Feel the thunder •• Padre

Pablo & Maeva

Feel the thunder

Le moment fatidique approche. Chaque pas qui résonne contre le béton des trottoirs rapproche un peu plus Maeva de son père. Aujourd’hui, rien ne la fera reculer. C’est aujourd’hui que la vérité doit éclater. Ce moment, la jeune fille l’a attendu et imaginé depuis plusieurs semaines. Depuis que Marnie lui a révélé l’identité de son géniteur. Comble de l’ironie, cet homme lui est venu en aide par le passé. Un homme avec qui Mae avait apprécié passer un moment et avec qui elle avait pu partager un repas. A ce moment là, Pablo était sympathique à ses yeux. Généreux, amusant et accessible. Il aurait pu faire partie de son cercle de connaissances qui viennent en aide à la jeune fille. Un cercle qui ne cesse de grandir depuis qu’elle vit dans la rue. Cependant la donne a changé. Pablo Rivera est responsable de la vie désastreuse qu’elle subit depuis sa naissance. Si Marnie n’est pas toute blanche dans l’histoire, le mexicain est le principal fautif, celui qui a poussé le premier domino. Il doit savoir ce qu’il a engendré. Il doit prendre conscience du mal qu’il a causé. Il doit payer.

Les nuages noirs s’amoncèlent à l’horizon.
Dans son esprit, le tonnerre commence déjà à gronder.
Un violent orage se prépare et rien ne pourra le stopper.
La foudre va s’abattre sur le responsable de son abandon.

Mains dans les poches, Maeva a la mâchoire serrée. A côté d’elle Junon l’accompagne pour constituer un éventuel renfort si les choses tournent mal. Après tout, elle ne connait pas le caractère de son géniteur. Comment va-t-il réagir ? Peut-il se montrer violent ? Est-il colérique ? Difficile de prévoir une réaction quand on ne connait pas la personne qu’on affronte. Dans sa tête, tout est déjà préparé, calculé. Voilà des semaines qu’elle digère la nouvelle et qu’elle prépare la confrontation. Si Maeva a quelque peu perdu ses moyens face à une Marnie désemparée, aujourd’hui ce sera différent. Aujourd’hui, ce n’est pas les interrogations et les doutes qui l’animent. Aujourd’hui, c’est la colère qui guide ses pas. Une fois les deux jeunes filles arrivées en bas de l’immeuble de l’ambulancier, elles échangent les dernières recommandations et Mae ne peut s’empêcher de serrer son amie dans ses bras pour se donner du courage.

Dans le bâtiment, elle grimpe les escaliers quatre à quatre pour atteindre le bon étage. Derrière la porte, Maeva ferme les yeux quelques secondes pour calmer ses nerfs et tenter de paraitre le plus calme possible. En revanche, elle ne parvient pas à afficher le moindre sourire sur ses lèvres. Elle n’est pas bonne actrice à ce point là. De toute façon, Pablo s’attend à la voir tourmentée, non ? N’est-ce pas la raison officielle de sa visite ? Amenant son doigt vers la sonnette, elle appuie quelques secondes avant de remettre ses mains dans ses poches. L’heure de vérité a sonné. Les battements de son cœur accélèrent. Son humeur est aussi sombre que sa chevelure de jais. Il est temps de payer l’addition.

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feat. @Maeva Espinosa ☾

Outfit – Nuit mouvementée ; rêves étranges où les silhouettes se mélangent, les scènes se succédant sans qu’il ne parvienne à les comprendre. À un moment Marnie lui apparait clairement, souriante et belle, sa peau chaude et délicate sous ses doigts mais rapidement son visage se déforme dans des pleurs et elle lui hurle dessus, si fort que les cris prennent toute la place et se confondent en un seul brouhaha incessant. Alors il se recroqueville, pose ses mains sur ses tempes en fermant les yeux, la suppliant de le pardonner puis c’est le silence à nouveau ; un tunnel se dessine et au bout les gazouillis d’un bébé. L’homme se relève et marche vers la provenance des bruits ; au milieu d’une salle sombre un enfant dans un berceau enveloppé dans un linge. À mesure qu’il s’approche les gazouillis se transforment en sanglot et lorsqu’il retire le tissu il n’y a plus personne ; seuls les larmoiements continuent, s’intensifient jusqu’à l’oppresser et qu’il ne puisse plus respirer. Son champ de vision devient sombre et il s’écroule, sentant le sol froid sous son corps.

Au milieu des draps trempés il sursaute et se redresse immédiatement ; sa respiration est totalement erratique, sa main posée sur sa poitrine douloureuse tandis que le cauchemar se dissipe jusqu’à finir par lui devenir inaccessible. Des larmes coulent sur ses joues sans qu’il n’en comprenne la raison ; pourtant sa première pensée vient à Marnie et à tout ce qu’ils se sont dis plus tôt. Son coeur se serre à nouveau plus fort encore, lui donnant l’impression qu’il va exploser. Titubant, ses pas le conduisent jusqu’à la cuisine où il attrape son paquet de cigarette ; l’horloge au dessus de sa tête lui indique qu’il est un peu plus de quatre heure du matin et l’homme sait déjà qu’il ne retrouvera pas le sommeil pour l’instant. D’ici quelques heures il devra prendre la voiture pour déposer sa fille à la crèche puis filer au travail ; au moins son esprit tourmenté sera occupé pour la journée, lui laissant ainsi l’occasion de se remettre de ses émotions jusqu’à la nuit prochaine où tout recommencera.

Son regard cerné, poches violettes sous ses yeux, son binôme ne manque pas de le lui faire remarquer lors de leur première intervention de la journée et le mexicain se contente d’esquiver la conversation ; plus silencieux qu’à l’ordinaire, ses collègues commencent à déceler un changement de comportement chez l’ambulancier. Moins joyeux et souriant, plus renfermé et distant, il se contente de hausser les épaules, mettant en cause une fatigue passagère, un train de vie intense et des nuits courtes avec la petite qui fait ses dents ; toutes les excuses sont bonnes à prendre, dissimulées derrière un sourire faussement rassurant. L’envie d’envoyer un message à Marnie n’est jamais loin, toujours présente dans son esprit à chaque seconde de la journée. Plusieurs semaines se sont écoulées depuis leurs retrouvailles mais il n’a aucune nouvelle d’elle, s’imaginant sûrement qu’elle a besoin de temps pour digérer toute cette histoire. Ce silence le rend fou mais il respecte cette distance même si cela le tourmente et que ses paroles amères tournent en boucle dans sa tête.

