tu ne pourras jamais te débarrasser de moi ll Tayron

Après être rentrée du travail ce soir, je me suis arrêtée à l'épicerie pas loin de la maison J'avais envie pour une fois, de cuisiner. Je ne sais pas pourquoi mais le café que j'ai pris avec Léo dans la semaine m'obsède. Cela a tellement mal fini.. Je sais que tout est de ma faute, que tout pourrait être tellement plus simple si j'acceptais enfin mes sentiments et notre amour tel qu'il était mais c'était trop facile et je ne sais pas si je serai comblée.. Mes parents m'avaient bourré le crâne avec leurs valeurs et principes que je pensais que c'était la seule façon de penser et pourtant en étant seule sans Léo je me rends compte que l'amour suffit et que même si je ne l'épouse pas ou du moins pas dans l'immédiat, ça ne signifie pas que notre amour n'est pas sincère bien au contraire. Nous nous aimons c'est indéniable, je suis folle du pompier et ça tout le monde l'a vu. Tout le monde est triste de nous voir séparés.
Ce soir, après avoir cuisiné un bon petit plat pour Tyler et moi, nous nous installons sur le canapé pour regarder des sitcoms ridicules qui ont le don de m'agacer mais je dois bien avouer que ça me permet de me vider la tête et l'esprit et de ne pas trop penser et puis être avec mon cousin me fait plaisir. Puis les sms de mon oncle Tayron pleuvent. Je ne les comprends pas tous, je suis inquiète et il veut m'avouer des choses sur lui, des choses que je ne sais pas. Cela m'intrigue mais je dois bien avouer que je ne sais pas ce que cela peut être. Je comprends par contre qu'avec Charlène c'est terminé ce qui m'attriste, pourtant j'aimerais qu'il se rende compte qu'il est bien plus épanoui avec elle que sans... nous prévoyons de nous voir ce soir. Je me lève et me prépare en disant à Tyler que je dois aller voir quelqu'un. C'est une fois en voiture que Tayron m'avoue avoir une urgence et devoir s'absenter, je suis plutôt inquiète. Je roule toujours jusqu'à chez lui avant qu'il ne m'avoue que celle qui l'aime par dessus tout a été enlevée, je suis belle et bien décidée à aller le rejoindre. Je refuse de perdre mon oncle, je pourrais littéralement mourir pour lui.
Certes, Tayron n'est pas mon père et pourtant je suis bien plus proche de lui que de mon père. Avec Tayron je me sens moi, je suis naturelle et il sait tout de moi. Avec mes parents, je suis sur la réserve, je réfléchis toujours à ce que je vais dire pour ne pas être jugée. Ils essaient en permanence de me remettre sur le droit chemin et c'est très pénible. Avec Tayron c'est naturel, simple et notre complicité m'apporte énormément chaque jour. JE suis fière d'avoir cet être à mes côtés. Il m'a aidé à me construire, et si je suis celle que je suis aujourd'hui c'est en grande partie grâce à lui. Il ne parle plus à mes parents mais il a toujours été proche de moi, il n'a jamais failli à son rôle d'oncle et bien au delà et je l'aime vraiment beaucoup. Je ferais tout pour lui. C'est sans doute la raison pour laquelle j'étais prête à risquer ma vie pour lui ce soir en le rejoignant. C'était sans compter sur Léo qui essayait de m'en dissuader. C'est seulement après avoir eu des nouvelles de Tayron que je me ravise et rentre à la maison retrouver Léo qui m'y attend. Notre échange est doux et calme. A ma demande, il m'amène sur sa moto à l'hôpital pour que je puisse voir mon oncle. M'assurer qu'il va bien. Le toucher, le prendre dans mes bras. J'ai besoin de ça.
Une fois devant l'hôpital, j'enlève mon casque que je donne à Léo.

Merci encore. Je vais juste vérifier qu'il va bien et on rentre à la maison. Tu veux rester dormir?

Parce que j'ai besoin de Léo ce soir. j'ai besoin d'être avec lui. C'est égoïste mais ce soir en réalité, ce n'était qu'avec lui que je voulais être. Et il était là. Il a peur de déranger et je lui propose donc de réfléchir. Je ne resterais sans doute pas beaucoup de temps auprès de mon oncle, juste le temps de m'assurer qu'il va bien. Léo m'attend en bas. J'espère qu'il restera cette nuit. Je me dirige vers les urgences et sur le chemin je vois une machine à café c'est tout naturellement que je me dirige vers l'appareil pour prendre un café à mon oncle, il en aura besoin.
Dans la salle d'attente il y a quelques personnes mais je reconnais mon oncle de loin. Je m'avance vers lui.

Je pense que tu vas en avoir besoin.

Je le regarde avec les larmes aux yeux. Je sais qu'il va me faire la morale à me dire que je n'avais pas besoin de venir là, mais je suis têtue et je me devais d'être là.

