Papa va mieux, c'est ce qu'il leur a dit. Et c'est vrai ça se voyait, il avait moins besoin de faire des allers retours à l'hôpital pour sa maladie. Il avait repris des forces et tout semblait aller pour le mieux. En rémission, c'est le mot qu'il avait utilisé même si lui ne savait pas ce que voulait dire ce fichu mot. Alors pourquoi ils se retrouvent tous encore dans cet hôpital ? Ca pue en plus. Il n'a que sept ans, il n'est pas sûr de comprendre tout ce qu'il se passe mais il comprend que quelque chose ne va pas. Ne serait-ce qu'à l'expression sur les visages de ses sœurs et sa mère. Elles sont inquiètes. Et ça ne va pas en s'arrangeant quand il demande à les voir séparément chacun leur tour. Il est le dernier. Il a vu revenir chacune d'entre elles en pleurs ou les yeux encore rouge. Son petit cœur bat fort et tout ça lui fait de plus en plus peur. Il glisse de sa chaise pour retrouver le sol et suis l'infirmier non sans un dernier regard à sa mère. Une fois dans la chambre il voit son père sur le lit d'hôpital, branché par des tubes. Il ne l'avait jamais encore vu comme ça, on ne le laissait pas entrer en général.
"Ils t'ont attachés plein de trucs pour pas que tu t'en ailles ? Si veux je peux te détacher et on s'enfuis par la fenêtre ?" à chaque problème sa solution non ? C'est ce qu'il lui a toujours répété. Le sourire de son père s'étire et il lui fait signe d'approcher.
"Ces tubes sont la pour m'aider à tenir un peu plus longtemps, le temps qu'il faut" Popeye ne comprend pas. A tenir quoi ? Il ne tient rien la. Il ne tien même pas debout, y'a déjà le lit pour l'aider à tenir et pas tomber, pourquoi il a besoin de ça en plus ? Et puis le temps qu'il faut pour faire quoi ? Guérir ? Ca le guérit les tubes ?
"Il faut que je te parle bonhomme." il fourre sa main dans les cheveux du petit roux pour lui ébouriffer, ce qui lui arrache un petit rire
"T'es un grand garçon maintenant" il hoche vivement la tête
"J'ai bientôt huit ans !" et il ne s'en rend pas vraiment compte que son sourire est attristé, à celui qui l'a élevé.
"Je sais que ça peu faire peur d'être le seul homme au milieu de quatre filles, moi même avant que t'arrives j'étais le seul avec elle, mais je compte sur toi pour prendre soin d'elles d'accord ?" comment ça sur lui ?
"Et elles prendront soin de toi aussi, il va falloir vous soutenir" au fur et à mesure que son discours avance le sourire du rouquin disparait.
"Ta mère va bien gérer je ne m'en fait pas pour ça mais il va falloir que tu lui donnes un peu plus de coup de mains d'accord ? Que tu te prennes un peu plus en main tout seul aussi, comme un grand" sans toujours réellement comprendre pourquoi il hoche la tête
"Dahlia est grande et je sais que vous vous voyez un peu moins depuis qu'elle a quitté la maison mais il est important de continuer à prendre des nouvelles et vous voir régulièrement. La famille c'est très important Poppy, elle sera toujours la pour toi et faut que toi aussi tu sois toujours la pour elle" les informations se bousculent dans sa tête. Est ce qu'il leur a dit tout ça aux filles ? Que c'est pour ça qu'elles ont pleuré ? Non ça ne peut pas être que ça. Elles sont solides, c'est sûr que ça les déranges pas de devoir aider leur mère et se soutenir
"Quant à Sig et Sin elles sont la si tu as besoin, mais je veux que tu gardes un oeil sur elles. Ca va être compliqué, elles traversent une période difficile, je compte sur toi, d'accord mon grand ?" Sigrid et Sinéad, ce sont les jumelles. Elles ont seize ans et c'est vrai que ça a l'air d'être le bordel dans leur vie. Son père lui prend la main, captant à nouveau toute son attention
"Pour moi il est temps de partir" encore une fois il hoche la tête
"D'accord" à nouveau ce sourire triste et il lui caresse la main
"Tu comprends ce que ça veut dire ? Va falloir être fort maintenant" ben il l'est, fort.
