I'll be there for you, 'cause you're there for me too // Sinéad

I'll be there for you,
'cause you're there for me too ;

Outfit – Journée fraîche mais ensoleillée qui se dessine à l'horizon ; un dimanche comme il en faudrait plus souvent malgré l'hiver menaçant. Plusieurs heures d'insouciance et de sérénité passées auprès de son père et son chien avant qu'il ne reçoit un message de Sinéad, l'invitant à aller courir avec elle dans l'après-midi. Il s'empresse de lui répondre à la positive, n'ayant rien prévu de mieux de toute façon ; et puis, malgré son retour à Washington DC depuis plus d'un mois, ils ne se sont finalement vus que quelques fois et de manière toujours assez furtive -notamment le jour de son emménagement où elle fut là pour l'aider et l'accueillir dignement. Le retour en ville n'a pas été de tout repos, notamment parce qu'il a fallu reprendre ses marques et s'en créer d'autres. Mais sa meilleure amie à présent à portée de main, il est grand temps d'en profiter un peu.

Il enjambe les quelques marches des escaliers le menant à sa chambre. Des vieux vinyles trainent sur le bureau en bois brut et vernis, presque trop étroit pour lui aujourd’hui ; rien n’a changé dans cette pièce depuis son adolescence. Étrange lorsqu'il y songe, de s’endormir à nouveau en observant son vieux poster dédicacé des Metallica, corné par endroit. Nostalgie s’empare de lui et quelque chose lui dit que ça ne sera pas la seule fois aujourd’hui, tandis qu’il enfile des vêtements de sport. Daffodil s'invite sur le grand tapis de sa chambre, quémande des attentions auquel son maître cède sans une once d'hésitation. Ils descendent au rez-de-chaussée ensemble puis l'animal couine et s’excite lorsqu’il comprend que son maître sortira sans lui aujourd'hui. Les quelques caresses de plus n’y changent rien et c’est avec un pincement au coeur que l’homme referme la porte derrière lui et marche avec nonchalance sur les trottoirs peuplés.

Arrivé en avance, il piétine une bonne dizaine de minutes sur place. À chaque expiration, de la fumée s’extirpe de sa bouche et il observe le ciel d'une clarté déconcertante. Ses yeux scrutent la moindre silhouette alentour tandis qu’il échauffe ses muscles, espérant à chaque fois qu’il s’agisse de sa meilleure amie. Le parc est bondé de monde, autant de sorties entre famille que d'autres coureur du dimanche en quête de verdure ; c'est à croire que tout le monde a eu la même idée qu'eux. Il finit par l'apercevoir au loin, sa chevelure blonde et sa frimousse espiègle reconnaissable entre mille et il la rejoint en quelques pas foulés. « Sin ! » S'exclame-t-il en arrivant à sa hauteur. Ses bras le long de son propre corps finissent par enlacer la jeune femme devant lui, avec tendresse et respect comme il en a toujours eu pour elle ; peut-être même plus que d'ordinaire, tant tout ça lui avait manqué et qu'il sait que celle qui considère comme sa meilleure amie traverse une passe difficile. « C’est tellement bon de te retrouver ici. J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on a pas fait de jogging ensemble. » Dit-il de sa voix grave et monotone, en s'éloignant doucement d'elle pour lui sourire. En vérité cela faisait tout de même une bonne dizaine d'années qu'ils n'avaient pas fait de sport ensemble, ce qui est déjà beaucoup trop long lorsqu'on sait que les deux amis se côtoient depuis l'école secondaire. « Comment te sens-tu ? » Ils avaient vécu tellement de choses ensemble qu'il serait compliqué de toutes les énumérer. Pourtant les voilà à nouveau réuni, comme s'ils avaient à nouveau la vingtaine, à quelques détails et rides près.

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Nicholas & Sinéad

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Retrouver son meilleur ami après avoir passé des années dans des villes différentes, ça fait un bien fou. Nicholas et Sinéad se connaissent depuis une éternité et même s’ils continuaient à se voir de temps en temps ces dernières années malgré la distance, le savoir de retour en ville est un énorme point positif dans sa vie chaotique de ces derniers temps. Nicho a toujours été un pilier dans sa vie, un véritable ami sur lequel la suédoise peut compter en toute circonstance. Il a toujours été de bon conseil, passer du temps avec lui est toujours un plaisir. Maintenant qu’il est revenu à Washington, Sin a bien l’intention de rattraper le temps perdu. A commencer par reprendre les bonnes vieilles habitudes ; faire un peu de sport à deux. Un avantage certain puisque les deux ont ce passe-temps en commun.

