10 > Il va faire tout noir | Joarlie

Il est pas loin d’une heure de l’après-midi quand tu émerges enfin des ténèbres. Tu t’es couché vers cinq heures et demi ce matin, ce qui en soi est relativement tôt pour toi. Tu es parti du club vers les quatre heures, le temps de rentrer, de grignoter un truc, et surtout de te doucher, histoire de te débarrasser des résidus de maquillage et de la sueur qui te colle à la peau, avant d’aller s’écraser sur ton lit et de t’endormir presque aussitôt. C’est d’ailleurs assez rare que tu parviennes à sombrer aussi vite sans passer au moins une heure à te retourner dans tous les sens. Tu devais être particulièrement fatigué. Au réveil, tu te sens reposé, même si tu ne dirais pas non à des vacances. Au moins t’es à peu près assez en forme pour affronter l’après-midi et une nouvelle soirée de travail.

Il n’empêche que t’as besoin d’un bon café. Fort de préférence. Tu enfiles un t-shirt par dessus ton caleçon, et tu donnes à manger à Trish avant de sortir de ta chambre pour aller dans la cuisine. L’appartement est silencieux. J doit sûrement encore dormir, il est rentré après toi. Ton mug de café à la main, tu ouvres la fenêtre de la cuisine et t’appuie sur le rebord, avant d’allumer ta traditionnelle cigarette du matin. C’est un rituel, en quelque sorte, pour toi, de boire ton café et de fumer en profitant de l’air frais du début d’après-midi et en observant les gens qui s’activent dans la rue, leur journée déjà bien entamée. Une fois la caféine et la nicotine bien présentes dans ton système, tu passes à la salle de bain pour te brosser les dents et prendre soin de ton visage, qui vu la dose de maquillage que tu lui infliges chaque soir, en a bien besoin. Tu retournes à ta chambre enfiler un pantalon de jogging et des chaussettes, parce que l’été est déjà loin et que le chauffage dans cet appart n’est pas des plus efficaces.

Tu entends la douche se mettre en route. Ton colocataire est réveillé. Toi, n’ayant plus rien d’important à faire, tu te diriges vers ce qui vous sert de salon et tu t’affales sur votre canapé en allumant la télé. Il n’y a rien de bien passionnant, mais t’as juste envie de regarder des trucs débiles pour passer le temps. Malheureusement pour toi, au bout de quelques minutes seulement, la télé s'éteint. Avant même que tu ne puisses te lever pour voir si les lumières fonctionnent, tu entends un juron en provenance de la salle de bain. Ok, donc c’est pas juste la télé. Tu l’entends ensuite t’appeler, te demandant si t’as touché quelque chose. Pourquoi est-ce que son premier réflexe est de penser que t’as fait une connerie ? Tu serais vexé si tu n’étais pas parfaitement conscient que c’est une hypothèse tout à fait plausible. “Non, j’ai rien touché !” Théoriquement, les seuls appareils électriques qui ont été utilisés sont la machine à café, la télé, et le chauffe-eau, et ça n’a jamais posé de soucis avant. Un nouveau juron te parvient de la salle de bain. Ah, oui, la chaise. Tu te la prends régulièrement même avec la lumière, alors sans … “Essayes de pas tout casser en essayant de sortir, s’il te plaît !” Taquiner ton coloc’ est un de tes passe- temps favoris, aucune occasion ne t'échappe. Tu attends qu’il parvienne enfin à trouver la porte de la salle de bain et qu’il en sorte, vêtu d’une simple serviette avant de lui demander “Bon. On fait quoi ?” Parce que t’as beau être supposément adulte, t’as aucune idée de comment fonctionner comme un être humain normal.

