We own the night | feat. Elijah

Deux jours, cela faisait deux longues journées que je passais coincée entre ces quatre murs blancs sans vie. Oh bien sûr, j’aurais pu faire du rangement, du tri, profiter de cette suspension provisoire de mon contrat de travail pour faire le ménage dans ma vie et dans mon appartement. J’aurais pu aussi me maquiller, profiter de ce temps libre après lequel je courrais en temps normal pour faire preuve de créativité, pour laisser s’exprimer ma passion et mes capacités. Mais je n’en avais pas eu la force, préférant squatter l’abonnement Netflix de Cole et me perdre sur des séries sans aucune logique, j’avais passé les dernières quarante-huit heures recroquevillée dans mon lit, les larmes aux bords de yeux, l’estomac aux bords des lèvres. Je n’étais pas belle à voir et heureusement pour moi, personne ne m’avait vu dans cet état, je n’avais pas encore eu la force d’annoncer à mon meilleur ami ni à qui que ce soit d’autre que j’avais été mise à pied par ma manager. Cette semaine était un véritable carnage dans ma vie, tout d’abord ce coup de fil désastreux suivie d’une rencontre guère plus cordiale avec celui qui était responsable à 50% de mon existence, puis ce repos forcé, cette mise à l’écart du seul boulot qui m’intéressait, du seul boulot que mon absence de diplôme me permettait d’exercer en relation avec ma passion. C’était la catastrophe et je n’avais pas prévue d’arranger mon cas ce soir. Après un rapide tour à la salle de bain pour éviter de ressembler à un zombie ambulant, j’avais enfilé un jean slim noir, un top bordeaux surmonté d’une veste noire et ma paire de boots à talons préférée. J’étais parée pour sortir mais n’envoya aucun texto. Je ne comptais pas retrouver des gens, ce soir, je voulais m’accorder un dernier soir à m’apitoyer sur mon sort, un dernier soir avant de divulguer cette énième honte à mon entourage, juste un dernier soir. Rien dans ce que je faisais n’était raisonnable, la dernière fois que j’avais agis ainsi, une branche d’arbre avait manqué de me tuer mais je m’en fichais car à l’instant T, je n’avais plus grand-chose à perdre. Fermant à clé mon chez-moi, je pris la route du bar le plus proche « The Manhole ». Je n’y allais pas souvent, les rares expériences que j’en avais n’étant pas les meilleurs souvenirs en ma possession. De plus, malgré les prix abordables, boire dans un bar revenait tout de même à plus cher que de simplement prendre un pack de bière dans le frigo de Cole. Ce soir, je n’avais que faire des prix et des remarques déplacées, je voulais simplement oublier. A l’allure où ma vie sombrait, d’ici quelques semaines, je serais probablement obligée de quitter mon appartement pour retourner vivre à Pittsburgh, chez ma mère alors autant vivre ce qu’il me restait de temps dans ce quartier à fond. Prenant place au bar, je commandai un cocktail au nom exotique qui semblait plus intéressant à boire qu’une simple bière. Sans surprise, la sucre cacha en partie l’alcool et je ne fus pas longue à en commander un autre. Hélant un des barmans qui m’était familier, je lui adressai mon plus beau sourire. Elijah, est-ce que je pourrais avoir une autre de ces merveilles s’il te plait ? Je n’avais pas une résistance très forte à l’alcool, c’était même plutôt l’inverse et ce soir, sans rien dans l’estomac, cela promettait d’être encore pire…