Woof ! ft. Ulysse

Aujourd’hui, Ulysse n’avait rien prévu de spécial. Lui qui avait eu la sensation étrange de ne pas avoir arrêté de la semaine, il devait bien admettre que là, laissé face à lui même sans obligation aucune, il s’était senti désarçonné. Comme déshabitué. Bordel, on oubliait si vite. Bon, d’accord, peut-être qu’il était en train d’exagérer. Très probablement d’ailleurs. D’abord, il s’était levé tôt : on ne changeait pas de bonnes habitudes aussi facilement. Là, il avait mis un vinyl, du vieux rock crachait à plein tubes dans l’appartement tandis qu’il préparait son petit déjeuner.
Lui qui n’avait pas le temps dans la semaine, décidait enfin de se faire plaisir. Au programme, pancakes, café, jus d’orange, et toutes sortes de condiments qu’il pourrait napper sur ses douceurs encore fumantes. Il en avait l’eau à la bouche. Ensuite, il avait été s’occuper de son fils, mettant un point d’honneur à suivre les conseils que Soraya lui avait donnés. Cette jeune femme était impressionnante : du haut de son jeune âge, elle avait appris à Ulysse bien plus que les femmes de l’hopital. Lui qui n’y croyait plus, une lueur d’espoir avait enfin décidé de se rallumer de nouveau en lui. Tout d’abord, parce qu’il apprenait tous les jours aux côtés de Mathis qui le guidait. Pleurait quand il n’aimait pas, riait quand il appréciait. En fait, Ulysse commençait à apprécier ce sort qui lui avait été réservé. En fin de compte, un enfant, c’était un peu comme un animal. Ca ne parlait pas. Du moins, le sien était trop petit pour. Ca montrait autrement ce que ça ressentait. Et pour Ulysse qui n’était pas toujours très bon avec les mots -il aurait d’ailleurs avoué volontiers qu’il était maladroit- , il était quelqu’un d’empathique, voire même sensible, et pouvait aisément comprendre les choses sans que l’on ait forcément besoin de mettre des mots dessus.
Son fils changé, nourri, quelques jeux faits avec le bébé auquel il avait fini par s’attacher bien plus qu’il n’aurait bien voulu l’admettre initialement, il avait laissé celui-ci dans son parc, pour s’adonner à sa séance de sport quotidienne. Et pour le reste de la journée, il avait opté pour une longue balade avec Jacquie et Michel, Mathis contre lui, drapé dans une étole aka : la posture de la poche kangourou.
Rentré pour la fin de la journée, pile à l’heure pour le laisser à ses parents, histoire de se faire une soirée tranquille et surtout : rentré avant que le petit n’ait le temps d’attraper froid.

Une fois seul, il était parti se doucher, et s’était accordé un moment de tranquillité : vautré sur son canapé à regarder quelque débilité sur Netflix, c’était ça, le programme, pour le moment. Jacquie ferait un excellent traversin, et Michel, un repose pied divin. Et le pire dans tout ça, c’était encore qu’il ne forçait rien. Non, ses chiens aimaient jouer le « tas d’êtres vivants » avec leur maître.
Resté ainsi quelques minutes qui s’étaient étirées sur des heures, la torpeur s’emparant de lui, il avait sursauté lorsque la sonnerie de l’interphone retentit. Etrange. Il n’attendait pourtant personne ! Il bailla, sa bouche s’étirant tant qu’il aurait probablement pu se décrocher la machoire, et alla ouvrir. Là, un sourire surpris s’étira sur son visage : « Jiiiin ! » sans attendre, il vint prendre son ami dans ses bras et le débarassa « oooh que j’aime te voir ici ! Encore plus quand tu apporte de quoi boire ! » il lui adressa un clin d’oeil moqueur, et lui fit signe d’entrer, avant de faussement prendre la mouche : « dis moi, Jijin, tu viens pour moi, ou pour tripoter Jacquie et Michel ? » Il réprima un rire et accueillit son ami de nouveau dans ses bras : « grave, j’suis toujours jaloux, quand il s’agit de papouilles et de tes doigts de fée ! » riant, il attrapa le sac dans un regard interrogateur, avant de demander : « mais fallait pas ! qu’est ce que c’est ? Au fait ! Moi aussi, j’ai quelque chose pour toi ! » sans attendre, il se dirigea à la hâte vers sa chambre, dont il sortit un paquet cadeau dans lequel, un tablier de cuisine de père Noël sexy, ridicule à souhait. « ok. Tu sais quoi ? On compte jusqu’à trois, et on ouvre en même temps ! » il adressa un clin d’oeil à son ami. Il avait hâte de voir la réaction de celui-ci à l’ouverture de son paquet…