Retrouver mon oncle est une priorité ce soir. Je sais qu'il est fort et il a certainement pas besoin de moi, mais il est bien plus qu'un oncle pour moi. Il fait plus office de paternel que peut l'être mon propre père. Savoir qu'il avait risqué sa vie pour sauver celle qui l'aimait était tout à fait honorable mais dans mes yeux, c'était stupide et fou ... Alors aller à l'hôpital pour le voir m'était indispensable. Veillant sur moi même à distance, il avait demandé à Léo de me chaperonner. Mon oncle à l'inverse de mes parents appréciait beaucoup Léo et lui faisait confiance. Il avait peut être raison, Léo était peut être l'homme de ma vie.. Tayron et moi nous prenons soin l'un de l'autre même si pour ma part, c'est à un petit niveau.
Voir Tayron me rassure énormément. Il a l'air mal en point mais ce n'est pas vital, il va s'en sortir. Il est là devant moi, vulnérable... C'est rare que je le vois de cette manière là, lui qui a tendance à faire toujours bonne figure, c'est un autre oncle que je découvre ce soir, l'amour y est sans doute pour quelque chose. Je le fixe en m'avançant vers lui en lui tendant un café. Je sais que j'ai un risque de me faire envoyer sur les roses, d'être venue là mais peu importe, je ne veux être nul part ailleurs qu'ici pour l'instant. C'est donc sans grande surprise que son soupir était prévisible. J'ai peur pour lui, qu'il ait fait une connerie, ou qu'il se soit attiré une merde en ayant secouru Charlène, bien que d'avoir joué les justiciers ait sans doute sauvé la vie de Charlène.

Il m'a accompagné ici... il m'attend en bas.. Je voulais m'assurer que ça allait.. Je n'aurais jamais pu attendre demain tu le sais.. Je suis têtue après tout.

Il m'entraîne ailleurs, loin des gens dans cette salle d'attente. L'ambiance qui y règne est sacrément pesante. Les personnes assises attendent des nouvelles de leurs proches, sans doute stressés et impatients.. Je ne souhaite pas rester là et Tayron non plus visiblement. L'endroit où il m'amène est bien moins fréquenté, et plus calme, moins anxiogène. J'observe mon oncle, je crois que c'est une des premières fois où je le vois aussi inquiet et perturbé, cela me déchire le coeur alors je penche ma tête et ne dis rien, me contentant de sourire et rester à ses côtés. Au fil de son discours, je comprends la gravité de la situation. J'ose à peine imaginer ce qu'a du vivre Charlène, la pauvre. Je m'abaisse au niveau de Tayron avant de poser ma main sur son bras.

Hey... ça va aller. Tu as fait ce que tu avais à faire oncle Tayron, et grâce à toi, en étant arrivé à temps, tu lui as évité le pire. Tu n'aurais pas pu faire plus.. mais les prochains jours seront durs pour elle au delà de la douleur physique.. il va lui falloir du temps..

J'avais dans ma carrière eu ce genre d'affaire sur les bras, je savais très bien ce que ressentait une femme violée ou presque. Par chance, je n'avais jamais eu personnellement le malheur de connaître une telle chose mais j'avais aidé et accompagné des femmes qui avaient vécu l'enfer alors je pouvais comprendre ce que vivait actuellement Charlène, mais dans son malheur elle avait une petite chance, c'est d'avoir mon oncle à ses côtés.

Elle sera contente de t'avoir tu sais.. Elle aura besoin d'être entourée.

Je soupire en le regardant. Je pose mes mains sur ses joues.

Et toi, tu m'as moi si besoin, tu sais que tu pourras toujours compter sur moi.

Je souris avec les larmes qui coulaient. Le voir souffrir en étant autant tracassé me fait terriblement mal au coeur. Et ce soir, c'est la première fois que j'ai eu peur de perdre quelqu'un de proche en dehors de Léo qui risque sa vie tous les jours avec son métier.

Et ne me refais jamais ça, sinon la prochaine fois c'est moi qui te tue !

Je n'avais sans doute pas laissé Tayron arriver que j'étais déjà en route pour l'hôpital même s'il ne m'avait pas dit de venir au contraire. Je le maternais par moment, inversant les rôles ce qui pouvait être agaçant j'en suis sûre. Pour autant, j'avais vraiment besoin de savoir que mon oncle allait bien et que les blessures de Charlène n'étaient pas si graves. Je n'aurais jamais pu dormir en sachant que le frère de ma mère était. dans un sale état. Je savais que ma présence lui ferait quand même du bien même si je devais aussi l'agacer. Je souris en écoutant ses propos.

Oui, c'est promis. Je vais pas le laisser en bas toute la nuit.

