Gabriella & Elian + I guess I am an uncle now

Je n’en étais pas au stade de ma vie où je me sentais prêt à être père. En fait, je ne savais même pas si je le serais un jour ou l’autre, encore moins si je pourrais vivre ce genre de chose avec quelqu’un. Je n’y pensais pas, ce n’était pas dans mes priorités pour le moment. Mais je savais que la venue d’un enfant était quelque chose d’important dans une vie, et quand ça arrivait à une personne proche de soi, c’était la moindre des choses de le souligner. C’était ce qui était arrivé à ma cousine, qui était aussi devenue ma soeur adoptive au passage, Gabriella. Elle avait mis récemment sa fille au monde. Mais entre le travail - les concerts pendant la période des Fêtes, ce n’était pas ce qui manquait - et ma vie personnelle, sans parler de la sienne, je n’avais pas eu l’occasion de la voir. Évidemment que j’aurais pu me précipiter à l’hôpital comme tout le monde, mais je ne le sentais pas, ce n’était pas mon genre. J’avais donc décidé de profiter de cette journée de congé pour m’inviter chez elle. Pour lui payer une visite, rencontrer ma nièce - petite-cousine - et prendre de ses nouvelles. Bien sûr, je ne pouvais pas arriver les mains vides. Au préalable, j’étais allé faire les magasins - avec un coup de main de ma meilleure amie, parce que sinon, je n’aurais pas su trouver un cadeau convenable - et j’avais trouvé quelques petits vêtements - incluant un avec des notes de musique dessus, c’était obligé - et un petit jeu pour plus tard - qui impliquait de la musique, je ne l’aurais pas pris sinon à mon avis. J’avais mis le tout dans un sac cadeau, et le moment venu, j’avais pris le sac, et j’étais parti, direction chez Gabriella. Avant de monter dans ma voiture, j’avais pris du temps pour fumer une cigarette avant de quitter, sachant que je ne le ferais pas quand j’y serais, pas avec le bébé. J’avais aussi pris soin de mâcher de la gomme pour retirer l’haleine afin de ne pas me montrer désagréable. Une fois sur place, mon sac-cadeau à la main, je frappai doucement à la porte, ne voulant pas sonner, histoire de ne pas réveiller sa fille. J’avais beau ne pas y savoir grand-chose, j’étais capable d’en faire un minimum, quand même.

Je n’avais jamais su débarquer à l’improviste dans ma famille. J’étais trop jeune lorsque j’avais perdu mes parents pour être celui qui leur payait une visite, et dans ma famille d’accueil, c’était toujours un peu… étrange. Mais j’avais appris à faire avec. Sauf que là, j’avais cru bon de m’annoncer un minimum, ou du moins, prévenir Gabriella que j’avais l’intention de passer chez elle pour la féliciter en bonne et due forme pour la naissance de sa fille. Je n’avais pas donné d’heure précise, et je n’espérais pas déranger. Heureusement, cela ne semblait pas être le cas, au vu de comment ma cousine - et soeur adoptive - m’accueillit, toute sourire, m’invitant directement à entrer. Naturellement, je lui avais répondu d’un petit sourire, accueilli d’un:  « Je suis content de te voir aussi. » Sur ces mots, j'entrai dans sa demeure, vue plus d’une fois auparavant, et je décidai de déposer le sac contenant les cadeaux que j’avais apportés sur la table basse du salon. Je ne voyais pas l’intérêt de ramener le sujet tout de suite, d’autant plus que je ne pensais pas rester que quelques minutes. Bon, je n’allais pas passer des heures non plus, supposant que Gabriella avait autre chose à faire et avait besoin de repos aussi. Après, ce n’était que ma supposition, mais comme si je voulais en avoir le coeur net, je lui demandais, après lui avoir répondu:  « Ça va, ça va. », parce que c’était naturel de le faire:  « Et toi ? Comment tu vas ? » Et pour la première fois depuis qu’elle avait ouvert la porte, mon regard se posa un instant sur le poupon qu’elle tenait dans ses bras. Pas que je n’avais pas nécessairement remarqué qu’elle l’avait contre elle quand j’étais arrivé, mais parce que je pouvais me le permettre maintenant. Au vu de sa position, difficile pour moi de voir ses traits en détails, mais je supposais que ça viendrait éventuellement. Je ne voulais pas me montrer brusque non plus.

