coming back | feat Troy

Un an demi, qu’il ne lui avait pas parlé. Un an et demi. Qu’il l’avait jeté mainte et mainte fois, jusqu’à ce qu’il abandonne l’idée de reprendre contact avec lui.  

Jamais Neptune n’aurait cru être contraint d’abandonner celui qu’il avait considéré comme une figure paternelle, celui qui l’avait recueilli alors que sa propre famille l’avait rejeté. Il se sentait mal, d’avoir répété ce schéma, mais en inversé.  

Pourtant, ça s’est passé. Il s’est laissé étreindre dans une douce relation sans savoir qu’il signait un contrat indéterminé avec son bourreau. Au début, tout se passait extrêmement bien, il aimait le côté protecteur de son amant, puis compagnon. Il aimait ses douces étreintes mêlées à son sérieux, et ce sombre regard. Il aimait même la petite jalousie naissante qui lui faisait se sentir important aux yeux d’une personne. Il avait même appris à aimer porter sa possessivité, par des suçons mis à des endroits plus que stratégiques, lorsqu’il allait par la suite à une soirée, ou qu’il parlait un peu trop d’un collègue. C’était gênant, et peu professionnel, mais après tout, pourquoi pas ?  

Puis, il l’avait excusé le jour où il s’était emporté, par manque de confiance en lui, et peur de perdre Neptune. Il avait pardonné ses cris, ses insultes, sa claque qui l’avait plus surpris que fait souffrir. Il lui avait même pardonner, de ne pas avoir écouter son absence de consentement, lorsqu’il avait proposé de s’excuser au lit. Il lui avait même proposé un compromis en cessant de parler avec certains amis avec qui il avait déjà couché, ou bien juste eu quelque chose d’ambigu. Ca lui avait déjà enlevé un paquet de personnes, mais après tout, il lui restait encore Troy et d’autres amis. Après tout, au fond, Caleb c’était quelqu’un de bien, qui avait juste énormément d’insécurité, et Neptune, était du genre à aider dès qu’il le pouvait, quitte à s’oublier.

Puis, l’emprise de Caleb, sous couvert d’insécurité n’a cessé de grandir. Ce dernier savait la tendance de Neptune à tomber dans les bras d’hommes plus âgés à partir du moment où ils étaient gentils avec lui. Alors, il lui a demandé de couper les ponts avec Troy, qu’il voyait comme une menace malgré l’attachement familial que ressentait Neptune pour lui. Le petit brun avait eu beau le rassurer, lui dire qu’il le voyait seulement comme une figure paternelle, son copain de l’époque ne parvenait pas à voir les choses autrement.  

Alors, Neptune a simplement cessé de parler à Troy. Il ne lui répondait plus. Jusqu’au jour où Caleb a mal pris de voir Neptune hésiter à chaque fois à répondre, et l’a forcé à lui envoyer un message pour cesser d’être en contact avec lui, et le bloquer de partout. Ce jour-là lui donne encore des crampes à l’estomacs rien que d’y penser.

Ça aurait dû être un red flag, mais il s’est dit qu’il y avait surement moyen que leur relation aille mieux après ça, et parvenir à lui faire ensuite accepter ses amis.  

Mais il se trompait.

Car ça n’allait pas mieux.

Petit à petit, sa vie devenait un enfer, il n’avait plus le droit de faire la moindre chose seul, sauf si c’était aller à l’autre bout de la rue pour aller chercher les clopes de Caleb.  

C’est d’ailleurs grâce à cette seule sortie seul qu’il a pu trouver la personne qui l’a aidé à sortir de là. Il a d’abord dû réaliser que cette relation n’avait rien de normal, et que jamais elle ne le serait. Ceci avant d’entamer les démarches pour que Caleb n’ait plus accès à son appartement, récupérer ses affaires et cesser de lui parler. Ca a été extrêmement dur, il a cru ne jamais s’en sortir, mais il l’a fait.

Il s’est libéré de l’emprise d’un pervers narcissique.  

La suite a été de reconstruire sa vie, et à chaque étape de cette reconstruction, il voulait recontacter Troy, expliquer, s’excuser, lui faire comprendre. Mais il n’y parvenait pas. Par honte, parce qu’il avait peur que ses excuses ne soient pas suffisantes, parce qu’il craignait que ça lui fasse plus de mal que de bien.  

Ce matin encore, il ne voulait pas y aller. Puis, il est parti faire des courses en moto, et sur le chemin, le courage s’est montré d’un coup. Il l’a attrapé à pleine main et a changé sa direction pour se rendre chez celui qui lui a permis de ne pas se retrouver à la rue.  

C’était pour cette raison qu’il se trouvait actuellement devant la maison du brun. Il coupa le moteur, mis pied à terre et retira son casque avant de lever la tête et de sentir son estomac se tordre. Non, maintenant qu’il y était, ce n’était pas le moment de se défiler.  

Il descendit de sa moto et se dirigea vers la porte, avant de toquer, timidement, comme à son habitude, serrant la lanière de son casque à cause de l’anxiété qui s’installait. Le temps que la porte s’ouvre sembla durer une éternité. Et lorsque cela se fit, il se figea.

A la vue de Troy, il perdit les mots, ne sachant lesquels choisir. Il se sentait si mal, tout remontait, la culpabilité venait lui brûler son courage et sa main se relâcha, laissant son casque s’écraser contre le sol. Ceci eut pour effet de le ramener à la réalité, tout en le faisant sursauter.

“Je... hey ?”

Il n’osait pas le regarder dans les yeux, son regard n’allait pas plus haut que ses joues.  

“Désolé de débarquer comme ça, après tout ce temps, mais je...”

Il marqua une petite pause.

“Je veux juste que tu comprennes”