La journée passe difficilement et sur les coups de dix-sept heures le mexicain récupère sa fille puis ils rentrent chez eux. L’enfant joue dans le salon qui s’est momentanément transformé en salle de jeu improvisée avec des jouets éparpillés partout sur le sol ; tel un terrain de mine il faut à présent faire attention où l’on met les pieds au risque d’écraser un objet. Cela amuse l’ambulancier, oubliant momentanément le poids sur sa conscience en observant sa fille s’éveiller joyeusement. La sonnerie à l’entrée finit par retentir et l’homme jette un dernier regard à sa fille, évaluant qu’il puisse tourner sereinement les talons sans qu’une catastrophe imminente n’arrive ; puis il se dirige vers la porte qu’il enclenche d’un geste habile. Un sourire sincère se dessine sur ses lèvres lorsqu’il reconnait la silhouette postée sur son palier. « Hola Maeva ! J’me demandais quand est-ce que tu passerais. » Lui dit-il en la saluant avant de lui céder le passage pour la faire rentrer chez lui. Hormis le bazar sur le sol de la petite pièce à vivre, l’appartement est propre et plus ou moins ordonné. Le bambin relève la tête pour observer leur convive avant de retourner à ses jouets comme si de rien n’était. « C’est ma fille, Frida. » Se sent obligé de préciser l’homme, faisant ainsi de rapide présentation. Il redirige ensuite toute son attention vers la jeune femme, ses yeux se plissants dans un autre sourire accueillant. « Alors, comment ça va ? »

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Pablo & Maeva

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Debout derrière la porte, Maeva entend des pas se rapprocher. A présent, il est trop tard pour faire marche arrière. La machine est lancée, il n’est plus possible de l’arrêter. Le cœur lourd et la gorge serrée, elle ne parvient pas à décrocher le moindre sourire quand Pablo apparait dans son champ de vision. Véritable contraste entre les deux. La mine sombre, elle ne ressent aucune joie de le voir. Pire, ce sont tout un tas de ressentiments qui l’envahissent en cet instant. Les mots de Marnie lui reviennent violemment en tête alors que le principal responsable de ses malheurs se trouve face à elle. C’est étrange comme sentiment. Jamais elle n’avait éprouvé autant de rancœur pour qui que ce soit jusqu’à maintenant. Il faut bien un début à tout.

Contrairement à elle, Pablo est souriant et l’accueille plutôt chaleureusement. « Salut. » Sans rien ajouter de plus, elle s’engouffre dans son antre lorsqu’il se décale pour lui libérer le passage. L’appartement est plutôt pas mal à première vue. Son métier doit sans doute bien lui rapporter. Elle avance dans l’entrée jusqu’à atteindre le salon. A l’instant où elle pose ses prunelles sur la fillette assise par terre en train de jouer, son cœur s’arrête, littéralement. Sa mâchoire se serre tellement qu’elle en devient douloureuse. Son estomac se retourne violemment et une peine immense la submerge entièrement. Ainsi donc, il a une autre fille. Lui aussi. C’est douloureux de constater que ses deux parents ont eu d’autres enfants après elle. On se débarrasse de la fille aînée et on la remplace quelques années plus tard. La pilule est difficile à avaler, elle reste bloquée dans sa gorge et aucun mot ne parvient à sortir de sa bouche alors qu’il fait les présentations. Maeva se contente de fixer la gamine en retenant tant bien que mal la colère qui monte en elle à une vitesse hallucinante.

Mauvaise, elle tourne vivement la tête vers lui, les sourcils froncés et les prunelles noires de haine. « Non ça ne va pas. » Lance-t-elle sèchement. « Pour ton propre bien je te conseille de t’asseoir d’ailleurs parce que je ne vais pas mâcher mes mots. » Elle était déjà remontée avant d’arriver chez lui, mais rencontrer Frida a littéralement mis le feu aux poudres. « Le hasard est quand même bien fait quand on y pense. J’veux dire, le pays est grand, immense, quelle était la probabilité pour que je retrouve mes deux parents dans la même ville ? Faible hein ? Surtout que je ne suis pas née ici. Toute ma vie j’ai bataillé pour survivre parce que mes enfoirés de géniteurs se sont débarrassés de moi à la naissance. Ou plutôt ma mère vu qu’elle s’est retrouvée seule et enceinte à seize ans. Coup dur visiblement puisque l’adoption lui a semblé être la meilleure solution pour moi. Grave erreur parce que j’ai vécu l’enfer. » Peut-être peut-il sentir quelques similitudes avec sa propre histoire, mais les détails ne sont pas encore assez précis. Ça ne saurait tarder. « Je suis allée la voir en premier parce que je n’avais que son nom à elle. La confrontation a été rude et elle ne l’a pas très bien vécu. Mais Marnie m’a quand même donné le nom de mon père. Pablo Rivera, c’est le nom de ce lâche. Quelle putain de belle coïncidence, non ? » Elle crache littéralement ses derniers mots. « En abandonnant Marnie, tu m’as abandonnée et t'as littéralement ruiné ma vie. J’te déteste. » L’intensité de sa voix est mesurée, elle ne hurle pas pour ne pas effrayer la petite. Pourtant, le ton qu’elle emploie est virulent.

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Outfit – L’appartement est petit mais bien agencé ; l’homme se sent chanceux d’en avoir trouvé un aussi bien pour un prix aussi modeste, même si le quartier n’est pas exceptionnel et que les voisins sont parfois bruyants. Pour le moment il ne peut que s’en contenter parce que contrairement à ce qu’on pourrait croire, tous les corps de métier dans le domaine de la santé ne font pas de leurs protagonistes des personnes riches ; en vérité le mexicain galère souvent en fin de mois, surtout depuis qu’il est père célibataire avec un enfant en bas âge à charge. Cela ne le dérange pas forcément, ils ont assez pour vivre, manger et s’épanouir et c’est tout ce qui importe pour le moment ; car il le sait, tout le monde n'a pas cette chance.

L’homme salue sa convive mais ne décèle aucune once de chaleur émanant de cette dernière ; sûrement est-elle mal lunée ou vraiment embêtée, même si elle a surtout l’air comme presque énervée de le voir. Mais après tout c’est pour obtenir son aide qu’elle est venue jusqu’ici, non ? Après de rapides présentations avec Frida, l’homme demande à son interlocutrice si celle-ci va bien et sa question semble un peu déplacée au vu des circonstances, mais qu’aurait-il pu lui demander d’autre pour engager la conversation ? Il observe son regard froncé ; elle a l’air en colère, comme à deux doigts de lui sauter à la gorge à vrai dire. Un frisson désagréable le parcourt lorsqu'elle lui répond. « Non ça ne va pas. » Commence-t-elle alors par dire, la froideur de sa voix lui rappelant leurs premiers échanges, lorsque la gamine s’était battue et qu’il avait soigné sa main. Elle lui conseille ensuite de s'asseoir et c’est à l’ambulancier de plisser les sourcils, perplexe et dubitatif, ne comprenant tout bonnement pas ce qu’il se passe. Il s’exécute cependant, son sourire s'estompant et son postérieur trouvant place sur l’accoudoir du canapé, tandis qu’il croise ses bras contre son torse. « Très bien, je t’écoute. » Malgré le mauvais pressentiment proéminent qui palpite à travers l’intégralité de son corps, sa voix reste calme et il lui fait un geste de la main pour l’encourager à poursuivre. À ce moment-là, il ne se doute évidemment pas que ce qui va en découler à un rapport direct avec lui. Il l’écoute parler longuement en ne la coupant à aucun moment. Elle vide son sac à propos de ses parents biologiques ; il ne peut pas s’empêcher de repenser à Marnie lorsqu’elle parle d’une jeune femme de seize ans enceinte qui s’est retrouvée seule à devoir assumer un enfant. L'histoire est très similaire et même si les coïncidences sont particulièrement flagrantes, l’homme reste plongé dans le récit ; aussi ne les saisit-il pas immédiatement. Son regard se baisse sur Frida qui déblatère des mots incompréhensibles tandis qu’il continue d'écouter la jeune femme attentivement. « Je suis allée la voir en premier parce que je n’avais que son nom à elle. La confrontation a été rude et elle ne l’a pas très bien vécu. Mais Marnie m’a quand même donné le nom de mon père. Pablo Rivera, c’est le nom de ce lâche. Quelle putain de belle coïncidence, non ? » Un soubresaut le prend lorsque le prénom de la chanteuse lyrique est évoqué, puis le sien dans la foulée. C’est évidemment là qu’il percute la véritable situation et que tous les éléments s'imbriquent parfaitement ensemble. Il comprend le silence de Marnie depuis des semaines, mais aussi le regard profondément mauvais de Maeva dès lors qu’il lui a ouvert la porte.