"Mais tu reviens quand ?" les yeux déjà rougis de son père se mettent à s'embuer. Merde, finalement c'est lui qui l'a fait pleuré. Mais pourquoi ? Il n'a rien dit, il ne voulait pas lui
"Mon chéri je.. Je vais pas revenir. Pour moi l'histoire s'arrête ici. La vie. Je vais aller au ciel, on ne se reverra pas avant un très long moment.." ça y est. Il a compris. Le cœur si lourd qu'il a dégringolé dans ses chaussettes. Il ne reviendra pas. C'est pour ça qu'il lui a dit tout ça. Il va mourir. Après quelques secondes figées les traits du visage du gamin se tordent de douleur et c'est à son tour de se mettre à pleurer. Malgré les paroles de son père rien n'y fait il ne s'arrête pas. Il s'accroche à lui. Sur le lit, serré contre lui. Il pleure tellement qu'il fini par s'endormir d'épuisement. Monsieur Sörvik, ou comme le dirait toute sa famille, le meilleur papa du monde, s'éteint la nuit suivante, dans son sommeil.
Il va rentrer ce soir, mais il traine juste encore un peu avant. Il sait qu'il doit rentrer s'il ne veut pas inquiéter tout le monde. S'il était petit à l'époque il se rappelle encore de la fois où, après la mort de leur père, Sin s'est barrée plusieurs jours sans donner de nouvelles. Ca a été l'enfer à la maison. La panique total. Dire qu'elle s'était repointée comme une fleur avec la gueule amochée. Ils l'ont tous autant détesté ce jour la qu'ils ont été heureux de la revoir en vie. Il ne leur fera pas vivre ça une deuxième fois. Mais pas besoin de ne pas rentrer pour faire des conneries après tout non ? Après les cours il a largement le temps. Mais à cet instant il devrait y être en cours. Il ne peut pas sécher trop souvent sinon il va se faire virer et devra être envoyé autre part. Mais on ne va pas se mentir il ne doit pas beaucoup manquer aux profs l'emmerdeur du fond de la classe.
"Bon tu les veux ou pas ? C'est complet ils ont vendu toutes les places donc à moins que t'aies quelqu'un d'autres sous le coude j'suis ta seule chance de pouvoir y aller cette année" et ça ne sont pas ses yeux doux qui vont l'attendrir. Le prix est déjà plus que raisonnable
"Maais Pop j'ai plus d'argent de poche pour ce mois ci" il secoue la tête
"C'est pas mon problème" s'il se met à donner au lieu de vendre il est pas prêt de faire des bénéfices
"Tu peux pas me faire crédit, je te donne l'argent le mois prochain ?" un long soupire s'échappe de ses narines
"C'est non Dona, j'suis pas ta banque" sérieusement il en a pas la gueule.
"Laisse tomber, si tu peux pas trouver l'argent je trouverai bien quelqu'un d'autre à qui les refourguer" c'est quand il s'apprête à les remettre dans sa poche qu'elle l'arrête en posant sa main sur son poignet.