Ses vêtements de sport enfilés et ses cheveux relevés en une queue de cheval haute, elle quitte son appartement pour rejoindre le lieu de rendez-vous. L’un des parcs de la ville, idéal pour courir en toute tranquillité. Enfin, en règle générale. Parce qu’étrangement, la moitié de la ville s’est donné le mot pour se réunir également en ce dimanche après-midi. A croire que tout le monde a eu la même idée pour occuper son temps libre en ce dernier jour de week-end. Tant pis, ça n’empêchera pas Sinéad de passer un bon moment avec son meilleur ami. Après tout, elle a besoin de souffler, de décompresser un peu et de relâcher la pression des derniers événements. Non, sa vie n’est pas de tout repos dernièrement. Le sport est l’un des meilleurs moyens qu’elle connaisse pour décompresser. En chemin, elle commence à s’échauffer doucement et cherche Nicholas dans la foule.

Elle finit par apercevoir sa bouille et lorsque leurs regards se croisent, un sourire illumine son visage. Il ne tarde pas à la rejoindre en petites foulées. « Nicho ! » Sans plus de cérémonie, elle s’avance vers lui et dans un mouvement commun, ils se serrent dans les bras l’un de l’autre. C’est fou comme il a pris du muscle, elle se sent si minuscule contre lui. Mais ça a un côté réconfortant malgré tout. Nicholas Merrill, c’est un gros nounours qu’elle aime câliner. Elle s’éternise quelques secondes avant de le lâcher et de reculer légèrement, posant ses mains sur ses hanches, le sourire greffé sur son visage. « Mais ça FAIT une éternité justement ! Ça remonte à quand la dernière fois ? Quand je suis venue te voir ? Ou peut-être même la fois d’avant ? En fait, je crois même que c’est bien plus vieux que ça. » Avant que Nicholas ne s’envole dans un autre pays ? Autant dire que ça remonte à loin. « Moi aussi je suis contente de te retrouver. On va pouvoir se revoir autant de fois qu’on veut sans se farcir les longs trajets à chaque fois. » Mine de rien, le voyage était crevant. D’autant que ce n’était pas la porte à côté. « On a du temps à rattraper ! » Et sans doute pas mal de choses à raconter ? Et ça commence par l’état général de Sin. Comment se sent-elle actuellement ? Vaste question. Elle pourrait lui dire que tout va bien et faire bonne figure comme elle le fait avec tout le monde ou presque. Mais à quoi bon mentir à son meilleur ami ? Alors elle hausse les épaules. « C’est compliqué, comme tu t’en doutes. Il y a des jours où ça va mieux que d’autres. » Pas facile de perdre sa sœur aînée et de se retrouver avec sa nièce, endeuillée, à charge. « Je ne connais pas trop la petite en plus, étant donné qu’avec ma sœur et son mari, ils vivaient à l’autre bout du pays. Elle est adorable mais il faut qu’on apprenne à se connaitre. Et dans ces circonstances… » Elle pousse un soupir. « Disons que ce n’est pas la meilleure situation du monde. Parfois, je ne sais pas trop comment agir avec elle. Elle est presque adulte alors… Je ne sais pas. » Soraya est une chouette gamine, mais la situation est délicate. « Ce n’est pas évident. » Une nouvelle fois, elle hausse les épaules. « Et toi alors ? Tu as meilleure mine que moi en tout cas ! »

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Outfit – Retrouver sa meilleure amie le rend heureux et à la fois nostalgique. Les premiers jours suivant son retour n’ont pas été simples ; retourner vivre chez son père, même pour des raisons bienveillantes -en l'occurrence être à son chevet pour l’aider au mieux dans sa maladie- n’est pas chose aisée quand on a trente ans passés. Impression d’avoir échoué, particulièrement sur le plan relationnel et ainsi de revenir au point de départ mais aussi culpabilité d’avoir laissé son père seul toutes ces années. Heureusement, cela a bien été vite balayé par la joie d’être réuni auprès de ses proches ; Sinéad fait parti de ces personnes qu’il est heureux d’avoir à nouveau à ses côtés, se demandant même comment est-ce possible qu’ils aient pu vivre aussi loin l’un de l’autre pendant toutes ces années. Il la connaît depuis l’adolescence et ils ont surmonté tant d’épreuves ensemble ; à tel point qu'il peut dire avec certitude qu’elle fait partie intégrante de son existence malgré le fait qu’ils soient très différents l’un de l’autre.