Il relève vivement la tête vers elle, ses yeux légèrement écarquillés et sa bouche entrouverte, ses bras à présent ballants le long de son corps. « En abandonnant Marnie, tu m’as abandonnée et t'as littéralement ruiné ma vie. J’te déteste. » Sa mâchoire se crispe violemment et il déglutit. Le choc est immense, le mexicain ne réalise qu’à peine ce qu’il se passe. Il reste silencieux dans un premier temps, scrutant la jeune femme debout devant lui. Ses traits se déforment en une peine immense tandis que ses poings se serrent sur ses cuisses ; il esquive les yeux sombres de sa convive, emplis de haine à son encontre. Ses mots sont vraiment durs, ressassés en boucle dans son esprit ; il lui faut plusieurs secondes pour les assimiler, pour en comprendre la véritable ampleur. C’est elle, c’est vraiment elle, sa fille, su pajarita. Sauf qu'elle le déteste et il n’est qu’un lâche à ses yeux. Sa langue articule à plusieurs reprises quelque chose puis il se résigne ; sa gorge s’assèche et c’est comme si des millions de nœuds s’y étaient soudainement formé. « Je me déteste aussi, chaque jour depuis celui où j’ai dû quitter Marnie. Je… » Son coeur s’emballe et la douleur au creux de sa poitrine s’anime à nouveau, fulgurante ; ce n’est pas la première fois que ça lui arrive, la dernière fois étant lors de ses retrouvailles avec Marnie. Mais il n’est pas sûr d’avoir déjà ressenti quelque chose d’aussi désagréable jusqu’à aujourd’hui. « Je sais déjà que rien de ce que je pourrais te dire ne changera ça, Maeva. Ce que tu as vécu, cette haine envers moi… » Il plonge son regard dans le sien, ses iris brunes au bord des larmes, pleines de honte et de remords face à la rage qu’il peut lire dans celles de la jeune femme. « Je ne vous ai pas abandonné par envie, je n’ai pas cherché à me débarrasser de Marnie, ou de toi. Je sais que tout est de ma faute, je ne voulais pas que tout ça arrive… » Il serre les dents, jette un regard furtif vers l’enfant qui continue à jouer au sol avant de revenir à celle qui le fusille des yeux. « Mais tu as raison, j’ai agi comme un lâche. » Sa voix tremble et se brise tandis qu'il hausse les épaules ; apparemment l'univers, le destin ou qu'importe son nom ne semble pas avoir fini de jouer avec lui.

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Pablo & Maeva

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Pablo n’en mène pas large mais il est bien loin d’imaginer ce qui va lui tomber sur le coin du nez. Comment pourrait-il le deviner ? Comment pourrait-il se douter un seul instant qu’ils ont un lien de parenté aussi fort ? La ressemblance physique est là, certes, mais ça ne fait pas tout. Docile, il obéit gentiment et s’assoit sur l’accoudoir du canapé. Ça lui évitera une mauvaise chute au cas où le choc serait tel que ses jambes ne supporteraient pas son propre poids. Maeva se lance et elle n’y va pas avec le dos de la cuillère. La blessure est d’autant plus forte que son père ait eu le culot de refaire sa vie en ayant une autre fille. C’est peut-être un peu égoïste de la part de Maeva de penser une telle chose mais cet élément la blesse encore plus. C’est comme un coup de poignard supplémentaire.

La révélation de Mae semble surprendre l’ambulancier – quoi de plus normal ? Sa longue tirade terminée, le silence tombe dans la pièce. Seuls les gazouillis de la petite Frida le brise de temps à autre. Mauvaise, la jeune fille croise les bras et pince les lèvres, attendant une potentielle réaction de la part de son père. Réaction qui se fait attendre tant la nouvelle est bouleversante. Après un temps infiniment long, il parvient à ouvrir la bouche. Pourtant ses mots ricochent sur sa fille sans l’atteindre. Mae est tellement fermée qu’aucune de ses excuses ne trouve grâce à ses yeux. « Ça nous fait un point commun dis donc, on te déteste tous les deux. » Même s’il y a d’autres points communs facilement repérables. L’apparence physique tout d’abord, ainsi que la langue espagnole qu’ils maitrisent tous les deux. Il continue à tenter vaguement d’expliquer la situation. Il semble sincère, réellement. Il parait si désespéré, au bord du gouffre. Malheureusement, Maeva n’est pas vraiment disposée à l’écouter et à aller dans son sens. Pas maintenant. Pas aujourd’hui. « Je m’en fous de tes raisons. Tu peux t’excuser autant de fois que tu veux, avoir autant de regrets que tu veux, ça changera rien. Je veux que tu saches à quel point t’as merdé. J’aurais pu vivre avec mes deux parents. On n’aurait peut-être pas eu une vie de rêve mais peu importe parce qu’on aurait été ensemble ! Comme une vraie famille ! Or, j’en ai jamais eu par ta faute ! » Sans qu’elle ne le contrôle réellement son ton s’emballe. « J’ai failli mourir plusieurs fois, la seule famille que j’ai vraiment aimée, un incendie me l’a arraché ! J’ai été ballotée de famille d’accueil en famille d’accueil sans jamais parvenir à trouver ma putain de place dans ce monde ! J’ai toujours ressenti un vide immense au fond de moi et j’ai jamais réussi à le combler ! J’me sens vide et morte à l’intérieur parce que je me suis toujours dit que mes parents n’avaient jamais voulu de moi ! Maintenant je vis dans la rue et tout le monde s’en fout ! » Ses yeux commencent à s’humidifier sous le coup des larmes qui montent. « C’est toi le responsable parce que si t’étais pas parti, rien de tout ça ne serait arrivé. Et qu’est-ce que je constate ? Que t’as une autre fille en plus ?? On jette la première et on la remplace c’est ça ? Tu t’rends pas compte du mal que ça me fait. » Sa voix est enrayée par quelques légers sanglots alors que des larmes commencent à perler le long de ses joues. Elle s’était promis de ne pas pleurer cette fois. C’est un échec.

