Welcome world baby. ღ Haddy

Le terme de la grossesse d’Hazel approchait à grands pas. Ce n’était pas la première fois que nous vivions cette situation, cette attente. Malgré mes nombreuses absences, j’avais quand même fait en sorte d’être présent à la naissance de notre fils, il y a de cela bientôt six ans. Mais il n’en demeurait pas moins que c’était une source de stress, parce que je sentais qu’encore une fois, je tombais dans l’inconnu. Je ne tentais pas de me voiler la face : je savais très bien que je n’avais pas été le père le plus présent du monde pour Freddie, et j’allais probablement m’en vouloir toute ma vie, même si on ne cessait de me dire que je n’aurais pu rien y faire. J’avais du mal à accepter cette idée. Cette fois-ci, c’était différent. J’avais une seconde chance d’être un bon mari, un bon père, et j’avais l’intention de la saisir. Mais si je n’étais pas la hauteur, si je ne faisais pas les choses correctement ? Évidemment que je me remettais en question, mais j’essayais, surtout ces derniers jours, de ne pas le montrer, trop en parler, être un fardeau pour mon épouse. Je savais qu’on me disait de m’ouvrir, de ne pas tout garder pour moi, mais là, je me disais que ce n’était pas nécessaire, que j’allais gérer mes craintes une fois que notre fille serait là. Et j’osais espérer au fond de moi que ces craintes, ce stress, tout allait me quitter une fois que je verrais notre bébé pour la première fois. J’avais hâte de revivre ce que j’avais vécu quand j’avais pris Freddie pour la première fois, alors qu’il était tout petit et peinait à ouvrir les yeux. Serait-elle aussi petite que lui ? je me le demandais, et chaque fois, il me tardait de la voir. Mais j’essayais d’être patient, et ce soir ne faisait pas exception à la règle. Refusant de forcer ma femme à bouger à ne plus finir dans la maison si ce n’était pas nécessaire, je m’étais occupé de mettre Freddie au lit. Il était assez grand pour le faire seul, mais j’avais appris à apprécier ce moment avec lui, ne serait-ce que parler quelques minutes, lui lire une histoire, le voir commencer à lire quelques mots par lui-même. C’était des moments simples que je chérissais, faute d’avoir pu les vivre avant. Lorsqu’il se mit au lit, je le bordai, l’embrassai sur le front, et alors que je me dirigeais vers l’escalier pour me rendre au rez-de-chaussée, j’entendis ma femme crier mon nom. Mais pas d’une façon mignonne, signe qu’elle s’impatientait de me voir arriver ou quelque chose du genre. D’un ton peu rassurant, comme s’il y avait une urgence… Ou que j’avais laissé le siège de toilette relevé. J’avais pris cher la dernière fois que j’avais fait ça. Pressant le pas, je me rendis à sa rencontre, tentant de rester calme alors que je lui disais:  « Oui ma… » Et lorsque j’arrivai à sa hauteur, je me figeai. Entre son visage qui exprimait un inconfort et le plancher mouillé, j’avais bien compris que ce n’était pas volontaire de sa part. Mais comme si je n’avais pas compris, je dis:  « Elle… Elle arrive ?! » J’étais fébrile sur mes pieds, prêt à aller chercher le sac, appeler ses parents afin qu’ils viennent s’occuper de Freddie, comme on l’avait planifié, mais je ne bougeais pas, attendant une confirmation, comme si l’information ne s’était pas encore rendue à mon cerveau. Il allait falloir que je me magne, je le savais, et je n’allais pas tarder…. Je l’espérais.

Le travail était commencé. Notre fille allait naître sous peu, et selon Hazel, elle était pressée. Par où je devais commencer moi ? Soudainement, je me retrouvais avec plein de choses à faire, à penser en peu de temps. Ça changeait d’il y a six ans. Freddie, lui, il n’avait pas été pressé de sortir. Mais là, ça semblait tout le contraire. Que devais-je faire en premier ? Déjà, je m’efforçai de dire:  « D’accord… Je… Je vais aller chercher le sac, et appeler ta mère… » C’était à croire que le dire m’avait poussé à me bouger un peu, puisque sitôt, je me rendis à l’étage. Je m’assurai que mes pas ne soient pas trop lourds tandis que je m’y rendais, parce que je ne voulais pas réveiller Freddie. Celui-ci savait que ça pouvait arriver à un moment ou un autre. Nous l’avions prévenu, mais il n’y avait aucun intérêt à l’alarmer et perturber son sommeil alors que, je l’avais vu, il dormait profondément. Une fois dans notre chambre à Hazel et moi, je n’eus pas trop de mal à trouver le sac, heureusement d’ailleurs. L’attrapant, je pris aussi quelques vêtements afin qu’Hazel puisse se couvrir afin de se rendre à l’hôpital. Le temps n’était pas très frais, mais un manteau n’était clairement pas de trop à cette période de l’année. Dans les escaliers, je pris mon téléphone, appelai ma belle-mère qui, heureusement, était aussi au courant de notre préparation. Elle me laissa à peine le temps de me demander ce qui se passait, supposant directement que c’était le bébé qui arrivait, ce que je confirmai automatiquement. Tout étant réglé, je revins au rez-de-chaussée là où se trouvait ma femme, et je dis:  « J’ai le sac, ta mère est en route… » Et je me trouvai un peu ridicule. C’était elle qui devait endurer tout ça, et moi j’avais le sentiment de parler en l’air. Décidant de prendre sur moi et me calmer, j’inspirai profondément, comme on m’avait appris à le faire, et je m’approchai. Tentant d’avoir une voix un peu plus calme, je dis :  « Je t’ai apporté ça aussi…. » lui montrant les vêtements, si elle voulait se changer. Mais pour moi, ce n’était pas suffisant, pas pour ça. M’approchant, je posai une main sur son dos, un peu timidement, parce que je ne voulais pas lui faire mal. Je voulus alors lui demander comment elle allait, mais je l’avais bien vu, elle avait mal. Ce serait idiot de ma part. Je décidai de lui dire plutôt:  « Je suis là… » histoire de manifester le fait que j’étais là pour elle, mais aussi pour lui montrer que si elle voulait que je fasse quoi que ce soit d’autre, j’étais prêt. Le choc commençait à passer, je voulais faire mon mieux pour la mettre la plus à l’aise possible. Je m’en voudrais si je ne parvenais pas à le faire.