J'avais envie de retrouver Léo ce soir. Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passerait ensuite après notre retour pour la nuit dans notre ancien appartement mais pour le moment j'avais envie de passer une nuit avec lui sans prise de tête même si au final ça nous ferait souffrir autant lui que moi. Tayron attise ma curiosité quand il m'entraîne dans une pièce à l'abri des regards indiscrets et surtout où le silence régnait puisque la salle était dépourvue de gens. Je sais qu'il est à bout ce soir. Le voir comme ça me peine. J'ai l'habitude de trouver un oncle costaud, sûr de lui et taquin. Je voyais les fragilités de Tayron et venait de comprendre que Charlène était sa force mais aussi sa faiblesse. L'amour pouvait nous porter mais aussi nous détruire. J'espérais au moins qu'il se soit rendu compte de l'amour qui lui portait et que ce dernier pouvait tout arranger. C'était ironique de penser cela pour les quadragénaires alors que pour ma propre histoire j'étais loin de l'admettre.
L'étreinte de Tayron me fait du bien. Le savoir sain et sauf me permet de m'apaiser un peu.

Tu connais ton boulot? Comment ça?

Je romps le lien physique qui nous lie et le regarde en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas bien le rapport entre son travail actuel et le fait qu'il aille bien.. même s'il est dans la sécurité et qu'il sait sans doute se battre...

Tu lui as fait si peur qu'il ne reviendra pas?

Penchant ma tête sur le côté, cherchant un contact visuel avec mon oncle, je soupire. Je sais qu'il a toujours été mystérieux mais ça en est trop.. Je ne comprends plus mon oncle du tout. Il s'assoie et m'entraîne avec lui. Je le regarde sans parler. Le silence est un peu pesant même si je le vois bien, il essaie d'être rassurant. Mes sourcils restent froncés.. Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir mais je ne peux pas arrêter ce contact entre sa main et la mienne. Je suis de plus en plus intriguée mais surtout inquiète par ce qui va suivre. On dirait qu'il va m'annoncer être un serial Killer ou pire.

Je comprends pas Oncle Tayron.. Bien sûr qu'ils ont tord ! Je te connais. Enfin.. je crois.

Le doute s'installe.

L'heure est grave, je le vois, je le sens, je le sais. Lorsque mon oncle prend cet air là, il devient sérieux, lui qui d'ordinaire est plutôt le premier à déconner sur n'importe quel sujet, là ce n'est clairement pas le cas. Il sait qu'il peut avoir confiance en moi, je le lui ai prouvé depuis de nombreuses années. SI autrefois mes parents avaient une grande importance dans ma vie, limite à la régenter ce n'était clairement plus le cas.
Tayron a l'air nerveux, ce n'est pas très étonnant après tout, Charlène est bien amochée et l'attente est interminable. Je sais que Léo m'attend en bas sur sa moto, j'espère pouvoir repartir le voir rapidement.
Pour moi, mon oncle n'est certainement pas un saint, mais je sais qu'il a un grand coeur, j'ai du mal à l'imaginer emprisonné entre quatre murs.. me dire qu'il n'est pas un saint homme ou qu'il est brave et gentil, ne faisant pas de mal à une mouche. Je dois bien entendu me tromper à entendre ce qu'il me dit. Fronçant mes sourcils, j'ai bien peur de la suite. Il m'agace à prendre son temps pour me parler de quelque chose qui selon moi changera tout.

Mort?

Je suis un peu surprise de l'annonce de mon oncle. Comment est-il mort? Toutes ces questions se bousculent dans ma tête, c'est très étrange mais à aucun moment je ne pense à Tayron. Pour moi, il n'est pas possible qu'il soit l'auteur de ce meurtre. Le responsable de la mort du mari de Charlène ne peut pas être mon oncle. Mon palpitant ne fait qu'un tour, j'ai chaud, je suis sans doute pas loin d'une crise de panique mais je ne fais mine de rien devant lui alors que pour la première fois de ma vie il se confie sur quelque chose de sombre le concernant. Je l'écoute, et ne perd aucun mot de son petit monologue. Mes joues deviennent humides au fur et à mesure que mes larmes incontrôlées ruissèlent.

La Bratva?

Il me parle un peu chinois pour le coup, il doit s'agir d'une mafia ou d'un groupe pas très légal. J'ai un peu peur de ce que je suis en train d'apprendre. Finalement la simple idée qu'il ait pu le tuer me traverse l'esprit, cela peut être plausible. J'essaie de ne ps montrer mon effroi mais je ne peux pas. Je ne dis rien, je me lève alors et fais les cent pas dans cette salle d'attente vide en pleurant. J'essuie les larmes qui coulent seules sans que ne puisse les arrêter.

T'es en train de me dire que tu tues des gens? que t'es un gros mafieux comme on voit dans les séries télévisées ou aux infos?

Je le regarde en attendant une réponse. J'ai besoin de l'entendre de sa bouche. Je veux être sûre que mes pensées sont réélles.