I'm glad to see you here ! | feat. Colton

C’était une journée banale qui s’amorçait au centre commercial. Prends tes affaires, va nettoyer par ci, par là, et quand tu ne sais plus quoi faire, ait l’air occupé. Préserve les apparences. Voilà ma routine, voilà ce que je faisais chaque jour. Je ne pouvais pas dire que c’était un travail qui m’épanouissait vraiment, mais j’étais parfaitement conscient que pour le moment, c’était difficile pour moi de trouver mieux que ça. Parce que je n’étais pas qualifié, parce que je n’avais aucune expérience professionnelle légale. Après, je ne pouvais pas me plaindre, je savais très bien que ma situation pourrait être pire que ça. Et bien souvent, dans un centre commercial où de nombreuses personnes circulaient chaque jour, dans lequel une multitude de choses pouvaient se passer, je passais inaperçu, et ce n’était pas plus mal. Je ne demandais pas à être reconnu pour mon travail bien banal. Je voulais qu’on me paie mon salaire, que je puisse continuer à mettre ma vie en place et voilà tout. Est-ce que ç’allait durer ? Je ne savais pas, mais je n’étais pas pressé à tout faire avancer rapidement. Une chose à la fois, c’était bien comme ça. Plus encore, outre pour mes collègues et supérieurs, je n’échangeais pas avec bien des gens pendant ma journée. Parfois, ça me faisait sentir seul, mais j’avais toujours une personne à retrouver une fois que je rentrais chez moi, et c’était parfait comme ça. Avec tout ça, il était évident que je ne m’attendais pas à ce qu’on m’aborde, par mon nom, et pas seulement pour me demander de nettoyer un gâchis, comme je me devais de le faire. Je n’allais pas le nier, dans un premier temps, je fus surpris. Et quand je tournai la tête pour voir qui m’interpellait de la sorte, avec un enthousiasme dont trop peu de gens faisaient preuve, je compris un peu mieux. Je n’eus pas vraiment le réflexe de faire preuve d’un grand enthousiasme, parce que ce n’était pas dans ma nature, mais je fus quand même en mesure de répondre:  « Bonjour. » Ç’aurait pu être difficile, mais j’avais bien reconnu l’individu qui se trouvait devant moi. Connor, l’avocat qui avait travaillé sur ma cause lorsque j’avais été arrêté. Disons que je n’avais pas été un dossier difficile pour lui. J’avais tout de suite plaidé coupable, ne voyant pas l’intérêt - et n’ayant surtout pas les moyens - de me battre pour quelque chose que je savais très bien que j’avais fait. Mais il avait été tout de même de bon conseil et avait bien fait son travail. Enfin, je supposais. Je ne m’y connaissais pas vraiment non plus. À sa question, je dis:  « Ça va… Et toi ? » Ça semblait peut-être un peu déplacé de tutoyer un avocat, mais Connor était plus jeune que moi et… Je ne me voyais pas l’appeler « maître » dans ces circonstances. Après, si je le voyais offensé pour quelconque raison, j’allais me rattraper, mais pour le moment, je me contentai de tout simplement attendre sa réponse.