Faussement vexé, Ulysse laissa son ami entrer avant de le voir filer vers Jacquie et Michel, qui eux, étaient en train de passer la meilleure sieste de toute leur vie. En même temps, fallait dire ce qui était : une balade en foret, ça épuisait. Et puis, pour être tout à fait honnête, ils n’avaient pas vraiment besoin d’excuse pour dormir, tant ils passaient le plus clair de leur temps dans leur cor… Non, j’déconne, sur le canapé. Ulysse n’avait jamais su les faire obéir sur ce point. Et on pouvait les comprendre : quand on voyait le maître avachi, au summum du bonheur, s’abandonnant à la paresse, il était légitime de vouloir prétendre à cette quiétude absolue. Aussi Ulysse avait-il essayé une fois, deux fois, peut-être trois fois, de virer ses bergers du canapé. Mais de guerre lasse, il les avait laissé prendre cette habitude qui aurait hérissé des cheveux sur moult têtes, mêmes chauves.

Cependant, ils avaient levé une oreille dès l’arrivée de leur tonton Jin : ils savaient pertinemment que ce moment serait synonyme de tendresse pour eux, et ça, ils auraient été fous de le refuser !

Les observant du coin de l’oeil, Ulysse fit la moue avant de servir son meilleur jeu d’acteur à son ami, tentant de ne pas rire en entendant un truc aussi tendancieux dans la bouche du comédien : avait il seulement idée des idées mal placées qui avaient traversé l’esprit du blond à cet instant ? Frisson de dégoût. Ces choses là, même entre très bons amis, c’était mort de chez mort. NON. Il tourna la tête quelques instants, réprimant un haut le coeur, avant de lui lancer, tout sourire : « franchement… franchement ouais ! » il se mit à rire, sans penser un instant que son ami se jetterait sur ses cheveux. Posant sa tête sur l’épaule de Jin, à qui il offrait un visage extatique, il soupira « mon dieu, que tu tripote bien ! » et il explosa de rire. Mon dieu, si on les entendait, ça pourrait clairement porter à confusion. Mort de rire, il remercia Jin qui lui tendait un paquet cadeau avant d’aller chercher le sien. « ouais, ça s’tient, c’est pas faux ! » adressant un sourire au brun, il lui tendit le paquet : « bien évidemment, que j’y ai pensé, tu me prends pour qui ? j’aurais pas été un bon pote si ça avait pas été le cas ! » et puis il lui avait proposé d’ouvrir en même temps leurs cadeaux, histoire de voir la tête de l’autre en live. Aussitôt, il déchira son papier sans ménagement et explosa de rire « ooooh merci ! j’vais être une véritable petite fille avec ça ! j’en ai toujours rêvé ! Mais… attends, faut que j’étreine ça ! » là, il posa le tout et récupéra deux élastiques qui trainaient dans le salon, témoignage des moments où il attachait sa tignasse en chignon. Ni une, ni deux, il se fit deux tresses, puis plaqua bien ses cheveux grâce aux barrettes. Enfin, il mit le serre tête que lui avait offert Jin et se retourna, tout fier « tadaa...Oh putain » il explosa de rire avant d’arquer un sourcil : « t’es tellement sex, que j’aurais bien eu envie de te faire l’amour là tout de suite, mais… j’peux pas, j’suis pas dans la bonne période » avait il lancé, mort de rire, prenant une voix haut perchée « autant de sex appeal dans un seul homme, c’est pas possible ! Remarque… j’crois qu’avec moi, on est pas mal non plus. Si on sortait comme ça, j’suis certain qu’on choperait un max ! » il éclata de nouveau de rire, et attrapa des bières qu’il ouvrit « bon. Parlons peu parlons bien… mais surtout, buvons » bah ouais. Un tel niveau de connerie, ça donnait soif, pour sûr !

