Isabel Jimènez

1. Petite, j’étais une passionnée de piano au point ou je pouvais passer ma journée à jouer sans m’arrêter et j’étais douée très douée, mais je suppose que mon père à dû en avoir marre de me voir derrière ses touches à longueur de journée puisque du jour au lendemain celui-ci a simplement disparu sans laisser aucune trace. J’ai bien demandé un piano pour Noël et mon anniversaire les années suivantes, mais mon souhait n’a jamais été exaucé. Je sais aujourd’hui que mon père ne voulait pas qu’un désir de faire carrière dans la musique s'empare de moi et que pour être certain que cela ne se produise pas, il a préféré me priver de ce qui me plaisait. Avoir un piano est un rêve d’enfant que je n’ai toujours pas réalisé.

2. Je n’ai pas été malheureusement en grandissant bien que mon père a toujours dicté mes pas les uns après les autres jusqu'à choisir la classe d’homme que je devais fréquenter, je ne peux pas dire que j’ai été malheureuse. Mais je ne dirais pas non plus que j’étais heureuse, je pense que l’être humain essaie toujours de faire de son mieux et que malheureusement sur certains points il aurait pu faire davantage. Mon avenir dans cette famille était tout tracé et il m’a fallu du courage pour tout foutre en l’air et prendre m’ont envole, mais je n’ai pas de regret absolument aucun.

3. Quitter la maison en envoyant valser tous les codes de conduite, d’éducation et l’avenir qui m’était soigneusement préparé a été pour moi une libération. J’avoue cependant que rien n’a été facile pour moi quand je me suis retrouvée seule sans savoir ne serait-ce que cuisiner un œuf… La chute a été brutale, mais je me suis relevé et je ne suis pas morte de faim !

4. Normalement, j’aurais dû être avocate et j’aurais dû épouser le fils d’un ami de mon père, mais je ne suis rien de tout ça. Aujourd’hui je suis résidente en chirurgie pédiatrie, il me reste encore deux ans pour devenir chirurgienne. J’aime mon métier à un point inimaginable ! Cependant l’amour ne fait pas partie de ma vie à l’heure actuelle et je doute que l’amour fasse un jour partie de celle-ci.

5. On pourrait croire que tout m'est tombé dans les mains même après avoir quitté le domicile familial, mais ce n’est pas le cas. Je me souviens encore de la remarque de mon père quand j’ai ouvert la porte d’entrée avec mon sac à l’épaule et de son regard, sa phrase résonne encore dans ma tête << Laisse femme quand elle aura compris que la vie est trop dure pour elle, elle reviendra >> ses paroles ont fait ma force et ma détermination puisqu’il était pour moi impensable de rebrousser chemin.  Pour réussir ce que j’entreprenais sans demander d’aide, j’ai fait tout ce que j’ai pu en étudiant comme une acharnée et en travaillant à côté le soir pour payer la chambre minable qu’on m’avait gentiment louée à l’époque. Je sais que j’aurais pu prendre l’argent du compte qui est le mien ou des millions pour ne pas dire milliard dorment, mais je ne voulais pas réussir grâce à ma famille. J’ai malheureusement glissé dans les ténèbres puisque la fatigue, le stress, l’angoisse ont eu raison de moi et que je me suis laissé entraîner comme une débutante dans la drogue et dans les bras de cet homme qui m’en vendait. À chaque fois que je me droguais, tous mes soucis s'évaporent et je me sentais libre mon histoire avec lui, elle a durée un moment et je pensais réellement qu’il m’aimait, je pensais qu’il prenait soin de moi qu’il me piquait en preuve d’amour, mais la réalité a été toute autre.

6. Un soir alors que j’étais totalement défoncé puisque je m’étais piqué on se promenait dans la rue tranquillement quand des hommes nous sont tombés dessus. J’ai rapidement compris qu’il devait de l’argent à ses hommes et qu’il devait rembourser immédiatement une partie de sa dette. J’ai mis du temps à comprendre ce qui était en train de se passer, mais l’information est finalement montée à ma cervelle ramollie par l’effet de la drogue… Alors qu’il s'éloignait après m’avoir dit qu’il était désolé et que je lui sauvais la vie pour quelques heures, il s’est éloigné et ses hommes se sont approchés de moi. Cette nuit, j’aimerais l'oublier, mais je me souviens encore de leurs mains sur mon corps et de leurs…. Ils m’ont salie, bafouée, détruite et laissée usée et épuisée dans les bas fonds d’une impasse. C’est un propriétaire d’un restaurant qui m'a retrouvée à moitié nue, blessée et inconsciente. Cet homme m’a sauvé la vie en appelant les secours et en restant à mon chevet.