Je m’attendais à voir ma soeur adoptive fatiguée. Quelle femme ne l’était pas - et avec de bonnes raisons - après la naissance d’un enfant ? Pour moi, c’était normal. Et pourtant, malgré cette normalité, Gabriella parvenait à me surprendre par son optimiste et cette façon qu’elle semblait tout simplement rayonner malgré tout, contente d’être mère, de tenir sa fille contre elle. Je ne pouvais pas partager ce bonheur, mais il n’en demeurait pas moins que je souriais quand même, parce que justement, elle était belle à voir comme ça. Mais je ne le lui dis pas, d’abord parce que mon attention s’était bien rapidement portée sur la petite fille qui se trouvait dans ses bras, mais de plus, ma cousine sembla l’avoir remarqué, puisqu’elle me présenta officiellement sa fille. Hailee. Je souris doucement et je lui dis:  « C’est un joli nom. » Et je ne disais pas ça que pour bien paraître et me donner un air poli. Je le pensais. Je n’étais pas un expert en la matière, mais à la voir pour la première fois, je trouvais que cela lui seyait bien. Mais ça ne restait que mon avis. Après, Gabriella me proposa de la prendre dans mes bras. N’étant pas celui qui bondissait sur chaque occasion de tenir un enfant contre lui, je n’avais pas fait part de mon intérêt ou envie de le faire, mais… Pourquoi pas ? J’étais capable de tenir un enfant dans mes bras après tout. Bon, le calmer, c’était autre chose, mais la petite semblait plutôt tranquille, alors je supposais - espérais - que je ne risquais rien. J’hochai donc positivement la tête, et je m’approchai pour épargner certains pas à ma cousine, présentant mes bras afin qu’elle puisse me laisser sa fille. M’assurant que sa tête était bien calée contre mon bras et qu’elle n’était pas inconfortable, je regardai ensuite Gabriella, lui adressant un petit:  « Merci. » Ce n’était pas n’importe quel parent qui était à l’aise à l’idée de laisser un jeune enfant dans les bras d’un autre individu. Et même si nous étions de la même famille, je voulais lui montrer que j’étais reconnaissant malgré tout. Ensuite, je lui dis:  « Je t’ai apporté un petit quelque chose pour elle. » J’avais décidé de lui dire maintenant, après, ce serait libre à elle de l’ouvrir maintenant, plus tard ou quand je serais parti. Et sur ce, je regardai de nouveau ma petite-cousine - nièce - endormie, qui ne semblait pas inconfortable. Tant mieux. Je souris de nouveau, doucement, n’osant pas bouger, aller m’asseoir pour le moment, comme si je craignais de la réveiller.