Donc, en résumé : c’est le début de l’après-midi, t’es tout juste levé, ton coloc est à moitié à poil parce qu’il sort de la douche, y’a plus d’électricité, et vous êtes plantés là comme des radis à pas savoir quoi faire. Ou comment commencer la journée sur les chapeaux de roues … Deux hommes, adultes, plantés sur leur canapé, complètement paumés sans électricité. Beau spectacle en vérité.  "Donc.. pas d'électricité ce qui veut dire aucune machine qui fonctionne et pas d'internet non plus" Un résumé efficace de la situation. “Ouaip. C’est bien ça.” Evidemment, tout fonctionne à l’électricité dans ce foutu appart. “Plus de chauffage, aussi.” Sinon ce ne serait pas drôle, évidemment. Ce serait l’été, encore, ça irait. Mais bien entendu, c’est pas le cas. "Tu crois que c'est tout l'immeuble ou quelque chose a disjoncté chez nous ?" Alors, ça fait bien longtemps que les plombs ont sauté chez vous, mais c’est pas la question. La panne dans ton cerveau est permanente et irréparable. T’as tous les fils qui se touchent, un vrai bordel. Irrécupérable. Et ton coloc est à peu près dans le même cas, à priori. Ce qui ne va certainement pas vous aider à régler ce problème. “Je sais pas ! Faut regarder le disjoncteur … Tu sais où il est toi ?” Oui, ça fait un an que tu vis ici, tu ne sais toujours pas où sont les choses essentielles. En même temps, essentiel, peut-être, mais c’est pas comme si c’était quelque chose d’utile au quotidien, dont tu te sers tous les jours. Toi du moment que tu sais ou est la bouffe et ton lit, t’as pas besoin d’en savoir plus.


"Heuuu qu'est ce qu'ils faisaient les gens avant que l'électricité existe ?" Déjà, ils n'avaient pas de problèmes de coupures de courant. Rien que pour ça, tu les envie. Le bon temps où on cuisinait au feu de bois et où on s’éclairait à la chandelle, où la communication se faisait par signaux de fumées et où y’avait pas besoin de passer des heures dans une grande surface pour acheter de la bouffe reconstituée. Enfin, tu penses ça, mais tu ne pourrais pas te passer de tous tes gadgets électroniques. Et puis, soyons francs … T’aurais jamais survécu à une époque où la chasse était essentielle à la survie. Tu te serais fait piétiner par un mammouth avant même d’avoir eu le temps de dire ouf. "Non mais regarde nous" Ouais, c’est pathétique. Tellement pathétique que tu ne peux pas t’empêcher de rire avec J. Vous êtes ridicules, et c’est toujours mieux d’en rire que d’en pleurer. “Je sais pas, mais une chose est sûre, ils savaient sans doute se débrouiller mieux que nous dans la vie”. Bon, avec tout ça, vous êtes pas plus avancés. Il ferait nuit, encore, ce serait facile de voir si la panne est juste chez vous ou pas, mais en plein jour, à part aller toquer chez les voisins … “Bon. On essaye de localiser ce foutu disjoncteur ?”  L’appart est pas si grand que ça, ça doit pas être si compliqué, tout de même. Tu finis par réussir à te décoller du canapé et à farfouiller pour trouver l’objet voulu. Tu finis par le localiser près de l’entrée. “Ok, j’ai trouvé. Mais je pige rien à ce que ça me dit, t’y comprends quelque chose toi ?”. Il ne ressemble en rien à celui que tu avais dans ton appart à Boston, que t’as dû utiliser une fois en tout, alors là, les vagues boutons non identifiés, ça ne te parle absolument pas. T’es vraiment pas adapté à la vie normale en fait.

Assis sur le canapé, le regard perdu, vous avez l’air de deux chiots qui ont perdu leur mère. "On va crever" Ton coloc, toujours dans la nuance.Tu ne peux pas t’empêcher de laisser échapper un rire. “J’irais pas jusque là, mais ouais, ça craint à mort” Tu finis par te lever pour chercher le disjoncteur, que tu trouves bien plus vite que tu n’aurais cru. Au moins, maintenant tu sais où il est … Reste plus qu’à ne pas oublier d’ici la prochaine fois où vous en aurez besoin. Ce qui vous connaissant, est assez mal barré.

J te rejoint assez vite, son portable à la main pour éclairer un peu l’affaire. C’est effectivement une bonne idée, tu ne sais pas pourquoi tu n’y as pas pensé toi-même. "Soit c'est général soit.. On a bien payé la facture hein ?" Bonne question. L’avantage du virement automatique, c’est que t’as jamais trop à te soucier de ce genre de questions. L'inconvénient, bah … C’est ça. Mais t’es a peu près sûr que c’est pas ça le problème. Si y’avait eu un souci de paiement, t’aurais été averti, soit par la banque, soit par la compagnie d’électricité. “Ouaip, normalement on est bon de ce côté là.” Donc, ça veut dire que c’est une coupure plus générale … Maintenant, est-ce que ça concerne juste le bâtiment, ou tout le quartier, c’est une autre question. “Donc à priori, c’est pas chez nous … Ce qui veut dire qu'on ne peut rien y faire. Génial …” Bon, en soit, c’est pas bien grave, vivre sans électricité c’est chiant, mais pas impossible.

