You were born, and the world became a better place. // Marnie

Mains moites sur le volant de sa voiture et dans sa tenue d’ambulancier, le mexicain se rend dans le quartier de Georgetown avec une idée précise en tête ; celle de souhaiter un bon anniversaire à sa chanteuse lyrique préférée avant d’aller travailler. Sur le siège passager un petit boîtier contenant un collier tout en or, embelli d'un pendentif minimaliste en forme de fleur, soigneusement emballé dans du papier cadeau. Ses méninges retourne dans tous les sens des paroles et des pensées à l’encontre de la jeune femme ; sa seule certitude est qu’après tout ce qu’il s’est passé dernièrement il lui doit bien ça.

Il a bonne mine lorsqu’il se scrute dans le rétroviseur, passant ses doigts dans les boucles de ses cheveux et l’instant d’après il est déjà posté sur le palier devant la porte d’entrée. Son petit cadeau et un bouquet de grosses marguerites -clin d’oeil à Daisy- dans une de ses mains, il appuie avec l’autre sur la sonnette puis se racle sa gorge. Un sourire radieux accueille l’américaine qui lui ouvre peu de temps après ; la crainte de tomber sur la mère de cette dernière l’envahit durant un laps de temps très restreint mais heureusement c’est bien la silhouette de la jeune femme qu’il entrevoit en tout premier lieu. « Salut Marnie. » Le regard pétillant, il lui est difficile de tenir en place tandis qu'il dissimule dans son dos ses présents ; il a hâte de connaître sa réaction. « J’voulais passer rapidement chez toi avant d’aller bosser pour te souhaiter de vive voix un joyeux anniversaire ! J’espère que j’te dérange pas… » Puis enfin il lui tend le bouquet et le petit cadeau qui va avec, un sourire à la fois attendri et incertain. « Et que ça te plaira. »

Ça tambourine fort dans sa poitrine et d’une certaine façon heureusement que le mexicain a un traitement pour soigner son coeur depuis qu’il a fichu une belle frayeur à tout le monde ; en plus le magnifique sourire de la chanteuse lyrique n’aide certainement pas à faire taire toutes ces émotions qui l’envahissent. Elle le remercie dans un premier temps puis déballe son petit cadeau sous le regard consciencieux de son interlocuteur ; apparement elle en apprécie le contenu puisque le rictus à ses lèvres n’en est que plus grand ; elle lui dit qu’il est fou et il rit de bon coeur. Ça lui parait pourtant être le minimum et puis, c’est pour marquer le coup ; ça ne lui a pas non plus fait un gros trou dans le porte-monnaie. S’il avait pu, il lui aurait offert quelque chose avec une pierre précieuse, un diamant peut-être ; mais là maintenant, c’est le mieux qu’il pouvait faire.

Elle lui demande de l’aider à mettre le collier et il lui faut une seconde pour réaliser sa requête ; il déglutit et acquiesce, puis la laisse se retourner pour passer la chaîne autour de son cou. Il dégage avec délicatesse ses longs cheveux bruns sur le côté, presque comme une caresse puis accroche correctement le bijoux ; le souffle coupé il se sent comme un adolescent, comme si son geste avait été le plus sensuel qu’il n’ait jamais fait auparavant. Lorsqu’ils se font à nouveau face, son regard brun est plus incertain tandis qu'il cherche le sien. « J’suis content que ça te fasse plaisir, il te va très bien. » Il marque une petite pause puis prend une grande inspiration. « Marnie je… j’avais autre chose à te dire est-ce que, est-ce que je peux rentrer quelques minutes ? »

