#12 - In trouble, trust in family || Sörvik Family

C'est fou comme la vie nous joue des drôles de tours parfois. Alors que tu semblais avoir trouvé ce qui ressemble au bonheur en Suède, tu avais fini par tout plaquer pour retrouver ta famille, ici, à Washington DC, pour soutenir Sinéad dans l'un des moments les plus durs de sa vie, sa fausse couche. Un autre signe de la vie pour prouver que, dans cette famille, personne n'a le droit au bonheur ? Ce n'était pas sur toi que ce malheur avait décidé de frapper, mais tout ce qui touche à ta famille t'impacte également, surtout quand la personne concernée est ta jumelle. Bien que tu te sois accordée le droit de vivre, de penser à toi, les autres, et plus particulièrement les êtres qui te sont chers, ont toujours été plus importants que ta propre personne à tes yeux. Tu n'y peux rien, tu as toujours été comme ça. Cela ne t'a toutefois pas empêché de chercher, encore une fois, une lueur de bonheur dans cette vie de malheur, après que l'homme avec qui tu projetais de faire ta vie à l'autre bout de la planète en ait eu marre que tu ne saches pas lui dire si tu reviendrais un jour ou non auprès de lui. Au détour de soirées pour décompresser de l'atmosphère pesante qui régnait chez ta jumelle depuis la perte de son bébé, tu avais fini par rencontrer Stephen, directeur financier d'une multinationale, cherchant lui aussi à sortir de la morosité de son quotidien. Quand les choses commencèrent à aller mieux pour Sinéad, tu avais fait le choix d'emménager avec cet homme, bien que votre rencontre ne datât pas de si longtemps que ça. Toi qui avais toujours besoin de longuement réfléchir, surtout pour des décisions si importantes, tu avais fini par estimer que la vie était finalement trop courte pour perdre du temps inutilement, et puis, tu te sentais plus légère à ses côtés.
Si les débuts de votre relation pouvaient ressembler à un conte de fées, la tension du quotidien avait fini par rattraper votre couple. Au fil du temps, la légèreté que te faisait ressentir Stephen avait disparu et à la place tu subissais de plein fouet son stress et ses angoisses liés au boulot. Tout du moins, c'était comme ça qu'il justifiait ses sautes d'humeur et son manque d'entrain. Et tu n'avais aucune raison de croire autrement. Comme à ton habitude, tu faisais avec et cherchais à aider sans rien demander en retour, et ce, même s'il te demandait, plus que de raison, de rester auprès de lui, de ne pas sortir rejoindre tes amis. Son comportement aurait déjà dû te mettre la puce à l'oreille à cette époque, mais il aura fallu attendre un nouveau drame dans ta famille pour que son vrai visage éclate au grand jour.
Décembre 2020, le jour de l'anniversaire ta nièce, tu ne décrochais pas le téléphone pour la féliciter de franchir le cap de la vingtième année mais pour apprendre qu'elle et ses parents avaient eu un accident de voiture. Seule Soraya avait survécu, ta sœur et ton beau-frère ayant péri dans le drame. Cette malédiction dont semblait être victime ta famille finissait par venir à bout de toute l'énergie que tu m'étais en œuvre pour garder la tête hors de l'eau malgré tous ces malheurs. Cette fois-ci, face à cette énième mauvaise nouvelle, tu avais sombré. Pendant plusieurs semaines tu n'avais plus été que l'ombre de toi-même. Et c'est de ce moment que Stephen a profité pour resserrer son étau autour de toi. Il avait réussi à te convaincre que tu ne voulais voir personne, il t'avait isolé et tu n'y avais vu que du feu. Tu pensais qu'il ne te voulait que bien, lui qui était bourré de bonnes attentions en dehors de cela.
