Mais où est donc passé ce chat ? ft. Félix

C’était la panique la plus totale. Aedan courait dans tous les sens en appelant Snow, son chat. Mais depuis maintenant une bonne demie heure, le félin était introuvable. Aedan avait beau avoir cherché dans les coins où l’animal aimait se réfugier, il ne l’avait pas trouvé. Ce n’était pas possible ! Il ne le laissait jamais sortir de l’appartement, même pas pour aller sur le balcon car il avait trop peur que le chat tombe ou se mette en tête de sauter sur le balcon du voisin avant de disparaître il ne savait où. N’avait-il pas été assez vigilant en rentrant, tout à l’heure ? Le chat s’était-il glissé sur le palier alors qu’Aedan ouvrait la porte ? C’était possible, il n’en savait rien. Le fait était qu’il paniquait. C’était la première fois qu’il perdait son chat et il ne savait plus quoi faire. Il avait mis l’appartement sens dessus-dessous dans l’espoir de retrouver son compagnon à quatre pattes, mais rien n’y fit. Il restait introuvable. Allait-il devoir faire du porte-à-porte chez chacun de ses voisins et tous les habitants de l’immeuble ? Ça prendrait des heures ! Et si c’était infructueux, il allait devoir interroger les gens dans la rue. Bordel, bordel ! Il poussa un énorme soupir de désespoir avant d’appeler une énième fois son chat. Il devait se faire une raison…Snow n’était plus dans l’appartement. Ne sachant plus quoi faire, le jeune homme finit par attraper son portable pour appeler Félix, son ami et véto attitré de Snow. Il devait savoir quoi faire dans ce genre de situation, non ? Il fit les cent pas en attendant que son ami décroche et dès qu’il l’entendit à l’autre bout du fil, il se mit presque à crier, ne lui laissant même pas le temps de dire autre chose que « Allô ? ». « Snow a disparu ! J’ai cherché dans tout l’appart, il est pas là ! Je suis pourtant sûr de ne pas l’avoir laissé sortir ! C’est la première fois qu’il disparaît comme ça, je ne sais pas quoi faire ! Tu peux venir m’aider ? Je suis en panique totale ! » Sans blague ? A croire que c’était la fin du monde. Mais pour Aedan, c’était presque le cas. Son chat était précieux, il l’aimait plus que tout et l’idée de l’avoir perdu et de peut-être ne jamais le revoir lui était insupportable.

« Je t’attends ! Fais vite ! » Et il raccrocha sans avoir entendu la réponse de Félix. Il était bien trop paniqué pour rester logique et raisonnable. C’était un comble pour un avocat qui, d’ordinaire, apparaissait toujours calme et posé dans son travail, même lors d’un procès difficile. Et là…c’était tout le contraire. Mais c’était son chat, bordel ! En attendant Félix, il se remit à faire les cent pas avant de refaire un tour dans toutes les pièces et dans tous les recoins de l’appartement. Ce n’était pas possible ! Ah ! Il eut soudain un éclair de génie. Enfin, si on pouvait appeler ça comme ça. Il chercha une belle photo de Snow, puis créa rapidement un avis de recherche avant de l’imprimer en des dizaines d’exemplaires. Heureusement qu’il avait toujours une bonne réserve de papier, normalement destiné à imprimer ses dossiers si besoin. Les avis de recherche étaient toujours en train d’être imprimés lorsqu’il entendit enfin sonner à la porte. Aedan se précipita donc pour ouvrir à Félix. « Merci d’être venu ! Je sais que tu dois être pas mal occupé… » Ce n’était que maintenant qu’il s’en souciait ? Quel idiot. « Je suis en train d’imprimer des avis de recherche. Je vais avoir besoin de ton aide pour les distribuer. Je suis désolé de t’accaparer comme ça, mais j’ai bien cru que j’allais devenir dingue. Non…en fait, je suis en train de péter un plomb. » Au moins, il était plus ou moins lucide sur son comportement. Même si ça ne changerait pas grand-chose. « Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? » Il regarda autour de lui et ne se rendit compte que maintenant du bordel monstre qu’il avait mis chez lui en cherchant Snow. « Ah et…désolé pour le bordel. Je crois que j’ai un peu trop paniqué… » Nul doute que toute personne habituée à venir chez lui serait surprise de voir un capharnaüm pareil.

