[13] SOS grand-frère en détresse || Haley

Le nouvel an avait été très mouvementé. Il était rare que tu sois présent pour fêter ce passage à la nouvelle année car la plupart des effectifs étaient sur le pont cette nuit-là. C’était l’une des nuits plus agitées de l’année avec la fête nationale du 4 Juillet. Et ce passage à 2021 ne fit pas exception. La nuit avait été rude, les interventions s’étaient succédaient à un rythme fou, laissant peu de temps pour souffler. Quand tu étais rentré au petit matin, tu avais tout juste pris le temps d’embrasser Elena et de lui souhaiter une belle et joyeuse année que tu t’étais écroulée dans le lit et n’avait refait surface que pour reprendre un nouveau service. Etrangement, cette année les incidents typiques de la nouvelle année avaient joué les prolongations sur plusieurs nuits. C’était la raison pour laquelle pendant plusieurs jours tu n’étais qu’un fantôme chez toi, rentrant tout juste pour dormir avant de repartir à la caserne. Quand enfin fût venu le temps du repos et que tu rentras donc beaucoup plus tôt tu t’attendais à pouvoir enfin te poser tranquillement avec Elena et profitait pleinement pour rattraper un peu le temps que tu n’avais pas pu passer chez toi ces derniers jours. Mais il en a finalement été tout autre.

Lorsque tu franchis le pas de l’appartement, tu allas embrasser Elena qui se trouvait dans la cuisine, lui demandant comment elle allait et comment c’était passé son début de journée. Après avoir échangé quelques banalités, tu étais partie t’installer dans le canapé du salon, pensant être rejoint rapidement par celle que tu considérais comme ta femme bien que vous n’étiez pas mariés. Mais ne la voyant pas arrivé, tu finis par te relever et aller la voir dans la cuisine, savoir si elle avait besoin d’aide pour quoique soit bien que tu fusses éreinté par les nuits que tu venais d’enchaîner. Contre tout attente tu ne la trouvas pas affairer à quelque chose mais semble-t-il en pleine réflexion. Tu voyais que quelque chose n’allait pas. Tu t’en inquiétas et c’est à ce moment là qu’elle t’annonça qu’elle avait besoin de te parler sérieusement. Cela ne présageait rien de bon, tu le savais. Mais tu ne t’étais pas imaginé que derrière ce « il faut qu’on parle » se cachait le sujet que tu esquivais depuis bien longtemps déjà. Elena remis le sujet mariage et bébé sur la table, jouant sur le fait que vous alliez prochainement fêter vos trois ans de relation et qu’elle aimerait vraiment avancer plus loin dans votre couple. Mais comme à ton habitude tu te braquas. Pour toi il n’était pas envisageable de se projeter dans de pareils projets alors que tu mettais ta vie en danger tous les jours. En tout cas c’était ton excuse principal pour le sujet bébé. Pour le mariage, en réalité tu n’avais pas vraiment d’excuse mais tu ne voyais pas ce qu’il y avait de pressant à se marier. Ne voulant pas t’attarder sur le sujet une énième fois d’autant plus que tu étais fatigué, tu sortis ton excuse habituelle de « on ne sait même pas si je serais encore là demain » qui mettait d’habitude fin à la discussion. Mais cette fois-ci, Elena avait décidé que tu n’aurais pas le dernier mot. Elle insista, osant même te demander si tu l’aimais vraiment pour avoir si peur de t’engager avec elle. Tu n’apprécias pas du tout cette remise en question de l’amour que tu lui portais, pensant clairement le lui montrais suffisamment à travers toutes les petites attentions que tu lui portais malgré ton absence récurrente du domicile. Avec la fatigue tu avais dû mal à contrôler tes émotions et la colère te monta petit à petit. La conversation s’envenima jusqu’à ce qu’Elena te pose un ultimatum. C’était de trop pour toi. Tu tournas les talons, attrapas ta veste de motard et ton casque et quitta l’appartement. Tu ne savais pas vraiment où allait, mais tu avais besoin de t’éloigner, de calmer tes nerfs. Tu fis plusieurs tours du quartier en moto mais même après cela tu ne te sentais clairement pas prêt à retourner chez toi après tout ça.  Alors finalement tu pris le chemin d’Anacostia, en direction de l’appartement de ta sœur. A cet instant c’était la seule personne avec qui tu avais envie de parler. En réalité, tu ne savais pas vraiment si tu avais vraiment envie de parler de cela, mais tu savais que peu importe la raison de ta venue, ta sœur t’ouvrirait toujours grand la porte. Quand tu arrivas en bas de son immeuble, tu te dis la remarque tu n’avais même pas pris le temps de la prévenir. Et si elle n’était pas chez elle. Alors dans le doute, tu préféras quand même lui envoyer un petit SMS pour savoir si elle était là, restant appuyé contre ta moto en attendant sa réponse. Ton portable fini par vibrer pour réceptionner une réponse positive de la part d’Haley. Tu répondis alors aussitôt un « je suis en bas de chez toi » et t’empressa d’aller sonner.

