Zen et détendue [Ft. Sigrid]

Zen et détendue.

Jes' & Sigrid

Jes' avait besoin d'argent. Elle avait beau vivre dans l'appart pourri d'un immeuble craignos avec un loyer plutôt modique, il n'en était pas moins qu'elle devait quand même payer ses factures. Depuis qu'elle s'était faite virer de la supérette, elle n'avait pas spécialement retrouvé de boulot. Ou plutôt, elle était retournée à une source de revenus moins légale et beaucoup plus fluctuante. Vendre des faux papiers à des ados en quête de sensations fortes avant l'heure n'était pas une activité dont elle pouvait se vanter même si elle n'en avait pas honte pour autant. Après tout, elle ne faisait que dépanner des jeunes qui voulaient juste s'amuser. Elle aussi avait connu ça et c'était d'ailleurs pour son propre besoin qu'elle avait falsifié sa première pièce d'identité. Le seul soucis, en dehors de l'illégalité de la chose c'était qu'un lycéen ne se baladait pas forcément avec des liasses de billets dans les poches. Pour la payer, soit ils prenaient sur leur argent de poche, soit ils piquaient dans le porte-feuille de leurs parents. Autant dire que ce n'était pas avec ce business qu'elle allait rouler sur l'or, sachant qu'en plus, la clientèle était plutôt rare.
Adossée contre un mur près d'un lycée, elle attendait une potentielle acheteuse. A priori, elle avait eu son contact par une amie qui avait déjà fait appel à ses services. Elles s'étaient alors données rendez-vous à quelques mètres de son bahut. Quand la jeune fille s'approcha de Jes', elle n'était pas seule. Deux autres demoiselles la suivaient comme son ombre, plantées de part et d'autre telles des potiches. La meneuse et les suiveuses de toute évidence. La rouquine n'aimait pas ça. Ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Quand la petite chef ouvrit la bouche, le ton qu'elle employa fit hérisser les poils sur les bras de Jes'. Tout dans cette fille lui rappelait Leslie : blonde, prétentieuse, populaire et belle comme un ange descendu du ciel. Sans doute une fille à papa en plus de ça, au vu de la somme qu'elle déboursa pour ses faux papiers. Elle se dépêcha de conclure son deal et de s'en aller, se sentant de plus en plus mal à l'aise en face de cette poupée diabolique et de ses deux chiens de garde. Et alors qu'elle s’éloignait le plus rapidement possible, pour la première fois depuis des années, la cicatrice de son bras la faisait de nouveau souffrir.

Jes' haletait. Elle se sentit projetée des années en arrière, à une époque qu'elle ne voulait revivre pour rien au monde. Elle attrapa son bras douloureux, le massant pour essayer d'apaiser la gène qu'elle ressentait. Mais c'était peine perdue, elle savait très bien que ce qui ravivait la douleur de sa cicatrice n'était pas physique mais psychologique. Avoir passé seulement quelques minutes avec cette fille l'avait atteint comme jamais elle n'aurait pensé pouvoir être atteinte de nouveau. Elle pensait vraiment que tout ça était derrière elle, qu'elle était devenue forte, qu'elle s'était affirmée et que plus jamais elle ne subirait de pression de la part d'une personne. Mais de toute évidence, les blessures qu'elle pensait guéries étaient en fait tout juste cicatrisées.
Elle se revoyait au collège, elle revoyait ses camarades qui se moquaient, qui la brimaient, la bousculaient. Au couvert de l'expression "Qui aime bien châtie bien", ils lui faisaient vivre un cauchemar. Puis le cauchemar s'était transformé en enfer. Elle était battue, ses affaires étaient jetés à la poubelle, on lui coupait les cheveux. C'était peut-être pour ça qu'aujourd'hui elle les gardait très long. Ou peut-être était-ce à cause des ciseaux. Jes' ne supportait plus la vision des ciseaux. A chaque fois qu'elle en voyait une paire, c'était comme si elle sentait ceux de Leslie s'enfoncer dans la chair de son bras. Ce n'était pas au point d'en être devenu une phobie mais elle supportait assez mal la proximité de cet instrument.
A l'époque, le dessin avait été sa bouée de sauvetage. Griffonner lui permettait d’exorciser son mal-être, libérant son esprit de ses idées noires. Peut-être que si il n'y avait pas eu le dessin, elle aurait pu faire une bêtise. Elle n'avait aucun soutien. Même ses parents n'avaient pas vu sa détresse. Lorsqu'elle leur en avait parlé, ils avaient minimisé la chose, disant qu'on ne résolvait pas la violence par la violence. Une autre réponse de leur part aurait été surprenante. Après tout, ils étaient tous les deux de grands défenseurs de la paix. Pour eux, les conflits ne menaient qu'à la haine et à la misère. Alors Jes' avait subi, jusqu'à ce fameux jour qui qui était marqué dans sa chair à tout jamais.

