Et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plaît | ft. Tam&Cha ♥

Je tendais ma joue. « Et mon bisou ? » demandais-je à Jimy, tandis que celui-ci se contentait de lever les yeux aux ciels en guise de réponse. Ok, il avait dix-huit et a priori à cet âge-là on ne faisait plus de bisou à sa mère, mais moi j’avais beau en avoir quarante-cinq et en demandait toujours autant. « Ah bah super, c’est comme ça que tu traites la femme qui t’as mis au monde ? » dramatisais-je histoire de le faire culpabiliser alors qu’il n’en avait sûrement rien à faire. Je le regardais. Il me regardait. On se regardait. Il se forçait finalement à me donner son tendre baiser sur ma joue. Donc, j’en profitais pour sortir discrètement mon téléphone portable pour prendre une photo en secret. Bruit de photo. Un regard de Jimy, plus que blasé parce qu’il se passait. Je souriais, fière de moi, et annonçais « Je la montrerais à tes potes la semaine prochaine ! » avant de remonter au plus vite dans ma voiture. Fenêtre ouverte, je saluais mon fils qui allait passer la semaine chez son père. « Allez, amuse-toi bien mon poussin ! » balançais-je juste avant de filer. Je devais avouer avoir un péché mignon pour le mettre mal à l’aise. Je m’étais toujours dit que quand je serais mère et que mon enfant aurait l’âge de subir tout ça, je ne louperais jamais une occasion pour lui mettre la honte, même s’il n’y a personne autour pour en profiter. Juste pour moi. J’étais cruelle.

A peine décollée, je regardais dans mon rétroviseur la nouvelle voiture qui se garait à la place de la mienne qui y était encore trente secondes plus tôt. Qui en sortait ? L’autre blondasse. La Wendy. L’avocate super canon que fréquentait Jake. Il ne perdait pas de temps lui. A peine je déposais notre fils, qu’il appelait sa gonzesse à passer la soirée avec eux. Je rêvais d’être une petite souris pour savoir ce qu’il se passait là-bas quand je n’étais pas là. Certes, j’avais une taupe sur le terrain, Jimy, mais il devait probablement oublier une tonne d’informations à me transmettre. Ok, Jake avait le droit de refaire sa vie, mais j’avais trouvé qu’il était beaucoup trop tôt pour se remettre dans une relation. Cela faisait juste un an que nous étions divorcés. Alors qu’on avait passé vingt ans ensemble. Vingt ans balayés en un an, à mes yeux c’était clairement prématuré. J’avais eu, de mon côté, quelques rencontres avec des hommes qui avaient duré plus qu’une soirée, mais jamais, Ô grand jamais, je n’avais imaginé plus. Et comme à chaque fois que quelque chose me tracassait, le même geste revenait à chaque fois. Je prenais mon téléphone portable en main. Oui, alors que j’étais au volant. Encore une raison du pourquoi personne ne veut monter dans ma voiture quand je conduis. Afin d’envoyer un texto à mes deux meilleures amies.

✆« Réunion de crise. Chez moi. Ramenez des bières, j’en ai plus dans le frigo. »

Clair. Net. Efficace. J’abusais certainement sur le terme « réunion de crise », drama queen que j’étais, car finalement y avait des réunions de crise chaque mois avec moi, alors on pourrait simplement les appeler des réunions. Mais ça ajoutait un côté important et impératif. Je rentrais chez moi, saine et sauve pour ceux qui en doutent, et commencer à m’activer pour récupérer tout ce qui traînait dans la baraque. Des fringues étendues par-ci par-là, la tasse à café de ce midi que je n’avais pas encore daignée mettre dans le lave-vaisselle, et j’ai même enlevé rapidement avec de l’eau la tâche de tomate sur mon t-shirt que je me suis faite avec mon sandwich du goûter. Oui, le repas du goûter c’est important, trop sous-coté. Désormais, la maison était présentable, les filles pouvaient arrivées, je suis prête à les accueillir.