compte tenu de ce que nous avons vécu il est normal d’avoir fait quelques accrocs aux convenances. Ce serait injuste de se le reprocher. »  Bien que légèrement insouciant, face aux dangers de la vie causés par mes pulsions téméraires, je n’en demeurais pas moins quelqu’un de conciliant. « Si j’avais fait ce que j’ai fait dans le but d’obtenir une faveur je saurais répondre à cette question mais puisque je n’ai pas forcément agi afin d’en tirer un quelconque bénéfice je dois avouer que je ne sais pas trop quoi vous répondre. »  Je ne voulais pas non plus lui donner l’impression d’être l’un de ces imbéciles sautant sur la première occasion afin de lui faire une proposition déplacée, je n’étais pas ce type d’homme mais je serais un bien piètre menteur si j’osais avancer que son regard, sa beauté et a prestance me laissaient totalement indifférent. Elle était magnifique en tout point mais plus que son apparence physique j’avais envie de découvrir ce qui pouvait l’animer … découvrir son moi profond.


@Bella Reacher