Au feu, les pompiers V'là la maison qui brûle ! | feat. Elijah

Kara & Elijah

Au feu !

Faire les magasins, arpenter les rayons à la recherche de nouveaux vêtements à porter, c’est une véritable corvée. Faire du shopping c’est pour les nanas et Elijah a une sainte horreur de ça. Il est pourtant sociable et il aime être entouré de monde. Mais en soirée seulement. La journée, ça lui tape vite sur les nerfs. Il ne supporte pas d’entendre les gamins hurler et faire des caprices à leurs parents. Ça l’agace de tomber sur des personnes âgées qui sortent toute leur petite monnaie pour payer leurs courses à la caisse. Et surtout, il n’aime pas attendre. Il déteste faire la queue. Pourtant, il n’a pas trop le choix que de renouveler un peu sa garde-robe. Non pas qu’il roule sur l’or, loin de là, son budget est même relativement serré mais certains de ses t-shirts sont tellement vieux et usés qu’ils sont parsemés de trous. C’est moyen, cet aspect négligé. D’autant qu’il s’est planté dans les dosages de son dernier lavage que pas mal de ses vêtements ont rétréci. C’est dommage, surtout quand on est aussi grand que lui. Le calvaire ne fait que commencer puisqu’il est bien difficile de trouver des fringues à sa taille. Allez, courage.

Chance insoupçonnée ou véritable coup du destin, alors qu’il traine les pieds en soupirant toutes les dix secondes dans l’un des rayons de la boutique, l’alarme incendie se déclenche. Surpris dans un premier temps, ça l’amuse bien vite de voir tout le monde s’affoler autour de lui. Y a-t-il un vrai départ de feu quelque part ? Dans ce cas-là, il est bien curieux de le voir de ses propres yeux. Elijah et sa passion pour les flammes, c’est assez problématique. A moins qu’il ne s’agisse que d’une fausse alerte ? Un exercice ? Une erreur du système de sécurité ? Quoi qu’il en soit, ce petit imprévu tombe à point nommé puisqu’il le contraint à mettre fin à son supplice. Sans réellement se presser – de toute façon, il ne peut pas – il suit la foule jusqu’à atteindre l’extérieur. De là, il ne voit rien de particulier. Pas de flamme. Rien de spectaculaire. C’est extrêmement décevant. Mais quitte à attendre autant s’occuper un minimum alors il sort une cigarette pour fumer tranquillement. C’est en expirant la fumée que ses prunelles se posent sur un visage connu, non loin. Une brune qu’il a déjà vue dans le bar où il travaille. Une nana qu’un mec avait emmerdée. Une demoiselle à qui il n’a pas pu venir en aide puisqu’elle s’est très bien défendu elle-même. Une certaine admiration avait alors illuminé son regard ce jour-là.

C’est pour cette raison qu’il ne se gêne pas pour la rejoindre et se poster à côté d’elle. « Tiens, Wonder Woman. » Un fin sourire étire ses lèvres alors qu’il récupère sa clope entre ses doigts et qu’il glisse son autre main dans sa poche. « Toi aussi ta super séance shopping s’est retrouvée écourtée ? » Il exagère spécifiquement sur ses propos pour illustrer sa profonde ironie. « T’as des infos sur ce qui se passe ? Est-ce qu’on va avoir la chance de voir le centre commercial cramer ou est-ce que ma déception va s’intensifier davantage ? » Parce que pour l’instant, le spectacle laisse à désirer. Qu’on le rembourse, par pitié.

Kara & Elijah

Au feu !