Il y a des journées avec, et des journées sans. Ce matin en quittant la Clinique vétérinaire, après un service plus ou moins long et vraiment compliqué, tu avais cette impression que la journée ne serait pas calme. Loin de là. Et tout ça se confirma, lors de l’appel de ton ami, qui dans une panique explosive, en oublia toute forme de sang-froid. Mais bon, n’est-tu pas justement habitué à ce genre de situation ? C’est même plutôt régulier, les personnes qui perdent l’animal de compagnie de la famille, et le proverbe « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé » n’as jamais était aussi vrai qu’à ce moment-là. Dans l’histoire, tu es celui qui doit rester calme, alors tu tentes d’apaiser Aedan, en lui promettant d’arriver le plus vite possible chez-lui. Ce que tu allais faire, quitte même à mettre le pied sur la pédale et griller quelques feux orange.

Au final, tu as l’impression d’avoir était plus vite qu’un livreur de pizzas, tu gares ta voiture au pied même de l’habitation, et part à la recherche de ton ami dans son logement – en courant -. A peine le seuil de la porte franchis, tu te rends compte à quel point son chat est important, vu le bazar qu’il vient de mettre. Mais si tu réfléchis bien, tu ne supporterais pas la fugue de l’un de tes animaux, aussi nombreux et importants soient-ils. Tu t’approches de ton ami, pour lui taper l’épaule, tu comprends sa détresse, et tu es là pour l’aider. Jamais trop occupé pour toi. Souffles-tu, avant qu’il ne reprennes la parole, te montrant son avancé dans la recherche. L’imprimante chauffait, tant il imprimait des flyers pour les passants, que vous trouverez dans la ruelle, tu reconnais bien le garçon a cet instant-là. Très bien, ça va bien nous aider. J’envoie de suite à mon amie, la recherche de ton chat, elle le postera sur les réseaux sociaux, ça nous aidera surement. Sa peine est aussi la tienne, alors lorsqu’il te dit qu’il devient fou, tu n’as aucune réponse, aucun mot pour l’aider. Si ce n’est être présent et œuvrer à ses côtés.

Nous allons distribuer tes papiers, chercher dans les moindres recoins. Il faut que le plus de monde possible soit au courant de la disparition, pour nous aider s’ils le voient. Enfin, tout ça il le sait ! Malheureusement, il n’y a pas grand-chose de plus à faire. Tu te saisis de la pile de papiers, séparant en deux celle-ci pour lui donner. Tu sais me dire depuis combien de temps, tu penses qu’il est parti ? Tu n’as pas envie de savoir comment, il aurait pu disparaître. Tu connais que trop bien les chats, ils peuvent aller n’importe où. Aedan vient à s’excuser de l’état de son logement, tu souffles, lui montrant à quel point tu t’en fiches. D’ailleurs, tu lui attrapes même le poignet, l’incitant à te suivre à l’extérieur, après avoir fermé à double tour son lieu de vie. Suit-moi, on va trouver le matou, je te le promets ! Dur de promettre quand on est pas sûr de retrouver l’être aimé, mais là, tu ne quitteras pas les lieux sans avoir au moins une piste. Et pour montrer ton implication, tu fais le premier pas vers l’inconnu qui passe naïvement à côté de vous. Bonjour ! Mon ami a perdu son chat, pouvez-vous ouvrir l’œil et nous contacter si vous l’apercevez ? l’homme acquiesces avant de partir, comme il était arrivé. Tu es énergique, quand bien même tu es fatigué de ta nuit au travail, ton regard analyse toutes les petites planques, où pourrait se cacher l’animal. Tu ne connais pas tellement son caractère, lorsque tu le reçois en visite à la clinique, il boude, forcément, les animaux déteste les vilains vétérinaires.