Aussi voir apparaître sa meilleure amie dans son champ de vision lui arrache automatiquement un sourire lorsqu’il la rejoint. Et comme bien souvent lorsqu’il enlace une personne, il se sent un peu empoté et veille à ne pas la serrer trop fort de peur de la blesser involontairement. Ses paroles dépassent ensuite ses pensées lorsqu’il exprime à voix haute sa joie d’être enfin rassemblés pour un jogging ; sur ce point, la réponse de son interlocutrice ne se fait pas attendre. « Mais ça FAIT une éternité justement ! Ça remonte à quand la dernière fois ? Quand je suis venue te voir ? Ou peut-être même la fois d’avant ? En fait, je crois même que c’est bien plus vieux que ça. » Il souffle du nez à la réflexion de son amie. Peu de chance qu’ils aient eu l’occasion de sortir courir tous les deux la dernière fois qu’elle était venue au Canada en tout cas ; Ruby, son ex-fiancée, n’était pas particulièrement fan de leur relation, bien que le zoothérapeute en ait toujours fait fi. Sa jalousie était probablement l’une des choses qu’il aimait le moins chez elle, ne lui trouvant aucun charme contrairement à ses autres défauts et surtout lorsque celle-ci n’était en aucun cas justifiée. « Tu exagères toujours… ça fait probablement seulement quoi… dix ans ? Ça ne remonte pas à si loin finalement. » Répond-il sur un ton amusé et plaisantin tout en haussant les épaules. L’homme est en tout cas bien d’accord avec l’idée de rattraper le temps perdu, à présent que seuls quelques petits kilomètres ne les séparent.

La jeune femme se confie ensuite lorsque son meilleur ami lui demande comment elle va ; en toute connaissance du fait que les dernières semaines ont été particulièrement difficile pour elle. « Je comprends… ça ne doit pas être facile de se retrouver à devoir assumer une jeune femme du jour au lendemain, en effet. » Regard se jette par dessus son épaule, scrutant les gens marchant et courant autour d’eux tandis qu’ils se mettent doucement à trottiner tous les deux pour s’échauffer. « Comment ça va de son côté d’ailleurs ? Je peine à imaginer tous les bouleversements que les derniers événements ont impliqué dans sa vie… Elle doit être totalement déboussolée. » Lorsque son amie finit par conclure que la situation n’est pas évidente, le zoothérapeute la regarde avec compréhension, sans une once de jugement. « Il faudra sûrement beaucoup de temps avant que vous ne trouviez un équilibre. Mais ça finira par arriver, petit à petit, probablement même sans que tu ne t’en rendes compte. » Il ne sait pas si c’est là le meilleur ami ou le psychologue qui parle ; peut-être un peu des deux qui sait.

Puis la mécanicienne demande ensuite des nouvelles du psychologue, lui faisant remarquer qu’il a bonne mine. « Tu trouves ? » Commence-t-il alors à répondre, étonné ; il n’a pas forcément l’impression de péter particulièrement le feu ces derniers jours, il s’est fait rejeter par la fille qu’il convoitait dernièrement, l’état de son père se dégrade petit à petit, mais après tout c’est sûr que comparé à sa meilleure amie, sa vie est une idylle en ce moment. « On fait aller. Je retrouve mes repères petit à petit et j’essaye de m’en créer de nouveaux. Avec la maladie de mon père c’est pas forcément tous les jours simples non plus. » Puis il accélère la foulée, dépassant Sinéad en lui souriant, l’air taquin. « Bon, on commence à courir alors, ou tu te dégonfles déjà ? »