Entendre une alarme incendie se déclencher quelque part amène toujours une certaine joie à Elijah. Lui et sa passion étrange pour le feu en sont toujours ravis. Avec un peu de chance, il pourra admirer des flammes de plusieurs mètres de haut ? Malheureusement, au lieu de ça, c’est la douche froide. Rien à contempler à part une foule de gens amassés comme du bétail à l’extérieur du centre commercial. Un ennui mortel en somme. Heureusement pour lui et pour son incapacité à attendre plus de quelques minutes sans rien faire, ses prunelles claires finissent par se poser sur une silhouette connue. L’une des clientes du bar qui lui a fait forte impression la dernière fois qu’ils se sont croisés. La demoiselle semble avoir quelques difficultés à le resituer dans un premier temps. Heureusement que son ego n’est pas surdimensionné à ce point, il l’aurait mal pris. Enfin, elle finit tout de même à trouver la réponse dans ses souvenirs. « Lui-même ! » Confirme-t-il avec un large sourire. Ainsi donc elle connait Haley. En soit, ce n’est pas bien étonnant si elle se rend régulièrement au Manhole. Sa collègue fait littéralement partie des meubles. A moins qu’elles ne soient amies ? Qu’importe, Elijah n’en sait foutrement rien et ça ne l’intéresse pas spécialement.

Suivant des yeux son geste lui indiquant son lieu de travail, le barman hoche simplement la tête. Sephora, ce n’est tellement pas son genre de boutique, pas étonnant qu’il ne l’ait jamais vue auparavant. La réplique qui suit sur l’hypothétique raison de sa présence au centre commercial lui arrache un léger rire. Au moins, elle ne manque pas d’humour, c’est un bon point. L’attente sera bien moins ennuyante. « Presque ! A un détail près que c’est avec plaisir que je l’aurais balancé dans les flammes pour attiser le feu. » Lui aussi peut en raconter des conneries sans se gêner. Non, pas de flammes aujourd’hui. La déception est immense alors qu’il écoute la petite histoire qui a valu cette évacuation inutile de tout un centre commercial. Glissant ses mains dans ses poches, il soupire un grand coup. « Choqué. Déçu. Je vais demander un remboursement pour l’absence de spectacle. Elle aurait pu faire un petit effort et vraiment cramer quelque chose. Là c’est juste une foutue perte de temps. » Sauf pour sa pote du jour qui, du coup, gagne du temps sur ses heures de travail. « Pourquoi ? T’es pressée de retourner bosser ? » De toute façon si c’est réellement une fausse alerte à base d’un malheureux lisseur qui a cramé une table, ça devrait aller vite. « Perso ça m’arrange, je déteste tellement faire les magasins. Je vais prendre ça comme un signe du destin, genre aujourd’hui c’était pas le jour pour acheter des fringues. » Parce que c’est une véritable corvée pour lui alors qu’il n’a plus grand-chose à se mettre. « Au fait, je m’appelle Elijah. » Ouais, avec tout ça, ils n’ont jamais réellement pris le temps de se présenter, il serait temps de faire les choses correctement.

Kara & Elijah

Au feu !

Bien sûr que l’incendie du centre commercial aurait été un spectacle qu’il aurait admiré avec grand plaisir. Elijah et son amour démesuré pour le feu et les flammes. A l’époque, l’incendie de son gymnase était déjà la plus belle chose qui lui ait été donné de voir, à travers ses yeux de jeune merdeux. Même si avec le recul, il y avait bien plus de fumée qu’autre chose. Peut-être qu’un centre commercial, de par sa taille, offre un spectacle bien plus intéressant ? Dommage puisque ce ne sera pas pour aujourd’hui. La déception est grande même s’il fallait bien se douter que l’alarme incendie n’était en réalité aussi impressionnante qu’un pétard mouillé. Au lieu de ça, une pauvre crétine s’est contentée de laisser un appareil chauffé sur un plan de travail. Rien d’exceptionnel. Les pompiers se sont limite déplacés pour rien. Une perte de temps, rien de plus. « Ils rembourseront rien, faut pas se leurrer. » Lance-t-il en haussant les épaules. « Ils vont juste nous taper sur l’épaule en s’excusant pour la gêne occasionnée et ils vont nous inviter à reprendre le cours de nos achats comme si rien ne s’était passé. » Business is business.