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feat. @Maeva Espinosa ☾

Outfit – C’est à croire que le destin se joue continuellement de lui ; alors qu’il y a quelques semaines à peine il apprenait que Marnie n’avait pas gardé leur enfant après son départ, essayant depuis de se faire difficilement à l’idée qu’il ne connaîtrait probablement jamais sa fille, voilà que cette dernière apparaît sur le pallier de sa porte. Pire encore ; il avait déjà croisé la route de ce petit bout de femme un temps auparavant, une rencontre en tout point hasardeuse où l’homme lui avait donné son numéro sans arrière-pensée, si ce n’est pouvoir l’aider un jour. Tout s’enchaîne avec une telle concordance et résonance criante que le mexicain peine à croire que cela se passe vraiment. Est-il encore plongé dans l’un de ses rêves horrifiques qui le tourmente la nuit ? Pourtant tout est trop réel, la douleur dans sa poitrine est véritable tout comme Maeva debout devant lui ; l’évidence lui vient quand en l’observant avec plus d’insistance, il a l’impression de voir sa mère en bien plus jeune. Elle lui ressemble tellement qu’il se demande comment il n’a pas pu mettre le doigt dessus plus tôt ; son regard, ses cheveux ou encore la forme de son visage, le mexicain ne peut plus l’ignorer à présent.

Ses mots se confondent en explication très évasives pour l’instant ; cependant pas besoin d’être un génie pour comprendre à quel point il s’en veut. Mais la jeune femme ne semble pas l’entendre ou plutôt le vouloir, lui crachant les prochaines paroles avec une violence inouïe ; toute cette rage, depuis quand l’emmagasine-t-elle pour ce moment ? Elle veut selon ses mots, que l’homme sache à quel point il a merdé. «[...] On n’aurait peut-être pas eu une vie de rêve mais peu importe parce qu’on aurait été ensemble ! Comme une vraie famille ! Or, j’en ai jamais eu par ta faute ! » Si la gamine ressemble à sa grand-mère paternelle, pour ce qui est du caractère, l’ambulancier a pourtant bien l’impression de se retrouver de nouveau face à Marnie ; à quelques mots près, il a entendu la même chose de sa bouche des semaines auparavant. Sans le savoir sûrement, ou peut-être que si, elle retourne un peu plus le couteau dans la plaie déjà béante. Mais il continue à l’écouter, retenant ses larmes qui brouillent son champ de vision, tandis que que la jeune femme perd patience et commence doucement à hausser le ton. Elle lui raconte son histoire et les malheurs rencontrés au cours de sa vie ; la mort qu’elle a côtoyé de près, les proches qu’elle a perdu et après ça un foyer accueillant qu’elle n’a jamais connu ; le mexicain en reste bouche-bée, ses sourcils se tordent de tristesse et des larmes silencieuses coulent sur ses joues. « [...] J’me sens vide et morte à l’intérieur parce que je me suis toujours dit que mes parents n’avaient jamais voulu de moi ! Maintenant je vis dans la rue et tout le monde s’en fout ! » Il baisse le regard et ses épaules s'affaissent, la culpabilité devenant trop lourde à porter. Comment une seule décision a-t-elle pu engendrer autant de malheurs ? Est-il vraiment le seul responsable, la seule âme à punir pour tant de catastrophes ? Et surtout, comment pourra-il vivre à présent, avec ça sur la conscience ? Méritera-t-il un jour l’occasion de pouvoir se repentir ?

Face à son échec, enseveli sous sa honte et le poids de ses fautes, Maeva porte le coup de grâce avec férocité, ses mots se brisant, sa voix au paroxysme de la souffrance endurée depuis des années. « C’est toi le responsable parce que si t’étais pas parti, rien de tout ça ne serait arrivé. Et qu’est-ce que je constate ? Que t’as une autre fille en plus ?? On jette la première et on la remplace c’est ça ? Tu t’rends pas compte du mal que ça me fait. » Il la regarde, mord violemment l’intérieur de sa joue, ses sourcils froncés. Puis d’un coup d’un seul, ses jambes trouvent la forcent de le soulever et c’est à son tour d’exploser. Parce que non, il ne supportera pas l’idée qu’elle puisse penser tout ça de lui sans le connaître, sans même savoir ce qu’elle avance. Il s’approche d’un pas, exacerbé et prêt à tout puisqu'il a déjà tout perdu. « T’as pas le droit de dire ça tu m’entends ?! J’ai jamais cherché à te jeter et à te remplacer c’est faux ! » Commence-t-il à lui dire tout en n’essayant de ne pas crier en vain, faisant des grands gestes avec ses bras pour s’exprimer.

Les mots suivants sortent en espagnol sans qu’il ne s’en rende compte, la passion bouillonant au fond de son âme. « Ne dis pas que je n’ai jamais voulu de toi ! Et non, je m’en fous pas de toi ! Putain, même sans savoir que tu étais ma fille je m’inquiétais déjà pour toi ! » Ses yeux sont criant de vérité et sa voix devient rauque, chevrotante par moment. « L’autre fois t’as dis être certaine que tes parents n’avaient pas remords... c’est un visage sans remords que tu as devant toi peut-être ?! » Ajoute-t-il en se désignant, sa vue s’altérant à nouveau par des larmes, mélangés à de la colère et de la frustration. Il se met à faire les cent pas devant elle, se tenant la poitrine parce que bordel, ça fait si mal. « Tu crois que je suis heureux de cette situation ?! Que ça me fait plaisir de vous avoir abandonné, de savoir que t’en as chié toute ta vie à cause de moi ? Que t’as failli mourir plusieurs fois ?! Que tu vis dans la rue ?! J’aurais aimé rester avec Marnie, bordel c’était la femme de ma vie et on allait avoir un enfant ensemble ! La dernière chose que je voulais c’était de vous quitter mais qu’est-ce que j’aurais pu faire de mieux hein ? J’ai dû faire un choix ! » Sa respiration devient erratique et il cesse alors de bouger, tandis que des sanglots entre-coupent ses paroles. Ses poings se serrent à nouveau contre ses flancs et les gouttelettes d’eau sur ses pommettes finissent leur course le long de son cou. « Et si tu crois que ça m’a pas… que ça m’a pas déchiré le cœur de tourner les talons tout en sachant… en sachant que jamais vous me pardonneriez si j’avais ne serait-ce que la chance de vous revoir un jour toutes les deux… » Il s’approche d’elle, pose une de ses mains sur ses petites épaules en plongeant son regard dans le sien. « Maeva, c’est pas une coïncidence qu’on soit tous sur Washington DC, moi aussi j’étais venu là pour vous retrouver ! » Il baisse à nouveau les yeux, parce qu’à chaque fois que leurs prunelles se croisent, la seule chose qu’il entrevoit à présent est son déshonneur qui le frappe avec vélocité. « Je… je savais pas qu’elle ne t’avait pas gardée... »

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Pablo & Maeva

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Une chose est sûre, chaque personne réagit différemment face aux évènements. Si Marnie s’est effondrée pour fondre en larmes, la réaction de Pablo est difficile à prévoir. Après tout, Mae ne le connait pas. Elle n’a décelé qu’une infime partie de son caractère lors de leur première rencontre mais qu’en est-il vraiment ? Comment va-t-il réagir en étant à ce point acculé ? Parce que Maeva ne mâche pas ses mots. La violence est de mise et personne ne réagit de la même façon face aux attaques. Certains se replient, d’autres capitulent et d’autres encore attaquent plus violemment. Dans quelle catégorie se situe son père ? Est-il du genre à baisser les armes ? A culpabiliser ? Ou à l’inverse appartient-il au camp qui contre-attaque ?