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Nicholas & Sinéad

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Dix ans. C’est énorme sur l’échelle d’une vie, surtout quand on a atteint la trentaine. Sinéad et Nicholas ont passé un tiers de leur existence loin de l’autre, chacun dans une ville et un pays différent. Ça ne facilite pas les choses pourtant leur relation fraternelle ne s’est pas effritée malgré la distance. Nicho a toujours été un frère à ses yeux. L’un des rares hommes dans sa vie à ne jamais avoir partagé son lit pour autre chose que d’y dormir. Jamais cela ne lui viendrait à l’esprit. Ce serait comme se taper son propre frère. Hérésie. Quoi qu’il en soit, en plus d’avoir de nombreux points communs, ils partagent cet amour du sport. Alors maintenant qu’ils se sont retrouvés, il n’est plus question de passer des semaines sans se voir. « Dix ans, en effet c’est si peu. » Ironique, elle secoue doucement la tête. « C’est vrai quoi, tu as juste doublé de volume durant ce laps de temps. Pas de quoi fouetter un chat. Et je ne parle pas de ton tour de hanche, bien évidemment. » La taquinerie lancée à la volée, elle ne peut se retenir de rire légèrement. C’est impressionnant de constater à quel point Nicholas a pris du muscle depuis leur adolescence. Si elle ne l’avait pas côtoyé du tout ces dix dernières années, elle aura pu ne pas le reconnaitre.

Non, ça ne va pas très fort pour Sin en ce moment – même si ce n’est véritablement que le début de ses emmerdes. « Surtout qu’on ne se connait pas beaucoup, elle et moi. Ma sœur et son mari vivaient à l’autre bout du pays. » En définitive, ils ne se voyaient pas souvent. Juste à de rares occasions ou pour célébrer les fêtes ou des anniversaires. C’est presque une inconnue qu’elle a recueilli chez elle. « Enfin, ça ira. Il le faudra bien. » Pas le choix. En attendant, ils sont venus là pour courir ensemble alors ils se mettent doucement en route pour s’échauffer. Lorsqu’il lui demande comment va Soraya, elle prend le temps de réfléchir un peu à la question avant de répondre. « Je ne sais pas trop, je t’avouerais. Quand tu la regardes, elle a toujours le sourire, elle ne montre rien. C’est assez déstabilisant je dois dire. Je ne sais pas si je dois aborder le sujet ou non. » C’est délicat parce qu’au fond, Sin sait parfaitement ce que ressent sa nièce. A son âge, elle avait déjà perdu son père et elle l’avait très mal vécu. A l’inverse de Soraya, elle s’était beaucoup extériorisée. Trop. Au point de partir complètement en vrille et faire n’importe quoi. Au point de découcher pendant des jours, à 16 ans, avant de finalement rentrer chez elle et retrouver sa famille morte d’inquiétude. Impossible que Nicholas ait oublié cet épisode tragique de la vie de sa meilleure amie, puisque c’est principalement chez lui qu’elle a squatté à ce moment là. « Peut-être qu’elle a besoin de temps alors j’attends. » Impossible de savoir combien de temps tout ça va durer avant que Soraya ne craque réellement. Parce qu’une chose est sûre, sa douleur finira tôt ou tard par exploser. « En tout cas, tu n’es pas psy pour rien toi. » Lâche-t-elle en souriant légèrement. « Merci. » Parce qu’il est toujours de bon conseil.

Mais assez parlé d’elle pour le moment. Son état à lui l’intéresse tout autant. En tout cas, il parait avoir meilleure mine qu’elle. Ce qui, en soit, n’est pas bien difficile. Même si elle sent que la maladie de son père pèse lourdement sur sa conscience. A ce niveau-là, elle ne peut que trop bien le comprendre. Elle l’a vécu. Pour autant, elle n’a pas vraiment le temps de réagir qu’il change de sujet pour en revenir à leur activité physique. « Moi me dégonfler ?? » Faussement outrée, elle sur joue sa réaction. « C’est très mal me connaitre mon cher ! » Sourire aux lèvres, elle accélère le rythme pour le rejoindre et passer devant lui. « J’espère pour toi que tu ne t’es pas ramolli pendant tout ce temps, parce que je ne te ferais aucun cadeau ! » Malheureusement, avec le monde qu’il y a dans le parc aujourd’hui ils ne peuvent pas courir à la vitesse habituelle. Les chemins sont bondés et il est difficile d’avancer rapidement sans zigzaguer entre les promeneurs du dimanche. Chose qui agace la suédoise. Pourtant, impossible de faire autrement. Après de longues minutes, elle finit par ralentir l’allure, soupirant un peu plus fortement sous l’agacement qui la ronge. « Trop de monde, c’est pas possible. » Elle lève les yeux au ciel avant de reporter son attention sur son meilleur ami. « Bon au moins, ça va nous permettre de discuter un peu parce que j’ai une question qui titille ma curiosité. » Un sourire taquin se dessine sur le coin de ses lèvres. « C’est qui cette sweetballerina sur ton instagram ? Elle aime beaucoup tes photos visiblement. » Une demoiselle très présente sur le profil de son ami et ÇA, ça l’intéresse grandement.