"Et sii.." il fronce légèrement les sourcils à la voir rouler des hanches pour effacer la distance. Sa poitrine venant se presser contre son torse. Elle se redresse sur la pointe des pieds, ils sont si proche qu'il peut sentir son souffle chaud s'écraser contre sa peau. D'un doigt elle vient caresser la peau de porcelaine mouchetée de sa joue en se mordant la lèvre
"Et si je t'invitais chez moi, qu'on puisse s'amuser un peu..." sa main redescend entre ses jambes
"Si tu vois ce que je veux dire" ses yeux s'abaissent sur sa poitrine. Elle a deux ans de plus que lui, elle en a seize. Elle a déjà des formes de femmes et lui il est encore vierge. Il a bien compris ce qu'elle propose et il hésite une seconde. Mais une si belle occasion d'enfin tremper son biscuit et en plus de ça avec une belle fille ça ne se loupe pas non ? Il hoche doucement la tête
"Okay ça me va, deal" tant pis pour l'argent des billets, après tout ça n'est que lui qui le perd. Il y gagne autre chose. Même si comme ça ça ressemble un peu à de la prostitution. Ceci dit ça n'est pas la première fois que Dona flirt avec lui donc il se dit qu'elle ne le fait pas contre ses envies non plus et c'est largement suffisant pour qu'il fonce tête baissée. Le soir même il a prévenu sa mère qu'il rentrerait tard mais qu'il était pas dehors. Chez une amie. C'est ce qu'il a dit. Même si Dona n'est pas son amie. La maison est vide quand il arrive. Enfin elle est la elle bien sûr, mais pas ses parents. Refusant d'affronter son jugement il ne lui dit pas qu'il est puceau. Il fait comme s'il savait faire et visiblement il a dû mal s'y prendre quelque part parce qu'au moment de s'occuper de lui... rien à faire. Il reste mou. Impossible de bander. Il se sent terriblement mal à cet instant. Surtout que même si elle ne dit rien il le voit qu'elle se vexe de ne pas réussir à l'exciter
"Je.. je suis désolé je pense que.. qu'on devrait arrêter la" il se relève un peu précipitamment et se rhabille maladroitement
"C'est pas toi le problème, je pense juste que j'ai trop de choses en tête, c'est ma faute mais tien" il plonge la main dans sa poche et lui pose les deux billets de concert sur le matelas
"Prend les, après tout t'as tenu le marché" il sort et la laisse la, dans sa chambre. En passant par le rez-de-chaussée, bien qu'un peu perturbé par ce qu'il vient de se passer, il ne perd pas le nord et s'arrête pour piquer quelques bijoux dans la salle de bain avant de se barrer.
Assis sur le canapé devant les dessins animés il regarde bien plus l'écran de son portable. Un peu nerveux. Il pianote rapidement dessus en tapotant du talon contre le rebord de la table basse
"Arrête Tonton tu fais du bruit" il tourne la tête vers la petite blonde de huit ans. Soraya, la fille de sa plus grande sœur. Ils n'ont que sept ans d'écart tout les deux donc il l'a voit un peu comme une petite sœur. Encore une fille. Il n'est entouré que de ça. Mais celle ci ne veut qu'une chose et c'est pouvoir écouter son dessin animé. Il arrive qu'il dépanne Dahlia en la gardant de temps en temps le week-end, comme la. C'est une fille intelligente, comme sa mère. Bien plus intelligente que lui à n'en pas douter. Lui il n'est que le tonton qui lui apprend des conneries et qui aborde des sujets avec elle qu'il n'est pas censé aborder vu son âge. Il regarde à nouveau son portable quand celui ci vibre entre ses mains puis soupire en le balançant à côté de lui sur le canapé
"Je crois que j'viens d'me faire larguer.. encore" parce que c'est pas la première. S'il est doué en amitié il l'est beaucoup moins en amour. En un peu plus d'un an, après cette expérience loupée avec Dona, il a eu plusieurs petites amies. Mais toujours la même histoire. Toujours le même problème
"Parce que t'as fait trop de bruit avec elle aussi ?" un souffle amusé s'échappe de ses narines alors qu'il sourit. Il tourne la tête vers elle à nouveau, complètement vautré contre le dossier
"Je crois que y'a quelque chose qui déconne chez moi. Faudrait que j'aille voir un médecin. Ces filles elles sont toutes très jolies mais.." non Popeye, tu ne peux pas aller jusqu'à parler de bande devant ta nièce.
"Tu te rappelles quand je t'ai expliqué que deux personnes pouvaient se faire des câlins tout pareil que quand ils veulent faire des bébés mais sans en faire ? Juste pour se montrer qu'ils s'aiment bien ?" coupable, il lui en a réellement parlé. Sans entrer dans les détails bien sûr. Il reprend quand elle hoche la tête
"Et ben, j'arrive pas à faire des câlins aux filles, pas dans le lit, mon corps il fonctionne pas quand j'essaye" il soupire à nouveau. C'est sûr que y'a un truc qui va pas. C'est pas normal. Pourtant quand il est tout seul et qu'il se branle il n'a pas ce problème de panne. Et c'est probablement ce qui les énerve toutes. Le fait qu'il est capable de bander mais qu'il n'y arrive pas avec elles. Parce que ça n'est pas juste une panne une fois. C'est à chaque fois.