La réponse ne tarde pas à apparaitre. Peut-être que Maeva est allée trop loin. Peut-être l’a-t-elle trop poussé à bout ? Peut-être ne s’est-elle pas montrée assez vigilante. Provoquer un homme adulte peut se révéler dangereux. D’autant que son petit gabarit ne pourra pas lutter s’il se montre violent. Pourtant, aveuglée par sa rage, cette hypothèse n’a même pas traversé l’esprit de la jeune fille. Elle sursaute d’ailleurs lorsqu’il explose enfin et entame un mouvement de recul. Sa voix grave s’élève avec brutalité et elle se fige sous la peur grandissante qui l’envahit. Voilà ce qu’il se passe quand on ne mesure pas la teneur de ses propos. Erreur de jeunesse. Le voyant s’agiter avec de grands gestes, elle récupère son téléphone pour le serrer contre elle, par réflexe. Au cas où ça dégénère, elle sait qu’elle peut appeler Junon à la rescousse. Peut-être même que son amie aurait dû l’attendre dans le couloir plutôt qu’en bas de l’immeuble.

Et puis le voilà qui s’exprime en espagnol. Heureusement qu’elle comprend la langue, le dialogue aurait été compliqué dans le cas contraire. Toujours tétanisée, elle le fixe sans oser faire le moindre mouvement. Les mots de son père lui parviennent clairement, ils atteignent son cerveau mais elle est bien trop effrayée et sur les nerfs pour réellement les analyser. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y met du cœur. S’il se fichait vraiment de son sort, se mettrait-il dans un état pareil ? La mâchoire serrée, elle ne le coupe à aucun moment. Sur le qui-vive, ses sens sont aux aguets pour déceler le moindre danger imminent. En vivant dans la rue, elle a appris à se méfier de tout le monde et à repérer les signes avant coureurs d’une potentielle attaque. Aujourd’hui, face à Pablo ce n’est pas bien différent. Il est tellement agité qu’il ne parvient pas à rester en place. Il crache tout ce qu’il a sur le cœur et Maeva est incapable de prononcer le moindre mot. Mieux vaut attendre que l’orage passe.

Chose qui ne tarde pas à arriver. Les sanglots entrent dans la danse et Pablo semble se calmer. Mae peut de nouveau respirer. La demoiselle a beau jouer les dures à cuire, voir quelqu’un dans un tel état de détresse lui retourne l’estomac. Qu’importe qu’il s’agisse de son père ou non. Il lui est impossible de rester de marbre et elle ne peut retenir les larmes qui s’échappent pour courir sur ses joues. Sur le papier, les choses étaient simples. Ses parents l’ont abandonnée parce qu’ils ne voulaient pas d’elle alors elle les déteste. Dans les faits, les choses sont un peu plus compliquées. Tout le monde est fautif sans pour autant l’être totalement. Cependant, une chose est certaine ; Maeva est complètement paumée. Lorsque Pablo a terminé, une violente vague de tristesse la submerge. Sa gorge est nouée et elle peine à parler de manière intelligible. Les sanglots qui viennent perturber sa voix n’arrangent pas la situation. A son tour, c’est en espagnol qu’elle s’adresse à lui. « Je sais pas quoi faire. J’ai attendu ce moment toute ma vie mais ça se passe pas comme prévu. » Non parce qu’à la base, elle devait leur cracher sa haine et visage et basta. Les choses devaient être beaucoup plus faciles. Elle ne connait pas Pablo, pourtant elle avait apprécié partager un moment avec lui lors de leur rencontre. « J’en peux plus, j’suis perdue. » Sa voix se brise et elle ne parvient pas à retenir davantage ses émotions. Voilà trop longtemps qu'elle les retient, qu'elle souffre en silence et qu'elle subit sa vie chaotique. Tel un raz de marée, les pleurs prennent le dessus et elle lâche son téléphone pour plaquer son visage entre ses mains et pleurer toutes les larmes de son corps.

AVENGEDINCHAINS @Pablo Rivera
Paroles en anglais
Paroles en espagnol

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feat. @Maeva Espinosa ☾

Outfit – Le mexicain n’est pas quelqu’un de particulièrement violent ou colérique ; il faut vraiment le pousser à bout pour que l’homme finisse par le devenir. Cependant comme tous les membres de sa famille il a le sang chaud surtout quand cela concerne des sujets sensibles ; il parait que ses gênes de latino en seraient la cause. Marnie, son passé à ses côtés font en tout cas parti de ces choses qui peuvent rapidement le rendre sensible et susceptible. Quand la jeune femme a alors évoqué le fait que l’ambulancier s’en fichait d’elle, qu’il avait tout bonnement cherché à la remplacer, à l’oublier alors que c’est tout le contraire ; tandis qu'il ne se passe pas un jour depuis plus de dix-huit ans durant lequel il ne pense pas à elle, ses paroles ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tel un volcan en sommeil depuis presque vingt ans et prêt à entrer en éruption à la moindre secousse de trop, les passions se sont soudainement déchainées. Parce que c’est trop important, que c’est trop dur à entendre ; parce qu’il garde cette souffrance enfouie en lui depuis si longtemps lui aussi. Coeur de magma entre en fusion et les flammes le consument de l’intérieur, brûlent son palpitant de la plus douloureuse des façons. Il en est certain, un coup de couteau entre ses côtes n’aurait pas été plus douloureux que la façon dont elle lui a craché sa haine. Sa frénésie lui fait même oublier qu’il ne parle plus anglais mais dans sa langue natale, sûrement car à ce moment-là son cerveau s’est mis en mode automatique. Elle est bien trop précieuse à ses yeux pour qu’il trébuche sur les bons mots à employer, pour être maladroit dans sa façon de s’exprimer.

Les mots deviennent limpides jusqu’à ce qu’il finisse par se calmer, jusqu’à ce que le bouillonnement retombe et qu’il ne reste plus qu’un rideau de larmes sur son visage. Il ne remarque qu'à ce moment-là qu’elle semble presque effrayée, lui a-t-il fait peur ? Par précaution il s’éloigne de la jeune femme, sa respiration se stabilisant ; puis un regard furtif en direction de l’enfant en bas-âge qui s’est arrêtée de jouer pour les observer avec inquiétude. Son attention se reporte sur la plus grande qui semble totalement perdue, des sanglots encombrant à présent sa gorge. Tremblante elle tient fermement son portable entre ses doigts. « Je sais pas quoi faire. J’ai attendu ce moment toute ma vie mais ça se passe pas comme prévu. » À quoi s’attendait-elle en même temps ? Peut-être que sans sa tête, la jeune femme allait lui déballer son sac et son père l’ayant abandonné avant sa naissance ne ressentirait pas une once de compassion ni d’amour à son égard. Mais c’est faux ; bien avant qu’elle ne vienne au monde, l’ambulancier lui parlait à travers le ventre de sa mère, lui chantait des berceuses en espagnol et lui racontait ses journées, tous ses états d’âme. Il l’aimait bien avant qu’elle ne foule le sol de la planète Terre et jamais cela n’a cessé depuis. Il passe sa main sur ses yeux et plaque ses doigts sur son visage. « J’ai aussi longtemps attendu pour ce moment. Je savais que ça serait difficile mais pas… pas comme ça, pas autant… » Puis la gamine fond littéralement en larme. « J’en peux plus, j’suis perdue. » Un bruit sourd résonne jusqu’à ses oreilles lorsque son téléphone se retrouve au sol, puis ses petites mains sont sur son visage, cachant en vain l’immensité de sa tristesse et de son désespoir.

