Donnez-moi un peu de rêve ı Ulysse

Ulysse avait attendu impatiemment cette soirée. Comme un gosse le soir de Noël, attendant ses cadeaux au pied du sapin. Bon, lui, il y avait belle lurette qu’il ne croyait plus au Père Noël. Déjà, parce qu’il était trop grand, mais aussi parce que… ben parce que c’était comme ça. Point positif, il n’avait pas eu à faire semblant de dormir, pour que Gaby apparaisse. Ce rendez-vous là, il était planifié, et pour ne prendre aucun risque, il avait fait en sorte de tout planifier. D’abord, il avait appelé Soraya, de sorte à ce qu’elle s’occupe de Mathis. Comme à son habitude, il lui avait laissé suffisamment de changes et de lait pour tenir jusqu’au lendemain matin. Et une fois fait, il était parti, checkant l’heure. Merde. Encore en retard. Comme à son habitude. Il pesta contre lui-même et pressa le pas. Pour autant, pas question de prendre la voiture. Tout d’abord, parce qu’il voulait pouvoir profiter de sa soirée comme il l’entendait, mais aussi parce que conduire dans Washington le soir relevait d’un exploit. Et clairement, il n’était pas du genre zen, dans le trafic.

Là, il appela un taxi, et arriva quelques minutes plus tard devant le bar où ils avaient l’habitude de se rejoindre, avant tout ce remue ménage dans leurs vies respectives. Passant devant la grande vitre de l’établissement, il l’apperçut en train de rêvasser, ce qui le fit sourire et lui donna l’idée de… passer par l’arrière, pour ainsi la faire sursauter. Quel blagueuuur.

Tout doucement, il se glissa derrière elle et murmura à son oreille : «  Ben alors ? On rêve de moi, darling ? Tu le sais, pourtant, que notre amour est impossible ! » clin d’oeil taquin, il se mit à rire avant de venir lui faire une bise et finalement s’installer : « t’as pas trop attendu, j’espère ? » il retira son manteau et attacha ses bouclettes en un chignon, plus pratique, pour ne pas avoir les cheveux dans la figure toutes les deux secondes. Finalement, il lança « Alors ? Comment tu vas depuis le temps ? Et surtout ! First of all, question qui est sur toutes les lèvres là maintenant tout de suite : qu’est ce que tu veux boire ? » lui adressant un clin d’oeil, il se mit à réfléchir à sa propre commande, attendant une réponse de la jeune femme...

Enfin arrivé, Ulysse n’avait pas pu s’empêcher de taquiner son amie. Bien évidemment, il ne pensait pas un mot de tout cela. Mais voir ses réactions avait toujours fait rire le blond qui ne ratait pas une occasion de faire l’imbécile. Mon dieu. Parfois, il se demandait même comment ses amis le supportaient. Et puis il se souvenait de ce qu’était censé être un ami : quelqu’un qui te prend avec tes défauts, et qui t’aime quand même, sans hésiter à te remettre les pieds sur Terre ou te rappeler combien ta vanne est pourrie, juste ‘pour ton bien’. Et ça, c’était cool.
A la réponse de Gabriella, il n’avait pas pu s’empêcher de répondre : «  arg, touché. Mais tu sais qu’on est faits pour être ensemble ! Comme un pâté et sa croute ! Comme un barbecue et son petit verre de rosé l’été ! QUE DIS-JE ! Comme un frère et une sœur ! » il se mit à rire. Car en réalité, ç’avait toujours été ainsi, entre eux. Frère et Soeur, ils adoraient s’envoyer des piques un peu nulles, se charrier. Parfois, certains auraient pu dire qu’ils y allaient fort. Et de l’extérieur, c’était sans doute compréhensible, de le voir ainsi. Cependant, eux, ça les faisait mourir de rire. En revanche, ce n’était pas la peine de tenter quoique ce soit de malveillant à l’encontre de l’un d’entre eux : l’autre débarquerait avec son glaive et son bouclier pour mieux vous défoncer.
Et ce soir, Ulysse n’avait qu’une hâte : celle de retrouver son amie, avec qui il n’avait pas pu passer beaucoup de temps, ces derniers mois. En réalité, entre l’accouchement de la jeune femme et l’arrivée de Mathis dans la vie du jeune homme, leurs entrevues ne se comptaient probablement que sur les doigts d’une main. Alors ce soir, il comptait bien passer un moment des plus sympathiques avec son amie.
« ça se passe bien ? Comment va ta princesse ? Et Hayden ? Et… ton mari ? » il se mit à rire avant de froncer les sourcils et d’ajouter : « ouais, bon, ok, ça aurait été carrément plus rapide de te demander comment allait toute ta famille. Ne m’en veux pas, d’accord, j’suis un peu lent d’esprit. » il lui adressa un clin d’oeil amusé, avant d’ajouter, haussant les épaules « comme… un jeune papa qui passe la soirée avec sa meilleure amie ? » et souriant, il l’écouta, avant de secouer la main, comme choqué : « ma chèèère ! Je vois qu’on ne se refuse rien ! Fais gaffe de pas finir à quatre pattes, à boire autant ! » et réfléchissant, il finit par répondre : « bah… j’vais commencer par prendre la porte, avec mes blagues à deux balles et… poursuivre sur une bière. » simple, basique. Ulysse avait le même crédo que Balou. Ainsi, il lui en fallait vraiment peu, pour être satisfait. Et il appela le serveur afin de passer sa commande…