Après cette dispute avec Elena, tu aurais pu prendre bien des chemins différents : celui d’un bar pour te bourrer la gueule pour oublier la situation, celui de chez Nora, ta meilleure amie d’enfance pour qu’elle puisse te remonter le moral, celui d’un lieu isolé pour te morfondre seul sur ton sort… ou encore celui que tu avais finalement choisi, le chemin de l’appartement de Haley, ta petite sœur adoptive. C’était plutôt naturel pour toi de te diriger vers elle quand cela n’allait pas, bien que cela n’arrive pas souvent. Même si aucun lien du sang ne vous lie, un lien plutôt fort vous unis. Vous êtes capables de lire dans l’autre comme dans un livre ouvert, ou presque. Alors cela ne t’étonna pas un seul instant quand, lorsqu’elle ouvrit la porte de son appartement, elle remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas. Déjà le fait que tu débarques comme ça, un peu à l’improviste, en prévenant au dernier moment, avait dû lui mettre la puce à l’oreille. Quand elle fit semblant de ne pas te reconnaître car tu semblais avoir perdu ta joie de vivre, tu esquissas un faible sourire. Elle savait comment te faire réagir. Après avoir enlacé ta petite sœur et déposé un baiser sur sa joue, tu entras dans son appartement et elle ne tardait pas à te tendre une bière, déjà décapsulée. « Tiens, ça remonte le moral ça. ». Tu n’étais pas prêt à parier là-dessus mais c’était certain que cela te plaisir d’être accueilli comme cela. Tu attrapas donc la bière et apporta rapidement le goulot à tes lèvres pour en boire quelques gorgées. « Merci. ». Tu te dirigeas vers son canapé pour aller t’y affaler. « J’espère que tu as plus d’une bière dans ton frigo, car je ne suis pas certain que cela suffise cette fois-ci. ». En réalité tu n’avais aucunement l’intention de te bourrer la gueule, mais tu cherchais à faire un peu d’humeur, n’ayant pas vraiment envie d’aborder tout de suite le sujet qui t’amenait ici. « Bon alors, comment vas la meilleure des sisters ? ». Sans faire le moindre effort pour te défaire des lacets, tu poussas avec la pointe de tes pieds sur une basket puis sur l’autre pour les retirer et poser tes sales pattes sur ta table basse. Même si tu n’étais pas chez toi, tu te sentais tout à fait à l’aise chez elle et ne te gênais donc pas de faire comme chez toi. Ce n’était pas elle qui te le reprocherait. « Ca se passe bien le boulot ? ». Est-ce que ça se sentait que tu cherchais à esquiver la conversation qui te minait actuellement le moral ? Totalement ! La discussion arriverait bien assez tôt comme ça. D’ailleurs en pensant à Elena, tu hésitas quelques instants à lui envoyer un message pour la prévenir d’où tu te trouvais, posant ta bière sur la table basse et sortant ton portable de la poche arrière de ton jean. Tu observas l’écran quelques secondes avant de faire une mou et de finalement lâcher sans délicatesse l’objet à côté de ta boisson que tu récupéras pour en boire quelques nouvelles gorgées, et reportas ton attention sur ta sœur.