"Si tu marches pas avec les filles, essaye avec les garçons" elle hausse les épaules et se reconcentre sur son dessin animé en mangeant sa glace. Elle le laisse comme ça après avoir balancer ça le plus innocemment du monde. Cette gamine le surprendra toujours. Il ne répond pas. Il ne dit rien en fait mais ses pensées elles, elles ne cessent de s'exprimer. Il ne l'a jamais réellement envisagé. Pour lui il s'était toujours dit qu'il aimait les femmes. Il les trouve belles après tout. Il essaye de virer ça de son esprit mais dans les jours qui viennent ça ne cesse de lui trotter dans la tête. Ca le travail encore et encore. Alors un soir il saute le pas et, par curiosité, il se rend dans un bar gay. Absolument pas à l'aise au départ, surtout qu'il fait tâche, aussi jeune au milieu d'adultes. Il a tout juste seize ans et même s'il fait un peu plus la barmaid refuse de lui donner un verre. Okay. Donc il doit rester ici et potentiellement tenter un truc en étant sobre. C'est pas gagner. Mais il n'a rien à faire, c'est un homme qui vient lui même l'aborder. Un travelo plus exactement. Un peu réticent il se laisse embarquer dans les toilettes et l'homme lui baisse son froc pour lui tailler une pipe. S'il a du mal à se détendre au départ il finit par y parvenir quand il constate qu'il arrive enfin à ressentir cet effet que personne autre que lui n'a réussis à lui procurer. Enfin il prend du plaisir. Il finit même par en jouir. Ca remet encore plus en doute tout ce qu'il croyait vrai sur lui même. Mais cet homme il ressemble à une femme. Donc peut-être que son cerveau a été trompé par son apparence, peut-être que les femmes peuvent l'exciter. Il ne perd pas de temps. Le soir même il retourne chez son ex. Il lui saute dessus et vu qu'elle lui renvoie sous engouement il continue. Déterminé. Et ils arrivent à baiser cette fois ci. Mais d'une façon qui n'est pas la bonne. Il n'a fait que penser au travelo et à d'autres hommes. Tout le long. Il n'a pensé qu'à des hommes et il a réussi à tenir. Il a beau se tourner ça dans tout les sens pendant qu'il reprend son souffle dans son cou il n'arrive toujours qu'à une seule explication
"Je sais pas ce que t'as pu avoir comme déclic mais wahou.. Peut-être qu'on pourrait retenter quelque chose après tout.." elle a le sourire aux lèvres quand il redresse la tête mais lui pas
"Non la c'est sûr c'est définitivement finit entre nous, bonne journée Celia" il se rhabille rapidement pour s'en aller. La laissant probablement complètement dans l'incompréhension. Mais pour lui tout est clair cette fois ci.
Il n'attend pas. C'est en trombe qu'il débarque chez Sin. Il n'a pas envie de le cacher, il refuse d'en faire une honte qui prendra de l'ampleur jusqu'à en être un monstre. Ce sont ses sœurs, il peut tout leur dire. Et puis Sin est bi. C'est pour ça qu'il commence par elle. Mais en rentrant il remarque que Sig est la aussi, rien de vraiment surprenant. Il frappe dans ses mains, une fois seulement
"Parfait ! Faut justement que je vous parle à toutes les deux" bonjour ? Comment ça va ? Non osef de tout ça, il garde les banalités pour les autres. Debout devant les deux assises sur le canap, il est peut-être un poil nerveux d'accord.