« Rien entre nous ? Merde. Alors là, je suis carrément déçu ! » lui adressant un clin d’oeil, il se mit à rire. Bien évidemment, c’était totalement faux : entre Gabriella et Ulysse, ç’avait toujours été très clair. Pas d’ambiguïté, en somme, une relation frère sœur où il ne manquait que les liens du sang. Et faisant semblant de réfléchir, il lança, un sourire moqueur : « mariée ? Toi ? j’suis pas sûr ; j’étais là ? j’me rappelle pas ! » clin d’oeil adressé à la demoiselle, il était mort de rire. Puis, plus sérieux cette fois-ci (il ne blaguait jamais, lorsqu’il s’agissait de la famille, encore moins lorsqu’il s’agissait de celle de la demoiselle qu’il considérait comme sa sœur!)

«Cool ! Ça doit être trop mignon à voir effectivement ! En tous cas, c’est vraiment drôle, je trouve ! Il a quel âge, maintenant, Hayden ?  Et la petite : elle s’acclimate ? Elle fait ses nuits ?» il lui adressa un sourire, se rappelant encore de l’arrivée d’Hayden dans la vie de Gabriella. Et lui adressant un sourire, il haussa les épaules, pas vraiment surpris par sa question… Sans non plus savoir quoi y répondre. En réalité, depuis l’arrivée de Mathis chez lui, Ulysse était un peu perdu. Il ne s’était pas laissé le choix, et en même temps, il ne l’avait pas eu non plus, lorsque sa mère avait pris la fuite. Ce petit ne méritait pas de pâtir de cette situation. Alors la tête la première, il s’était lancé dans le pari de lui donner une vie correcte. Mais de là à être capable de dire comment il se sentait par rapport à tout ça, c’était une autre paire de manches ! : « eh bien… ça va. Disons que j’commence à être rôdé, niveau changement de couches ! » riant, il ajouta « et puis, j’ai de la chance. Il est adorable ce gosse. Il fait ses nuits, la majeure partie du temps : j’crois qu’il a compris que la coopération serait importante, entre nous ! » avait-il conclu, riant légèrement, reprenant de plus belle « ouais. T’as raison. Ce serait tout de même dommage que nos enfants ne doivent nous lever, demain matin ! » il lui adressa un clin d’oeil, amusé, rien qu’à imaginer Mathis, marchant à quatre pattes jusqu’à son lit et le tirer des draps. Non. C’était très peu probable, mais en même temps… c’était drôle !
Finalement, il revint en voyant le serveur arriver, riant. Et à son tour, il commanda son verre. Une fois le serveur parti, il demanda « et… au niveau de tes livres : tu compte en sortir un bientôt ? » oui, il avait hâte. Car si Ulysse était le meilleur ami de Gabriella, c’était aussi et surtout son premier fan, quoiqu’il arrive.

Ulysse arqua un sourcil, faussement attristé par la remarque de Gabriella. Une main sur le coeur, un rire jaune s’échappa d’entre ses lèvres « outch. Le rire est faux, la douleur est réelle. Mais… Tu sais très bien qu’j’suis pas si asexué que ça ! » s’était il senti obligé de préciser. Pas qu’il ait été blessé dans son égo de mâle, avec Gaby, il y avait bien longtemps qu’il l’avait laissé tomber, celui-là. Mais à faire le faussement blessé, il était logique, du moins pour lui, de faire celui qui se défendait. Faussement, là aussi. Car ces petits tacles n’étaient rien d’autre qu’un jeu entre eux deux. Et éclatant de rire, il ouvrit de grands yeux « moi qui pensais que la maternité ferait de toi une maman toute douce et toute caline… j’avais oublié que ça ne se rapporterait qu’à tes enfants ! j’vais finir par t’inscrire à ces joutes verbales entre rappeurs, tu sais, comme dans 8 miles ! j’suis sûre que tu ferais rentrer Eminem chez sa daronne, en larmes ! » avait il lancé mort de rire et plus sérieux, écoutait les dernières nouvelles de la petite famille, hochant la tête en signe d’approbation, de temps à autres : « six ans déjà ? j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu ! » il lui adressa un sourire et hocha la tête « j’en connais qui doivent faire la sieste dès qu’ils ont deux secondes... » il lui adressa un clin d’oeil et poursuivit : « pour être honnête… j’suis un peu dans le même cas. Mat n’est pas chiant mais… J’donnerais n’importe quoi pour une nuit de repos véritable ! » lança-t-il dans souffle amusé. Hochant la tête, il sourit, touché par la proposition de Gaby « c’est gentil, merci beaucoup ! Pour le moment… j’m’en sors pas mal. Et puis, j’lui ai trouvé une super babysitter ! » avoua-t-il tout content. Pas certain d’ailleurs que sans l’aide de Soraya, il aurait été aussi serein. Mais ça, c’était un autre débat. « mais… à part ça, faudrait surtout qu’Hailee et lui fassent connaissance ! Pas d’autre choix qu’ils soient super potes, comme leurs darons ! » il se mit à rire, hochant la tête « c’est cool si tu peux te reposer sur Milan. Au moins, tu n’es pas seule, et ça, c’est top ! » il lui adresse un clin d’oeil, avant de supplier en riant « oooh s’il te plait, sois pas si cruelle, j’veux savoir moi ! Me laisse pas dans l’attente de la suite !! » il se mit à rire « maintenant, j’sais c’que ressentent les fans de ton travail… qui ne te connaissent pas. Vous êtes frustrante, très chère Madame Hill. Frustrante !! » appuya-t-il en prenant une pause dramatique, mort de rire. « et Milan ? Ça se passe bien pour lui aussi ? Il en est où de ses illus ? »