À nouveau le coeur de l’homme se tord dans tous les sens à cette vision et c’est comme s’il ressentait lui aussi cette peine jusqu’au plus profond de ses tripes. Putain de vie injuste, comment autant de malheurs peuvent-ils se succéder avec un tel acharnement sur une même personne ? La jeune femme en a clairement vu de toutes les couleurs, l’homme se demande bien comment elle peut encore tenir debout après tout ça. La simple remémoration de ce qu’elle lui a confié plus tôt suffi à lui retourner l’estomac. Sa voix se fait plus douce, tentant de contrôler ses propres larmes. « Laisse moi t’aider Maeva… Je sais que j’suis qu’un monstre à tes yeux mais j’veux plus que tu vives dans la rue. Je pourrais plus jamais dormir en sachant que t’es là dehors, en proie à des millions de danger, sans un toit au dessus de ta tête et même pas de quoi survivre. » L'ambulancier n'a pas grand chose à lui offrir mais il est prêt à s'endetter, à donner jusqu'au dernier centimes, jusqu'à la dernière lueur de vie pour ses proches ; envers et contre tout, la jeune femme est à présent lié à lui par le plus indéfectible des liens. Il déglutit et tente de s’approcher d’elle. Elle lui fait tellement de peine, il voudrait pouvoir la réconforter, la prendre dans ses bras comme un véritable père le ferait. Mais il sait que c’est trop tôt, beaucoup trop tôt pour ça. « S’il-te-plait… » Il pose tout de même sa main sur son dos et fait des mouvements lents, tentant de la calmer tout en craignant de faire exactement l’inverse et de se prendre un revers de main.

codage par aqua

Pablo & Maeva

Feel the thunder

Intarissables. Ses larmes ne s’arrêtent plus d’inonder son visage. Sa vision est totalement brouillée, cachée entre ses mains. Ses sanglots ne cessent de la secouer à chaque respiration. Des années de souffrance qui se libèrent d’un seul coup. Trop c’est trop. Les nerfs lâchent. Maeva n’est pas infaillible. Avant d’arriver à Washington, l’adolescente n’était pas du genre à pleurer facilement. Les épreuves de la vie, elle les a toutes affrontées avec colère et hargne. Motivée par une seule idée en tête. Impossible de flancher avant de les avoir retrouvés. Tous les deux. Sa défense s’est d’abord effritée en rencontrant Marnie. Des barrières ont cédé. Une a une, elles se sont effondrées. Le rempart autour de son cœur en a pris un coup mais il a tenu bon. Aujourd’hui, face à la colère de son père, face à la détresse qui transparait de chaque pore de sa peau, ses défenses se sont écroulées. Toutes. Pas une n’a tenu le choc. Un lâcher prise qui ne tombe pas au meilleur moment mais qu’elle ne peut contrôler.

La voix de Pablo parvient difficilement à ses oreilles. Elle ne capte pas tout ce qu’il dit mais elle saisit l’essentiel. Et ça ressemble très clairement à une main tendue. En cet instant, elle est tellement perdue qu’elle ne sait plus ce qu’elle doit ressentir. Tout se mélange dans sa tête. Doit-elle le haïr ? Doit-elle l’aimer ? Doit-elle le supporter ? Tenter de le réconforter ? Lui pardonner ? Qu’est-elle censée faire dans ce genre de situation ? Il ne peut pas mentir sur ce qu’il ressent. Si les mots sont facilement manipulables, ses émotions, elles, sont bien plus révélatrices de son état d’esprit. Et si elle se laissait aller, pour une fois ? Quitte à ce que ses défenses soient brisées, pourquoi ne pas baisser les armes ? Juste pour quelques minutes au moins ? C’est Pablo qui initie le premier contact en déposant sa main dans son dos, doucement. Contrairement à tout à l’heure, elle n’a aucun mouvement de recul. Elle ne sursaute pas. A l’inverse, elle s’approche un peu plus de lui jusqu’à ce que son front ne rencontre le torse de son père. Contre lui, elle attrape le tissu de son vêtement entre ses doigts. Bien que ses larmes ne cessent pas de couler, elle ressent une certaine forme d’apaisement.

Au fil des minutes qui passent, les sanglots se calment. A force de pleurer, sa gorge est irritée et elle se met à tousser brièvement. Pour autant, elle ne bouge pas d’un pouce et serre toujours le tissu entre ses doigts. Fut un temps, elle aurait tout donné pour se retrouver dans les bras de son père. En grandissant, ce sont les bras de son père adoptif qui lui ont le plus manqué. « Je sais pas ce que ça fait d’avoir une famille. Je sais plus… » Parce que la sienne, celle qui avait une vraie valeur à ses yeux, elle l’a perdue depuis près de huit ans. Elle a bien quelques amis qui l’hébergent de temps en temps, mais aucun ne remplace une véritable famille, quand bien même elle les apprécie tous. Ils savent la dépanner de temps en temps mais ce n’est toujours que temporaire. Au final, elle retourne toujours dans la rue. Sa maison. Elle finit par reculer légèrement pour regarder Pablo dans les yeux. Elle doit avoir une mine affreuse mais c’est le cadet de ses soucis à l’heure actuelle. « Je sais pas si les premières impressions sont toujours les bonnes mais… T’étais cool la première fois. » Pourquoi ne pas rester là-dessus ? Elle renifle bruyamment avant de reculer et de frotter ses yeux avec ses manches. « J’peux avoir un mouchoir ? » Voilà bien quelque chose qu’il ne pourra pas lui refuser.

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feat. @Maeva Espinosa ☾

Outfit – Bien loin de se douter de ce qui lui tomberait sur le coin du nez en ouvrant la porte à Maeva quelques instants auparavant ; à présent cette dernière pleure à chaude larmes dans la pièce principale de son appartement sans qu’il ne sache véritablement comment réagir. Évidemment son premier réflexe a été de s’approcher d’elle, tenter une rapproche pour la réconforter ; il lui est déjà difficilement supportable d’observer la peine d’un inconnu, alors constater de celle de son interlocutrice relève presque de la torture. Instinctivement il aurait aimé la prendre dans ses bras mais l’ambulancier craint à ce moment-là un rejet de sa part. Tout comme elle, ses émotions sont toutes mises à rudes épreuves et il ne sait plus quoi penser, quoi faire. En toute sincérité il lui propose son aide car il ne supportera pas savoir que sa fille puisse vivre dans la rue ; d’une certaine manière l’homme cherche à lui faire comprendre qu’elle n’est plus seule. Il ne pourra jamais rattraper ses erreurs du passé, il ne pourra jamais changer ses mauvaises décisions. Mais il peut encore la sortir de cette spirale infernale. Au milieu du chaos il lui tend une main, espérant qu’elle la saisisse, qu’il puisse si ce n’est se faire pardonner, au moins réparer le mal qui a été fait.

