Rosylia A. Torres → I don’t say things I don’t mean, unless it’s ‘sorry’

C'est lors d'une belle journée de juillet 1991, que j'ai pointé le bout de mon nez. Enfant unique de la famille Torres, j'étais très attendue. Mes parents, mariés depuis une dizaine d'années, ont du parcourir un long chemin avant de me rencontrer. Essuyant beaucoup d'échecs. Autant dire que le jour de ma naissance, restera surement le plus beau jour de leur vie. Ma famille est l'une des plus influentes de Washington. Mon père, patron d'une multinationale et ma mère, avocate. Autant dire que c'était un beau duo. Un beau duo au travail mais en tant que parents ... C'était plutôt un flop. J'ai grandi au milieu des nounous et des cadeaux luxueux que m'achetaient mes parents, afin de me faire oublier leur absence. Je n'ai jamais manqué de rien. C'est vrai mais au niveau affectif, j'ai toujours été un peu en retrait, discrète. Dans la maison, aucun cri d'enfant. Simplement, le poids d'un silence très envahissant.

Un jour, alors que je venais de fêter mes 10 ans, ma mère decida de mettre entre parenthèse sa carrière d'avocate afin de se consacrer totalement à façonner mon éducation. Une éducation qui selon elle, devait faire de moi, une fille de bonne famille et respectable. Quelle idiotie. Moi, la seule chose qui m'intéressait, déjà à cet âge-là, c'était la photographie. Alors autant dire que les cours de danse de salon, de posture et de manière, me passait au dessus de la tête. Je détestais ça. J'avais l'impression de me retrouver dans un de ces vieux films de mauvais goût où l'on présentait les jeunes filles à la société ... Le bal des débutantes. Quel cauchemars. Plus je grandissais, plus je redoutais ce moment. Mes parents n'avaient que cet évènement à  la bouche et moi, la seule chose que je voulais réellement, c'était de vivre ma vie. Je n'avais pas beaucoup d'amies à l'école. La plus part des enfants, ne voyaient que la fortune de ma famille. Avec le temps, je commençais à détester le statut de mes parents. D'ailleurs, au lycée, je commença à nier complètement le fait que je venais d'une famille riche. Je m'étais presque inventée une vie ... Fille d'une famille modeste, trop honteuse de son domicile que pour inviter ses amies. Le lycée, c'est aussi la période où je commença à me rebeller contre ma famille. J'ai commencé à fumer, à faire des tatouages dans leur dos. Chaque prétexte était bon pour les contrarier. Je détestais la pression qu'ils me faisaient subir. Je rêvais de liberté. Et eux, rêvaient d'une cage dorée pour m'y enfermer.


L'évènement qui laissa certainement la plus grande trace indélébile sur ma vie, c'est surement le moment où j'étais été forcée de rentrer en faculté de médecine à Washington. De nos jours, les gens ont tendance à penser que nous sommes libres de nos choix et de nos actions. Pourtant, ce n'était pas le cas. Surtout dans une famille comme la mienne. Moi, ce que je voulais, c'était devenir photographe professionnelle et ouvrir une galerie d'art. Mes parents, eux, ce qu'ils voulaient, c'était que je devienne médecin. Un médecin dans la famille, peut s'avérer très utile et surtout, utile pour vanter les qualités de sa fille auprès des plus beaux partis de la ville. Et même si je m'étais pliée aux études, le sujet du mariage arrangé, restait inimaginable pour moi. Malgré de nombreuses disputes à ce sujet, cela n'empêcha pas mon père et ma mère de réaliser des recherches. En ce qui me concerne, malgré les difficultés et les embuches, je m'étais mise à 100% dans mes études avec l'aide de quelques drogues que m'avaient refilé le cercle étudiant. Comme toute addiction, il fallu attendre la fin de mon cursus pour que je puisse m'en débarrasser et encore. Je ne dis jamais non à une petite cigarette magique.

Cependant, même si les études ressemblaient plus à une punition qu'autre chose pour moi. Je fis une rencontre qui permis d'adoucir un peu mon amertume. Alors que nous étions en première année, j'ai fait la rencontre d'Elliott, étudiant en médecine dans la même promo que la mienne. J'avais l'impression de me reconnaitre en lui ... Tout aussi méfiant ... Impulsif ... Et déterminé que moi. Même si avec le temps et beaucoup de patience, nous somme devenus de bons amis, nous ne nous connaissions pas vraiment. Je pense que c'est cette part de mystère qui nous entourait, qui m'a le plus attiré. J'aimais les défis et même si au début, percer ses secrets, était plus un jeu ... Le jeu pris une autre dimension quand les sentiments s'en mêlent. Mais ça, je ne m'en suis rendue compte que lorsqu'il plia bagages sans un mot, sans un aurevoir. Du jour au lendemain, il disparu de la fac et surtout de ma vie. Je lui en ai voulu pendant longtemps. Jusqu'au jour où je me fis une raison. Elliott ne tenait pas autant à moi, que moi à lui et ça, c'était la dure réalité.  Finalement, après m'être apitoyée pendant les vacances, je commença un internat afin de me spécialiser dans la médecine d'urgence.

Pendant les trois années de mon internat, j'ai fais de magnifiques voyages dans des pays du tiers monde. J'ai fais beaucoup de rencontres qui m'ont beaucoup appris et qui m'ont permis de me remettre en question. Je me rendis compte que finalement, même si ma carrière, avait été pilotée par mes parents, j'étais faite pour ce métier. Il m'avait fallu beaucoup de courage et de persévérance mais le jeu en valait la chandelle. Même si aujourd'hui, j'étais médecin urgentiste dans un hôpital, je me languissais du jour où je partirai pour parcourir le monde avec les médecins sans frontières. Loin de cette vie de luxure et des principes familiaux. D'ailleurs, en parlant d'eux et après beaucoup de disputes, mes parents réussirent quand même à me présenter un prétendant au cours d'un diner. Afin de sauver les apparences, j'avais consenti à être en couple avec lui afin d'échapper à la pression constante de mes parents mais ce qu'ils ne savaient pas ... C'est qu'un jour ... Je le quitterai et j'enverrai tout valser sans aucun remord. Après tout, la fortune familiale ne faisait aucunement mon bonheur ...  Par contre, j'étais convaincue que la liberté et l'amour, le ferait surement !