"Okay heum.. je sais pas vraiment comment j'suis censée annoncer ça alors je vais juste le dire.. Je suis gay." ça y est c'est balancé. Ca n'a pas trainé mais au fond tant mieux. Il n'aurait fait que se ridiculisé s'il avait trop tourné autour du pot. La première à réagir fut Sinéad
"Enfin tu t'en rends compte, c'est pas trop tôt" il arque un sourcil. Comment ça ? Mais Sigrid réagit à son tour avant qu'il n'ouvre la bouche. D'un simple
"Ok" okay ? Bon ben.. okay alors tout va bien ? Il sourit finalement
"Okay. Super. Mais att comment tu sais toi ? J'viens tout juste de m'en rendre compte ?" oui c'est bien à Sin qu'il s'adresse. Parce que sa réponse laisse clairement penser qu'elle le sait depuis longtemps. Apparemment ça serait lors des soirées dans lesquels elle l'a embarqué qu'elle s'en est rendu compte. A-t-il inconsciemment regardé des mecs ? Ou bien totalement ignoré les filles qui cherchaient à flirter ? C'est pas impossible, mais ce con la ne l'a même pas calculé lui même. Suite à ça il s'est demandé si sa vie allait changer mais au final à part sa vie sexuelle, qui est bien plus comblée qu'avant, il n'a rien changé. Il agit toujours de la même façon. Il s'éclate, s'amuse sans chercher à savoir ce que les gens peuvent penser de lui maintenant qu'il assume ouvertement être gay. Au tout départ il a appréhendé. Mais au final la plus part des gens réagissent bien, même si y'a toujours quelques connards pour faire chier. Comme ce type a la sortis de boite.
"Les tarlouzes devraient rester entre elles au lieu de venir se trémousser à la place des femmes. Personne n'a envie de voir ça" le virage sur le côté ne se fait pas attendre. S'il s'en bat les couilles des jugements il n'est pas pour autant question de se laisser insulter sans réagir. En le voyant arriver vers lui le mec se marre
"Ben alors mademoiselle est pas contente, elle va faire quoi la tafiole ? Me griffer ?" arrivé à son niveau il lui fout une droite sans prévention. Il s'en bat les couilles qu'il ai bu ce mec. Il s'en bat les couilles que ça ne soit pas équitable. Il n'a pas de compassion pour les cons de cette espèce. Il lui refout un coup puis un autre. Il l'attrape par le col et le pousse contre le mur
"Voilà ce que c'est se battre comme une tapette, tu réfléchiras à deux fois la prochaine fois que t'auras envie d'ouvrir ta gueule un peu trop grand" il le relâche. A moitié KO il glisse contre le mur jusqu'à se retrouver au sol. Pauvre type. Il lui crache dessus et fait demi tour en s'allumant une clope. Un sifflement lui fait relever la tête pour chercher d'où il vient
"J'aurais pas voulu être à sa place" ça y est trouvé. Le mec contre sa bagnole
"C'était mérité" il hausse les épaules et pense continuer son chemin mais le mec se remet à parler
"Dans ce cas j'aurais bien voulu être à ta place" il arrive finalement à lui dérocher un sourire et il se tourne vers lui une seconde en tirant sur sa clope. Okay. Finalement il se dirige vers lui, intrigué, pour taper la causette. Harvey. C'est un drôle d'oiseau Harvey. Il l'apprend bien rapidement. Il a son univers à lui, ses phases. C'est un rayon de soleil ce mec. Imprévisible, sensible, fragile. Il ne lui ressemble pas beaucoup mais leurs différences les ont beaucoup rapproché au final. Ils se complètent. Ils en viennent même à emménager ensemble, en colocation. Rien d'ambiguë entre eux. C'est son meilleur pote. Ce frère qu'il n'a jamais eu.
Il manque de se viander en se retenant à la dernière seconde de marcher sur le chat allongé au milieu du couloir.
"Putain Harv encore un ? Sérieusement ?!" ras le cul de ces bestioles tout le temps ! Bon okay il est probablement un peu énervé parce qu'il a faillit se manger le sol mais il ne déteste pas les animaux. C'est juste qu'il en voit passer pas mal vu qu'Harvey s'est inscrit sur une appli pour garder les animaux de compagnie de ceux qui partent en vacances. Sauf qu'il ne le préviens pas toujours. Mais bon au moins ça fait rentrer des sous. Vu la façon dont il en fait rentrer lui, il ne peut pas vraiment l'ouvrir. Revendre du matériel voler et faire quelques allés retour dans les pays voisons avec des cartouches de clopes c'est pas franchement l'idéal.