Il ne s’attend pas à ce qu’elle se fasse plus douce à son égard en retour, à vrai dire lorsque ses doigts se posent délicatement sur son dos pour la réconforter, le mexicain pense même à la forte probabilité qu’elle le rejette ou lui crache encore un peu de son venin au milieu de ses nombreux sanglots. Pourtant à sa plus grande surprise le petit corps frêle de la jeune femme se penche contre son toucher, jusqu’à ce qu’elle termine par s’accrocher à sa chemise, sa tête posée contre son torse. Dans un premier temps son souffle se coupe et il reste hébété face à la réaction inattendue de la gamine, en total contradiction avec les mots échangés juste avant. Mais il n’hésite pas un instant à refermer ses bras autour d’elle, sa main venant se loger à l’arrière de sa tête ; il caresse doucement ses cheveux en la serrant contre lui, d’autres larmes coulant sur ses joues. « Ma petite, ma toute petite… » Chuchote-t-il en fermant les yeux, son visage niché au dessus du sien ; conscient qu’il ne s’agit pas ni d’un pardon ni d’une quelconque capitulation de la part de Maeva, l’ambulancier ne se fait pas prier pour autant lorsqu’il s’agit de lui donner un tant soit peu d’affection. Il la berce contre son coeur qui suffoque de tous ces sentiments contradictoire ; la tristesse pèse avec insistance tout comme la crainte, la culpabilité. Mais il y a aussi l’espoir offert par la jeune femme et son geste, celui qui lui dicte que tout n’est pas perdu ; même sans cette certitude il aurait mené ce combat de front, quitte à s’en déchirer l’âme, quitte à finir en lambeaux ; car elle est sa fille, son propre sang et avec le temps il a appris que la famille est la seule chose qu’on ne troque jamais contre autre chose.

La jeune femme finit par se calmer et lui aussi d’une certaine façon, même si c’est toujours le vacarme dans son esprit au moins les larmes cessent de couler. « Je sais pas ce que ça fait d’avoir une famille. Je sais plus… » Et un millier d’années à s’excuser ne suffiront pas à exprimer à quel point il s’en veut pour ça. Inconsciemment il s’accroche un peu plus à elle, comme si on allait la lui enlever une deuxième fois. Il aurait tellement aimé être avec Marnie, la seule famille connue par la jeune femme, la seule dont elle n’ait jamais eu besoin. La fatalité en a malheureusement fait autrement avec eux ; mais ce n’est pas trop tard. Avec du temps, beaucoup de temps et de la patience, oui il pourrait peut-être y arriver. Maeva finit par se détacher de lui et à contre-coeur mais sans opposer de résistance il laisse retomber ses bras le long de son corps. Leurs regard se croisent, l’ambulancier restant à l’affut et attentif à la moindre réaction de son interlocutrice.

Les yeux de cette dernière sont injectés de sang et brillants tandis que des petites plaques rouges viennent teinter sa peau, sûrement à force de pleurer et de s’être frottée le visage contre sa chemise. Elle n’est donc pas à son avantage, pourtant l’homme ne peut s’empêcher d’être émerveillé ; après tout la dernière fois qu’il l’avait « vu », c’était sur une échographie et elle n’était encore qu’un foetus dans le ventre de sa mère. « Je sais pas si les premières impressions sont toujours les bonnes mais… T’étais cool la première fois. » Finit-elle par lui dire et il ne peut s’empêcher de sourire doucement à ces quelques mots. Il se gratte la nuque, jetant un autre regard en direction de Frida avant de planter à nouveau ses yeux dans ceux de la jeune femme. « Je t’avais trouvé cool aussi. » Ne sachant quoi dire de plus ou de mieux. Elle se recule ensuite en reniflant bruyamment, quémandant pour un mouchoir. L’homme s’empresse de s’exécuter à peine la demande est formulée par sa convive. « Oui, bien sûr. » Il attrape une boîte sur le comptoir de la cuisine qu’il tend à la jeune femme une fois revenu à sa hauteur. « Est-ce que tu… tu as faim, soif ? Ou n’importe quoi d’autre... c'que tu veux. » Dit l’ambulancier assez incertain tandis qu’il sèche son visage avec ses mains encore tremblantes. Il est disposé à céder à n’importe laquelle des envies ou nécessités de son interlocutrice, tant que cela puisse lui permettre de l’aider.

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Pablo & Maeva

Feel the thunder

Rien ne se passe jamais comme prévu dans la vie de Maeva. Peu importe les plans qu’elle tente de mettre au point, il y a toujours quelque chose qui dérape. Un grain de sable qui vient perturber la machine. Un élément perturbateur, aussi infime soit-il. Frida se trouve être la première embûche sur son chemin, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres et qui a précipité la catastrophe. Pablo ne devait pas non plus s’énerver ou avoir le moindre remord, dans son esprit. Comme Marnie, pourquoi a-t-il fallu qu’il regrette son geste ? Pourquoi ses parents ne pouvaient-ils pas simplement se foutre de son sort ? La conforter dans l’idée qu’ils se fichent bel et bien d’elle et qu’ils n’ont jamais voulu d’elle. Mais non. Il faut qu’ils compliquent tout, tous les deux. Cette fois c’en est trop et après des années et des années de souffrances, la coupe est pleine. Impossible de lutter. C’est dans les bras de son père qu’elle s’est laissée aller.

Pour la première fois depuis longtemps, les bras qu’il resserre autour d’elle lui procurent une réelle sensation de chaleur. Depuis ses parents adoptifs, jamais elle n’avait ressenti ce genre de chose. Il faut dire aussi qu’elle se laisse rarement approcher de la sorte. Toujours plus ou moins livrée à elle-même depuis ce jour funeste de l’incendie, elle ne s’est plus jamais réfugiée dans les bras de qui que ce soit. Ça lui fait du bien, mine de rien. Dans les bras de son père, elle finit peu à peu par se calmer. Pour un temps. Le temps d’une trêve parce qu’elle aussi a besoin de reprendre ses esprits. Si Marnie et Pablo n’ont vécu qu’une seule confrontation chacun, Maeva en a enchainé deux et son équilibre mental commence sérieusement à en pâtir. Ça ne serait pas étonnant qu’elle s’isole quelque temps après tant d’épreuves.

Relevant la tête, elle finit par s’écarter de lui pour essuyer son visage avec les manches de son sweat tâché et trop grand pour elle. En cet instant, elle donnerait tout pour pouvoir voyager dans le passé pour le modifier. Pour empêcher son père d’abandonner sa mère. Pour qu’ils puissent former une véritable famille unie et aimante. Malheureusement un tel pouvoir n’existe pas. Alors il faut faire sans et aller de l’avant. La boite de mouchoirs devant ses yeux, elle en récupère un pour se moucher bruyamment. Les bonnes manières, elle ne connait pas vraiment. Elle n’y va pas délicatement. Son nez dégagé, elle glisse son mouchoir dans sa poche. « Un verre d’eau ? » Demande-t-elle simplement en réponse à ses questions. « J’ai pas faim. » Un haussement d’épaules et elle jette un rapide coup d’œil à sa « petite sœur ». Sœur qu’elle n’accepte pas pour le moment. Dans tous les cas son estomac est tellement noué qu’elle ne peut rien avaler. Même si elle n’a rien mangé depuis un petit moment. Constatant que son téléphone est par terre, elle se penche pour le ramasser. Une petite lumière clignote pour l’informer de l’arrivée d’un message. Junon s’inquiète. Elle prend le temps de lui répondre rapidement avant de le ranger dans sa poche et de reporter son attention sur son père. « Pourquoi t’as fait ça ? » La question est directe, peut-être ne comprendra-t-il pas sans précision. Ou peut-être que si. « Pourquoi t’es parti en sachant pertinemment qu’elle était enceinte ? » Comment a-t-il pu prendre la décision de ruiner deux vies en même temps ? S’il aimait tant Marnie comme il l’a dit, s’il ne voulait pas les quitter ni l’une ni l’autre alors pourquoi l’a-t-il fait quand même ? « J’veux pas entendre des excuses à la con, je veux la vérité. Qu’est-ce qui était plus important qu’une famille ? » Qu’est-ce qui l’a poussé à prendre la fuite ?

