Une demoiselle en détresse et un voisin déguisé en chevalier servant | Pv Félix

L'indépendance était un concept assez nouveau pour toi. Avant ton installation dans cette immense villa que ton père t'avait loué, tu avais toujours vécu avec tes parents ou du moins, avec le personnel de maison, de tes parents. Tu n'avais jamais eu à te faire à manger et à t'occuper de toutes les tâches ménagères. Le deal de cette nouvelle vie, c'était que tu apprennes à t'en sortir, seule. Même si tu commençais à aimer cette nouvelle vie, le poids de l'indépendance pesait lourd par moment sur tes épaules. Quand tu regardais cette grande maison vide, tu te rendais compte à quel point, tu te sentais seule. Depuis ton accident à New York, tu t'étais isolée. Tu n'avais jamais revu tes amies et tu ne cherchais pas vraiment à créer des contacts. C'est peut-être pour cette raison que tu t'es sentie extrêmement heureuse lorsque tu as appris pour l'existence d'Aedan, ton demi-frère que ta mère avait abandonné après sa naissance. Finalement, le seul contact que tu avais, était avec Félix, ton voisin. Tu l'avais rencontré lorsque tu avais emménagé. Après une bataille avec un carton trop lourd pour tes bras frêles, le jeune homme t'avait aidé. Vous aviez sympathisé et les moments que tu passais avec lui, lorsque vous vous retrouviez chez l'un et chez l'autre, t'étaient très plaisants. C'était d'ailleurs lui, que tu appelais à la rescousse lorsque tu avais besoin de quelque chose.

Tentant de combattre l'ennui, tu t'étais assise sur l'appui d'une grande fenêtre qui se trouvait dans ce grand salon. Un plaid sur les jambes, tu avais passé l'après-midi à regarder les gens s'agiter à l'extérieur. L'hiver s'était installé depuis quelques jours, laissant une fine couche de gel sur les pelouses, les arbres et les quelques fleurs ayant survécu aux basses températures. Tu t'étais même endormie quelques instants devant cette vue, qui apaisait ta solitude. Quelques coups de klaxon avaient fini par te réveiller. Essuyant la buée sur la fenêtre, tu jetas un coup d'œil dehors. Le crépuscule avait commencé à s'installer. Les gens rentraient chez eux, pendant que toi, tu réfléchissais à ce que tu pourrais bien commander ce soir. Pourtant quelque chose ou plutôt, quelqu'un attira ton attention. Fronçant les yeux, tu vis un homme vêtu de noir, une casquette sur la tête et des jumelles dans les mains. Il se tenait sur la rue d'en face et semblait regarder par chez toi. Plutôt atypique comme situation. Intérieurement, tu trouvais la situation malaisante. Tu décidas donc de te lever et de fermer le grand rideau qui ornait sur les côtés de la fenêtre. 

Après avoir pris un bain relaxant ayant duré au moins une petite heure, les cheveux encore emmitouflés dans une serviette, tu t'approchas doucement de la fenêtre et tu ouvris un peu la fenêtre afin de voir si l'étrange type se trouvait toujours dans les parages. En voyant qu'il se tenait maintenant près du lampadaire qui éclairait ta villa, tu fis un bon en arrière. Sentant ton cœur battre à la chamade, tu partis en courant te cacher dans ta chambre. Armée de ton téléphone, tu envoyas un sms à Félix. Le jeune homme fut l'unique personne à laquelle tu pensas à cet instant. Il n'était pas tard et tu espérais sincèrement que ton voisin aie fini sa journée à la clinique. 

* Il y a un type hyper-bizarre avec des jumelles qui reste planté devant chez moi ... Tu penses que je devrais appeler la police ? *

Tu n'avais pas demandé explicitement à ce que Félix te rejoigne pour te rassurer, ne voulant pas passer pour une jeune femme aux abois, mais tu espérais que ton voisin passe te rendre une petite visite. Peut-être que ton stalkeur serait dissuadé de tenter quoi que ce soit en voyant un homme pénétrer chez toi. Une demi-heure plus tard, tu entendis la sonnette retentir. Espérant de toutes tes forces que ce soit ton voisin, tu descendis les escaliers sans faire de bruit alors que tes jambes tremblaient comme des feuilles. Une fois arrivée devant la porte, tu demandas qui était là, de ta petite voix. Une chose était sûre ... Sans réponse, hors de question pour toi d'ouvrir la porte ... 