Clairement, si quelqu’un d’extérieur les avait vus, il aurait pu se poser de sérieuses questions, et a raison ! Mais Ulysse s’en fichait. En réalité, c’était même pire : cela l’amusait, de voir jusqu’où son ami et lui pouvaient aller, juste par amusement. Plus d’une fois, les gens autour avaient pu se retrouver surpris tandis qu’eux, une fois éloignés, se tenaient les côtés à force de rire : c’était épique. Là , c’était le même genre de fou rire. Sauf que cette fois ci, il n’y avait pas de témoin : ça n’enlevait pourtant rien à ce mal de ventre qu’Ulysse ressentait : le genre de fou rire dont on se souvenait, qui faisait travailler les abdos comme il se devait. Se redressant, il essuya la larme humide qui glissait au coin de sa paupière, et prit une grande inspiration, avant de toussoter, reprenant son sérieux : « j’sais pas… j’me suis toujours dit qu’ils devaient te confondre avec une croquette géante moi ! » lui adressant un clin d’oeil, Ulysse observa ensuite son ami, silencieux. Son regard dans le sien, il ne cherchait pas à l’hypnotiser, seulement à instaurer un moment de malaise. De ceux qui auraient pu faire douter Jin sur le fait qu’il soit sans doute allé trop loin. Et sans crier gare, lui offrant le regard le plus blasé qui fut, il lâcha, désinvolte : « meow ? » et fit semblant de ronronner, mort de rire. Tant qu’à entrer dans le délire… autant que ce soit jusqu’au bout ! « Grave ! En fait… tu es un peu comme… le génie d’Aladdin ! Mais… en mieux. Et plus petit. Et … pas bleu. » Ulysse se mit à ricaner et vint l’échange de cadeaux. De son côté, il n’était pas déçu du voyage ! Et à en juger par la tête de son ami, moitié médusé moitié mort de rire, il n’était pas trop compliqué de deviner que c’était la même chose pour lui.

Les deux comparses se prirent au jeu, peut être un peu trop. Il fallait les voir, Ulysse en petite fille, Jin avec son tablier. Ils faisaient presque peur à voir ! Se mettant à rire, Ulysse hocha la tête, avant de prendre la pose comme il se devait… et d’ouvrir de grands yeux à la révélation de Jin « désolé mec. J’ai pas de cheminée. J’crois que c’est un détail important, au vu de ton envie débordante ! » Il éclata de rire avant de conclure « promis, n’y vois là rien de personnel ! Mais sans cheminée, je ne ferai rien ! » il hocha la tête et bomba le torse, avant d’observer son ami : « bien évidemment, qu’on est les gars les plus hot de la ville, qu’est ce que tu crois ? c’est obligé ! Les autres nous jalousent ! Mieux, je suis certain qu’ils nous observent et prennent des notes. Dès ce soir, en boite, on verra des clones de nous, occupés à tenter une approche avec ces filles qui n’y comprendront très probablement rien du tout ! » il éclata de rire, puis rendit la pareille à Jin «à ton tour ! Prends ta plus belle pose, beau gosse ! » et à voir la tête de son pote qui s’appliquait à suivre ses conseils, il éclata : « oh la vache, elle est collector, celle là ! Elle part en pp tinder DI-RECT ! Tu vas pécho, avec ta petite duckface aguicheuse ! »

Riant, il hocha la tête, avant de rétorquer : « incomparable ? Ça c’est clair !santé Jijin ! » le suivant, il sursauta aux cris imprévus de son ami : «eh bien, si c’est l’effet que ça te fait, l’amour… dans ce cas… p’t-être que j’éviterai de te montrer trop d’amitié ! j’ai pas franchement envie de devenir sourd ! » il éclata de rire, avant de préciser : « bien sûr qu’il t’aime ! Ça t’étonne ? » après tout, il était très difficile de détester Jin, à vrain dire, Ulysse n’était même pas certain que ce soit possible ! Il approcha, et tapota affectueusement le derrière de son chien : «  allez, pousse tes grosses miches, mon Michou ! »le chien, d’un pas lent et imperturbable, sauta du canapé, et Ulysse s’installa aux côtés de Jin, « si seulement les bénévoles écoutaient aussi bien que lui ! » avait il laissé échappé, pensant à ceux qui n’en faisaient qu’à leur tête ! Il se mit à rire et prit une gorgée de sa bière, caressant la tête de son chien, sourire aux lèvres.