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Outfit – Un bref moment de complicité plus tard, un nouveau froid semble s’installer entre le mexicain et son interlocutrice. L’homme ne sait pas trop comment s’y prendre avec elle, se sentant soudainement maladroit, empoté de ses dix doigts. Elle lui demande un mouchoir et il s’exécute, lui proposant par la suite à boire, à manger ou n’importe quoi d’autre dont elle aurait besoin, envie. La gamine le sollicite alors pour un verre d’eau, ajoutant qu’elle n’a pas faim et une fois de plus, l’ambulancier se rend dans la cuisine pour lui en servir un. Ses mains tremblent terriblement et il manque de lâcher le contenant en le remplissant à ras-bord. Il revient ensuite vers elle, lui tendant ce qu’elle a demandé un instant plus tôt. Sa gorge à lui aussi est sèche, sa tête lui fait terriblement mal tout comme son torse mais c’est comme si la connexion entre son cerveau et le reste de son corps ne se faisait plus. Il n’y a plus que Maeva qui importe à ce moment-là.

« Pourquoi t’as fait ça ? » Finit-elle par le questionner de but en blanc et son interrogation le surprend dans un premier temps car il n’est pas sûr d’en saisir parfaitement le sens. Il arque un sourcil tout en abordant un air penaud sur le visage. « Qu-Quoi ? » Les précisions ne se font pas attendre et la jeune femme se reprend dans la seconde pour s’expliquer. « Pourquoi t’es parti en sachant pertinemment qu’elle était enceinte ? » Le répit n’aura été que de courte durée donc. Elle ajoute par ailleurs que ce n’est pas la peine de lui servir des excuses à la con, qu’elle souhaite connaître la vérité et ce qui d'après lui aurait pu être plus important que sa propre famille. « J’ai pas d’excuses à la con. » Dit-il en fronçant les sourcils, piqué à vif par la franchise aiguisée de la gamine qui ne manque pas d’entailler une autre blessure au creux de son coeur.

Il baisse le regard et se mord l’intérieur de la joue avant de se lancer. « Rien n’a jamais été plus important que ma famille, mais c’est plus compliqué que ça… » L’ambulancier a lui-même tendance à être manichéen mais pour une fois il est le premier à avouer que tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans cette histoire. « J’étais venu aux États-Unis pour retrouver mon père, c’est comme ça que j’ai rencontré Marnie. Et disons qu’il était… c’était pas quelqu’un de très honnête. Quand je l’ai finalement trouvé, il m’a proposé un travail dans son entreprise qui arnaquait des gens, mais ça je le savais pas. J’ai tout de suite accepté son offre parce que tu étais déjà en route à ce moment-là et j’avais dis à Marnie qu’on allait s’en sortir. On avait plein de projet d’avenir, pour toi, pour nous. J’étais pas conscient que ce que faisait mon père était illégal, jusqu’à ce qu’il se fasse arrêter. Alors j’ai eu peur, parce que j’étais qu’un jeune mexicain fraîchement naturalisé, je comprenais rien aux finances, je comprenais rien à l’Amérique en général, j’étais même pas encore bilingue à ce moment-là, j’étais pas familier avec tout ça. J’ai eu peur qu’on m’associe à ses agissements ou qu’il me dénonce pour alléger sa peine, j’ai eu peur de finir en prison… Mais surtout, j’ai eu peur que Marnie soit impliquée là-dedans d’une manière ou d’une autre si les autorités faisaient un lien avec moi. Alors j’ai fuis le pays, j’suis reparti vivre au Mexique, en espérant que cette histoire se tasse, en espérant me faire oublier… » Sa poitrine se soulève longuement et avec difficulté tandis qu’il reprend son souffle à la fin de sa prise de parole.

Difficile de savoir ce que la jeune femme pense de ces aveux à ce moment-là. « Mon père s’est suicidé dans sa cellule, il n’a jamais rien dis à propos de moi. Mais ça je l’ai su que plusieurs années plus tard… » Voilà, elle connait toute l’histoire à présent ; ce n’est pas une histoire glorieuse, ni une histoire passionnante, pas le genre de récit qu’on ressort pendant une réunion en famille ou dont on se vante, mais c’est ce qu’il s’est passé ; c'est leur histoire. Voilà la vérité qu’elle cherche tant à obtenir. Ses yeux tristes et désemparés cherchent les siens alors que ses propres mots le forcent à revivre ces heures sombres qu’il voudrait oublier, qu’il voudrait changer. « Je n’ai pas bien agis Maeva, j’en ai conscience. C’est pas des excuses bidons, c’est juste la réalité. J’pouvais pas prévoir c’qui allait arriver. Dans ma tête j’pouvais pas imaginer emmener Marnie avec moi au Mexique, ou rester aux États-Unis avec elle, potentiellement vivre comme des criminels en cavales recherchés par la police, en plus avec un bébé… J’ai juste paniqué et dû prendre une décision rapidement. Mais si j’pouvais changer le passé, alors j’ferais les choses autrement, c’est sûr… » Sa voix se brise à nouveau et il chasse d’un geste de la main de nouvelles larmes qui menacent de couler. « Et si tu te demandes pourquoi j’ai mis autant de temps à partir à votre recherche… J’ai longtemps eu honte d’avoir abandonné Marnie. J’ai toujours honte d'ailleurs. J’assumais juste pas. J’ai fais de la merde sur toute la ligne avec elle, j’ai fais confiance à la mauvaise personne, je nous ai mis en danger alors qu’elle était enceinte, j’ai été lâche en l'abandonnant… » Il jette un regard en direction de Frida. À présent que les deux interlocuteurs ont baissé d’un ton, l’enfant s’est remise à jouer dans son coin, piaillant joyeusement tout en mordillant l'une de ses poupées en plastique. On ne peut pas dire que son excès de confiance envers le genre humain ne lui ait apporté que de mauvaises choses ; sinon probablement n’aurait-il jamais eu de bébé avec son ex-femme. Mais il restera toujours cette tâche indélébile qui lui rappellera sa pire erreur de jeunesse, celle d’avoir cru en la bonté de son père tandis que tout le monde lui avait pourtant averti du contraire. « J’étais jeune, naïf et irréfléchi, mais ça n'excuse rien. Et j’sais que ça ne justifie pas le mal que ça a engendré pour vous deux. » Il ne s’attend pas à ce que la jeune femme comprenne ou compatisse ; même s’il n’avait rien à voir dans les affaires de son père, rien ne saurait le disculper d’avoir abandonné Marnie, c’est quelque chose avec lequel il devra vivre pour le restant de ses jours.

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Feel the thunder •• Padre

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