Le quotidien de chaque humain étant parfois un peu chaotique, tu faisais partie de ses rares hommes débordés, qui n’avait aucun problème avec ce genre de dit quotidien bien rempli. Tu travaillais sous tension, sous stresse, et tu n’avais jamais faillis à ton devoir. A croire que ton enfance t’avait préparé à une vie à l’envers, sans aucun sens. Tu jonglais entre ta vie de vétérinaire réputé, pour son travail sérieux. On pouvait t’appeler à n’importe quelle heure, tu sautais dans ta voiture pour aller examiner ledit animal dans le mal. Mais aussi, tu devais prendre du temps pour t’occuper de Colin, ton fils. Dont la maman était dans une situation délicate, vous aviez décidés d’un commun accord, de lui retirer un peu de garde, pour la soulager. Quand bien même tu ne l’aimais plus et que son visage ne t’inspirait plus que du dégoût, tu étais un homme sage, tu continuais dans l’ombre de prendre soin d’elle, pour le bien de votre enfant. Tu savais mettre de côté le passé, peut-être un peu trop cœur tendre pour ce monde de brute.

Et comme si tout ça ne suffisait pas, récemment, tu avais accueilli une demoiselle chez-toi ; qui avait emmené son lot de problèmes, mais tu bâtissais à chaque complication, un véritable temple de sagesse, une forteresse contre les contrariétés que la vie te faisait tomber dessus, comme de véritables bombes meurtrières. Au-delà des difficultés, tu appréciais les petits bonheurs que la vie t’apportait à petite dose, tu attachais une importance particulière a ce que ta vie ne soit pas morne, d’extérieur tu ressemblais à ce genre de gars ayant la belle vie. S’ils savaient. Mais peu importe, si ça pouvait les faire rêver et réaliser des exploits.

Alors que tu envoies un dernier message à la demoiselle qui loge à la villa, un texto te parvient, mais pas de la même personne ; Aeryn, une nouvelle voisine, un peu moins âgée que toi. Tu ne l’as connais que de façade, ayant de suite accroché avec cette jeunette, aux allures de fille forte. Elle te demande conseil, et vu l’heure qu’il est, tout ça ne peut que t’inquiéter un minimum. Tu lui envoie finalement un petit message pour la rassurer.

( Reste chez-toi, fermes bien les portes. Dès que je sors du travail, je vérifie la rue. Tiens-moi au courant s’il se passe quelque chose. )

Tu regardes ton agenda, ton service se termine normalement à trois heures du matin, mais exceptionnellement, tu téléphones au vétérinaire qui est en astreinte, qu’il puisse te remplacer le temps dont tu auras besoin. Même si le travail est important, la sécurité de ton entourage l’est encore plus, tu ne joueras jamais avec la vie de ceux que tu apprécies. Encore moins, quand tu sais qu’un homme rôde dans ta ruelle, devant la maison de ton amie. Tu as un petit vingt minutes de route, la nuit c’est rapide, peu de véhicules circulent ; une véritable chance pour vous ce soir.

Tu arrives proche de la maison d’Aeryn, tu te fais discret. Il semblerait que l’homme ai bougé, puisqu’il n’y a personne. Mais, conscient qu’il puisse rôder aux alentours, tu roules quelques mètres, attentif aux mouvements qu’il pourrait y avoir. Mais toujours rien. Tu retournes sur tes pas, prenant l’initiative d’aller rendre visite à la demoiselle, qui risque d’être effrayée plus longtemps si tu ne la rassure pas, de vive voix. Rapidement tu t’approches, tapant à la porte de celle-ci, alerte tout de même, qu’un homme ne surgisse pas. Une petite voix sort de la porte, tu avais bien raison, elle doit être dans tous ses états. C’est Félix, ouvres-moi s’il te plaît. Lorsque la porte fait un mince mouvement, tu te glisses à l’intérieur, prenant soin de refermer de toi-même, tournant la clef pour verrouiller le lieu. Tu tires vers toi Aeryn, comme le ferait un frère ou un père, pour l’entourer de tes bras. Tu es courageuse, tu as eu raison d’appeler. Comment tu te sens ? Avant d’entamer des recherches sérieuses, car tu n’en resteras pas sur une simple surveillance, tu prends soin de ton amie. Tu ne considères pas les femmes comme fragiles, mais, en tant d’humain, tu comprends qu’elle puisse avoir eu peur ! J’ai fait un tour rapide, il n’est pas devant. A ce moment-là, tu laisses l’ouverture à la demoiselle, pour s’enlever de ton étreinte amicale. Tu sais me dire, comment il était habillé ? Tu as des détails à me donner ?

Félix, c'était ton voisin. Tu avais fait sa rencontre lorsque tu avais emménagé dans ta villa. Tu avais eu beaucoup d'embarras avec certains cartons, qui étaient certainement beaucoup plus lourds que toi. Gentiment, le jeune homme t'avait proposé son aide. Peut-être avais-tu eu réellement l'air d'être en détresse ce jour-là.  Il avait d'ailleurs fait beaucoup plus que de te porter quelques cartons. Finalement, il t'avait aidé à installer les meubles et il répondait toujours présent lorsque tu lui sonnais pour des détails qui étaient hors de ta portée. Tu étais très débrouillarde, mais la plomberie et l'électricité, n'étaient pas des domaines que tu maitrisais. Même si tu te débrouillais bien en peinture, tu n'étais pas un homme fort de son savoir en la matière. Reconnaissante pour ce qu'il faisait pour toi, tu avais pris l'habitude de lui apporter de temps en temps, à lui et son fils,  des petites choses que tu testais en cuisine. Ce n'était pas toujours réussi mais tu partais du principe que c'était l'intention qui comptait. Et puis, tu aimais passer du temps avec lui. Dans cette ville, Félix était ta première rencontre et sûrement, ton premier ami. Cela comptait beaucoup pour toi. 