Bien que ce n’était pas à moi de faire un commentaire concluant sur le nom de sa fille, étant d’avis que ça ne regardait qu’elle et son mari, je me permis quand même de lui faire un petit sourire. Mais je ne fis et je ne dis rien de plus. Je ne lui mentionnai même pas que cela m’amusait légèrement qu’il ressemblait un peu au mien. Je l’avais remarqué, c’était un peu inévitable, pour moi en tout cas, mais j’ignorais si c’était volontaire de la part de ma soeur adoptive, mais si ce ne l’était pas, je refusais de provoquer un malaise. Je passai donc à autre chose, l’écoutant me demander si je voulais quelque chose à boire. Refusant de lui donner trop de boulot, d’autant plus que ce n’était pas vraiment nécessaire, je lui dis:  « Juste un verre d’eau si tu vas à la cuisine, sinon ça ira, merci. » Je ne pensais pas que Gabriella était faite de porcelaine, mais je ne voulais pas la fatiguer pour une raison que je ne jugeais pas essentielle. Puis, je lui mentionnai mon cadeau, amusé qu’elle veuille tout de suite l’ouvrir. Avant qu’elle puisse s’exécuter, je crus bon de lui dire:  « Ce n’est pas grand-chose, j’espère que ça ira. » En effet, faute d’avoir de l’expérience, j’avais fait avec ce que ma meilleure amie et les commis en magasin m’avaient proposé et ce que j’aimais. Mais ça ne voulait pas dire que mes goûts convenaient à tout le monde. Je l’avais appris à mes dépends plus souvent qu’autrement ça. Mais j’espérais que pour le coup, j’avais visé juste, surtout pour les vêtements. Pour les tailles, je ne savais pas du tout comment m’y prendre - merci l’aide obtenue pour le faire d’ailleurs. Pour le jouet, je me disais que qu’importe ce que j’aurais pris, tout, au final, va dépendre de ses goûts. Elle était beaucoup trop petite pour jouer avec de toute façon, même si j’espérais au fond de moi que ç’allait lui plaire, et que j’allais pouvoir lui partager ma passion pour la musique d’une façon ou d’une autre, sans devenir le tonton lourd qu’elle ne veut jamais voir. Attendant que Gabriella ouvre le cadeau, je regardai Hailee, toujours tranquille dans mes bras. Ayant pris suffisamment de confiance, je me permis de reculer lentement et m’asseoir dans le canapé qui se trouvait non loin. Elle ne broncha pas, c’était tant mieux, parce que même si je pouvais rester debout un moment, je trouvais ça un peu… étrange. Et tandis que je la regardais dormir tranquillement, je me surpris à dire:  « Elle te ressemble, je trouve. » C’était là qu’une simple observation, basée sur les souvenirs que j’avais des photos qui se trouvaient chez son père - mon oncle - d’elle plus petite. Rien qui nécessitait vraiment une suite pour le moment dans les idées.

C’était à la fois mignon et rassurant de voir Gabriella s’exciter sur le cadeau que je lui avais apporté. Mignon parce que ça ne pouvait pas ne pas être adorable de la voir l’ouvrir et être excitée comme si je venais de lui apporter un cadeau pour elle, alors que le tout se trouvait à être pour sa fille. Peut-être aurais-je du apporter un cadeau pour elle aussi ? Je ne savais pas trop, et le simple fait d’y penser me fit sentir mal un instant, mais je passai outre bien rapidement, parce que de toute façon, c’était un peu trop tard. Et puis, dans le pire des cas, si je ruminais l’idée encore une fois et que je venais à me décider, je pourrais toujours lui apporter une autre fois. Ce n’était pas comme si elle habitait très loin ou quelque chose du genre. C’était aussi rassurant de la voir heureuse, puisque ça voulait dire que j’avais bien choisi. D’ailleurs, son remerciement ne tarda pas à m’arracher un sourire, de même qu’un:  « Je suis content que ça te plaise, vraiment. » Après, est-ce que ce serait joli sur Hailee, ces petits vêtements ? Je supposais que oui. J’espérais que oui en tout cas. Curieux, je me dis que ce n’était pas déplacé de lui demander:  « Tu m’enverras une photo quand tu lui mettras ça ? » « Ça » étant évidemment les vêtements que j’avais acheté pour elle. C’était par curiosité, mais aussi pour le plaisir d’avoir des photos de ma nièce. Montrer à mon amie qu’elle avait eu raison en me conseillant le tout. Bref, rien de déplacé, je l’espérais en tout cas. Ayant un air amusé à la question de ma soeur adoptive, je ne fis que répondre:  « Évidemment. » Jamais je n’aurais pu passer ce commentaire s’il avait été négatif. De toute façon, je me disais que ce n’était pas vraiment logique que je lui dise un truc pareille si c’était pour ensuite lui dire que je trouvais sa fille moche. Je ne pourrais pas faire ça de toute façon, ce serait limite inhumain de ma part. Je n’ajoutai pas quoi que ce soit par la suite. Je ne me sentais clairement pas qualifié pour dire à qui elle ressemblait le plus, mais je continuais de croire qu’elle avait des traits de Gabriella. Surpris par son commentaire, et un peu insécure encore et toujours, je ne pus m’empêcher de lui demander:  « Vraiment ? » Ce n’était pas une question bien élaborée, mais je lui laissais la liberté de compléter comme elle voulait. Était-elle comme ça avec tout le monde ? Étais-je une exception ? Je ne savais pas, mais je n’osais pas lui demander, me contentant de garder ça simple, et voir ce que ma cousine allait me répondre.