La rouquine s'arrêta brusquement, le souffle court. Elle s'était mise à courir sans s'en rendre compte au milieu des passants. Elle essaya de retrouver son calme et un rythme cardiaque régulier. Elle ferma les yeux quelques instants cherchant un semblant de quiétude. Elle eut alors une sorte de déclic. Il y avait autre chose qui lui faisait du bien dans ses moments-là : le yoga. Elle avait toujours été dubitative quand aux effets apaisants de ce sport. C'était Sigrid, la sœur de Poppy, qui l'y avait initié et contre toute attente, elle avait été plutôt réceptive. Une bonne séance de yoga et de méditation serait la bienvenue à l'heure actuelle. Elle fouilla dans son sac et trouva son téléphone. Elle envoya un message à Sig pour lui proposer de se retrouver plus tard dans la journée pour une petite séance en plein air. La suédoise signifia son accord quelques minutes plus tard par un nouvel SMS. Jes' rentra alors chez elle histoire de se changer et de prendre quelques affaires.
Il était presque l'heure quand elle enfourcha son vélo pour se rendre au parc près de chez elle. Elle n'avait pas beaucoup de trajet, elle aurait donc pu y aller à pied. Mais le vélo était un loisir qu'elle appréciait surtout quand le soleil était au rendez-vous. C'était donc à bicyclette qu'elle arriva au parc. Elle remarqua Sig au loin qui installait son tapis et Jes' se sentit tout de suite infiniment reconnaissante envers elle d'avoir accepté son invitation. Elle se rapprocha, descendit de son vélo et mit la béquille. « Désolée, je ne t'ai pas trop fait attendre j'espère ? ». Elle posa son sac et en sortit également un tapis qu'elle déroula à côté de celui de la suédoise. « Je suis contente que tu aies accepté. J'avais vraiment besoin de cette séance. ». Elle n'en dit pas plus mais elle était sûre que ses yeux parlaient pour elle.