En effet ta sœur n’était pas barmaid pour rien, on pouvait toutes sortes d’alcool chez elle et si quelqu’un venait donc chez elle dans l’idée de se bourrer la gueule, il n’aurait donc aucun mal à le faire. Mais à l’heure actuelle, ce n’était pas vraiment ce que tu envisageais pour toi. Ce n’est pas en t’assommant à l’alcool que tu allais résoudre tes problèmes. Toutefois tu ne refusais pas une bonne bière, et pourquoi pas quelques verres encore après cela, pour t’aider un peu à te détendre. Affalé dans le canapé de la rousse, tu posas tes pieds sur sa table basse alors, qu’au lieu de t’attarder sur le sujet de ta venue, tu prenais de ses nouvelles. Si elle prit le temps de te répondre, elle n’était pas dupe. Elle le voyait bien que cela n’allait pas et que tu cherchais juste à esquiver le sujet, c’est pourquoi elle t’interrogea rapidement. Tu fis une petite moue frustrée en tournant la tête vers elle. Tu n’allais pas pouvoir te défiler plus longtemps. Et puis bon, pourquoi être venue ici ce n’est pas pour en parler ? Avant que tu ne prennes la parole, elle posa une main réconfortante sur ton bras en te disant que tu pouvais tout lui dire. Tu le savais bien ça, et c’est bien pour ça que c’est chez elle que tu avais décidé de te diriger après cette dispute. En dehors de Nora, elle était à peu près la seule à qui tu pouvais tout dire sans tabou, même si tu ne vantais pas forcément de tout, devoir de grand-frère de ne pas révéler tout son jardin secret. Tu posas ta main sur la sienne, buvant quelques nouvelles gorgées de ta bière, avant de la poser sur la table basse et de te tourner pour t’assoir en tailleur en direction de ta sœur, prenant par la même occasion sa main dans les tiennes. Tu pris une grande inspiration et pris enfin la parole. « C’est Elena… On s’est encore disputé. Mais pas comme d’habitude cette fois ». Tu baissas la tête quelques secondes, avant de la relever pour continuer. « Pas besoin de te dire le sujet de la dispute, tu la connais, c’est toujours la même. Sauf que cette fois-ci elle a été un peu plus insistante que d’habitude. Ce qui m’a pas vraiment plus… ». Plus tu avançais dans ton histoire plus tu jouais machinalement avec sa main, ou plutôt avec les doigts de sa main, mais toujours avec délicatesse pour ne pas lui faire mal. « Elle… elle a fini par oser remettre en doute mon amour pour elle… ». Rien que d’y penser que tu sentais encore ton cœur se tordre. Tu n’aurais jamais pensé à qu’elle oserait faire ça un jour, pensant sincèrement lui montrer suffisamment à quel point tu étais amoureux d’elle. Tu finis par lâcher sa main. La moue triste qui s’était dessiné sur tes lèvres pendant que tu lui racontais cela, changea un peu. « Remettre en cause de mon amour pour elle, tu te rends compte ? ». Tu étais persuadé que tu n’avais rien à te reprocher là-dessus mais un doute commençait à s’immiscer quand même, à mesure que tu l’exprimer à voix haute. « Je sais que tu n’es pas H24 avec nous, mais tu penses vraiment que je lui montre pas assez que je l’aime ? Tu penses que j’ai loupé un truc Haley ? ». Tu n’étais pas certaine que ta sœur puisse avoir cette réponse pour toi. Et puis même si elle en avait une, est-ce qu’elle serait vraiment objective ? « Enfin bon… tu t’en doutes, j’ai pas apprécié. Pour le coup j’ai claqué la porte… Et finalement je me suis pas sentie de rentrer à l’appart après ça. ». Tu pris une mine de chien battue volontairement exagéré. « Ca te dérange pas si je reste dormir ce soir ? ».