I'm a dreamer ı Zayn

Ma meilleure amie n’avait pas eu la vie la plus simple qui soit ces derniers temps. Enfin, elle n’avait pas eu grand-chose facile mais là, disons qu’il y avait de quoi replonger. Moi, c’était comme ça que je déterminais si un évènement était horrible ou pas. Je me demandais si, dans le cas où je m’étais retrouvé dans celle-ci, je n’aurais pas replongé. Non pas que je cherchais une excuse, mais c’était ce que je pensais être un barème plutôt légitime, surtout qu’il me servait qu’à moi et moi seul. Évidemment que je n’allais pas le partager, encore moins avec Sophia qui n’avait pas besoin de ça. Clairement, je n’étais pas le mieux placé pour trouver les bons mots pour la réconforter, mais je pouvais être présent pour elle, comme elle souhaitait que je le sois. Et là, elle voulait partir, quelques jours, pour se changer les idées, et j’étais son compagnon de choix. Le meilleur choix ? Je n’en étais pas tout à fait convaincu mais si elle voulait me coltiner, alors c’était sa décision, elle n’avait qu’à vivre avec. Et puis, je ne pouvais pas vraiment m’en plaindre. Je n’avais pas prévu prendre des vacances de si tôt, mais un petit recul ne me ferait pas de mal non plus, à condition que tout se passe bien, évidemment. Pour le moment, rien de grave à signaler. Le trajet d’avion se passa sans problème - et ça venait de quelqu’un qui avait tendance à ne pas aimer voyager avec ce type d’appareil, sans savoir pourquoi - et l’hôtel était on ne peut plus convenable. Mais ça, ça ne m’étonnait pas venant de mon amie. Elle avait du flair, du talent pour ce genre de truc. Pas que j’étais paresseux, mais valait mieux que ce soit elle qui choisisse que moi. Et donc, elle avait aussi choisi de faire chambre à part. Rien de dramatique, mais moi, je n’aurais pas eu la présence d’esprit de lui laisser l’intimité. Je ne savais pas si c’était parce que nous étions proches ou bien parce que nous avions partagé un moment de proximité qui pouvait sembler indécente pour deux amis, mais j’aurais été assez idiot pour prendre une seul chambre. Seul dans cette pièce où j’allais dormir pour les prochains jours, je déposai mon sac, et rapidement, je me changeai, refusant de garder mon jean dans une température aussi humide. Enfilant un bermuda, je terminai de le boutonner lorsque j’entendis frapper à la porte. Je ne pensais pas que ça faisait de moi vraiment le plus beau, mais si c’était assez pour Sophia, alors tant mieux. Un petit sourire au coin des lèvres, j’écoutai sa proposition, ou plutôt, sa série de propositions. Haussant les épaules, je dis:  « Ce que tu veux ma jolie. » Je savais très bien que je n’étais d’aucune aide. Je fis un effort, et je décidai d’ajouter:  « On crève de chaud ici, aller boire un petit quelque chose ne serait pas de trop. » Évidemment, ce n’était que ma suggestion, à voir si elle était d’accord. Je ne connaissais pas les lieux, donc difficile pour moi de suggérer quelque chose de très précis. J’allais certainement m’habituer lorsque nous en aurions vu d’avantage, je l'espérais en tout cas.

Je trouvais ça adorable que Sophia ait pris le temps de s’informer à savoir s’il y avait des endroits qui servaient des cocktails sans alcool. Enfin, règle générale, tout bon restaurant ou bar qui se respectaient en faisaient la proposition, mais au vu de comment elle en parlait, c’était limite s’il n’en faisaient pas une spécialité. Tout ce que j’espérais, c’était que ce ne serait pas un truc pour les enfants, comme un espèce de marchand de glaces, mais spécialisé dans les cocktails ayant pour nom « Jus de licorne » ou « Liqueur de barbe à papa ». Déjà que parfois, ça me rendait un peu coupable de limiter mon entourage, je ne voulais pas que ça devienne source d’embarras non plus. Mais je faisais pleinement confiance à mon amie, que ce soit quand venait le temps d’accepter mon mode de vie - beaucoup plus sain que le précédent, c’était évident - ou bien dans son choix pour nos activités pour ce petit voyage. Je n’allais donc pas passer de commentaire, me disant que c’était plus approprié de lui sourire doucement, montrant ainsi que j’étais d’accord. Et puis, je ne pensais pas que ça la dérangeait. Enfin, je ne le sentais pas dans son expression faciale, dans sa voix. Si elle mentait et elle aurait voulu aller ailleurs, alors elle était bien douée, mais je savais que ce n’était pas son genre. Pas avec moi. Sophia et moi étions très transparents l’un envers l’autre. C’était ce qui rendait notre lien si fort et si rassurant, pour moi en tout cas. Je repris la parole que lorsqu’elle me demanda si j’étais prêt. Me tournant, j’attrapai mon porte-feuille et mon téléphone, déposés sur une petite table à l’entrée de la chambre dès mon arrivée. Mon jean me collant au corps avait vraiment besoin d’être changé, le fait que j’avais été si rapide à disposer de mes essentiels en était la preuve. Ensuite, je pus finalement dire:  « Oui, je suis prêt. » Et comme pour appuyer mon propos, je m’éloignai doucement de la porte de ma chambre, prêt à la fermer derrière moi. Restait plus qu’à voir si Sophia avait besoin d’aller prendre quoi que ce soit d’autre ou si nous pouvions finalement y aller. La décision lui appartenait, sachant que je ne savais pas du tout de l’endroit dont elle me parlait et par où aller à partir de là. Enfin, je pouvais trouver le lobby - merci le petit bouton de l’ascenseur pour ça - mais pour le reste, c’était une autre histoire.