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Zen et détendue

Jesabel & Sigrid

Le moral était loin d’être bon en ce moment. Si la mort de Dahlia en Décembre avait jeté la famille une nouvelle fois dans le tourment, ta vie de couple avait aussi un grand impact sur ton état moral. Après le décès de ta sœur aînée tu avais été au plus bas moralement, ayant tendance à te renfermer sur toi-même plutôt qu’à t’ouvrir aux autres pour passer ta souffrance. Stephen, ton petit-ami, avait beaucoup insisté sur le fait qu’il fallait que tu prennes du temps pour toi, que tu étais mieux à la maison, que faire semblant avec les autres pour penser à autre chose ne t’aiderait pas à faire ton deuil. Il était au petit soin avec toi et donc, naïvement, tu as cru à ses paroles et suivi ses conseils pendant plusieurs semaines. Toutefois tu n’étais pas du genre à te laisser indéfiniment couler par le poids de la tristesse. Alors petit à petit tu avais relevé la tête et avais commencé à ressortir, à revoir du monde, même si cela ne semblait pas vraiment au goût de monsieur. Si avant tout ça, son comportement ne t’avait jamais vraiment paru suspect, tu commençais à sérieusement te poser des questions. A chaque saute d’humeur, coup de colère ou réflexions, il s’excusait en prétendant que c’était le travail qui le rendait ainsi. Mais était-ce vraiment son boulot le problème ? Le doute s’insinuait petit à petit en toi. Presque depuis le début, ce dernier avait tendance à être jaloux, à te vouloir juste pour lui. A tes yeux cela sonnaient comme une preuve d’amour mais tu n’en étais plus si sûr. Tout dans son comportement semblait dissimuler quelque chose de plus profond, quelque chose de bien plus mauvais, voir même dangereux pour toi. Tu n’étais pas encore vraiment certaine de ça, mais tu étais dorénavant sur tes gardes. Depuis le début Sinéad, ta sœur jumelle, ne sentait pas ce type et elle t’avait fait part de ses doutes plusieurs fois. Elle lui était rentrée dedans déjà plusieurs d’ailleurs. Mais malgré ça, tu avais persisté et aujourd’hui c’est vers elle que tu songeais à te tourner si tu avais besoin de prendre la fuite. Elle t’avait fait promettre que s’il se passait quoique ce soit tu l’appellerais direct. Et tu n’hésiterais pas, même si tu espérais vraiment te tromper et n’avoir jamais besoin d’en arriver là.
L’addition de tes problèmes de couple à ta tristesse persistante suite au décès de ta sœur ne faisait clairement pas bon ménage. Tu n’arrivais à rien en ce moment. Tu avais tendance à t’énerver à la moindre contrariété et tu envoyais valser facilement ce que tu faisais. C’est actuellement ce qui se passait pour le projet sur lequel tu travaillais. Un client t’avait mandaté pour design le concept de sa toute nouvelle boutique. Si tu étais heureuse d’avoir l’occasion sur pareil projet, cela faisait plusieurs que tu tablais dessus et que rien ne te satisfaisait. Les papiers froissaient au pied de ton bureau commençaient à se faire nombreux et tu n’avais toujours pas trouvé quelque chose qui te semblait convenable à présenter à ton client. Alors que d’un geste un peu trop rapide ton crayon marqua ton dessin d’un trait qui ruinait définitivement tous tes efforts, ton portable se mit à vibrer, t’empêchant de faire subir le même sort à cette feuille qu’à ses prédécesseurs. Le nom de Jesabel apparu sur ton écran et tout de suite un petit sourire étira tes lèvres. Jes était la meilleure amie de ton petit frère, Popeye, et tu avais la chance de très bien t’entendre avec elle. Tu déverrouillas donc de ton empreinte ton téléphone pour voir le contenu du SMS que tu venais de recevoir. Celle-ci te proposait de se retrouver pour une séance yoga un peu plus tard dans la journée. C’était toi qui l’avais initié à cette pratique alors même qu’elle était plutôt dubitative aux premiers abords. Tu étais heureuse de voir que cela lui avait plu et qu’elle n’hésitait pas depuis à faire quelques séances avec toi. Après une petite minute de réflexion, tu finis par répondre par la positive et lui donnas donc rendez-vous au Park Marvin Gaye. Faire une petite séance te ferait du bien, et passée du temps avec elle également. Cela te permettrait certainement de te changer les idées et peut-être d’y voir enfin plus clair pour continuer sur ton projet. Quand tu lâchas ton portable, tu reposas sur ton dessin abîmé. Tu grimaças mais renonças à t’acharner sur cette pauvre feuille. Tu verrais plus tard si tu pouvais rattraper les dégâts. Tu pivotas donc sur ton siège et sortis de la pièce.
Après t’être préparée une bonne salade devant un émission sur le bien-être, tu te changeas et rassemblas tes affaires de yoga dans un petit sac de sport. Tapis sous le bras, tu descendis au sous-sol pour récupérais ta voiture. Anacostia n’était le quartier à côté pour toi, tu ne pouvais donc pas te contenter des transports en commun ou d’un moyen de locomotion plus respectueux de l’environnement, malheureusement. Il te fallu une bonne vingtaine de minute pour rejoindre l’endroit de rendez-vous et trouver une place pour te garer. Quand tu arrivas, tu ne vis la jeune femme nulle part. Tu regardas ton téléphone, au cas où elle t’aurait laissé un message mais il n’y avait rien. En vérifiant l’heure, tu constatas que tu étais de toutes façons un peu en avance. Tu décidas donc d’aller trouver un endroit tranquille et de commencer à installer ton matériel. Tu n’étais pas loin de l’entrée principale, Jes ne devrait donc pas avoir de mal à te trouver. Alors que tu déroulais ton tapis pour le poser sur l’herbe fraîche, tu entendis quelque chose dans ton dos. Tu te retournas et constatas qu’il s’agissait de la jeune femme aux cheveux flamboyant. Tu lui souris alors qu’elle s’excusa, espérant ne pas t’avoir fait trop attendre. « Pas du tout, je viens tout juste d’arriver. ». Ton regard bienveillant la suivi alors qu’elle installait son tapis à côté du tien. « Ca me fait toujours plaisir de pouvoir faire une séance avec toi ma belle. ». Tu étais sincère, sa présence à tes côtés t’était fort agréable. Mais comme tu aurais pu t’en douter, ce besoin soudain d’une séance planifiée à la dernière minute n’était pas anodin. Quelque chose se cachait derrière et tu pouvais le voir dans ses yeux. « Quelque chose de ne va pas ? Tu veux m’en parler ? ». Il était plus simple de faire une séance avec l’esprit tranquille. Tu pris place en tailleur sur ton tapis, l’invitant à en faire de même pour que vous puissiez discuter tranquillement. « Vider ton sac te permettra d’être plus tranquille pour la séance. Mais je pense que tu le sais, tu commences à être une habituée maintenant. ». Tu lui souris une nouvelle fois. Même si tu as tes propres problèmes, tu essayais toujours d’apporter des ondes positives à ceux qui t’entourent.