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Outfit – Depuis son retour sur Washington DC, le zoothérapeute ne cesse de se prendre des réflexions sur sa musculature ; non pas que cela le dérange vraiment car après tout c’est plutôt flatteur d’avoir un corps athlétique et surtout que cela se remarque. À l’époque où Sinéad et lui se sont rencontrés, il se rappelle encore à quel point il était fin, après avoir été en surpoids lorsqu’il n‘était qu’un enfant, aussi il peut comprendre que cela puisse étonner ses plus vieilles connaissances. Un rire s’échappe de ses lèvres tandis qu’il accueille la mesquinerie de sa meilleure amie avec amusement. « Ton compliment me va droit au coeur. » Répond-il avec sarcasme en levant les yeux au ciel, faussant agacé ; lui ne se voit pas comme elle le voit alors forcément sa transformation physique ne lui parait pas aussi spectaculaire ; mais peut-être l’est-elle, qui sait.

Quoi qu’il en soit le sujet dérive rapidement sur l’état d’esprit de la mécanicienne car le psychologue sait qu’au vu des récents évènements elle ne doit forcément pas être en grande forme. L’homme tente de la réconforter du mieux qu’il le peut, essayant de ne pas trop faire ressortir le professionnel en psychologie en lui, jamais très loin ; il sait que ce genre de détails à tendance à agacer son amie, voir même à la faire se refermer sur elle-même car elle n’apprécie pas particulièrement être psychanalysée. La jeune femme lui explique donc qu’avec sa nièce elles ne se connaissent que très peu car la gamine a grandi loin d’ici, à l’autre bout du pays. Les sourcils de l’homme se froncent dans son attention tandis qu’il demande des nouvelles de Soraya et que son interlocutrice reprend la parole. « Je ne sais pas trop, je t’avouerais. Quand tu la regardes, elle a toujours le sourire, elle ne montre rien. C’est assez déstabilisant je dois dire. Je ne sais pas si je dois aborder le sujet ou non. » À croire que c’est de famille ; peut-être que la mécanicienne ne s’en rend pas compte mais elle aussi a tendance à beaucoup intérioriser sa peine et à faire comme si tout allait bien. La zoothérapeute l’a remarqué il y a bien longtemps, lorsque lui et sa compère n’étaient alors que des adolescents à l’époque et qu’elle a perdu son défunt père. Et cela a continué pour chaque drame dans sa vie ; l’homme en a parfaitement conscience et ne se gêne pas de l’exprimer à voix haute, non sans une autre note de sarcasme. « Tiens donc, ça me rappelle quelqu’un. » Dit-il en lui lançant un regard inquisiteur dissimulé sous un sourire légèrement espiègle.

Elle le remercie ensuite, évoquant le fait qu’il n’est pas psychologue pour rien et cela lui fait plaisir qu’en dépit de toutes choses elle ait tout de même apprécié son écoute et ses conseils. « Je t’en prie. » Lui répond-il simplement avant de détendre l’atmosphère en évoquant l’idée qu’ils se mettent enfin à courir ; après tout c’est pour cela qu’ils sont venus à la toute base. Sa meilleure amie ne semble pas apprécier la petite boutade de Nicholas lorsque celui-ci lui demande si elle se dégonfle. Elle feint l’offense avant de se mettre à cavaler quelques mètres plus loin, lui lâchant quelques mots de plus au passage. « J’espère pour toi que tu ne t’es pas ramolli pendant tout ce temps, parce que je ne te ferais aucun cadeau ! » À ça l’homme rigole à son tour, la rattrapant en quelques enjambées et en la bousculant gentiment. « Ça tombe bien, je ne comptais pas t’en faire en retour non plus ! » Puis il accélère à son tour, tentant de surplomber son avance et de lui faire mordre la poussière. Ses pas se stoppent cependant peu de temps après, la population dans le parc étant devenue trop dense, impossible de faire un jogging digne de ce nom.