Souriant à sa remarque, il glisse ses mains dans ses poches. « Merde alors, je suis déçu, t’es pas l’employée modèle qui veut récupérer son temps perdu en faisant des heures sup. » Ironie, bonjour. Lui non plus n’aime pas bosser. « C’est vrai que ça caille, d’où l’intérêt de foutre le feu, ça nous aurait réchauffé un minimum. » Sacré feu de joie pour réchauffer la ville entière. Ou presque. Etant donné qu’il a du temps à perdre, il récupère une cigarette dans ses poches pour la coincer entre ses lèvres. Par réflexe, il tend le paquet vers la petite brune, au cas où et il sort son briquet pour l’allumer. « Ouais je suis venu seul et c’est la putain de galère, je déteste ça. J’me vois pas faire les boutiques avec mes potes. » C’est clairement un truc de femme, les cessions shopping à plusieurs. « C’est la corvée de l’année. Je sais pas si t'es une adepte de ce genre d’activité mais sérieux, je sais pas comment font les nanas pour y passer des journées entières. » Rien que d’y penser, ça lui donne le tournis. Trop de prix, trop de choix, trop de monde. Il ne sait pas où donner de la tête et généralement, il achète le premier truc qui lui tombe sous la main et qui rentre dans son budget. Elijah et le shopping, ce n’est pas une histoire d’amour.

Le camion des pompiers apparait enfin, signe que cette mascarade sera bientôt terminée ? En tout cas, Eli préfère se les peler dehors que retourner dans les magasins de fringues à la recherche de la perle rare. « Enchanté, Kara. » Les présentations de rigueur établies, il peut à présent mettre un nom sur son visage. Jetant un coup d’œil à la foule, il amène de nouveau sa cigarette entre ses lèvres. Les pompiers n’ont pas l’air de redonner libre accès à la galerie marchande. Encore un peu de patience. Ou de répit, tout dépend du point de vue. « L’avantage que tu as de bosser dans un centre commercial, c’est que tu peux faire tes courses directement en sortant de ton boulot. T’as pas toute la ville à traverser. En dehors de ça, c’est pas trop chiant de respirer le parfum toute la journée ? » A moins qu’elle ne sente plus rien à force. « Comme partout, j’imagine que tu as des clients bien casse-couilles. Ça doit être dur de te retenir de pas leur en foutre plein la gueule. » Un sourire au coin des lèvres, il fait clairement référence à leur première rencontre, quand Kara ne s’est pas gênée pour remettre à sa place un client du bar sans qu’Elijah n’ait eu besoin d’intervenir. Il sait ce que c’est d’avoir un fort caractère. Lui-même n’est pas un ange. Alors se retenir de ne pas sauter à la gorge de certains clients demande un self-control impressionnant.

Kara & Elijah

Au feu !

Le monde du travail est impitoyable, mais celui du commerce est encore pire. Dès qu’il y a de l’argent en jeu, les vautours et les requins dévorent tout sur leur passage pour faire du profit. Business is business. Tout est bon pour attirer les clients. Tous les drames possibles et imaginables peuvent devenir de réels coups de pub. Si le centre commercial avait bel et bien brûlé, sûr que quelqu’un en aurait tiré profit. C’est toujours ainsi. Il y a toujours des gens pour profiter du malheur des autres. C’est comme ça depuis la nuit des temps. Pourquoi cela changerait aujourd’hui ? Il y a toujours des riches entrepreneurs présents pour s’en mettre plein les fouilles, assis derrière leurs bureaux luxueux. Et ce sont toujours les mêmes qui trinquent, les mêmes qui sont payés avec un lance-pierre, les mêmes qui font le sale boulot ; les pauvres petits employés.