Zen et détendue.

Jes' & Sigrid

Jes' était fille unique. Ainsi, elle n'avait jamais connu les joies ni les contrariétés d'avoir des frères et sœurs. Alors peut-être qu'à l'adolescence, le fait de ne pas avoir à partager la salle de bain était une bonne chose mais de manière générale, elle trouvait ça dommage. Elle avait l'impression de rater quelque chose dans sa vie. Lorsqu'elle avait rencontré Poppy, elle ne s'était pas attendue à ce que leur amitié lui apporte ce dont elle avait manqué pendant son enfance. En soi, elle ne considérait pas le rouquin comme un frère. A ses yeux, il était plutôt l'homme de sa vie, sa moitié. Celui avec qui elle partageait tout. Mais grâce à ce lien si particulier qu'elle avait construit avec lui, elle avait pu faire connaissance avec sa famille. Jes' n'était pas du genre à s'occuper de ce qu'on pouvait penser d'elle. C'était le cadet de ses soucis de savoir si les gens appréciaient ce qu'elle renvoyait. En effet, elle savait très bien ce que les gens pouvaient dire ou penser d'elle dès qu'ils posaient les yeux sur elle. Mais même si les messes basses ne l’atteignaient pas d'habitude, elle ne voulait pas non plus donner une sale impression à la famille de Poppy. Soyons clair, elle n'aurait pas chialé si ils l'avaient détestée. C'était Popeye son pote, pas sa famille. Mais ça l'aurait quand même un peu fait chier. Ainsi, si elle avait pu ressentir une petite angoisse, celle-ci s'était très vite dissipée. Bien sûr, elle se doutait que si lui était un mec absolument génial, ses proches ne pouvaient pas être une bande de coincés du cul. Et elle en eut très vite la confirmation. Depuis ce jour, elle faisait un peu elle aussi parti de la famille. La mère de son ami, qu'elle n'avait pas appelé « Mme Sörvik » plus de cinq minutes, était une femme forte et bienveillante. Quant à ses sœurs aînées, elles étaient un peu les siennes maintenant.
On ne pouvait pas dire que Jes' s'était autant dévoilée à Sin et Sig qu'à son meilleur ami. Lui connaissait ses bons comme ses mauvais côtés, ses coups de cœurs comme ses coups de gueule, sa bonne humeur comme son côté chieuse. Il connaissait même les côtés un peu moins politiquement correct. Concrètement, elle n'avait pas montré son côté trash aux jumelles Sörvik, même si Sinéad avait eu l'occasion de l'apercevoir quelque fois. Les deux suédoises avaient beau se ressembler comme deux gouttes d'eau, leur caractère était diamétralement opposé. Si l'aînée des deux était du genre rebelle, la cadette était beaucoup plus posée. Et si Jes' se retrouvait dans le côté explosif de la première, elle n'entretenait pas pour autant une moins bonne relation avec la deuxième.