6. Aujourd’hui, Rolland est comme un grand-père pour moi et je suis comme sa fille à ses yeux. Parfois la vie réserve des surprises et pour aucune raison des liens se créer, il aurait pu partir et me laisser, il aurait pu me sauver et me laisser, mais au lieu de ça il a pris soin de moi comme jamais on a pu le faire.

7. J’ai mis un temps fou à me remettre de ce qui a pu m’arriver et je pense que dans le fond je n’en suis toujours pas totalement remise. Mon corps lui a entièrement cicatrisé même si je garde une cicatrice sur l’aine gauche provoquer par la lame de l’opinel de l’un de mes agresseurs, je garde également quelque trace des aiguilles qui ont transpercé ma peau, il y a maintenant dix ans, mais un coup de fond de teint et on ne voit plus rien. Bien que mon corps soit entièrement cicatrisé, je n’oublie pas ce que j’ai vécu et l’enfer que j’ai supporté à la suite de ce drame…  

8. Quand je me suis réveillé à l’hôpital cet homme était assis il dormait, mon réveil n’a pas été facile et ma panique a rapidement pris le dessus, mais il a su me calmer en quelques mots. J’ai voulu quitter l’établissement pour ne pas payer les soins puisque mes moyens outre ceux de ma famille ne me permettaient pas de rester dans un hôpital, mais Roland m'a directement rassuré en me disant que je ne devais pas m'inquiéter pour ça. J’avoue que sur le moment, je n’ai pas chercher à comprendre, mais par la suite j’ai compris qu’il a payé pour moi parce que mes parents enfin surtout mon père n’a pas voulu assumer une fille droguée et violée.

9. Le fait est que ma famille ne viennent pas à mon secours n’a pas été évident pour moi puisque j’ai vécu cela comme un rejet bien que dans un sens je suis celle qui les a rejetés en quittant la maison une année avant… La seule et unique fois où mon père est venu me voir a été pour me demander de ne pas attirer l’attention sur moi pour que notre image du moins son image et celle de mon frère et ma sœur ne soit pas salie par les déboires d’une mauvaise fille. J’ai accepté sa requête, la colère et la rancune de son absence à mes côtés à la suite de ma chute en enfer à fait en sorte que j’accepte sa demande et depuis je n’ai plus jamais eu l'occasion de le voir ni même de le croiser. Je sais simplement que quelques millions se sont rajoutés sur mon compte certainement il espérait couvrir mes frais.

10. Je me doute que Rolland a dû recevoir un virement de mon paternel pour subvenir à mes besoins après tout une cure et tout le reste coûte une blind, mais je n’ai jamais cherché confirmation auprès de celui-ci puisque pour moi ce qui compte, c’est qu’il ne m’est pas laissé au moment ou j’avais le plus besoin de quelqu’un.

11. Je n’ai jamais porté plainte simplement parce que j’avais accepté la requête de mon père qui était de ne pas faire de vague autour de notre nom et porter plainte avait attirée l’attention, j’ai simplement souffert en silence en rêvant d’une vengeance que je n’ai jamais pu assouvir. J’ignore ce qu’est devenu le mec qui je pensais était l’homme de ma vie, mais je sais qu’il ne vaut mieux pas pour lui que je le croise… J’ai toujours soif de vengeance malgré les 10 années qui se sont écoulées.

12. À la suite de cet incident, mes études ont été mises en pause pour une année entière, j’ai été en cure de désintoxe et j’ai vu un nombre incalculable de psychologues, psychiatre pour m’aider à m’ouvrir sur ce que je pouvais ressentir face aux viols collectifs. J’ai mis du temps avant de m’ouvrir et bien que j’ai pu le faire aujourd’hui encore, j’ai la sensation d’avoir des choses à dire, des choses que je ne parviens pas faire sortir. Mais je m’en sors et j’avance chaque jour.

13. Après cette histoire, j’ai laissé un homme entré dans ma vie, un homme que j’ai rencontré en centre de désintoxication avec lui tout était différent et quand il est sorti du centre avant moi ma volonté de quitter cet endroit pour le retrouver a été plus virulente qu’auparavent. À ma sortie, il était là avec Rolland et ma meilleure amie d’enfance qui malgré des mois de distance suite a sa désapprobation face à mon comportement était là. J’ai réellement cru que la vie me faisait un cadeau, mais j’ai découvert sans m’y attendre mon petit ami de l’époque dans mon appartement, dans mon lit avec ma meilleure amie. Il m’avait fallu une année pour me sortir de la drogue et m’ouvrir et découvrir cette scène à manquer de me faire chuter à nouveau, mais Rolland m’a sauvé une fois de plus en me forçant à venir vivre avec lui.

