Aeryn | Just be my everything ...

1 # Mes parents ne sont pas un modèle d'amour pur et passionnel, puisque leur union est le fruit d'un mariage arrangé. A l'époque, l'entreprise de la famille de ma mère, était au bord de la faillite. Mon père était l'un des investisseurs qui était sur le point de la racheter. Quel meilleur moyen de garder une main discrète sur l'entreprise, que de marier l'unique fille de la famille à cet homme. Ma mère n'a jamais travaillé, préférant de loin les soirées mondaines à son rôle d'épouse et de mère. Quant à mon père, il était bien trop occupé à gérer sa multinationale pour accorder un peu d'attention à son unique fille. 

2 # Depuis toute petite, alors que j'apprenais à peine à marcher, je me déhanchais déjà sur les clips qui passaient à la télévision. J'étais omnibulée par les danseuses qui se présentaient sur les émissions. Le meilleur moyen de me calmer ? Me placer devant le ballet du "Lac des Cygnes" ou du "Casse-Noisette". Je semblais avoir la danse dans la peau, un peu comme un tatouage encré depuis bon nombre d'années. Même si j'étais encore petite, je me souviens encore de la première paire de chaussons que mes parents m'avaient offerts par l'intermédiaire de ma gouvernante. J'étais tellement mignonne en tutu rose ... Un vrai bonbon. Chaque mercredi et samedi après-midi, je les passais au studio de danse. C'était un peu comme ma deuxième maison. J'aimais beaucoup chanter aussi, mais j'ai vite arrêté de prendre des cours, au bénéfice de la danse.

3 # Avec le temps, j'ai commencé à attirer l'attention des professeurs de danse de mon académie. En plus d’éprouver une réelle passion pour la danse classique, je m'étais révélé être très talentueuse dans la discipline.  C'est pour cette raison qu'à l'âge de 10 ans, j'ai stoppé la Mordern Jazz – un autre style de danse que je pratiquais en parallèle -, pour me consacrer uniquement à la danse classique.  Mon extrême sensibilité, lorsque je dansais, a toujours intrigué les personnes qui avaient la chance de me voir danser. Dans ces moments-là, je me sentais totalement déconnectée de la réalité. Un peu comme si, c'était l'air qui me transportait dans un univers où je me sentais bien. Loin de l'agitation du monde. 

4 # Depuis ma plus tendre enfance, j'ai un rêve … Devenir danseuse étoile et entrer dans la compagnie russe qui produit les ballets du « Lac des cygnes » et du « Casse-Noisette ». J'en connais les mélodies par cœur et avec les années, je commence à savoir reproduire les pas les plus difficiles. Je suis sûre qu'un jour, j'y arriverais. Il me suffit d'y croire et de m'en donner les moyens.   

5 # En ce qui concerne ma scolarisation, j'ai suivi un parcours classique jusqu'à ma sortie du lycée. Après une audition couronnée de succès, j'intégra la célèbre Julliard School afin d'y suivre le cursus axé sur la danse. Je pense que le jour où j'ai passé mon audition d'entrée et le jour où j'ai reçu ma lettre d'admission, resteront mes deux plus beaux souvenirs. Je me souviens encore de ce sentiment de joie infinie, qui m'avait transcendée ce jour-là. Enfin, j'avais l'impression de toucher mon rêve du bout des doigts. J'ai d'ailleurs encadré cette fameuse lettre. Elle orne l'un des murs de ma chambre afin de me rappeler que tout est possible dans la vie, à condition de se donner les moyens d'y arriver. 

6 # Alors que je venais de fêter mes 22 ans, je reçus LA nouvelle, que j'espérais depuis un bon nombre d'années. Lors d'une représentation à laquelle je participais dans le cadre des mes études, l'un des directeurs artistiques de la compagnie de ballet que je convoitais tant, était présent. Époustouflé par ma prestation, il avait décidé de me recruter pour devenir la danseuse principale de la nouvelle représentation du « Lac des cygnes ». Quelle ne fût pas mon bonheur … Afin de fêter la nouvelle, nous sommes sorties en boite de nuit, avec quelques amies afin de célébrer l’événement. Ce fut une soirée mémorable.