La preuve puisqu'aujourd'hui, c'était vers Sig que la rouquine s'était tournée pour une séance de yoga. Depuis qu'elle lui avait fait découvrir ce sport de bien-être, Jes' était devenue accro. Enfin une addiction saine. Beaucoup plus saine que la cigarette ou l'alcool, ça c'était sur. Entre le végétarisme et le yoga, Poppy avait l'habitude de la charrier en lui disant qu'elle allait finir par devenir une bobo vegan doublée d'une hippie, comme ses parents. Ce à quoi elle lui répondait souvent d'aller se faire foutre avec un très beau doigt d'honneur pour joindre le geste à la parole. Il pouvait dire ce qu'il voulait, ça lui faisait du bien. Ça calmait ses nerfs, lui permettait de déstresser et lui faisait retrouver une certaine sérénité d'esprit. Et c'était tout à fait ce dont elle avait besoin à l'heure actuelle !
Arrivée à hauteur de la blonde, Jes' s'excusa, espérant ne pas l'avoir trop fait attendre ce à quoi l'intéressée répondit que tout allait bien puisqu'elle venait d'arriver. La demoiselle en fut rassurée. D'habitude, elle s'en foutait un peu d'arriver à la bourre, c'était même un de ses talents cachés. Mais pour le coup, c'était elle qui avait demandé à Sigrid de venir. Non pas que ça l'ai déjà dérangé avant d'arriver en retard à ses propres rendez-vous, sauf que cette fois c'était différent. Elle l'avait prévenu à la dernière minute et elle avait eu la gentillesse de lui répondre par la positive. Alors oui, elle était sans-gène mais fallait pas pousser non plus.
S'installant aux côtés de la suédoise, celle-ci lui affirma qu'elle était heureuse de faire cette séance avec elle. Jes' lui lança un sourire de remerciement. Elle aussi était ravie de partager ce moment avec elle. Sigird était vraiment une femme extra, douce, gentille. Si certaines personnes pouvaient laisser planer le doute sur leur capacité à avoir des enfants, ce n'était pas le cas pour elle. Elle pouvait se lancer dans l'aventure sans problème, elle était persuadée qu'elle serait géniale. Et sans le vouloir, elle ne fit que confirmer ce que pensait la rouquine en lui demandant si tout allait bien, soulignant le fait qu'elle pouvait lui parler si elle le souhaitait. Sa sollicitude la touchait. Elle s'installa, invitant Jes' a faire de même et elle s'empressa de la rejoindre. Sigird acheva de la convaincre de se confier en lui assurant qu'elle passerait une meilleure séance si elle se débarrassait de ses idées noires. Assise en tailleur sur son tapis, les bras posés sur ses genoux, la jeune fille prit plusieurs inspirations. Alors qu'elle se remémorait les événements qui s'étaient déroulés plus tôt dans la journée, Jes' sentit les battements de son cœur s'accélérer. Instinctivement, elle posa sa main sur son avant bras. Bien que sa cicatrice ne soit plus visible depuis des années grâce à ce tatouage qui l'avait recouverte, elle pouvait sentir les lames des ciseaux dans sa chair. « J'ai croisé quelqu'un tout à l'heure. Et cette personne m'a rappelé quelqu'un qui m'a fait du mal. ». Jes' regardait le bout de ses chaussures, plongée dans des souvenirs qu'elle préférerait oublier. « Peut-être que Poppy t'en a déjà parlé mais je me suis faite harceler quand j'étais au collège. J'en ai d'ailleurs gardé une belle marque. ». Elle ne savait pas si Sig était au courant de son passé, si son frère lui avait déjà fait part de cette période de sa vie qu'elle n'aimait pas spécialement aborder et qu'elle avait détesté vivre. « Cette gamine m'a rappelé la fille qui m'a laissé cette cicatrice et ça m'a complètement retourné. Moi qui pensait avoir tracer un trait sur toute ces conneries, je me rends compte que je suis toujours une putain de victime... ». Des larmes, elle en avait versé des litres à cause de tout ce merdier. Tellement qu'aujourd'hui, elle n'en avait plus aucune à faire rouler le long de ses joues.

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