Elle l'invite à entrer et une fois la porte refermée derrière eux, lui demande finalement ce qu'il se passe ; c'est le vacarme dans l'esprit du mexicain à tel point qu'il sent des palpitations jusque dans ses tempes. Il sourit tout en lui refaisant face, prend le bouquet de fleur et le boitier des mains de son interlocutrice pour les déposer à la vite sur le côté. Puis doucement attrape ses doigts tout en ancrant son regard dans le sien. « Je, je sais pas si c’est vraiment le bon moment mais… » Il déglutit avec difficulté ; hors de question de se dégonfler pour autant. « J'voulais profiter de ton anniversaire pour te faire une promesse. Celle de plus jamais disparaitre de ta vie, peu importe la difficulté ou l’obstacle. Enfin, sauf si tu me le demandes évidemment. » Ajoute-t-il en plaisant de moitié puis il se racle la gorge avant de continuer. « Je veux être là pour toi, pour Maeva et pour Daisy. Quand j’ai commencé à me sentir partir je… j’ai eu peur que ça soit la fin pour moi. Et l’une des seules choses à laquelle j’ai pensé, c’est que j'ai jamais eu l’occasion de te dire… de te dire à quel point je suis… » Amoureux de toi depuis presque dix-neuf ans ? « À quel point je tiens à toi et à quel point j’ai toujours tenu à toi. J’ai jamais aimé quelqu’un d’autre comme je t’ai aimé toi Marnie, pourtant j’ai essayé mais… » Il marque une pause en baissant un instant les yeux avant de les relever ; malgré son aisance habituelle pour prendre la parole, aujourd’hui soutenir le regard de l'américaine et lui dire ce qu’il a sur le coeur devient un exercice particulièrement difficile. « Je te demande rien en retour, pas après tout ce qu’il s’est passé. Laisse-moi juste au moins être présent dans ta vie, pour t’aider avec les filles. J’veux être là, je veux faire partie de tout ça, te soutenir dans ce rôle… » Un faible rictus orne ses lèvres ; c'était probablement pas le plus beau discours qu'elle ait pu entendre dans sa vie, mais il a au moins le mérite d'être sincère. « Voilà, je… c’était tout ce que j’avais à te dire. Même si j’crois que c’est déjà bien assez. »

Les quelques secondes qui le séparent d’une réponse de la chanteuse lyrique lui semble interminable ; il sait bien qu’elle est attachée à lui mais de là à accepter qu’il fasse officiellement partie intégrante de sa vie à nouveau, ça n’est pas la même chose. Il observe une lueur de stupéfaction dans les yeux de la femme dont il n’a pas eu la force de lâcher les mains ; ses doigts frais entre les siens sont un réconfort dont il a dû se passer pendant dix-neuf ans. Elle s’exprime à son tour, l’homme se contente d’acquiescer de temps à autre pour lui faire comprendre qu’il l’écoute avec grande attention. Son coeur bat la chamade, son esprit est en émoi face à ses mots ; la gorge soudainement sèche en sentant l’émotion envahir également son interlocutrice. Lorsqu’elle termine il lui sourit à nouveau, peut-être même un peu niaisement. « J’te l’ai dis, j’attends rien en retour, t’as pas besoin de me promettre quoi que ce soit de ton côté. Ça me va comme ça. » Faire partie à nouveau de sa vie, même si ça ne veut dire n’être rien de plus qu’un soutien moral et physique pour elle, c’est mieux que de n’avoir rien du tout. Contrairement à l’américaine, il est sûr de ses sentiments et il n’en a jamais douté ; mais il comprend que ça ne soit pas la même chose pour elle. Il y a encore quelques mois elle le pensait disparu à tout jamais et les évènements se sont pas mal enchaînés depuis.

Il ne peut pas être sûr de totalement arriver à étouffer ce qu’il ressent et il n’en a pas particulièrement envie de toute façon, mais il fera en sorte que ça n’interfère pas trop dans leur relation. « Merci, de me laisser une chance. » Il reste un moment de plus à la regarder, enfermant à tout jamais ce moment dans son esprit puis lâche doucement ses mains dans une dernière caresse. « Je vais devoir te laisser, sinon je vais arriver en retard. Et ça serait pas génial pour une reprise. » Dit-il d’un ton badin en passant une main à l’arrière de sa tête. « Profite bien en tout cas, c’est ta journée aujourd’hui. » Puis il se penche pour embrasser sa joue, lui fait un clin d'oeil et s’éloigne, rejoignant finalement le palier de la maison. Il lui adresse un dernier salue au détour d’un geste de main et d’un large sourire, une autre promesse silencieuse se formant dans leurs regards respectifs ; celle de très vite se revoir.