Le psychologue se retrouve donc immobile et à hauteur de la jeune femme lorsque celle-ci stoppe leur course avec un certain agacement visible, miroir à sa propre humeur passagère. Il pose ses mains sur ses proches hanches en reprenant son souffle même s’il n’a en vérité pas vraiment eu le temps de s’essouffler ; il acquiesce lorsque son amie exprime à voix haute son ressenti, il y a bien trop de monde autour d’eux et ils ne peuvent pas courir tranquillement. « Bon au moins, ça va nous permettre de discuter un peu parce que j’ai une question qui titille ma curiosité. » Ses yeux clairs fixent à présent les siens tandis qu’il s’attend au pire ; lueur taquine orne ses yeux et il la connait assez pour déjà savoir que ce qui va suivre ne va pas lui plaire. « C’est qui cette sweetballerina sur ton instagram ? Elle aime beaucoup tes photos visiblement. » Évidemment, sa meilleure amie n’a pas pu s’empêcher d’être curieuse ; mais ce n’est pas comme si l’homme se cachait non plus en même temps. « Alors quoi, tu m’espionnes maintenant ? » Dit-il en soufflant du nez. « C’est une jeune femme que j’ai rencontré il y a peu. Elle est étudiante à l’école de danse où travaille Amybeth. » Sinéad connait cette dernière puisqu’ils ont été tous les trois dans la même école. À l’époque le jeune garçon lui avait longuement tourné autour sans que jamais la chose ne se concrétise et de retour à Washington DC il y a peu, cela s’est soldé par un nouvel échec de sa part lorsqu'ils se sont retrouvés ; mais l’homme a fini par se faire une raison, surtout depuis l’arrivée de Makayla dans sa vie : ils n’étaient tout simplement pas fait pour être ensemble. « Et je m’entends plutôt bien avec elle, en effet. » Termine-t-il, un sourire à l’évocation de la danseuse qui hante ses nuits depuis quelques temps à présent ; il s’attend évidemment à tout un tas d’autres questions de la part de sa meilleure amie auquel il n’a pas forcément envie de répondre mais il sait bien qu’il n’y échappera pas. Il en a déjà trop dit, ou pas assez.

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Nicholas & Sinéad

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Parler de ses problèmes à Nicholas c’est un peu à double tranchant. Il est son meilleur ami, celui à qui elle peut tout raconter sans être jugée. Celui qui connait tout de sa vie, de son parcours et des drames qu’elle a déjà affronté. Cependant, il est également psy alors si dans certains cas ses conseils sont bons à prendre et même fortement utiles, il y a toujours le risque de la déformation professionnelle. Les réflexes de psychologue qui prennent le dessus et la psychanalyse qui devient inévitable. Si Sinéad n’a jamais voulu consulter le moindre professionnel c’est parce qu’elle refuse d’être sondée, analysée sous toutes les coutures et que ses erreurs lui soient envoyées en plein visage. Avec Nicho, il y a la délicatesse en plus mais le professionnel n’est jamais vraiment très loin. Sa réplique sur les similitudes entre la nièce et la tante arrache un léger rire à Sin. « Ah oui ? Moi ça ne me dit rien. » Lance-t-elle faussement innocente. Evidemment qu’elle a conscience d’agir de la même façon. C’est tellement facile de se cacher derrière des sourires de façade pour ignorer la peine qui dévore son âme.

Cependant, il est rapidement temps de se lancer dans l’activité du jour, à savoir courir ensemble. Du moins en théorie. Il y a tellement de monde dans le parc que la circulation en devient vite difficile. Chose qui ne manque pas d’agacer Sinéad et de grignoter sa patience. C’est compliqué de courir au milieu d’une foule de promeneurs, de poussettes et de familles sorties pour profiter du temps agréable. Pour des sportifs comme eux, c’est assez frustrant de ne pas pouvoir se dépenser comme ils l’entendent. La blonde pour sa part perd rapidement patience. Elle n’a d’autre choix que de se stopper en attendant que la marée humaine s’étiole et leur laisse davantage de champ libre. Pas question de tout arrêter pour autant, mieux vaut marcher que rester sur place et prendre le risque de laisser ses muscles se refroidir. Sin en profite pour aborder un sujet qui titille sa curiosité depuis quelque temps. Adepte des réseaux sociaux, elle passe beaucoup de temps à zyeuter par-ci par-là, les comptes Instagram de ses amis. Nicholas n’échappe pas à sa surveillance et les commentaires d’une certaine sweetballerina ont attiré son attention. « Evidemment que je t’espionne, ça n’a rien de nouveau ! » Elle secoue brièvement la tête en levant les yeux au ciel. C’est l’évidence même, il sait très bien comment est sa meilleure amie.

