Hazel & Zayn + i have something to ask you

Je n’avais pas l’habitude de garder contact avec mes clients une fois que j’avais terminé de faire affaire avec ceux-ci. Enfin, c’était plutôt une promesse que je m’étais faite au début de ma carrière de détective privé, persuadé que ç’allait éviter toute situation inconfortable. Après tout, je ne me voyais pas tellement voir en privé une femme pour qui j’avais travaillé pour lui confirmer que son mari la trompait. Trop de problèmes, trop d’ambiguïtés, surtout avec ce joli minois qui était le mien. Évidemment, j’espérais m’en tirer avec des cas un peu plus excitants, mais c’était l’image un peu ridicule que je m’étais faite dans ma tête lorsque j’en étais venu à cette conclusion. Et finalement, je n’avais pas tenu cette promesse, ça n’avait pas pris beaucoup de temps. J’avais rencontré cette femme, qui cherchait son mari, porté disparu par l’armée américaine. Un dossier complexe, que je n’avais pas réussi à résoudre. Ça m’avait brisé le coeur de la voir ainsi, je ne savais pas pourquoi, je n’étais pas un sensible dans l’âme pourtant… Peut-être parce que ça me rappelait la perte de ma mère ? Je ne saurais le dire. Quoi qu’il en soit, elle ne m’avait pas tenu rancune de ne pas avoir trouvé son époux, preuve étant, enfin, pour moi, c’était une preuve, que même si elle l’avait retrouvé, on continuait à échanger, se voir. Heureusement, la situation n’était pas inconfortable. Autrement, je ne me serais pas senti à l’aise, mais maintenant, Hazel n’était plus seulement une cliente. Enfin, elle ne l’était plus du tout. Elle était devenue une amie, tout simplement. Une amie avec qui j’aimais passer du temps de temps à autre, sachant que je devais en profiter, compte tenu qu’elle était enceinte, et que bientôt, elle ne tarderait pas à donner naissance à son enfant. Je ne savais pas quand, mais à la regarder, je me demandais encore comment elle avait pu me proposer qu’on aille boire un café alors que quand je la voyais, j’avais le sentiment qu’elle allait exploser à tout moment. Espérant de tout coeur que son enfant n’allait pas décider de venir au monde pendant notre rencontre, j’avais laissé mon travail et quitté mon appartement juste à temps pour la retrouver, à cet endroit où on se retrouvait toujours. Un petit café simple, agréable, non loin du National Mall, là où son mari travaillait. Au moins, il ne serait pas bien loin s’il y avait quoi que ce soit. Arrivé le premier, je m'installai à une table non loin de la fenêtre, guettant du coin de l'oeil l'arrivée de mon amie.

Cela faisait un petit moment que je n’avais pas eu des nouvelles de Hazel, mais je ne lui en voulais pas, sachant qu’elle avait sa famille et que moi aussi j’avais mes occupations. Et pour ça, je m’attendais vraiment à voir une blonde avec un ventre plus gros qu’elle arriver. Puis finalement, ce n’était pas ça. Dans un premier temps, je me demandais vraiment si c’était elle, et il se trouvait que oui. Sans le ventre. Il avait fondu, il était disparu. Passé où ? Dans le landeau qu’elle poussait devant elle, sous la forme d’un bébé. Elle avait donc eu sa fille. Ce n’était pas surprenant, d’où le fait que je ne fis pas un scandale en la voyant arriver, lui disant seulement avec un sourire:  « Hey. Ça va… Et toi ? » Je marquai une pause, regardant l’enfant qui se trouvait dans la poussette, qui dormait paisiblement. Je n’étais pas du genre à m’attendrir sur les bébés, mais le fait de passer du temps avec Sophia et sa fille avait fait en sorte que j’étais capable de me prononcer un minimum sur les enfants. Et puis, c’était un aimant à femmes très efficace. Mais cette petite qu’Hazel avait eu, elle était mignonne comme tout. À la blague, je dis:  « À ce que je vois, tu as été occupée ! » Je ne lui en voulais pas de ne pas m’avoir écrit pour me le dire. Si ça se trouvait, elle l’avait écrit sur les réseaux sociaux, posté une photo et moi, à défaut d’être un expert dans le domaine - sauf pour faire des recherches pour un client - je n’avais pas vu. C’était tout à fait normal, classique, pathétique un peu de ma part. Tout sourire, j’ajoutai donc ensuite:  « Félicitations. » Et même si mon propos ne contenait qu’un mot, bien banal, il se voulait rempli de sincérité et, j’espérais, serait suffisant pour lui montrer à quel point j’étais content pour elle. Je savais ce qu’elle avait traversé avec son mari qui avait disparu, puis son retour, puisque j’avais travaillé sur son cas - la plus grosse impasse de ma carrière d’ailleurs à ce jour - et plus encore, elle semblait heureuse de se dénouement, ou plutôt de cette suite. De ce fait, je n’avais pas de raison de me montrer heureux pour ce qu’elle vivait.