Selyna Bennett - Seul c'est bien, à 2 c'est mieux

Mon histoire commence en 1989… enfin pas vraiment mon histoire, mais l’histoire de ma famille. C’est cette année là que mon frère ainé, Connor a vu le jour. Bref, je vais pas vous raconter sa vie hein (non pas que je m’en fiche, bien au contraire, mais nous sommes là pour parler de moi). C’est le 4 juillet 1997, très tôt le matin que je pousse mon premier cri, quelques minutes (17 minutes pour être précise) avant ma sœur jumelle, Serena. Je suis la 4ème de la fratrie Bennett et ma sœur la 5ème, oui c’est logique merci.

J’ai la chance d’être entourée par une grande fratrie, avec 2 sœurs ainées, un frère encore plus grand et surtout ma sœur jumelle. Nous sommes les petites princesses, même si je suis plutôt le genre de princesse Rebelle… Tu vois les garçons dehors qui joue au foot et aux autres trucs de mec ? Ben j’aimerai bien être avec eux, mais non, les filles ca joue pas à ça. Donc je me glisse dans le moule de mes sœurs et deviens presque une vraie petite fille.

Au fil des années, mon image paternelle, c’est Connor, mon grand frère qui me la donne. Ouais, papa est quasiment toujours au travail et du coup, l’ainé se retrouve propulsé à la place de patriarche. Je me confie à lui comme j’aurai pu le faire à mon père, sans oublier qu’il est mon frère quand même. Au bout de quelques temps, papa demande maman en mariage et je suis la petite fille la plus heureuse du monde ! Voir maman en véritable princesse c’est très joli et le sourire qui se dessine sur son visage, je ne l’avais jamais vu resplendir si fortement.

Quand j’ai   ans, j’ai découvert la guitare et je suis littéralement tombée amoureuse de cet instrument de musique. J’ai commencé à faire des petits tâches pour gagner de l’argent de poche afin de m’en acheter une rien qu’à moi. La musique devient mon petit jardin secret.

Même si papa commence à être plus présent pour nous, ma figure masculine, ca reste Connor et je vais toujours lui raconter à lui ma journée plutôt qu’à mon père. Je ne sais pas si cela le touchait réellement, mais je pense quand même. Il se rendait compte qu’il avait perdu plusieurs années à travailler au lieu de voir ses enfants grandir.

Après quelques années, lorsque je m’approche de mes 11 ans et de ma crise d’adolescente, ma vie est chamboulée un matin. Je vois papa se faire emmener les menottes aux poignets. On l’accuse de détournement de fonds. Je reste abasourdie mais fait bonne figure devant le restant de la famille. Toute la fratrie se met à faire ce qu’ils peuvent pour aider maman à payer les avocats et tout ce qui va avec. Je ne suis pas assez vieille pour travailler, mais l’argent de poche que je gagne en gardant les enfants du voisinage, je le glisse à maman, même si elle n’a pas envie de l’accepter.
J’ai commencé à ce moment-là à faire du yoga, pour me canaliser et pouvoir être le plus zen possible à la maison. J’ai appris à gérer mes émotions pour être un soutien inconditionnel à toute ma famille.

Quelques semaines ou mois plus tard, je ne me souviens plus exactement, maman reçoit un coup de téléphone. Papa a commis l’irréparable, ne supportant pas la vie en prison. La cérémonie d’adieu se fait dans l’intimité, les larmes coulent sur toutes nos joues. Je sens que les jours à venir vont être difficile à vivre et je soutiens Serena du mieux possible. Je ne sais pas pourquoi, mais je vis la perte de papa un peu moins violemment que mes sœurs. Connor, je ne le mets pas dans le même panier, parce qu’il montre que c’est lui, l’homme de la famille. Je suis affectée par son décès, c’est une certitude, mais je le cache mieux ou le gère mieux, je ne sais pas exactement.

Alors qu’on a une vingtaine d’année, Serena et moi décidons de prendre un appartement ensemble. Il nous est impossible d’imaginer la vie l’une sans l’autre pour le moment. Je suis entrée à la John Kennedy Academy pour poursuivre mon chemin en tant que guitariste. Depuis le lycée je fais partie d’un groupe « Obsidian » et c’est un peu ma seconde famille. En parallèle de mes études, j’ai trouvé un petit emploi comme serveuse afin de pouvoir payer le loyer et les factures qui entrent. On se sert les coudes sans forcément rouler sur l’or, mais on s’en sort quand même. Les hommes ? ce n’est pas quelque chose qui m’a beaucoup préoccupé jusqu’à présent, mais depuis quelques semaines, j’ai rencontré une personne qui m’ouvre les yeux sur la vie de femme entière. Je n’en ai pas encore parlé à ma famille, parce que j’ai peur de leur réaction. Enfin, la seule personne à qui j'en ai touché un mot, c'est Serena. Elle sait que j'ai rencontré quelqu'un mais pour le moment, c'est assez flou il faut le dire. Je ne sais pas ce que je me veux ni vraiment où je vais. Ce dont je suis sûre c'est que jamais je ne laisserai ma soeur pour un homme.