7 # Il était tard dans la nuit quand nous avons repris la route. C'était en plein mois de décembre. La neige tombée quelques jours plutôt, avait fondue laissant sur la route une petite couche d'eau, gelée. Je mentirais si je disais que nous n'avions pas toutes un peu d'alcool dans le sang. Mon amie conduisait, j'étais à la place passagère et une autre amie se trouvait sur la banquette arrière. Nous chantions à tue-tête. On s'amusait tellement, que j'avais même enlevé ma ceinture afin de pouvoir être libre de mes mouvements pour danser.  Il faisait très noir sur cette petite route. Il n'a suffi que d'un virage, une plaque de verglas et … Une vitesse trop élevée pour qu'un drame se produise. C'est ce jour, que ma vie a basculé ...

8 # Je ne me souviens pas tout à fait de l'accident. Tout ce que je sais, c'est que notre voiture a glissé et est partie en toupille, avant de s'écraser avec violence contre un arbre. Avec la force centrifuge, la violence du choc et ma ceinture non-attachée, je suis passée à travers le pare-brise avant d'être expulsée sur la route. Je me souviens de cette douleur insoutenable. Je me souviens de cette forte lumière blanche et … De cette voix. Je ne l'entendais pas distinctement mais je sentais son ton rassurant. Avec le temps, je pense sincèrement que c'est elle, qui m'a permis de tenir le coup et de ne pas m'endormir.

9 # Je suis restée 6 mois dans le coma. Victime d'une multitude de fractures, ainsi que de diverses hémorragies internes en tout genre, il me fallu beaucoup de temps avant de pouvoir sortir de l'hôpital et du centre de rééducation. A mon réveil, je ne me souvenais de rien. Juste de cette voix … Malgré mes nombreuses questions, on m'a toujours soutenu qu'il n'y avait personne avec moi. Mes amies ? Elles s'en étaient beaucoup mieux tirées que moi pour le coup. 

10 # Deux ans après cette tragédie, le constat était sans appel. Jamais, je ne pourrais redanser. Mon accident avait laissé des traces indélébiles sur mon corps. Le matériel d'orthopédie qui m'avait été posé au niveau de la colonne vertébrale, m'empêcherait à jamais de me mouvoir avec aisance. Malgré les efforts colossaux que j'avais fourni depuis ces deux longues années, en vain, mon rêve venait de me glisser d'entre les doigts. Je l'ai vécu comme une réelle tragédie. J'avais l'impression qu'une partie de mon âme, s'était envolée avec cette nouvelle. Pendant très longtemps, je n'ai plus voulu entendre parler de danse. 

11 # Après une longue dépression durant laquelle, je suis restée sans rien faire, errant comme une âme en perdition, j'ai décidé qu'il était tant pour moi de me relever. Âgée de 25 ans, j'ai décidé de me consacrer à la musique. Même si ce n'était pas mon univers de prédilection, j'avais l'impression que cela me permettait de me réconcilier un peu avec l'univers de mon premier amour. Même si la Julliard School était finie pour moi, j'ai intégré un petit conservatoire de la ville de New York afin de me spécialiser dans le chant et plus spécialement, dans l'écriture de paroles. Écrire des chansons, me permettaient d'exprimer mes sentiments et d'extérioriser toute la souffrance que j'avais subie depuis ces dernières années.

12 # Un jour, alors que je revenais du conservatoire, je tomba accidentellement sur une dispute parentale. Cela m'aurait paru tout à fait anodin, si je n'avais pas entendu les mots suivants : Enfant, Hors-mariage, Adoption. Qu'est-ce que cela signifiait ? Perturbée par ce que je venais d'entendre, je resta quelques jours dans l'incompréhension avant que ma mère, ne décide de m'expliquer. Révélation inattendue ... J'avais un demi-frère, fruit d'une vie un peu tumultueuse avant son mariage avec mon père, qui vivait en Amérique, à Washington plus précisément, d'après les informations qu'elle avait reçues de son détective privé. Autant dire que ce fut un choc pour moi. Je suis restée plusieurs semaines silencieuse face à cette mère que je trouvais totalement odieuse. Je ne pouvais pas imaginer qu'une femme qui se voulait aussi respectable et avec autant de principes, puisse faire une telle chose, à son propre enfant.