Aedan pouvait s’estimer heureux d’avoir quelqu’un sur qui compter comme il pouvait compter sur Félix. Son ami n’avait pas hésité à le rejoindre en un temps record, alors que d’autres se seraient peut-être moqués de lui en disant que ce n’était qu’un chat, que se mettre dans des états pareils était ridicule…mais Félix comprenait. C’était aussi l’une des raisons pour lesquelles il l’avait appelé. Et puis, il espérait sans doute un peu naïvement qu’en tant que vétérinaire, il aurait une solution miracle, un moyen totalement efficace pour trouver Snow. Oui, c’était vraiment naïf, mais il pouvait au moins espérer, non ? D’ailleurs, il comptait bien le remercier en bonne et due forme une fois Snow retrouvé. Car même s’il paniquait, il était hors de question d’envisager une autre issue que celle-ci. Retrouver Snow. « Qu’est-ce que je ferais sans toi ? » Il adressa un petit sourire au jeune homme, il lui devait bien ça. D’ailleurs, aussitôt là, aussitôt il passa à l’action en proposant de demander à une amie de publier la recherche sur les réseaux sociaux. « C’est vrai ? Tu remercieras ton amie pour moi ! » Il était vrai qu’il aurait pu y penser lui-même, mais vu son état de panique, ça ne lui avait pas traversé l’esprit tout de suite. En tout cas, il était content que Félix le prenne au sérieux et qu’il lui fasse part d’un plan à priori infaillible. Même si Aedan avait eu le même plan, finalement. C’était bien de savoir qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes. « Faisons ça, oui ! AARGH ! J’aurais jamais cru que Snow se sauverait comme ça ! » Puis, il ajouta en marmonnant : « Et j’aurais jamais cru paniquer à ce point… » Vraiment. Il se sentait limite pathétique. Mais il y penserait plus tard. Ses états d’âme n’étaient pas importants, là, tout de suite.

« Hum…je ne sais pas trop depuis quand il a disparu. Ça doit faire plus d’une demie heure que je le cherche, mais il a très bien pu partir il y a des heures, quand je suis parti. Ou au moment où je suis rentré. Je ne sais pas et ça me rend dingue. » Il avait envie de hurler tellement ça le frustrait. Mais il devait se reprendre, il devait retrouver son calme presque légendaire qu’il affichait toujours fièrement au tribunal. Mouais. C’était son chat, pas un client à défendre ou un juge à convaincre.
Finalement, Félix l’incita à le suivre dehors et il avait raison. Plus vite ils commenceraient, plus vite ils retrouveraient Snow. « Ouais, on va le trouver, c’est obligé. Il m’aime trop pour m’abandonner comme ça ! » Il avait beau dire ça, au fond, qui pouvait vraiment savoir ce qui se passait dans la tête d’un chat ? Si ça se trouvait, Snow le méprisait et complotait secrètement de le tuer dans son sommeil. Comment ça, il délirait ? Les voilà donc hors de l’appartement et Félix ne perdit pas de temps en interrogeant un voisin qui passait par là. C’était un début. « Je vais demander aux voisins juste à côté. » Il commença donc à frapper à la porte de ses voisins, mais la plupart semblaient être absents. Il glissa donc un tract sous leur porte avant de soupirer en se tournant vers Félix. « Je pensais faire tous les étages…mais ça va nous prendre du temps. » Son appartement se situait au cinquième étage et l’immeuble en comptait une dizaine. « Je te propose de prendre les étages du dessus et je prendrai ceux du dessous. On n’aura qu’à se retrouver à l’entrée une fois fini. T’en penses quoi ? » Lorsqu’ils auraient fini, ils pourraient s’attaquer à la rue. Allaient-ils y passer la nuit ? Il espérait bien que non. Et puis, il s’en voulait un peu d’infliger ça à Félix qui avait sans doute mieux à faire que de chercher un chat. « On reste en contact ! » Il s’empressa de descendre à l’étage inférieur, non sans regarder dans tous les coins et recoins au passage, dans l’espoir d’y voir une boule de poils blanche.

Il traçait, tout en essayant de rester attentif, mais finalement, il fit chou blanc. Rien, nada. Personne n’avait vu Snow. C’était désespérant. Soupirant bruyamment, Aedan se prit la tête entre les mains avant de sortir de l’immeuble pour allumer une clope. Il en avait besoin, là, tout de suite. De toute façon, il devait attendre Félix. Il lui envoya d’ailleurs un sms pour lui signifier qu’il avait fini et qu’il l’attendait en bas. Il s’adossa au mur et tira un bon coup sur sa clope. Au moins, ça l’aidait à se calmer un peu.