Pretty shining people ı Nicholas

|	Pretty shining people ; @Savannah Harper

you, look at me now, with those hollow eye sockets and smile. and it seems all a lie, what they've told me so far ; and you, show me that life, isn't all about extending your time ? no, it's the perfect time for a bottle of wine ; —

outfit — L’air aseptisé entre dans ses poumons tandis qu’il observe les murs blancs, épurés et sans chaleurs qui l’entourent. Assis, sa jambe droite sautille nerveusement tandis qu’il pose ses coudes sur ses cuisses et joint ses mains en se penchant vers l'avant. L’envie de se ronger les ongles le démangent mais il se contente de regarder les gens qui l’entourent pour se distraire. Puis une femme, cheveux courts et blouse blanche s’avance vers lui, un sourire rassurant sur le coin des lèvres. « Monsieur Merrill ? Vous pouvez à présent rejoindre votre père si vous le souhaitez. » Sans se faire prier, l’homme suit la docteur en quelques enjambées, jusqu’à la porte d’une chambre tout aussi froide que le reste de cet hôpital. Comme beaucoup de personnes, il n’aime pas particulièrement ce genre d’endroit bien qu’il lui arrive de les fréquenter dans le cadre de son travail ; mais là c'est différent puisque la raison de sa venue est bien plus personnelle.

Son père, allongé dans un grand lit au milieu de la pièce, sourit doucement à la venue de son fils. Ce dernier accourt sans se faire prier, au chevet de celui qui l’a élevé en lui rendant un sourire certes, un peu faiblard. Il attrape sa main malade et tremblante et la caresse du pouce tout en écoutant la femme en face d’eux. Elle fait mine de consulter le dossier tenu dans ses mains, mais l’homme remarque qu’elle a d’avantage l’air de se donner du courage en faisant semblant de le lire afin d’éviter leurs regards ; elle connait déjà le diagnostic, écrit noir sur blanc sur ces quelques pages, mais n’ose pas s’affranchir des yeux à la fois scruteurs et inquiets posés sur elle. « Les résultats des analyses montrent très clairement que vous entrez en phase III de la maladie. Il semblerait que le traitement administré ait du mal à fonctionner sur vous, probablement en raison de votre prise en charge tardive.  » Un long silence s’en suit avant qu’elle ne reprenne la parole ; les deux hommes sont pendus à ses lèvres. « Nous allons donc essayer quelque chose d’un peu plus fort pour tenter de diminuer les symptômes et d’en ralentir la propagation.  » S’en suit quelques recommandations, notamment de limiter ses déplacements, d’utiliser le plus souvent une chaise roulante si cela est possible pour le vieil homme. Le fils voit le visage de son paternel se décomposer tout en essayant de garder la tête haute. Et si ce n’était pas assez difficile, la médecin porte le coup de grâce en annonçant que la mutuelle du malade ne prend pas en charge ce genre de traitement. « Je paierai.  » La voix de l’homme à la carrure imposante, froide et déterminée semble transpercer l’air de la chambre. « Donnez-lui le meilleur traitement possible, je m’occupe du reste.  » La femme consent et finit par se retirer, en expliquant qu’ils garderont le patient en observation cette nuit et ne le laisseront repartir que le lendemain.

Il commence à pianoter sur son téléphone un message d’excuse à sa meilleure amie, lui expliquant rapidement la situation et le pourquoi du comment il ne viendra pas ce soir. L’homme alité pose ses doigts sur l’écran du smartphone pour le stopper dans son élan. « Tu ne devais pas aller chez Savannah ce soir ? Qu’est-ce que tu attends ? Tu vas être en retard. » Le fils pose ses yeux clairs sur son interlocuteur et avant qu’il n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, il se fait couper la parole. « Tu n’as pas à porter constamment le fardeau que représente ma maladie sur tes épaules. Je suis entre de bonnes mains ici, il ne peut rien m’arriver. Va profiter de ta soirée, s’il-te-plait mon grand.  » Sentant qu’il n'a pas vraiment le choix, il se résout finalement et embrasse alors le front de son père, lui promettant de revenir à la première heure demain pour le ramener chez eux. Un rapide passage à leur maison plus tard, il prend une douche, enfile des vêtements propres qui ne sentent pas l’aseptisant, puis l’homme enfourne sa moto, pose son casque sur la tête et emprunte la route menant à son rendez-vous nocturne.

Un sifflement s’échappe de sa bouche lorsque l’immense maison de sa meilleure amie se dresse juste devant lui. Il vérifie par plusieurs fois être bien à la bonne adresse avant de se faire la réflexion qu’il n’osera jamais l’inviter dans sa propre demeure, bien trop modeste et minuscule à côté de celle-ci. Il descend de son véhicule à deux roues, marche vers l’entrée en passant une main dans ses cheveux dans le but de remodeler ses boucles rebelles. Il sonne, son coeur s’emballant légèrement à l’idée de se retrouver à nouveau face à face avec cette amie si chère qu’il n’a pas vu depuis si longtemps. Mais au moment venu, il n’y a pas une once d’hésitation ; les retrouvailles sont chaleureuses et ils se prennent dans les bras. « Pareillement. Et effectivement, ça fait un bail mais tu n’as pourtant pas changé d’un poil.  » Dit-il en déposant un baiser sur sa joue. Il entre dans l’immense foyer, observant tout autour de lui. C’est encore plus beau et luxueux qu’à l’extérieur. Il ose à peine déposer sa grosse veste en cuir et son casque de moto quelque part, de peur de salir ou de détruire l’harmonie parfaite de la décoration. « Ta maison est magnifique. À côté de toi et au milieu de tout ce luxe, je risque de faire l’effet d’une grosse tâche.  » Dit-il d’une voix sarcastique en riant. Il lui tend ensuite un sac en carton, contenant quelques petits trésors. « Je t’ai ramené quelques bonnes bouteilles de vin du Canada et des petites bricoles pour les enfants.  » De l’alcool de très bonne qualité, des caribous en peluche et quelques autres jouets en bois ; malgré son départ précipité, l’homme a tout de même pris le temps d’acheter quelques souvenirs pour offrir à ses proches. Il espère à présent que ces attentions feront plaisir à sa très chère amie.