Il accepte de lui donner quelques détails, mais trop peu à son gout. Une étudiante donc. Dans une école de danse. C’est tout ? La blonde attend d’autres explications qui n’arrivent malheureusement pas. Il affirme qu’il s’entend bien avec elle mais il s’arrête là. Ah. « Nicho mon chou, tu sais que je reste sur ma faim là ? Je veux plus de détails ! » Lance-t-elle en claquant des doigts. « Tu souris quand tu parles d’elle DONC il y a quelque chose, je veux savoir, dis-moi tout. » Un sourire sur les lèvres, elle glisse son bras sous le sien pour se rapprocher de lui et lui éviter de parler trop fort s’il ne veut pas que son histoire s’ébruite, sait-on jamais. « Comment elle s’appelle ? Est-ce que tu comptes la revoir ? L’inviter quelque part ? Est-ce qu’elle te plait ? Un petit effort mon Nicho, please ! » N’est-ce pas le rôle d’une meilleure amie de le soutenir ? N’est-elle pas censée être au courant de tout ça ? « Tu sais que je peux t’aider en cas de besoin. » S’il cherche des conseils ou même pour l’aider à choisir sa tenue pour un rendez-vous, qu’importe.

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Outfit – La meilleure amie du psychologue ne semble pas vouloir s’étendre davantage sur ses soucis familiaux aussi l’homme n’insiste pas ; ils se mettent à courir puis s’arrêtent par la force des choses. À ce stade, ils n’ont rien de mieux à faire que de recommencer à discuter, choses qu’ils font avec enthousiasme, la mécanicienne s’en donnant à coeur joie pour se montrer comme toujours, bien trop curieuse sur la vie sentimentale de son acolyte. Il commence à lui donner quelques détails concernant l’étudiante en danse dont il s’est récemment épris, mais vraisemblablement cela ne suffit pas à rassasier l’appétit vorace de potins dont semble victime son amie.

Elle reprend la parole, lui faisant tout d’abord remarquer qu’il sourit niaisement en parlant de la jeune femme, les questions s’enchaînant derrière au sujet de cette dernière. La mécanicienne se rapproche de lui en passant son bras autour du sien, de tel sorte que la confession soit plus aisée s’imagine-t-il. L’homme plante alors ses yeux dans ceux de sa meilleure amie, un sourire narquois sur les lèvres. « Je viens de comprendre quelque chose. Ton idée d’aller faire un jogging c’était seulement un prétexte pour me faire subir un interrogatoire en fait ! » Murmure-t-il tout en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes pour la taquiner. Puis il rit de bon coeur avant de soupirer et de reprendre la parole plus sérieusement. Son amie d’enfance mérite des précisions et il sait de toute façon qu’elle ne le laissera pas tranquille tant que des informations à propos de la fameuse « sweetballerina » n'auront pas été apporté. « Elle s’appelle Makayla. J’ai eu un premier rencard avec elle tout juste hier soir, je l’ai emmené dans un restaurant italien et… ça s’est plutôt bien passé je crois. J’ai bien l’intention de la revoir bientôt, enfin si elle le souhaite également. » Le zoothérapeute a toujours été particulièrement discret concernant sa vie intime. Il est réservé de manière général mais encore plus à propos de ses sentiments ; autrement dit, ce n’est pas le genre à s’afficher au grand jour sur les réseaux sociaux ou à hurler sur tous les toits son amour pour une femme. Il a sa propre façon de montrer son affection, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il ne ressent rien, bien au contraire. « Elle est plus jeune que moi alors j’essaye de prendre mon temps et de ne pas trop m’emballer non plus. Même si c’est difficile, elle est vraiment adorable et rafraichissante. » Entre autre ; il y aurait bien d’autres mots pour la décrire, mais ne vient-il pas de dire qu’il ne devrait pas trop s’emballer ?

Sinéad lui propose ensuite son aide avec sa nouvelle conquête en cas de besoin et le psychologue n’a pas besoin d’en entendre davantage pour chercher ses conseils auprès de son amie. Après toutes ces années et tout le chemin parcouru ensemble, il sait qu’elle ne le jugera pas et qu’elle tentera de l’aiguiller au mieux « Tu crois que la différence d’âge peut être un frein à une relation ? J’avoue que cet aspect m’inquiète un peu. » Jusqu’ici l’homme n’a fréquenté que des femmes de la même tranche d’âge que lui, il est donc bien normal que de telles questions le tourmentent un peu.

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