Loneliness isn't an end | feat. Maeva

De repos aujourd’hui, tu n’avais pourtant pas passé beaucoup de temps dans ton appartement. Préférant largement l’extérieur, tu avais profité des premiers rayons de soleil de l’année pour te rendre à la salle d’entrainement et faire tes premiers circuits en extérieur de la saison. Les cibles s’enchainaient et tu ne voyais pas les heures passées malgré la brise glaciale qui continuait de souffler sur la capitale. Lorsque la salle finit par fermer ses portes, tu n’eus pas le choix que de reprendre la route de Dupont Circle, sans oublier de faire quelques courses pour le reste de la semaine. Une fois la porte de ton logement passée, tu entrepris de ranger toutes tes emplettes avant de te mettre devant la console. La soirée semblait toute prévue d’avance, tu jouerais jusqu’à ce que Morphée ou ton estomac te rappelle à l’ordre. Mais un nom sur la console te fit changer tes plans en dernière minute. Envoyant un SMS à la jeune Maeva, tu lui proposas une soirée gaming et pizza. Tu n’étais pas certain que la jeune SDF n’avait pas d’autres plans pour ce soir vu qu’il était déjà dix-huit heures passées mais tu te dis que cela valait tout de même le coup de l’inviter, surtout que durant tes courses, tu avais acheté quelque chose dans la perspective du jour où tu la reverrais, inconscient que cela pourrait être bien plus tôt que prévu. Tu ne préférais pas t’attarder sur le pourquoi de cet achat compulsif qui ne te ressemblait pas et qui démontrait un certain attachement à la jeune fille que tu t’évertuais de n’avoir pour personne. La brune était rentrée dans ta vie comme un boulet de canon en essayant de te voler. Depuis tu avais eu l’occasion de la recroiser et une chose en entrainant une autre, tu avais fini par l’héberger quelques nuits pour lui permettre de dormir dans un vrai lit et de prendre une vraie douche. Vous vous étiez découvert une passion commune pour les jeux vidéo et pour les gens qui ne posent pas de question sur le passé. Tu ne lui avais jamais parlé de ton historique mais Maeva était loin d’être bête, elle avait dû comprendre qu’il n’était pas tout rose. Preuve ayant été faite quand alors qu’elle échouait à te faire les poches, tu lui avais donné des conseils pour être plus efficace et s’en prendre à de meilleures victimes. Mais pour l’heure, tu fus heureux de recevoir une réponse positive de la jeune brune qui ne devrait pas tarder. Elle connaissait les codes de ton immeuble, t’épargnant ainsi de devoir descendre la chercher. En l’attendant, tu entrepris de commander les pizzas pour 20h, ce qui vous laisserait le temps de faire une game avant et potentiellement à Maeva de prendre une douche si elle le souhaitait. Tu savais que l’eau courant n’était pas un luxe courant dans les rues de Washington et bien que l’hiver soit pratiquement terminé, tu n’étais pas sûr que les robinets en libre-service de la ville aient été remis en route par peur du gel. Quelques minutes plus tard, un bruit de toc-toc parvint à tes oreilles. Tu allas ouvrir et tomba sur la jeune femme. Bonsoir ! Désolé pour cette invitation de dernière minute, je suis content de te voir.

Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret. – Alessandro Manzoni Tu n’étais pas du genre à partager tes secrets, même les gens les plus proches de toi étaient maintenus à l’écart des tourments de ta vie et de ton passé. Têtu et borné, tu n’admettais pas que quelqu’un puisse entrer dans ta vie, connaitre toutes ces choses sur toi pour mieux disparaitre quelques temps plus tard. Bien sûr, tu avais des potes, certains mêmes que tu voyais depuis des années à l’instar de Jazz mais tu te protégeais, tu ne partageais que le minimum syndical avec elle comme avec les autres. Les blessures du passé et les abandons avaient été trop nombreux pour que tu laisses à nouveau quelqu’un compter, que tu laisses à nouveau quelqu’un prendre cette place dans ta vie. Mais bien malgré toi, tu te retrouvais à avoir de l’attachement pour cette jeune brune qui venait d’entrer dans ton appartement. Bien malgré toi, tu t’étais surpris plus d’une fois à penser à elle et à son sort, à envisager des solutions pour qu’elle sorte de cette situation inconfortable. Bien malgré toi, tu avais acheté cette couverture dont tu n’avais pas besoin dans le seul but de lui offrir quelques heures à peine avant de lui envoyer ce texto. Tu étais heureux de la voir et le sourire qui s’afficha sur ton visage alors qu’elle te rassura sur son emploi du temps en était bien la preuve.

En la suivant dans le salon, un rire s’échappa de tes lèvres alors qu’elle t’annonçait ton triste destin. Je te rappelle quand même que c’est toi qui a perdu la dernière fois à FIFA ! Mario Kart me va, n’hésite pas si tu veux prendre une douche ou quoi, les pizzas arrivent dans une grosse demi-heure, j’ai des bières et du jus d’orange dans le frigo et des chips dans le placard. Comme d’habitude, fais comme chez toi ! C’était simple et rudimentaire mais cela te correspondait bien. Chez toi, pas de cocktails compliqués ou de petits fours à faire réchauffer. Il était vrai que ton placard contenait quelques alcools un peu plus élaborés que de la bière mais l’objectif de la soirée n’était pas de finir torchés, simplement de passer un bon moment entre potes. Légalement, Maëva était aussi trop jeune pour ce genre de liqueurs mais les années t’avaient appris que la loi n’était pas forcément faite pour être suivie à la lettre et tu n’allais certainement pas être celui qui jugerait ou arrêterait la jeune femme si elle décidait de taper dans ta réserve. Pour le moment, tu souhaitais juste qu’elle passe une bonne soirée loin des tracas de son quotidien.