13 # Avec l'aide de ce fameux détective privé et surtout sans l'accord de mes parents, je décida de me lancer à la recherche de ce demi-frère. Ce fût long, tumultueux et semé d’embûches mais après quelques mois de recherches, j'ai réussi à retrouvé sa trace. Il avait été adopté par une famille américaine originaire de Washington. Aujourd'hui, il était avocat et s'épanouissait dans ce qu'il faisait. Je ne sais pas si c'est la curiosité ou cet horrible sentiment de culpabilité d'être l'enfant de mes parents, mais j'ai eu envie de le rencontrer. Étant enfant unique, je me sentais désireuse de connaître ce frère qui m'avait été caché depuis tant d'année. Aedan … Quel joli prénom.

14 # Dans l'incompréhension la plus totale de mes parents, je décida de quitter New-York et surtout, la résidence familiale pour m'installer à Washington. Cela ne fait que quelques semaines que j'ai emménagé dans cette nouvelle ville. Grâce au réseau de connaissance de mon père, j'ai été recrutée par le label Imagine Records afin de débuter ma carrière solo. Même si ma mère n'était pas du tout d'accord avec ma décision, mon père me soutenait à 100% et c'était le plus important pour moi. D'ailleurs, il me loue une villa sur Georgetown et alimente mon compte en banque afin que je ne manque de rien. Une vraie fille à papa. 

15 # Pourquoi ce soudain besoin d'indépendance ? Il existe une raison officielle et une raison disons … Officieuse. Âgée d'aujourd'hui 27 ans, j'ai ressenti le besoin pressant de m'éloigner de tout ce qui m'avait brisé. J'avais l'espoir de prendre un nouveau départ dans cette ville, vierge de tous mes rêves passés. La raison officieuse ? Plutôt évidente non ? Je voulais rencontrer Aedan. Je ne voulais pas m'imposer dans sa vie, ni la bouleverser … Tout ce que je voulais, c'était le voir. M'assurer qu'il vivait bien, qu'il ne souffrait pas de cet abandon. Je voulais en avoir le cœur net. 

16 # Et cette voix ? Elle est toujours dans mes pensées. Même si cela fait bientôt 5 ans que j'ai été victime de cet accident, je l'entends toujours dans mes rêves. Un peu comme si elle venait me rassurer à chaque fois que je me sentais troublée ou tourmentée. J'aime penser que cette voix, est en réalité mon ange gardien. Je lui dois tellement … Pourtant, l'espoir de rencontrer le propriétaire de cette voix, s'est envolé depuis bien longtemps.

17 #  Aujourd'hui encore, je reste traumatisée par les voitures. Même si j'ai le permis, acquis avant mon accident, je n'ai jamais osé remettre les pieds dans une voiture, préférant de loin la marche ou les transports en commun comme le bus, le train, les avions. Mais … Le bus n'est pas un véhicule ? C'est vrai … Disons que son côté imposant, me réconforte. J'ai l'impression qu'un bus est tellement imposant qu'il ne peut pas lui arriver grand chose en cas d'accident … Idiot, me diriez-vous … Je l'admets. 

18 # Depuis mon accident, je n'ai plus jamais revu mes meilleures amies. A croire que la faute m'avait été remise dessus. Comme si, l'accident était de ma faute ... Pour être honnête, je n'ai jamais réussi à me lier d'amitié avec quelqu'un d'autre depuis ce temps-là. Je suis toujours la même. Je n'ai pas fondamentalement changé. Bien au contraire … Depuis la fin de ma dépression, je suis devenue une adepte du yoga et autres sports de recentrage et de recherche de paix intérieur. Je me sens beaucoup plus sereine et … Moi-même. 

19 # Et l'amour dans tout ça ? Inconnu au bataillon. Je n'ai jamais connu l'amour et pour être honnête, je ne cherche pas vraiment à le rencontrer. Je ne m'attarde même pas avec les histoires d'un soir … C'est pour dire à quel point, ce sujet me passe au dessus de la tête. La seule chose que je fais volontiers, c'est chanter des chansons d'amour.  Et encore, ce n'est jamais moi qui les écrit en général. Merci à mes auteurs/compositeurs qui travaillent en collaboration avec moi.

20 # Un dernier mot ? Of course !  Avec cette nouvelle vie qui commence, j’espère pouvoir m'épanouir en tant que chanteuse et surtout, reprendre ma vie là où je l'ai laissé, il y a maintenant 5 ans … Je suis consciente que ça va être un réel défi mais … Je me sens prête à le relever !