"Hey tu vas où comme ça t'es censé me couper les cheveux tu te rappelles ?" il lui secoue négativement l'index si proche du nez qu'il le fait loucher
"Pas maintenant j'ai le groupe à aller voir" c'est vrai. Son groupe de soutient pour son problème d'alcool. Comme s'il avait réellement envie d'arrêter. A vingt pige à vivre avec son meilleur ami ils renvoient parfois l'image d'un vieux couple. Pourtant ils n'ont jamais fait quoi que ce soit ensemble d'ambigüe. Tout est très simple entre eux. Même la relation qu'il a avec son petit frère, Kai, est plus ambiguë que la leur. Pourtant rien de fou. Le jeune brun s'est mis à flirter y'a quelques semaines de cela, ou peut-être mois. Poppy est entré dans son jeu. Après tout rien de sérieux ils s'amusent juste non ? Tiens d'ailleurs en parlant du loup. A peine Harvey partis que son frère frappe à la porte.
"Il est pas la, mais si t'as rien à faire tu peux t'occuper de mes cheveux" et c'est la que tout a dérapé. Parce que ça n'est pas de ses cheveux dont il s'est occupé. Il ne sait à quel moment ça a basculé de l'amusement au sérieux. Peut-être que pour Kai c'était on ne peut plus sérieux dès le départ et qu'il n'a juste rien vu. Dans tout les cas il ne s'attendait pas à ce qu'il lui saute dessus. Pris au dépourvu il l'a tout d'abord repoussé mais après quelques secondes de réflexions c'est finalement lui qui s'est recollé au bouclé pour l'embrasser à nouveau. Il met quelques minutes avant de le comprendre, il est sa première fois avec un mec. Il ne se montre pas forcément plus délicat pour autant mais ils prennent tout deux un pied d'enfer. Est ce qu'il l'a regretté ? Non. Frère de son meilleur ami ou pas il est à présent majeur et ils sont tout les deux consentants. Harvey sait comment il est. Ils n'ont jamais fait de pacte de ce genre entre eux. S'il venait à coucher avec une de ses sœurs, du moment où tout se passait bien, y'aurait aucun problème. Non il n'a pas honte de ce qu'il s'est passé entre eux. C'est quelques semaines plus tard que tout s'écroule autour de lui. Il a cette impression que le sol se dérobe sous ses pieds et que son âme dégringole. Il a cogné le flic qu'est venu lui apprendre la nouvelle. Gueulant que ça n'était que des bobards. Ils ont du l'immobiliser le temps qu'il se calme. Il lui ont raconté comment il a été retrouvé. Harvey. Dans cette chambre d'hôtel. Bien habillé et bien coiffé, allongé sur son lit. Depuis quand ce fils de pute sait se coiffer correctement ? Avec ses cheveux impossibles à dompter la. C'est faux c'était pas lui ! C'est pas lui.. A chaque détail qu'ils lui donnent en plus l'image se construit un peu plus dans son esprit et rend ça plus réel. La douleur s'intensifie et fur et à mesure qu'il réalise. Plaqué au sol, les bras coincés dans le dos il arrête petit à petit de lutter. Relâchant son front contre le parquet. Ses joues écarlates inondées par sa peine. Ils finissent par le laisser. Ils ne lui ont pas dit mais il le sait. Il s'est suicidé. Il sait que c'est ça et il s'en veut à mort. Comment n'a-t-il pas pu remarquer les signes ? Il avait ses phases noires mais ça avait toujours été le cas depuis qu'il le connaissait. Pourquoi la ? Pourquoi maintenant ? Il a pété un câble, seul chez eux. Sa rage, sa douleur, sa tristesse, tout est ressortis d'une seule façon. La violence. Il a quasiment tout détruit avant de s'effondrer sur le lit de son meilleur pote. Il l'a très mal vécu. Il a mit du temps à s'en remettre, si on peut réellement dire qu'il s'en est remis. Il le prétend en tout cas. Harvey était une des meilleures personnes qu'il connaissait. Il méritait de vivre. Il avait encore tant de choses à vivre.