Surpris de sa réponse, il ouvrit de grands yeux, éclatant de rire « c’est pas c’qu’elles disent toutes, très chère ! » avait il répondu, mort de rire. Vague défense en guise de préservation de sa pseudo virilité, il lui tira la langue, faussement vexé. Etrange : car lorsqu’on le connaissait vraiment, il était déconseillé de s’amuser autant, à le titiller : ce qu’il permettait à Gabriella, il ne le permettait pas à tout le monde. De la même façon que si un jour il surprenait quelqu’un parler ainsi à son amie. Si l’un envers l’autre, ils étaient acerbes, l’un avec l’autre, ils étaient invincibles, et se frotter à eux réservait de très mauvaises surprises. Et moqueur, il n’avait pas hésité à la taquiner sur sa faculté à le tacler. Riant de plus belle à sa réponse, il se contenta d’hausser les épaules : « bien évidement, mais ça, c’était compris dans l’offre : je sais que je suis ta cible préférée, mon chou ! » lui adressant un clin d’oeil moqueur, il s’était mis à rire, avant de reprendre, plus sérieusement, écoutant silencieusement Gabriella s’extasier sur ses enfants. Elle avait l’air tellement heureuse, ça lui faisait chaud au coeur et le rendait lui aussi heureux. Si bien qu’un sourire se dessina rapidement sur son visage et il hocha la tête « j’dirai probablement la même chose de Mat dans peu de temps... » avait il souri légèrement. Et il sourit légèrement, rassemblant ses cheveux longs en un chignon. « ne t’en fais pas pour moi. J’essaye d’y aller doucement. Mais pas trop non plus. J’dois assumer pour deux, alors… » il haussa les épaules, avant de poursuivre dans un soupire :« si on m’avait dit qu’en 2021 j’arrêterais de draguer dans les bars et aurais un enfant surprise… j’aurais gueulé à la mauvaise blague » avait il lancé, pensif mais légèrement amusé de cette situation totalement grotesque, lorsqu’on y pensait à deux fois. Hochant la tête il sourit « oui. C’est une chouette gamine. D’ailleurs… j’l’avais rencontrée en soirée elle aussi ! » il se mit à rire : comme quoi, les bars pouvaient aussi servir de lieux de recrutements, qui aurait pu le croire ?? une chose était sûre : certainement pas lui. Adressant un sourire à son amie, il hocha la tête « alors dans ce cas… j’passerai. Pour le moment, c’est un peu mouvementé au refuge. On a de nouveaux arrivants. Mais peut-être dans les prochains jours. Dans tous les cas, j’te tiendrai au courant ! » avait il lancé tout sourire, tentant de réfléchir à son emploi du temps surchargé. « quoi ?? Pas d’avant première ? Je suis OU-TRÉ, chère amie ! Ou-tré, vous m’entendez ? » il se mit à rire et prit une gorgée de son verre, hochant la tête « j’en doute pas. c’est l’inverse, qui aurait été étonnant ! » s’était il contenté de lui répondre dans un sourire. Il n’avait pas souvenir d’un moment où elle aurait pu lui faire part de quelque chose de mauvais entre eux. Bien évidemment, il n’était pas dupe : les disputes, comme dans tous les couples, devaient sans doute faire leur chemin de temps à autres. Mais ils ressemblaient à ce couple modèle, de ceux qu’on pouvait voir dans les séries. Et Ulysse, lui, ça l’attendrissait. Il était heureux, de voir son amie aussi amoureuse après autant de temps, et venait à espérer que ça puisse lui arriver à lui aussi, peut-être un jour… Reposant son verre, il haussa les épaules. Parler de lui ? Très peu. Il préférait bien plus écouter les autres. «  eh bien… comme j’ai commencé à te l’expliquer tout à l’heure, on a de nouveaux arrivants au refuge. Des chiens, des chats… j’ai même du accueillir des chevaux au ranch de mes parents ! » il se mit à rire et haussa les épaules « au départ, c’était un peu la zone. Mais je commence à voir le bout des démarches, et les animaux ont enfin les soins dont ils ont besoin. C’est tout ce qui compte ! »