[Flashback] Unexpected reunion || Noah

Cela va faire bientôt deux mois que tu es rentrée de Suède. Tu n’as vraiment vu le temps passé, trop concentré à soutenir au maximum ta jumelle qui a perdu son bébé au bout de cinq mois de grossesse lors d’une fausse couche. Tu ne réalises pas trop encore que tu as abandonné tout le monde du jour au lendemain. Tu reçois quelques SMS de tes amis de là-bas, ou encore de l’homme avec qui tu avais commencé à faire des projets. D’ailleurs tu sens que le vent tourne. Tu es incapable de lui dire si tu vas revenir, tu n’as pris de décision encore. Tu as dû mal à t’imaginer repartir, quitter une nouvelle fois ta famille. Les coups durs vous les avez toujours traversés ensemble ! Cela se sent très certainement dans tes messages car celui-ci insiste de plus en plus, te demandant de ne pas le faire espérer pour rien. Mais ce n’est pas évident pour toi de faire une croix sur près de cinq ans de vie à l’étranger. Tu ne sais pas quoi faire, tu es perdue. C’est pourquoi, ce soir, tu as décidé d’aller prendre l’air, de t’aérer l’esprit. Voir du monde, t’amuser un peu, ça ne pourrait pas te faire de mal ?
C’est donc habillée d’un léger pull bordeaux, d’un pantalon similicuir noir et d’escarpins noirs également, que tu t’étais dirigée vers le bar The Tombs. Cela te faisait bizarre de reparcourir les rues de Washington après tout ce temps passé loin de la ville. Mais tu n’en avais pas oublié pour autant tes repères et tes bonnes habitudes, dans cette ville qui t’avait vu grandir. Assise au comptoir, un cocktail posé devant toi, tu t’étais finalement perdue dans tes pensées. Toi qui cherchais à te changer les idées en venant ici, cela n’avait pas l’air de bien fonctionner. Ton cerveau ne semblait pas décider à te laisser tranquille, ou plutôt Mickaël avait décidé de ne pas te lâcher la grappe jusqu’à ce que tu lui donnes une réponse claire sur ton retour ou non en Suède. Rangeant ton téléphone dans la petite pochette qui te servait de sac-à-main, bien décidée à ignorer ses messages, tu n’avais pas fait attention qu’un homme était venu s'asseoir tout près de toi et t’observer depuis plusieurs minutes. C’est quand il t’adressa enfin la parole que tu pris conscience de sa présence. « Petit tracas avec votre petit ami ? ». Tu relevas ton regard sur lui et un petit sourire se dessina sur tes lèvres. L’homme en question était loin d’être désagréable à regarder et un petit sourire charmeur illuminait son visage. « Pas vraiment, c’est un peu plus compliqué que ça, mais je ne suis pas venue ici pour parler de ça surtout avec un inconnu ». Ta vie ne le regardait pas et puis tu n’avais pas l’intention de t’étendre sur le sujet avec une personne que tu ne connaissais en plus ni d’Adam ni d’Eve. Mais cela ne parut pas refroidir l’homme qui se présenta bien rapidement. Après avoir échangé quelques banalités, une discussion plus détendue démarra entre vous. Quand tu eus fini ton verre, l’homme proposa un nouveau verre que tu acceptais. Il n’y avait rien de mal à apprécier un petit moment avec un bel inconnu. Pourtant tu aurais dû être un peu plus méfiante car, très rapidement, celui-ci se rapprocha de toi et commença à poser sa main sur ta cuisse. Tu la repoussais gentiment, ce qui ne parut pas le déstabiliser pour autant. Il continua de discuter comme si de rien n’était, mais petit à petit la conversation semblait virer à la drague. Tu n’étais pas vraiment venue ici pour faire ce type de rencontre, même si tu ne pouvais nier que c’était plaisant, et tu le fis comprendre. S’il laissa entendre que cela ne le gênait nullement, cela ne l’empêcha pas de continuer à te draguer. Quand il posa une nouvelle fois un de ses mains sur toi, tu le repoussais un peu plus violemment. « Puisque vous ne semblez pas comprendre ce que veut dire le mot « non », je pense que notre discussion va prendre fin ici. ». Sans un mot de plus, tu glissais l’argent pour les verres que tu avais consommés et te levais en direction des toilettes, pour te rafraîchir un peu. Mais c’était sans compter cet homme, à qui on semblait ne pas avoir inculqué les bonnes manières, qui te rattrapa rapidement et te coinça contre un mur, prêt à t’embrasser de force. Alors que tu t’apprêtais à le gifler pour lui calmer les envies, tu fis arrêter dans ton mouvement par l’intervention d’un autre homme.