14. J’ai appris à la suite de mon emménagement chez lui qu’il avait perdu sa fille âgée du même âge que moi à cause d'un crash d'avion apprendre une telle chose m’a totalement retournée et ma motivée encore plus à me montrer digne de lui et de tout ce qu’il avait déjà pu faire pour moi.

15. J’ai finalement repris mes études en recommençant tout à zéro pour être certaine de ne pas avoir oublié quelque chose, je ne sais comment l’académie de médecine à bien voulu me reprendre, mais je pense que mon nom de famille à du jouer que mon acceptation et si, c’est le cas je crois bien que c’est la première fois que mon nom m’a été utile. Quoi qu’il en soit, j’ai repris mes études et j’ai passé mes examens les uns après les autres.

16. Malgré les remparts que j’ai pu construire autour de mon cœur pour éloigner l’amour, je reste une femme qui apprécie le plaisir charnel, mais il est pour moi compliquer d’avoir ce genre de relation simplement parce qu’il est hors de question qu’un homme prenne le dessus… Ce n’est pas que je n’aime pas, mais l’angoisse me gagne et faire une crise d’angoisse avant ce genre de plaisir n’est jamais réellement apprécier. J’entretiens quelques plans par-ci par-là, j’ai eu du mal à trouver des hommes acceptant ma requête d’être au contrôle, mais j’ai fini par trouver dans le monde du libertinage. Je ne pratique pas le côté libertin, mais je sais que là-bas les gens sont ouverts et qu’il m’est facile de trouver des hommes soumis. Ma psy pense que j’ai encore besoin de temps et qu’un jour je parviendrais à laisser un homme contrôler qu’il me faut juste du temps et surtout trouver l’homme en qui j’aurais confiance, mais j’en doute fortement.

17. Comme l’angoisse des hommes dominant est présente, j’ai essayé de passer un moment avec une femme, mais celui-ci a été un véritable échec et je me suis rendu compte que je ne suis pas attirée par les femmes. L’avantage du libertinage, c’est que quand on décide d’essayer on le peut et personne ne juge. Il est certain qu’en couple, je ne viendrai pas dans ce genre d’endroit puisque je ne partage pas, je suis du genre jalouse et ce qui est à moi m’appartient… Mais faudrait déjà que je sois en mesure de me mettre en couple.

18. Il y a quelques années j’ai rencontré une femme merveilleuse qui est rapidement devenue ma meilleure amie, elle ne m’a jamais jugé et j’ai toujours pu lui parler de tout ouvertement alors quand celle-ci à perdu la vie le choque a été immense pour moi. Aujourd’hui encore elle me manque chaque jour et je pense à elle tous les matins en me levant… Sa mort m’a d’une certaine manière rapproché de Sorën que je ne connaissais pas plus que ça puisque mon amie était finalement bien discrète sur sa vie privée, mais je sais qu’elle l’aimait réellement et qu’elle voulait faire sa vie avec lui après tout elle était sa femme… Aujourd’hui Soren est une bonne connaissance avec qui je discute via les réseaux sociaux, au départ on parlait de notre point commun et du manque qu’elle a laissé en nous quittant si prématurément et maintenant, les sujets sont variés.

19. Je n’ai pas beaucoup d'amies qui m'entourent puisque la méfiance fait partie de moi, je suis devenue dure quand il s’agit de compassion, mais les personnes présentes dans ma vie sont ce que j’ai de plus précieux. Mon meilleur ami est aujourd’hui comme mon frère et mon amie proche est comme une sœur. Rolland est toujours présent dans ma vie bien que je ne vis plus avec lui depuis deux ans maintenant. Il a trouvé une compagne pour mon plus  grand bonheur et je l’aide souvent au restaurant qu’il refuse de vendre.

20. Aujourd’hui, ma vie me semble parfaite et j’aime ce que je fais. Il me reste deux ans pour devenir une véritable chirurgienne, mais je sais déjà que ses deux ans vont être de belles années. Aujourd’hui, j’ai entamé et déjà consumé mes trente ans je ne peux pas dire que le pire est derrière moi, mais je sais que je suis prête à continuer mon chemin pour avancer avec les gens que j’aime et je sais que rien ne me fera baisser les bras.