It could be the best decision of my life or it could be the worst but I have to try | feat. Nicholas

It could be the best decision of my life
or it could be the worst
but I have to try ;

feat. @Kara I. Williams ☾

Outfit — Il suffit parfois de pas grand chose, un petit rien pour remettre l’intégralité de sa vie en question. Les derniers mois n’avaient pas été des plus simples pour le zoothérapeute ; depuis son retour aux États-unis, il n’a eu de cesse de se rendre disponible pour son père, d’être à son chevet, de l’accompagner à ses différents rendez-vous médicaux, remplir la paperasse pour payer différents séjours à l’hôpital afin que les médecins le prennent correctement en charge. Finalement le dernier traitement date semble bien fonctionner, le vieil homme ayant repris du poil de la bête. Ce n’est que temporaire et même si le père et le fils n’en parlent pas, tous deux en ont parfaitement conscience ; un jour viendra où c’est la maladie qui reprendra le dessus, un point de non retour qui signera le début de la descente aux enfers. La chute ne sera que plus brutale car personne ne sait quand cela arrivera. Peut-être dans quelques mois, quelques années ; pour l’instant le psychologue n’est pas prêt à affronter cette réalité selon laquelle rien ne sauvera jamais complètement son père. En attendant il se dévoue corps et âme pour lui, même si ces derniers jours des doutes se sont emparés à son sujet. Un coup de téléphone, un seul appel de quelques minutes a réussi à perturber cet équilibre déjà fragile et compromis. Une femme à l’autre bout du fil, prétendant être la fille du vieux Merrill. Bien évidemment l’homme n’y a pas cru au début car il se rappelle avec certitude le dévouement de son père auprès de sa mère ; le nombre incalculable de fois où il a répété qu’elle avait toujours été son âme-soeur et qu’il n’avait jamais aimé une autre femme aussi fort. Pourtant si l’on en croit les paroles de cette étrangère, il aurait trompé l’amour de sa vie avec une autre ; et même si ça n’a jamais voulu rien dire pour lui, même si ça n’a été qu’une fois, l’enfance du psychologue semble à présent totalement bafouée. Cette histoire extra-conjugale aurait-elle précipité les tendances suicidaires de sa mère ? Combien d'autres choses tout aussi terribles son père lui a-t-il caché ?

Après avoir raccroché au nez de la jeune femme ce jour-là, l’homme aux iris azurs a passé beaucoup de temps à ruminer ; davantage distrait au travail, même ses séances de sport et de geekage intensives n’ont que momentanément dissipé son esprit tourmenté. Le seul véritable lâcher prise a été en présence de Sinéad lors de cette fameuse soirée au Tombs où ils ne se sont imposés aucune limite ; de loin l’une des meilleures initiatives qu’il ait pu prendre récemment même si les conséquences ne seront peut-être pas sans risque. Quoi qu’il en soit, au moment où le zoothérapeute ouvre la porte d’entrée de chez lui après avoir entendu la sonnette retentir en ce début de journée, ses pensées sont encore encombrées par tous ces récents événements. L’instant d’avant, il n’ose qu’à peine croiser le regard de son père en le disposant de rester assis sur le canapé et qu’il va aller ouvrir à leur invité mystère. Ses yeux clairs tombent sur une silhouette féminine dont il n’a aucunement connaissance ; plus petite que lui, de longs cheveux bruns et une lueur incertaine ornent ses yeux foncés. Elle le salue, ajoutant qu’elle souhaiterait parler à son père. « Bonjour. » Commence-t-il à répondre d’un ton assez neutre, l’observant avec une certaine méfiance. « Oui, c’est à quel propos ? » Demande-t-il ensuite, ses sourcils s'arquant avec suspicion. Ce timbre de voix, il l’a déjà entendu auparavant, il en est certain. Il ne lui faut finalement que quelques secondes de plus pour comprendre ce qu’il se passe et il reprend la parole sans lui laisser le temps de s’expliquer. « Attendez, votre voix… Vous êtes la femme que j’ai eu au téléphone ? Kara c’est ça ? » Un sentiment de colère et d’incompréhension s’empare finalement de lui. Il jette un regard par dessus son épaule, observant son père devant la télévision en train de suivre un match de hockey avec grande concentration. Puis il en revient à son interlocutrice, se penchant légèrement vers elle. « Non mais je rêve, qu’est-ce que vous n’avez pas compris la dernière fois ? Et puis comment avez- vous eu notre adresse ? » Dit-il à voix basse pour ne pas alerter son père, bien que le timbre de sa voix n’en soit pas moins menaçant et glacial.