"Oh putain ! Tout ce qui est dans le frigo va être foutu !" Chiottes ! T’avais pas pensé à ça. C’est pourtant évident. Et fondamentalement problématique. Sur plusieurs plans d’ailleurs. Sur ta conscience vaguement écolo et humaine, qui fait que tant de gaspillage te mets un minimum mal à l’aise. Et sur ton compte en banque, qui s’il n’est pas à sec ne peut pas forcément se permettre de perdre l’intégralité du contenu du frigo que vous avez rempli relativement récemment. “Eh merde … Comment on va faire ?” Pour le coup, t’as vraiment pas de solution à proposer. A part peut-être de prier pour que le courant revienne vite, mais t’y crois moyen. Autant, pour tout le reste, vivre comme au Moyen Âge c’est faisable, autant pour ce qui est du frigo, tu te vois mal aller chercher de la glace pour tenir les aliments au frais … Surtout qu’à part éventuellement dans l’enclos des manchots au zoo, tu vois pas bien où tu pourrais trouver ça.

“Shit !” Un autre truc vient de te venir à l’esprit. “Le chauffage et la lampe du terrarium de Trish !” Parce que oui, elle a besoin de chaleur dans son terrarium, et ça marche forcément à l’électricité. En soit, ça ne devrait pas être trop grave, elle devrait pouvoir survivre quelques heures avec un peu moins de chaleur, mais t’as moyennement envie de tester. C’est vraiment naze, les coupures de courant. “Tu crois qu’il y a quelque chose qu’on doit faire ? Genre appeler quelqu’un ou quoi ?” T'appellerais bien ton proprio, mais tu ne vois pas bien ce qu’il pourrait faire, vu qu’il habite pas du tout dans le coin. “Tu devrais peut-être aller t’habiller aussi, sinon, à poil et sans chauffage, tu vas choper la mort …”

"Même pas aller frapper chez les voisins pour squatter leurs appareils" C’eut effectivement été une solution, si ça n’avait été que chez vous. Même si honnêtement tes voisins, tu les connais pas des masses. Tes horaires sont totalement différents des leurs, donc tu ne les croises presque jamais, et les rares fois où c’est arrivé, t’as eu très distinctement l’impression de leur faire peur. Il faut dire que les informations circulent vite, tout l’immeuble est probablement au courant de ton métier, et si y’en a sûrement que ça ne gêne pas, les petit vieux de l’appart en face te regardent généralement comme si t’étais le diable, et la petite famille plus loin dans le couloir accélère le pas quand ils te voient. Tu t’en fous, dans l’absolu, mais du coup tu n’irais frapper chez eux qu’en cas d’extrême nécessité. “Non, en effet. Après, de toute façon, je sais pas toi, mais j’avais pas particulièrement envie de faire ça.” Mais comme au final, ils sont sans doute dans le même lot que vous, et qu’en plus, ils sont probablement la plupart au travail, ça serait tout à fait contre productif.