Malgré ta tristesse et ton cœur brisé une nouvelle fois, tu avais fini par relever la tête et vouloir recommencer à vivre. Ce qui n'était pas vraiment au goût de l'homme qui partageait ta vie car cela signifiait que tu allais recommencer à sortir, à voir du monde. Si encore une fois, il mettait sur le compte du travail ses excès de colère, tu commençais petit à petit à t'interroger sur son comportement. Tu restais toutefois silencieuse auprès de ton entourage face à cette situation, préférant te faire ta propre idée plutôt que te laisser influencer par ce qu'ils pourraient penser vu de l'extérieur. Tu faisais comme si tout était normal mais plus tu y réfléchissais, plus tu finissais par te rendre à l'évidence que son comportement était en réalité toxique. Si tel était le cas, il allait alors falloir que tu trouves un moyen de sortir cette relation néfaste pour toi sans te mettre en danger. Comme une évidence c'est vers Sinéad et Popeye que tu avais décidé de te tourner pour cela.
Ce soir tu leur avais proposé de se voir pour manger ensemble. Rien de bien étonnant, jusque-là, dans cette demande. Tu avais toutefois précisé que ce n'était pas possible pour toi de les recevoir chez Stephen mais que tu serais quand même la cuisinière de la soirée. Tu avais donc passé une partie de l'après-midi à cuisiner de bons petits plats qu'il te resterait juste à réchauffer une fois arrivée chez ta jumelle. Tu étais sur le départ quand ton compagnon rentra. Tu l'avais prévenu que tu ne serais pas avec lui ce soir, mais il ne semblait pas s'en souvenir. Il se montra rapidement désagréable quand il comprit que tu n'avais pas l'intention de renoncer à ta soirée pour lui. Alors que tu t'apprêtais à sortir de l'appartement malgré tout, il te barra le chemin. C'était la goutte de trop pour toi ! Tu cherchas à négocier par la parole mais quand il attrapa violemment ton bras, faisant chuter par la même occasion le sac contenant la nourriture que tu avais préparé, tu vis rouge. Tu n'avais certes pas beaucoup assisté aux cours d'auto-défense de ta sœur jumelle, mais elle t'avait quand même appris quelques trucs. Tu envoyas violemment ton genou dans ses parties intimes et sans demander ton reste, alors qu'il était plié en deux, tu sortis en courant de l'appartement avec uniquement une veste sur le dos, tes clés de voiture et ton téléphone dans les poches. Tu roulas sûrement un peu trop rapidement jusqu'à ta destination initialement prévue et arrivas devant la porte de l'appartement. Tu écrasas ton doigt sur la sonnette, toujours hors d'haleine. Quand la porte s'ouvrit, tu ne cherchas pas à comprendre et t’écroulas en pleurs dans les bras de ta jumelle, te sentant enfin en sécurité.

Que ça soit leur père, Harvey son meilleur ami ou bien encore Dahlia plus récemment, Popeye n'a jamais été doué pour faire son deuil. La réalité elle est la. Il ne l'encaisse pas. Ne fait que semblant et pour préserver l'illusion d'un mec solide qu'il s'impose sans le vouloir mais il ne gère pas. Suffis de voir à quel point il a dérailler. Il a du monde autour de lui pour l'aider, y compris les jumelles bien sûr et pourtant il n'en parle pas vraiment. Il garde tout pour lui et ne montre surtout que l'épaule sur laquelle on pourrait avoir besoin de s'appuyer. Il se rappelle les paroles de son père malgré l'âge précoce qu'il avait à l'époque. Maintenant c'était lui l'homme de la famille. Il ne devait pas être un poids pour les filles mais plutôt les aider. Et depuis c'est ce qu'il s'est évertué à faire bien qu'il y ai eu des loupés. L'homme de la maison. Un lourd poids sur les épaules d'un petit garçon. Peut-être pour ça qu'il a grandit bancalement. Mais si on regarde, aucun d'eux n'a vraiment grandit droit. Dernièrement il a tout de même arrêté ses conneries, la boisson encore et toujours, les fêtes à gogo pour se vider complètement l'esprit. Il a un peu plus parlé. A Gigi et à Jes un peu aussi. Il s'est forcé à arrêter de chercher des distractions pour affronter la réalité. Et c'est dur. Putain il l'encaisse vraiment mal, mais