1023 > Join in the difference | Junon

Join in the difference ;

feat. @Taz K. Crowley ☾

Outfit – Elle a lissé ses cheveux ce matin-là ; c’est rare, assez du moins pour que sa mère lui fasse une réflexion au moment où elle a rejoint l’entrée de leur appartement. Elle a eu le droit à quelques questions évidemment, parce que la voir aussi présentable c’est presque un jour à marquer d’une pierre blanche. L’étudiante en art s’est contentée de lever les yeux au ciel en marmonnant puis de claquer la porte de chez elle pour s’engouffrer dans le petit ascenseur ; elle s’est observée dans le miroir, replaçant correctement ses cheveux disciplinés et ayant même fait un effort vestimentaire elle plisse son blazer et redresse la hanse de son appareil photo argentique autour du cou. Puis une fois en bas de l’immeuble elle se dirige directement vers la sortie pour rejoindre le point de son rendez-vous.

Son cœur s’emballe un peu juste avant de rentrer dans l’établissement où travaille Taz ;  Elle se trouve ridicule, elle n’a pourtant aucune raison d’angoisser. L’étudiante a tout de suite senti que le jeune homme n’était pas comme les autres, pas ce genre de personne dans le jugement constant avec un petit air supérieur quand il pose les yeux sur elle. Au contraire, elle s’est tout de suite sentie à l’aise avec lui, un peu comme en présence de son alter-ego. Lors de leur rencontre, elle a eu l’impression d’être plus qu’une paumée ; elle avait vraiment l’impression d’être intéressante, d’avoir des choses à dire. Pour ce qui justifie qu’elle ait voulu se faire belle alors qu’elle le rejoint tout de même dans un dépôt mortuaire, elle ne saurait l’expliquer. Elle tient absolument à faire bonne figure auprès de lui, lui accordant déjà une certaine importance. La jeune fille finit par prendre son courage à deux mains et pénètre dans l’enceinte des lieux ; la première réflexion qui se formule dans son esprit est que l’ambiance y ait particulière.

Ils passent l’après-midi ensemble, Junon posant d’innombrable question à son interlocuteur et lui y répondant du mieux qu’il peut, sa tête plongée dans son travail ; elle le surprend à plusieurs reprises en train de parler aux corps des défunts comme s’ils étaient toujours là et elle aurait pu trouver ça un peu étrange mais elle s’est tout simplement dit qu’à passer ses journées entouré de cadavres, c’était peut-être tout simplement sa façon à lui de rester parmi les vivants. Elle a pris quelques clichés avec son argentique, des outils, de la pièce parce que la lumière y était étrange ; elle a aussi fait quelques photographies de Taz sans qu’il ne s’en aperçoive, trop absorbé par son art comme elle le lui a dit à plusieurs reprises. Elle considère que ça en est d’une certaine façon ; il arrive à donner l’illusion qu’un corps inerte est toujours en vie, n’est-ce pas une forme artistique finalement ?

Après plusieurs heures, le thanatopracteur termine son travail pour la journée et propose à l’étudiante de poursuivre leur entrevue chez lui. Elle sent le rouge lui monter aux joues, aucun homme ne lui a jamais fait pareille proposition ; elle sourit et accepte avec engouement. Elle n’a de cesse de replacer des mèches de cheveux derrière ses oreilles, ne sachant quoi faire de ses doigts sur le chemin du retour. Elle le suit religieusement ainsi jusqu’à son appartement ; il la laisse entrer la première et ses yeux sombres scrutent ce nouvel environnement alors que son hôte referme la porte derrière eux. Il s’excuse pour le désordre, lui avouant qu’il ne s’attendait pas à recevoir de la visite. « T’inquiète. Tu verrais l’état de ma piaule parfois, ça fait peur à voir à côté de ton appart’. » Pendant la période des examens surtout ; elle a tendance à éparpiller toutes ses feuilles de dessin et ses notes de cours un peu partout à tel point que c’est à peine si on peut poser un pied sur le sol. Et puis de manière générale la jeune fille n’est pas particulièrement ordonnée et laisse souvent traîner ses affaires.

Elle fait quelques pas dans le séjour tandis que l’homme lui propose à boire, ouvrant son frigo pour lui donner un choix cornélien entre bière et… bière. Elle fait mine de réfléchir quelques secondes. « Hmmm, laisse-moi réfléchir… Et pourquoi pas une petite bière ? » Sourire en coin elle glousse un peu et continue d’inspecter les lieux avant de s’installer dans le canapé. C’est à peu près à ce moment-là que ses yeux tombent sur des petites pochettes transparentes qu’elle ne connaît que trop bien. « Eh bah dis donc Taz, j’vois qu’on range vraiment pas bien ses affaires, hein ? » Dit-elle en prenant l’un des pochons contenant de la drogue entre ses doigts pour l’agiter à la vue de son interlocuteur. Devant sa mine assez incertaine, elle rit une nouvelle fois avant de se reprendre et d’arquer un sourire plus malicieux. « J’dirais rien promis… si tu partages évidemment. »