Sophia était visiblement prête à sortir, contrairement à moi qui avait dû prendre un petit moment pour rassembler mes essentiels et quitter la chambre d’hôtel. Heureusement, je n’avais pas à les ranger dans un sac ou autre, autrement nous ne serions pas partis. Mais là, nous pûmes nous rendre à la sortie du couloir, direction la sortie. Ce fut pendant ce court trajet que Sophia me remercia d’être venu avec elle pour ce voyage. Mais avait-elle besoin de me remercier ? Je ne pensais pas, et je crus bon de le lui signifier en répondant:  « Tu n’as pas à me remercier. C’est normal. » Bon, il était vrai que peut-être en d’autres circonstances, surtout professionnelles, il aurait été difficile de prendre ces congés pour partir avec elle, surtout de façon aussi improvisée que ça. Mais là, je travaillais à mon compte, je pouvais me le permettre et surtout, j’avais envie de me le permettre. Parce que c’était Sophia, mais parce que:  « Et puis, tu sais bien que tu ne te serais pas autant amusée avec qui que ce soit d’autre. » J’avais tenu ce propos, évidemment, avec un sourire espiègle. Évidemment que c’était une blague. Mais ce n’en était pas une totalement. Enfin, je n’avais pas envie que ce soit complètement une plaisanterie, dans le sens où j’aimais bien croire que j’étais indispensable, d’une certaine façon, pour Sophia. Je ne voulais pas être dépendant de qui que ce soit, mais ce lien que nous avions, il me plaisait, il me réconfortait, puisqu’il me faisait sentir beaucoup moins seul. Je n’allai pas plus loin dans mon propos par contre, puisque nous arrivâmes à l’extérieur de l’hôtel, ici, en plein coeur de Miami. Rue passante, bien animée. Ça changeait de Washington, c’était évident, mais ce n’était pas plus mal, parce que ça respirait les vacances.  « Alors, on va dans quelle direction ? » Je lui faisais confiance, mais pour tout dire, j’étais curieux. Curieux de voir si nous allions pouvoir apercevoir le fameux bar de loin, le quartier qui l’entourait. Bref, découvrir tout ça, et surtout, le découvrir avec elle.