Il n'a pas pu rester dans cet appartement. Il voyait Harvey partout où il posait les yeux. Des souvenirs qui s'animaient dans chaque pièce. Putain même en regardant les magnets sur le frigo il pensait à lui. Le revoyait se marrer quand il a vu sa tête après avoir collé ces atrocités. Et à chaque fois il avait la boule au cœur. Il a rendu l'appart. Il a été squatter chez les jumelles, parfois chez l'une parfois chez l'autre. Semant ses affaires ici et la. Parfois ne rentrant pas chez la bonne jumelle parce qu'il avait trop picolé. Oui cette période a été compliquée il s'est retrouvé dans des états lamentables. Il lui a fallu un peu de temps pour se reprendre en main mais il a réussi. Il s'est trouvé un nouvel appart. Rien de ouf. Un petit deux pièces pas très neuf mais c'était suffisant. Première fois qu'il vient officiellement se poser chez lui il a à peine le temps de tourner la clé dans la serrure que la porte d'à côté s'ouvre sur une jeune femme avec un look très singulier. Il ne peut s'empêcher de la regarder de la tête aux pieds
"C'est toi le nouveau locataire ?" elle lui tend la main, toute sourire
"J'suis ta voisine mais tu peux m'appeler Jess" ouais ça, qu'elle est sa voisine, il l'a plus ou moins deviné. Il attrape sa main pour lui serrer
"J'suis Popeye mais tu peux m'appeler voisin" à sa réaction il retient un sourire et rentre chez lui pour refermer la porte derrière lui. Qui aurait cru que cette Jess allait se montrer si envahissante. Toujours à frapper à des heures pas possible, à avoir besoin d'une chose ou d'une autre et parfois à lui apporter de quoi manger parce qu'elle en a trop fait pour elle toute seule. Au début il a trouvé ça super chiant. Puis, aussi surprenant que ça puisse paraître il a fini par s'y attacher et ses intrusions ainsi que ses commentaires constants lui manquent presque quand il ne la voit pas pendant plusieurs jours.
"T'es au courant que toi tu vies à côté ?" parce que parfois il a l'impression qu'elle passe plus de temps chez lui. Il l'envoie chier de temps en temps mais au final c'est jamais vraiment sérieux. Jess. Un sacrés putain de numéro celle la. Pendant plusieurs années ils se sont vu quasiment tout les jours et ont développé une amitié très forte. Très saine aussi étrangement parce que très franche. Aucune pudeur et aucun tabou entre eux. Rien de tordu non plus pourtant on pourrait croire que si en le voyant la tête sous les draps, entre ses jambes. Sauf qu'au final il est en train de l'épiler parce qu'elle veut pas se payer l'esthéticienne. Il a continué à la voir très souvent après avoir déménagé. C'était un peu la galère niveau fric et Kai, le frère d'Harvey, lui a proposé de venir chez lui. Au départ il n'a pas voulu. Ne voulant dépendre de personne. C'est en usant de l'argument tout seul dans sa grande maison et en acceptant qu'il lui paye un loyer qu'il a fini par l'avoir. Pop ne regrette pas. Il ne paye pas cher et il vit dans le luxe, ça lui change ! Il a vingt-cinq ans quand il emménage. La colocation avec Kai fonctionne plutôt bien et puis quelque part il a la sensation de pouvoir veiller sur le petit frère de son meilleur pote de cette façon. Un peu comme si c'était son petit frère à lui. Il a juste du demander à Jess de se calmer sur les visites impromptues, ce qui a été assez compliqué vu son amour pour la salle de bain de cette baraque. Quelques mois plus tard Poppy apprend une mauvaise nouvelle. Encore une. Sinéad a fait une fausse couche. Coup dur pour la famille et surtout pour Sin. Elle a été la pour lui alors il fait en sorte d'être la pour elle pendant cette période difficile. Il n'a jamais oublié les mots de son père avant de rendre l'âme. Il prendra toujours soin de ses sœurs. Mais il échoue. Le quinze décembre deux mille vingt. Il y a quelques jours. Alors qu'il s'apprêtait à appeler sa nièce pour lui souhaiter un bon anniversaire, on lui apprend qu'elle a eu un accident de voiture avec ses parents. Ni une ni deux il se rend à l'hôpital. Mais c'est trop tard pour Dahlia et son beau frère. Ils sont partis... Sa plus grande sœur n'est plus... S'il se demandait s'il avait encore des morceaux de son cœur intacte il se rend compte que oui quand il les sens se briser. Qu'est ce qu'elle a cette famille ? Quelle malédiction leur est tombée dessus pour qu'ils aient à subir toutes ces pertes ?! C'est Sin qui récupère la garde de Soraya. Quant à lui... Quant à lui il se perd lui même encore une fois.