putain il l'encaisse enfin. Si la douleur est toujours extrêmement forte il commence à l'accepter. Et petit à petit il commence à avoir de vrais moments où il s'amuse sans faire semblant. Il commence à réussir à penser aux bons moments partager avec sa sœur quand il pense à elle. Mais c'est avec ses deux autres sœurs qu'il va passer la soirée ce soir. Ca lui fait plaisir, parce que ça fait longtemps. En réalité ça semble presque faire une éternité qu'ils ne se sont pas retrouvé tous les trois de façon aussi simple. Ca va leur faire du bien. C'est Sig qui leur a proposé, même si c'est chez Sin qu'ils doivent se retrouver. Mais ça lui convient très bien que ça ne soit qu'eux trois et pas avec le chéri de Sigrid. Il aime sa sœur hein, c'est pour ça qu'il se retient de trop donner son avis à voix haute pour ne pas la blesser. Après tout si elle l'aime il faut bien qu'il fasse un effort pour l'accepter aussi. Mais il se rappelle de sa première impression avec ce mec. Il s'est simplement dit qu'il aimait pas sa tronche de faux derche. Heureusement il n'a pas eu à le voir souvent depuis, et il n'aurait pas non plus à la voir ce soir. Etant un piètre cuisinier il a décidé de venir les mains vides. Ouais c'est peut-être pas ouf mais ils ne sont pas entre amis prout prout, c'est la famille, alors les principes de politesse... Sig serait bien plus efficace pour ce qui était de la bouffe. Il a pensé emmener une bouteille en revanche. Avant de se rappeler qu'il cherche à se calmer niveau alcool. Il se contentera de la bière que lui servirait sûrement sa sœur. Premier arrivé, il en est presque surpris mais se félicite de ne pas être en retard. En revanche que Sigrid le soit elle, c'est plus surprenant. Mais finalement la sonnette retenti peu de temps après. Il laisse Sinéad aller ouvrir pendant qu'il pioche dans les chips parce qu'il a eu le malheur de commencer et qu'il n'arrive plus à s'arrêter. Cependant son attention est vite réaccaparée ailleurs quand il entend son nom. Et à la voix de Sin y'a quelque chose qui ne va pas. Une urgence absolument pas voilée. Il se frotte rapidement les mains pour enlever le sel qui s'y trouve tout en se levant et parcours la distance qui le sépare de l'entrée de quelques rapides enjambées. Et c'est un spectacle absolument inattendu qui s'affiche sous ses yeux. Sig en pleur dans les bras de Sin. Pardon ?? "C'est quoi ce bordel ?!" Son sang ne fait qu'un tour dans ses veines. Il retient cette impulsion qui le pousse à directement se barrer, prendre la voiture et aller casser la gueule à son mec. Il l'a retient que parce qu'il n'est pas encore sûr que ça soit à cause de lui et parce que Sig a besoin qu'ils soient la. Mais c'est dur. Il bouillonne déjà intérieurement et comme toujours, ça se peint de façon si transparente sur son visage. Tout comme sur celui de Sin. Alors que cette dernière entraine sa jumelle avec elle dans le salon Pop pousse la porte pour la claquer et les rattrape pour venir poser une main sur l'épaule de Sig. Quand son autre sœur évoque la possibilité que sa soit son mec le roux relève ses yeux dans les siens. Si même elle elle y pense c'est que y'a réellement un truc. Ca n'est pas qu'une suspicion un peu trop protective de sa part. "J'vais l'tuer." clair net précis et il en serait probablement capable. Non il ne plaisante pas. Dans ces moments la il ne réfléchis pas à l'après et voir sa sœur dans cet état lui est insupportable. Imaginer qu'il ai pu lui faire le moindre mal lui est insupportable. Il est à deux doigts, vraiment, à deux doigts, de basculer et d'aller lui éclater la gueule. Inutile de lui redemander ce qu'il s'est passé vu que Sin a déjà posé la question mais chaque seconde de plus à attendre la réponse il se fait des scénarios plus horribles que le précédent dans sa tête. Son poing le démange tellement que frapper dans le mur ne serait même pas suffisant pour le soulager. Alors oui, peut-être qu'il démarre trop au quart de tour vu qu'ils ne savent pas encore ce qu'il s'est passé mais ça a toujours été le cas avec lui.