Oui, j’exagérais et je le savais. Je ne pensais pas être le seul à exagérer toutefois. Parce que pour moi, ça me semblait tout à fait normal de l’accompagner ici et maintenant. En vérité, d’une certaine façon, j’avais besoin d’être là, présent pour elle. Je ne l’aurais pas vue partir toute seule ou quelque chose dans le genre, j’aurais été trop inquiet pour elle. C’était un peu ironique sachant que moi-même j’avais été tout sauf rassurant dans les années précédentes, avant de finalement me prendre en main. Heureusement, maintenant, j’étais une autre personne, un ami beaucoup plus disponible et plus fiable, mais je savais très bien que je n’étais pas parfait, bien loin de là. J’avais du travail à faire au quotidien pour être cette personne idéale avec qui on voulait passer tout son temps, et je savais très bien que ça n’arriverait probablement jamais un jour. Voilà pourquoi je savais que j’exagérais quand je disais ça à mon amie. Mais je le faisais à la blague, et je me doutais bien qu’elle plaisantait. Parce que j’étais comme ça après tout. Jouer l’individu à l’égo démesurée m’amusait, mais ça ne veut pas dire que j’étais vraiment comme ça. Au contraire, il y avait de ces moments où je me croyais la pire personne du monde. Mais n’ayant pas envie de gâcher l’ambiance, surtout que je n’avais absolument aucune raison de le faire en ce moment, je continuai à faire dans l’humour, lui répondant :  « Ça devrait aller, je vais tenter de t’épargner. » Je ne m’éternisai pas non plus, ne voyant pas l’intérêt de le faire. Et puis, je me rendis compte bien rapidement que Sophia avait bien fait ses devoirs concernant ce que nous pourrions faire, et donc qu’elle avait vu juste quand elle disait que le bar en question n’était pas bien loin. En effet, après avoir marché à peine quelques mètres, il était en vue. D’ici quelques minutes, nous y serions. Je souris, mais je ne commentai pas le fait, refusant de juger les lieux tant que je n’en aurais pas vu l’intérieur. Laissant un silence s’installer un bref instant, je décidai ensuite de me la jouer un peu immature, juvénile. Sourire espiègle aux lèvres, je dis:  « Et si… » Volontairement je laissai un petit suspens s’installer, puis j’ajoutai:  « On jouait à un jeu. Tu choisis ma boisson et je choisis la tienne ? » Pourquoi j’avais proposé ça ? Je n’en avais aucune idée. Ça m’amusait pour le coup, ça me permettait de me détendre. Et c’était peut-être aussi une façon de lui montrer que je pouvais lui faire entièrement confiance. Parce que clairement, dans un bar, je ne prendrais ce risque avec personne, sauf avec elle, évidemment.

J’eus peur pendant un moment que Sophia me trouve ridicule, me rit au visage et me dise que c’était complètement stupide de vouloir faire un jeu pareil à notre âge. Et elle aurait eu raison. Et je n’aurais pas su lui en vouloir. Bon, certainement qu’il y aurait eu un léger malaise, mais vivre avec et passer outre avec elle, c’était facile. En fait, c’était la seule avec qui je ne m’inquiétais pas d’un inconfort, que je n’avais pas peur d’être moi-même, parce que je savais que qu’importe les circonstances elle allait m’accepter pour qui j’étais. Mais au final, il n’y eut aucun malaise, puisque Sophia sembla apprécier mon idée, acceptant d’y jouer. Je lui souris doucement en retour, la regardant plus attentivement, réalisant qu’en fait, ça dépassait l’amusement. Peut-être était-ce moi qui me faisait des idées, mais j’avais l’impression qu’elle avait compris que c’était aussi une marque de confiance de ma part pour elle. Je n’allais pas m’y attarder bien longtemps, ne voulant pas commencer à déblatérer sur une idée qui n’était peut-être même pas vraie. De toute façon, ce fut à ce moment que nous arrivâmes au bar. Endroit qui me semblait sommes toutes sympathique. Peut-être un peu plus éclairé et moins… viril que ce à quoi j’étais habitué, mais c’était Miami après tout, donc en mon sens… ce n’était pas si surprenant. Et puis, ce n’était pas comme si c’était un de ces endroits entièrement décorés de rose avec des licornes dans les verres. En toute franchise lorsque Sophia avait parlé d’un bar avec des boissons sans alcool, j’avais redouté ce genre d’ambiance. Mais ce n’était pas le cas, tant mieux. Je pus donc dire à Sophia, à sa question:  « Ça semble pas mal. Allons-y. » Sur ces mots, je ne vis pas pourquoi nous devrions attendre plus longtemps pour avancer et tenter de trouver un endroit où s’asseoir. Dans un coin, je vis une banquette, justement parfaite pour deux personnes. La pointant à mon amie, je lui demandai:  « On va s’asseoir là ? » Nous aurions aussi très bien pu nous asseoir au bar, mais pour discuter, en mon sens, ce n’était pas l’idéal. Après, si c’était ce que Sophia préférait, je n’allais pas argumenter. Pour tout dire, je m’en moquais, tant que je passais du bon temps avec mon amie, et que je puisse finalement voir ce qu’elle allait me commander. Je n’allais pas le nier, j’étais de plus en plus curieux de voir comment ce petit jeu allait tourner.