"Honnêtement je pense que quasi tout l'immeuble a déjà dû prévenir la mairie de l'incident" Là, il marque un point. “T’as raison, ça sert à rien qu’on en rajoute une couche. J’ai pas envie de me faire envoyer bouler par une fonctionnaire mal baisée.” Oui, ça t’es déjà arrivé, et non, c’est franchement pas agréable. Déjà que tout ce qui est démarches administratives, tu t’en passerais bien, le téléphone encore plus, alors quand t’as une vieille bique à l’autre bout du fil, c’est l’enfer. "C'est une idée" Tu souris, amusé qu’il n’y ai même pas pensé lui même. A sa décharge, il vient juste de se lever, et la journée à mal commencé, mais tout de même. “Je sais, ça m’arrive de dire autre chose que des conneries.” Tu ne peux pas t’empêcher de le charrier, ça ne changera jamais. "J'pense que la, on devrait foutre tout ce qu'il y a dans le frigo dans des sacs, prendre quelques affaires, Trish, et se barrer chez quelqu'un d'autre le temps que ça revienne" Alors, pourquoi pas. Logistiquement, c’est pas forcément le plus évident, d’autant que trimballer toute l’installation de Trish, c’est pas fondamentalement ce qui y a de plus simple, mais en même temps, si ça venait à se prolonger, y’aurait pas franchement le choix. “C’est une solution effectivement” Avant que tu aies le temps de demander chez qui il envisagerait d’aller, il poursuit. "Ou à l'hôtel mais bon, ça veut dire qu'il faut payer c'est relou." Bouarf. L’hôtel, en plus de pas être ton kiff, c’est pas franchement super pratique. Surtout qu’il en faudrait un qui accepte les animaux, et où il y ai la possibilité de stocker votre bouffe. “Ouais nan, on a clairement pas les moyens de se payer l’hôtel, à moins d’aller dans un truc tout miteux avec des punaises de lit, des infiltrations un peu partout, et qui a servi de scène à un meurtre récemment. J’tiens à ma vie moi !" On en revient donc à l’idée d’aller squatter chez quelqu’un. "Tu connais pas quelqu'un ?" La question qui tue. Et la réponse est non. Tu connais des gens, bien sûr, mais personne d’assez proche pour pouvoir aller squatter chez eux à l’improviste. Et surtout personne qui aurait la place d’héberger deux énergumènes comme vous et un lézard. “Heu, là comme ça, non … J’dois connaître trois personnes dans tout Washington en dehors de toi, et aucune qui puisse nous héberger. Enfin, je pense pas … Toi ?”

"J'connais l'une de nos voisines depuis longtemps, j'ai remarqué qu'elle avait emménagé ici, Haley, elle est cool. Pis y'a aussi une femme avec qui j'ai fais connaissance y'a pas longtemps, Kara j'crois. Aller leur demander un coup de main m'aurait pas dérangé" En écoutant ton coloc, tu réalises qu’il faudrait peut-être que tu essayes un peu de sortir de l’appartement pour autre chose que pour le boulot et que tu fasses un peu connaissance avec d’autres voisins. Hayley, tu la connais pas, mais si J dit qu’elle est cool, y’a pas de raison que tu ne l’aimes pas. Et Kara, pour le coup tu la connais, mais t’avais carrément pas pensé à elle. “Ah ouais, Kara, j’la connais aussi ! J’avais oublié qu’elle habitait ici …” Tu te demandes parfois ce qui peut bien se passer dans ta tête pour oublier ce genre de choses … M’enfin, pour ce que ça change au final, c’est pas bien grave.

"C'est probablement dû à la pleine lune" Ça, ça lui vaut un doigt d’honneur amplement mérité. “Moi au moins ça m’arrive régulièrement.” Tu ne te lasseras jamais de ce genre de discussions. C’est un peu la relation que t’aurais aimé avoir avec ton frère. Une complicité teintée de vulgarité et de chamailleries bon enfants. Mais jamais tes parents ne t'auraient laissé parler comme ça à qui que ce soit. Donc tu te rattrappes aujourd’hui. Et comme lui ne se gêne pas non plus, ça donne des choses assez épiques. Comme par exemple quand tu réfutes son idée d’aller à l’hôtel en attendant que ça revienne.

"Ce qui est bien avec toi c'est que t'es pas du tout dans l'abus" Deux drama queen dans un même appartement, voilà ce que ça donne. L’hôpital qui se fout de la charité. Vous êtes tous les deux très doués pour en rajouter des caisses, et vous adorez vous taquiner en permanence. D’où ce genre d’échanges improbables. “Dis celui qui croyait qu’on allait mourir ...” Au final, y’en a vraiment pas un pour rattraper l’autre. Ce qui ne vous avance pas des masses pour trouver une solution. "Peut-être bien que j'ai peut-être deux personnes. Enfin plutôt une en fait vu les circonstances" Ah, ça c’est une bonne chose. “Qui ça ?” Tu ne connais pas forcément tous ses amis, et celle que tu connais le plus est pas du tout à même de vous dépanner. “Oh mais j’suis con ! Y’aurais Charlène qui pourrait peut-être nous aider.” Comment t’as réussi à ne pas penser à ta meilleure amie ? Franchement, on dirait que tes neurones ont grillé en même temps que les plombs. Pour ta défense, t’as pas tellement l’habitude d’avoir des gens sur qui tu peux vraiment compter dans ta vie. A Boston, tu connaissais énormément de monde, t’avais un réseau assez conséquent, mais pas d’amis proches. Maintenant, ça a changé, mais tu n’as pas encore les réflexes qui vont avec.