Tu rejoignis ensuite le canapé, il y avait fort à parier que vous passeriez une partie de la soirée ici, autant ne pas perdre une minute. On va voir si tu es meilleure à Mario Kart qu’à faire les poches. la taquinas-tu avec un sourire espiègle. Quoique je l’espère pour toi, sinon la soirée va être longue. ajoutas-tu en insistant sur le dernier mot. Tu n’étais pas le dernier pour embêter la jeune femme et elle te le rendait bien, son caractère et son franc parler étaient déjà bien assumés. Elle n’hésitait pas à ouvrir la bouche pour dire ce qu’elle pensait ce qui n’était pas sans te rappeler un jeune Noah de 17 ans, prêt à tout pour sortir du système et vivre sa vie comme il l’entendait. Finalement, vous vous ressembliez pas mal tous les deux…

Bien que tu doutais que tes blagues nulles aient réellement déconcentré la jeune femme lors de votre dernière partie de FIFA, tu acceptas la boutade en rigolant. La jeune femme semblait être aussi bonne mauvaise joueuse que toi et cela en disait long sur son caractère et sur vos similitudes. Similitudes qui se retrouvaient aussi dans vos domaines de compétences, bien que la brune ait encore beaucoup à apprendre sur l’art d’être un bon pickpocket, elle était plutôt prometteuse et une personne non alertée comme tu l’étais aurait probablement laisser son portefeuille s’envoler dans la nature. Promis, je te transmettrais mes connaissances sur le sujet jeune Padawan. La discussion jusque-là légère et animée pris un tournant plus sérieux alors que la jeune femme t’indiquait avoir besoin de se changer les esprits. Curieux mais pas intrusif, tu te contentas de te lever pour te diriger vers la console et appuyer sur le bouton ON. Mais la jeune femme semblait avoir un poids sur la conscience car elle déballa rapidement et de façon très évasive ce qui la taraudait tant. Hochant la tête, tu la laissas poursuivre sans l’interrompre. Tu ne la coupas même pas pour répondre à sa question rhétorique. Elle ne connaissait rien de ton passé et pourtant, elle venait de décrire en seulement quelques phrases l’intégralité du roman que constituait ta vie. Cette sensation d’être emporté par un train qui se dirige vers une destination inconnue, sans te laisser le temps de respirer ou de questionner les choix faits en cours de route, tu la connaissais et la ressentais au fond de tes trippes depuis près de 25 ans maintenant, depuis ce terrible jour où on t’avait annoncé être orphelin, depuis ce sombre après-midi où tu avais du faire cette valise et prendre un avion en direction d’une tante et d’une ville qui t’avaient tour à tour abandonné, ne voulant pas de ta présence en leur sein.  Entendre que les plans de la jeune femme n’avaient rien d’illégaux et qu’ils concernaient sa famille te rassura tout de même. Vivre dans la rue n’était pas une chose facile et sombrer dans des activités où l’argent coule à flot mais où chaque faux mouvement peut vous coûter la vie était tentant dans sa situation. Tu es donc ravi de constater que la jeune femme n’a pas succombé à la tentation et une petite voix mentale t’indique que tu serais probablement prêt à tout pour qu’elle ne sombre pas dans cet univers que tu as connu et qui a failli te coûter bien plus qu’un simple séjour en prison. Fierté mal placé ou peur de souffrir, tu repousses cette pensée, te concentrant sur le explications de ta complice du soir. Et toi qu’est-ce que tu veux ? Tu as envie de reprendre ta vie et de laisser cette découverte derrière toi ou tu as envie d’en apprendre plus ? Ce que ses parents biologiques pensaient, tu n’en avais que faire, pour toi, ce qui était important à cet instant, c’était de savoir de qu’elle voulait, ce qu’elle envisageait pour les semaines et mois à venir. Peu importait les envies ou les volontés de ceux qui l’avaient abandonné il y a dix-huit ans, ils avaient perdu le droit d’imposer quoique ce soit à la jeune femme depuis bien longtemps déjà. Tu aurais pu partager ton expérience et lui dire que si une telle chance se présentait pour toi de revoir tes parents, tu la saisirais sans doute mais les similitudes entre vos histoires s’arrêtaient là et tandis que son abandon avait été causé par la lâcheté, le tien l’avait été par la mort. La console était prête à lancer le jeu mais en cet instant, ton regard restait rivé sur Maeva, en attente d’une réponse ou d’une indication. Si tu veux prendre un peu de temps pour réfléchir sans avoir à faire les poches des pauvres habitants de la ville, tu peux rester ici quelques jours. Tu n’avais pas beaucoup mieux à proposer dans cette situation et tu étais déjà étonné que cette idée puisse être sortie de ta bouche, la jolie Espinosa semblait être celle qui mettait à mal tes barrières. Son histoire résonnait en toi et tu avais une certaine envie de la protéger bien que tu ne doutais pas de ses capacités à le faire elle-même.