Mort de rire, Ulysse croisa les bras, regardant son ami on ne pouvait plus sérieux « non mon Jijin ! c’est pas que t’es petit ! Disons … Que tu n’es pas grand. » ricanant, il lui tira la langue moqueur, avant de lui faire remarquer « entre nous… il serait peut-être temps que je ferme ma gueule non ? j’suis pas le plus grand dans cette pièce ! » c’était même le contraire : Jin l’était. Une perche, devant laquelle Ulysse n’avait pas l’intention de s’effacer, au contraire. Il hocha la tête : « c’est vrai… tu fais pas trois mètres. Mais vois le bon côté des choses : tu rentreras plus facilement dans la lampe du coup ! » il s’apprêta à ajouter que s’il voulait, ils pourraient faire un costume commun pour le prochain halloween, allant même jusqu’à se proposer pour jouer le rôle de la lampe, mais à voir ce qu’il venait de dire… Il réalisa que la discussion tournait relativement vite au vinaigre : ben… oui ! Le génie qui entre dans la lampe… ew ! Non. Rien qu’à penser au double sens involontaire de sa phrase, Ulysse eut des frissons de dégoût… Et se mit à rire de plus belle en entendant les conneries de Jin. Prenant une pose théâtrale, dos de la main sur son front et air tragique inspiré, il se mit à secouer sa main vers Jin « NOOON, Jin ! Notre amûûûûr est impossible, tu le sais, tu le sens ! d’ailleurs, mon mari va rentrer d’une minute à l’autre, vite ! Caaaache toua ! » et arquant un sourcil, il lui adressa un sourire moqueur « te demander de te cacher n’a rien à voir avec ta laideur, j’te rassure hein ? j’me permettrais pas ! » il lui adressa un clin d’oeil. Probablement que Jin aurait compris que c’était une blague, Ulysse n’avait jamais été du genre à rabaisser les autres pour se sentir le plus fort. Seulement dans des moments de connerie : un micro clash à un vieil ami, qui répond au triple derrière, c’était encore sans doute une des choses qu’Ulysse affectionnait le plus, dans ses amitiés : pouvoir dire n’importe quoi, sans devoir se justifier… et surtout sans déclencher de troisième guerre mondiale !
Enfin, il se rapprocha, le prit par les mains, et murmura : « je t’aime Jijin ! Enfuyons nous à dos de Poney Licorne, et allons nous marier en Alaska ! » En Alaska ? non mais sérieusement, un truc ne tournait pas rond dans la tête du défenseur des animaux. Son cerveau ne devait plus être sous garantie,et ce, depuis un bon bout de temps, c’était pas possible autrement ! Il faudrait aller se plaindre au SAV. Enfin, à sa mère, quoi ! Quoique. Il se rappela tout à coup qu’ils étaient brouillés, tels les œufs moyens. Il allait peut-être éviter tout contact avec elle, finalement. Tant pis pour la défaillance système.

Enfin installé, il répondit le plus sérieusement possible à la question de Jin, jouant avec sa bouteille de bière « ouais, surtout avec un… peut-être que tu vas voir de qui je parle ! c’est un grand, brun, toujours survolté ! En plus, il est plus grand que moi, le salopiot ! » il se mit à rire avant de clarifier : « non. Tout le monde est cool. Y’en a juste deux trois qui pensent pouvoir gérer mieux que moi mon projet et n’en font qu’à leur tête ? » il lui adressa un clin d’oeil. Ce genre de comportement ne lui faisait pas grand-chose en réalité. Au départ, il avait pu être vexé ou blessé, dans l’incompréhension de ces comportements assez cavaliers. Mais aujourd’hui, c’en était tout autre. Il s’en moquait totalement. Jin vautré sur lui, il se mit à rire « On m’appelle Bultex dans le milieu. J’fais même des remplacements, rayon literie, à confo, tu m’as jamais vu sur un sommier ? » mort de rire, il poursuivit « tu sais quand même que là… quelqu’un d’extérieur jurerait à s’y méprendre qu’on est le couple homo le plus mignon du monde ! » il regarda son ami se lever. Il savait que le pire, c’était encore que ce n’était sans doute pas sa remarque qui l’avait fait fuir, mais l’hyperactivité de Jin. Il haussa les épaules avant de se lever « j’sais pas, quand t’auras fait à manger ? » il se dirigea tout sautillant vers le frigo et commença à en inspecter les moindres recoins, à la recherche d’une inspiration gustative « Plus sérieux, y’a quoi, qui te ferait plaisir, là ? »