"Mais attend y'a des des espèces de batteries de secours qui existent ? Genre des trucs sans fils avec des batteries indépendantes ou des piles qui peuvent faire fonctionner les appareils le temps que l'électricité revienne ?" T’es pas bien sûr de voir ce qu’il veut dire par là. “Euuh … je connais ça pour le téléphone, effectivement, mais pour le reste, j’ai jamais vu … après ça doit exister sans doute, mais je sais pas combien ça peut coûter ce genre de trucs …” Surtout s’il s’agit de faire fonctionner le frigo, c’est probablement pas 4 piles AAA dans un boîtier qui vont suffire.

"T'en fais pas je prendrais soin de toi quand ton Alzheimer aura envahis la totalité de ton cerveau !" Pour le coup, t’hésites franchement entre l’envoyer chier et lui donner raison. Après tout, t’as réussi à oublier ta meilleure amie, c’est quand même qu’il y a un souci. Faut croire que ton grand âge te rattrape malgré toi. “Je suis pas entièrement certain que ça me rassure, mais merci quand même !” Faut dire que vu comment vous êtes capables de vous occuper de vous-même alors que vous êtes en pleine possession de vos moyens (du moins officiellement), t’oses même pas imaginer ce que ça donnera quand ça ne sera plus le cas. "Aoutch !" Tu le regardes faire sa petite comédie en secouant la tête d’un air désespéré. Qu’as-tu donc bien pu faire au bon Dieu pour hériter d’un coloc pareil ? Ah oui, t’es gay, ça doit être pour ça. M’enfin, au moins tu t’ennuies jamais. Et puis dans le fond, tu l’adore ton coloc, tu peux pas te mentir. T’étais un peu inquiet au début, de perdre ta tranquillité, mais au final, ça marche plutôt bien, et vous ne vous marchez pas sur les pieds. "C'était une façon de parler d'abord !" Tu souris face à cette faible défense. “Ouais, ouais, facile à dire après coup.”

Bon, avec tout ça, vous n'êtes toujours pas sortis de votre pétrin, malgré ton illumination. "Charlène comme Charlène ta pote blonde ?" Description très sommaire, mais somme toute assez juste. C’est effectivement ta pote, sans doute même ta meilleure pote. Et elle blonde, y’a aucun doute là dessus. “C’est bien elle, en effet.” Parlant d’illumination, ton cher ami en a une à son tour. Qui aurait pu être bonne, si ça avait été réalisable. "Vas y pourquoi c'est jamais simple ? Ca serait quand même super utile, si c'est pas encore inventé il faut l'inventer" Il a pas complètement tort, on a déjà vu des choses bien plus farfelues et moins utiles être commercialisées. “T’as raison, on devrait faire ça ! Puis comme ça on dépose le brevet et on se fait plein de thunes !” C’est beau de rêver, hein. Surtout vu vos connaissances en ce domaine … "Bon ben t'as plus qu'à appeler Charlène, si elle peut pas j'ai Sophia que je pourrais contacter aussi. C'est une flic, elle m'a un peu sauvé la mise une fois et c'est un peu.. Comme une nouvelle mère" C’est un concept … Par définition, t’as tendance à te méfier des flics, Mais si c’en est une et qu’elle a pris J sous son aile, ça peut pas être une mauvaise personne. “Comment ça, c’est pas moi ta nouvelle mère ?” Comme toujours, tu ne peux pas t’empêcher de répondre par une plaisanterie d’abord, avant de redevenir un peu sérieux. Tu ne peux pas t’empêcher de te demander ce qu’il a bien pu faire pour devoir se faire secourir par une flic, mais bon … Ce n’est sans doute pas le moment pour raconter ce genre d’histoires. Tu déverrouilles donc ton téléphone et ouvres tes contacts favoris pour appeler Charlène. Quelques tonalités plus tard tu raccroches sans avoir réussi à la joindre. "Ça répond pas … Elle doit être occupée au boulot.”