La vie à Washington a de nombreux avantages, ici tu n’es personne, ici tu peux profiter de la vie nocturne pour combler tes insomnies, ici tu peux séduire une femme, la ramener dans ton lit et ne jamais la revoir. Finalement, la capitale est la ville faite pour toi. Bien sûr, Chicago fait partie de toi et qu’importe ce que tu deviendras, tu ne pourras jamais oublier ce passé mais tu peux toujours faire semblant que tout ceci n’était qu’un rêve, un cauchemar, un élément onirique qui n’a pas réellement eu d’impact sur ta vie. Alors tu profites de la soirée, comme un parfait citoyen en quête de réconfort et de compagnie. Après avoir récupéré le numéro d’une jolie rousse, tu continue de flâner entre les bars, conscient que cette nuit ne sera pas celle du repos et de la méditation, conscient que les bières enchainées n’ont toujours aucun effet sur toi, à croire que l’habitude a fait de toi cet alcoolique qui s’ignore et qui a besoin de toujours plus de breuvage pour en ressentir les effets. Au moins, l’éthanol qui coule dans ton sang te permet de supporter cette nouvelle insomnie et tu ne comptes pas laisser cet effet s’estomper, alors tu rentres dans le bar The Tombs, tu t’assois au bar et tu commandes une nouvelle pinte. L’argent n’est pas vraiment un problème même si ce genre de soirée finit par te revenir cher en général, c’est toujours plus rentable que d’aller voir un psychologue qui t’annoncerait le besoin d’une thérapie à vie tellement tu es détraqué. En parlant de détraqué, tu ne peux t’empêcher d’entendre la phrase prononcée par la jolie blonde à ta gauche qui te tourne le dos. Comment sais-tu qu’elle est jolie sans avoir vu son visage ? Parce que le lourdaud qui se montre insistant avec elle ne semble pas vouloir lâcher l’affaire, quoiqu’il en coûte et malgré le départ volontaire de la demoiselle. Un soupir s’échappe de tes lèvres, tu ne devrais pas te mêler de ça, tu ne devrais même pas te soucier de ce qu’il va se passer maintenant que l’homme s’est levé à la suite de la jeune femme, prenant sa sortie vers les toilettes comme un appel du pied qui n’en était clairement pas un. Mais te voilà debout, non loin de la scène alors qu’il plaque la blonde contre le mur. Son visage t’apparait pour la première fois, sans surprise, elle est magnifique. Avant que ton cerveau ne réagisse, ton corps a déjà attrapé l’homme par l’épaule et tiré de cette situation. La violence faite aux femmes, tu connais, tu as vu et tu as probablement cautionné certains actes dans ta vie mais tu as changé, tu as évolué et aujourd’hui, tu interviens alors qu’il y a dix ans, tu aurais laissé faire, détournant les yeux et continuant ta vie comme si ce qui était arrivé était normal, acceptable. L’homme se débat et t’injures, provoquant la naissance d’un sourire mauvais sur ton visage. Mais tu le perds vite et te retournes vers la jeune femme, ignorant volontairement celui que tu viens d’écarter. Est-ce que ça va ? Tu n’as pas vraiment d’expression dans les yeux, attendant juste une réponse de sa part qui ne viendra pas, interrompue par l’autre ignare. Bien sûr qu’elle va bien ! On s’amuse et tu viens nous faire chier, tu vas le regretter ! Le coup de poing part vite mais rate sa cible, de toute évidence l’alcool a de l’effet sur l’homme a moins qu’il soit naturellement maladroit et qu’il s’en prenne aux femmes, persuadé de n’avoir jamais à se battre. Tu n’as pas prévu de te battre ce soir mais tu sais aussi que le cerveau d’un homme embué par l’éthanol ne comprend que peu de choses, la souffrance et la faiblesse en font partie. Alors tu attrapes ce poing raté et tu appuie sur le nerf du poignet. La douleur est forte et se propage rapidement le long du bras de l’homme qui grimace. Tu le regardes avec ce même sourire que quelques instants plus tôt alors que ta main libre vient se réfugier sur sa cavité nasale. Le sang ne tarde pas à couler alors que tu lâches son bras. Surpris, il attrape son visage a deux mains et constate le liquide rouge. Un regard vers la jolie blonde et une réflexion rapide sur les pours et les contres de cette situation le fond reculer pour finalement le voir sortir du bar. Retournant ton attention sur la jeune femme, tu lui adresses un sourire, le premier de la soirée. Est-ce que ça va ? Finalement tu n’avais jamais eu la réponse à ta question.