Ce coin reculé, comme Sophia le dit, était parfait pour discuter. Mais discuter de quoi ? Je ne savais pas et contrairement à bien des situations, ça ne me stressait pas. Pas que je n’étais pas capable de tenir une conversation, mais je n’avais plus cette option de boire quelque chose pour me détendre et être un peu plus éloquent. Mais avec Sophia, je ne m’en faisais jamais. Avec elle, ça venait tout seul. En fait, tout venait naturellement avec elle, et c’était une des raisons pour laquelle je l’appréciais autant et que je savais que non seulement, j’aimais l’avoir dans ma vie, mais d’une certaine façon, j’avais besoin d’elle. Je n’allais pas lui dire clairement, ne voulant pas tomber dans l’émotion. La place choisie, nous allâmes nous installer sur la banquette en question. En arrivant, je fus ravi de voir qu’il y avait déjà une carte avec les boissons proposées sur la table. Regardant Sophia d’un air espiègle, je dis:  « C’est parti donc ? » Une fois assis, je regardai aussitôt le menu. D’abord, je ne pus m’empêcher de remarquer que ma meilleure amie avait raison; il y avait une bonne quantité de boissons sans alcool. Plus que dans certains endroits en tout cas. Elle avait vu juste, mais venant d’elle, ça ne me surprenait pas. Puis, je commençai à regarder plus attentivement ce qui était proposé. Je me surpris à regarder deux ou trois choix qui pourraient me plaire, un qui ne le ferait définitivement pas avec moi. Et comme si je venais de me rappeler que c’était pour mon amie que je devais choisir et pas moi, je regardai plus attentivement pour elle. Je me surpris à penser de lui prendre un cocktail qui n’allait pas lui plaire du tout, à la blague, mais au vu de la confiance que je lui offrais pour ce petit jeu, je ne lui ferais pas ça, qu’importe si je payais ou pas - ce que j’allais faire qu’importe ce qui allait se passer. Le serveur vint à notre rencontre, demandant si nous étions prêts. Moi, je l’étais au final. J’avais trouvé un cocktail qui, j’espérais sincèrement, allait lui plaire. Mais ayant envie de faire durer le suspense, je ne fis que montrer le cocktail au serveur sur la carte pour commander. Heureusement pour moi, il ne répéta pas le nom ou quelque chose du genre. Souriant, j’attendis de voir si Sophia était prête, nullement pressé si ce n’était pas le cas. Nous étions en vacances, après tout.

Sophia avait été aussi mystérieuse que moi dans le choix de boisson. Est-ce que je lui en voulais ? Je ne pouvais pas, parce que j’avais fait pareil. En vérité, je trouvais ça juste drôle, bien que ça me rendait encore plus curieux de voir ce qu’elle avait choisi pour moi. J’espérais qu’elle avait fait un bon choix - mais ça, je lui faisais confiance - et surtout, que ma boisson n’arriverait pas dans un grand verre arrondi, que le liquide ne serait pas rose et qu’il ne serait pas assorti d’une brochette de cerises et de fruits tropicaux. Moi ? Jouer les stéréotypes ? Peut-être un peu, mais j’avais quand même de l’orgueil, bien que nous n’étions pas dans un endroit que nous connaissions. Par contre, il fallait que je fasse avec, compte tenu que c’était une donnée sur laquelle je n’avais pas de contrôle. Le mieux que je pouvais faire, c’était espérer que le serveur revienne rapidement avec notre commande, et aussi penser au fait que ça voulait dire qu’une fois qu’il serait de retour, Sophia verrait ce que je lui avais commandé, que je pourrais voir sa réaction, et même si ç’avait sa part de stress, il n’en demeurait pas moins que pour le coup, j’avais hâte, espérant juste avoir tapé dans le mille. Tout cela fit en sorte que pendant un instant, je me perdis un peu dans mes pensées, ne prenant pas la parole. Ce fut ma meilleure amie qui le fit en premier, en venant à me faire une proposition. Mon esprit à moitié ailleurs, j’avais entendu la question de façon… tordue. C’était disgracieux, puisque j’étais avec ma plus proche amie, mais je n’avais pas pu m’en empêcher. Heureusement que je n’eus pas le réflexe de réagir tout de suite et que je la laissai fini son propos, le rendant inévitablement un peu plus… platonique. Mais ne parvenant pas à me sortir de la tête ce que j’avais pensé, je décidai de le partager, à la blague. Je dis alors:  « Comme un bain de minuit ? » Oui, c’était bel et bien ça qui m’était venu à l’esprit. Et le pire, c’était qu’avec Sophia… Ça ne me gênerait même pas. Mais pour des questions de principe, jamais je ne pourrais la forcer à une chose pareille, ce serait trop irrespectueux de ma part. Retrouvant mon sérieux, laissant tomber mon sourire un peu trop espiègle, je dis:  « Nous sommes à Miami, c’est évident qu’il faudra aller à la plage. » Sinon quel serait le but de fuir le temps d’automne frisquet de Washington ? Bon, j’étais certain qu’il y avait plein de choses à faire, mais il me semblait que celle-ci était une évidence. Je n’avais pas apporté un maillot de bain pour rien après tout.