Alors que tu venais de te cacher sous tes couettes, tu sentis ton téléphone vibrer. Félix n'avait pas tardé à te répondre, ce qui t'arracha un petit sourire malgré ta peur. Tu te mis même à te demander ce que tu ferais sans lui. Qui aurais-tu appelé ? Ton père ? Certainement pas. Il t'aurait -carrément- envoyé l'armée pour venir à ton secours. C'est idiot, mais le message de ton ami te rassura un peu. Tu avais toujours aussi peur, blottie contre une peluche qui traînait dans ton lit, mais tu savais que tu pourrais compter sur quelqu'un très bientôt. Peut-être que le type que tu avais vu, ne se fierait plus au fait que tu étais seule s'il voyait un homme frapper à ta porte. Quoi qu'il en soit, les minutes t'avaient semblé paraître des heures jusqu'à ce que tu entendis quelqu'un frapper à ta porte. Instinctivement, tu t'étais mise à prier pour que ce soit Félix. En même temps, qui cela pouvait être ? Certainement pas le voyeur. Ni un livreur. De toute manière, à part ton voisin, tu n'attendais personne. Tu avais d'ailleurs descendu tes escaliers à la vitesse d'un escargot. Serrant ton t-shirt dans tes mains, tu essayais de mettre ta peur de côté. Tu étais courageuse mais pas très valeureuse. 

Tu avais posé tes mains sur la porte, attendant une réponse qui ne s'était pas fait attendre. Quel soulagement quand tu reconnus la voix de Félix à travers la porte. Lâchant un long soupir, tu déverrouillas ta porte et tu laissas entrer ton voisin. Tu restas quelques instants là, sans bouger alors que le jeune homme s'empressait de fermer la porte derrière lui. En le voyant là, devant toi, tu te sentais extrêmement soulagée. D'ailleurs lorsque tu sentis ses bras t'entourer, tu te sentis pleinement apaisée. Il t'en fallait peu, c'est vrai. Enfouissant ta tête contre lui quelques instants, tu tentas de ne pas t'effondrer. Tu avais eu tellement peur sur le moment ...

" Je me sens mieux maintenant que tu es là ... "

Essuyant une petite larmichette qui venait de rouler le long de ta joue, tu relevas ta tête tout en essayant de ne pas croiser le regard de ton ami, afin qu'il ne remarque pas l'état dans lequel, tu t'étais mise.

" Je suis désolée de t'avoir dérangé au travail, mais ... Tu es la seule personne que je connaisse ici ... Merci Félix. "

Reconnaissante ? Oui, tu l'étais. Tu l'étais même extrêmement. Tu te rendais bien compte que la situation dans laquelle tu l'avais mis, n'était pas évidente. Entre son travail à la clinique vétérinaire et son fils, Félix ne devait pas avoir beaucoup de temps à perdre. Surtout avec une voisine aussi envahissante que toi. 

Te relevant de son étreinte, tu te mis à réfléchir quelques instants. Tu te sentais tellement soulagée que cet homme étrange ne soit plus dans les parages. Au moins, tu pouvais essayer de calmer tes états d'âme. Cependant, Félix souhaitait quelques détails sur l'homme que tu avais vu par la fenêtre. Pour être tout à fait honnête, tu avais rapidement pris peur. Tu n'avais pas vraiment eu le temps de le détailler. 

" Il était habillé tout en noir avec une casquette et une paire de jumelles dans les mains. Je ne pense pas que ça t'aidera beaucoup ... Une chose est sûre, c'est qu'il semblait beaucoup trop étrange pour honnête. "

Alors que tu haussais légèrement les épaules, tu te rendis compte à quel point, tu avais paniqué peut-être pour ... Rien.

" Si j'avais appelé la police, ils m'auraient certainement prise pour une folle. "

Ca, c'était un fait. Posant ton regard sur ton ami, tu l'invitas à pénétrer dans ton salon. C'était toujours plus conviviale que dans rester dans une grande entrée presque vide.

" Tu as le temps pour que je t'offre quelque chose à boire ? Ton fils ne t'attend pas ? "

Tu lui étais tellement redevable pour cette fois, que tu ne pouvais pas le retenir plus longtemps si son fils l'attendait quelque part ...