Qu’importe, le sujet est à présent un peu plus concret et concerne davantage Elijah qui, avouons-le sans vergogne, se fiche éperdument des grosses têtes qui tirent les ficelles dans l’ombre. Cigarette entre les lèvres, les mains dans les poches, il écoute Kara sans l’interrompre. En même temps, difficile d’en placer une, elle semble bien lancée dans un long monologue. Encore un stéréotype qui s’avère fondé en cet instant, certaines femmes sont de véritables moulins à paroles. Alors automatiquement, Eli ne retient pas tout ce qu’elle raconte. Est-elle en train de lui faire un exposé sur les clichés concernant les femmes et les magasins ? Non pas que ça ne l’intéresse pas mais dans l’état actuel des choses, il est bien incapable de retenir la moitié de ce qu’elle dit. Se rend-t-elle compte qu’elle parle beaucoup ? Réalise-t-elle que le barman a déjà décroché et qu’il se contente de la regarder en hochant la tête ? En voilà un autre de stéréotype vérifié avec Elijah, les hommes ont une capacité d’écoute limitée. « On se balade pas en bande dans les boutiques nous, en général on se fait trainer par une nana. D’habitude c’est ma sœur qui me pousse à l’accompagner. Le problème c’est qu’avec elle ça dure une éternité, elle veut absolument tout voir et elle me force presque à essayer tout le magasin. J’ai préféré me démerder mais au final, ben je galère. » Sans personne pour lui dire d’essayer tel ou tel vêtement, c’est sûr que ça prend plus de temps. Parce qu’Eli n’a aucune volonté et chercher dans les rayons pour trouver la perle rare, ça le fait clairement chier.

La conversation dérive et le barman ne peut s’empêcher de faire allusion à leur première rencontre. Il faut dire que la situation était assez comique quand on y pense. « C’est une bonne méthode. » Se défouler sur les gros lourds des bars, c’est pas mal. Surtout qu’ils sont nombreux et offrent l’embarras du choix. Et une nouvelle fois, elle ouvre la bouche pour déverser un flot de paroles en continu. Wow, sa faculté d’élocution est quand même impressionnante. Prend-t-elle le temps de respirer ? Un peu perdu dans sa comparaison, il hausse un sourcil, dubitatif. « Attends que je comprenne bien ce que tu racontes. T’es en train de me dire que tu développes une addiction… Aux odeurs de parfum quand tu travailles dans ce genre de magasin ? » C’est un peu compliqué à comprendre, de son point de vue. Amenant sa cigarette à ses lèvres pour en tirer une bouffée, il la coince entre ses doigts pour répondre à sa question indirecte. « Les odeurs j’fais pas trop gaffe, comme tu dis, un fois qu’on est dedans, on ne sent plus rien. Par contre ouais je confirme, certains clients deviennent chiants dès qu’ils picolent un peu trop. C’est le problème quand tu bosses dans un endroit qui vend de l’alcool, il y a souvent des débordements parce que les gens ne savent pas se gérer. J’ai déjà joué au vigile plusieurs fois. J’ai la carrure qui aide à virer les merdeux et les chieurs. » Du haut de son mètre quatre-vingt douze, il reste assez impressionnant pour les ivrognes. Et pas que. « Ça me fait penser que j’ai déjà été vigile dans un magasin tiens. J’ai fait tellement de jobs différents que j’en oublie à force. » Un léger rire vient glisser entre ses lèvres à cette pensée. « Et toi, t’as toujours bossé dans une parfumerie ? » Ou elle aussi a-t-elle arboré plusieurs casquettes ? Au loin, les pompiers commencent à se rassembler pour ranger leur matériel. Est-ce bientôt la fin de leur attente interminable ? Dans tous les cas, la perspective de devoir retourner dans cet antre de l’enfer à la recherche de vêtement ne l’enchante pas. Pourtant, une idée vient illuminer son esprit et c’est avec son culot légendaire qu’Elijah tente sa chance. « Dis-moi, je sais que je vais passer des heures à tourner en rond dans cet enfer alors que si je trouve une connaisseuse, je vais gagner un temps fou. Ça te dirait de me sauver la vie pour une bonne demie heure max ? Pour te remercier de ton temps et de ton aide, je peux te payer un verre après si tu veux ? » Et il accompagne le tout de son air de chien battu et de son plus beau sourire pour tenter de la convaincre. Kara est sympathique et c’est une vendeuse. Avec elle, ça devrait aller bien plus vite que seule et elle lui rendrait un grand service. Même si elle ne lui doit rien. Elijah et son culot, indissociable.