Abigail || Bats toi pour ce que tu veux

Haaa la famille ! Ce doux cocon chaleureux où on grandit et où on s’épanouit… Wait ? Attendez un peu là ! Non non… on y est pas du tout… Vous vous êtes trompé de disque je crois.

L’alcool vous connaissez ? Ce doux breuvage qui petit à petit embrume votre cerveau à mesure que vous continuez d’en boire. C’est exactement à ça que carburer tes parents quand ils t’ont conçu. Et puis quel originalité… concevoir un bébé le jour de l’an. Si encore tu avais été un bébé voulu, cela aurait pu changer la donne. Mais même pas… Tes parents n’avaient absolument pas prévu ton arrivée. Pour preuve, quand ils se sont aperçus qu’ils allaient se retrouver avec un bébé sur les bras, il était déjà trop tard pour avorter. Alors tant pis, ils ont décidé qu’ils feraient avec cette « chose » et qu’ils verraient bien comment ça se passe quand elle arriverait. Le résultat c’est qu’on se demande comment tu es en arrivée où tu en es aujourd’hui avec un début de vie si triste.

Quand tu as pointé le bout de ton nez, l’espace de quelques heures ils étaient tout attendris et fiers d’avoir un enfant. Puis quand tu t’es mise à pleurer et qu’ils ne comprenaient pas comment te calmer, ils ont vite déchanté. Tu en as passé du temps à pleurer sans que personne ne vienne voir pourquoi. Alors à un moment, tu as arrêté de faire du bruit. Est-ce que cela a changé quelque chose ? Pas du tout. Il était déjà trop tard, tes parents n’avaient déjà plus aucun intérêt pour toi. Tu as donc grandi sans amour, seule dans ton coin, avec le strict minimum. En plus de cela, ton arrivée n’a rien arrangé à leur problème d’alcoolémie. Tu les retrouvais régulièrement à moitié endormis par l’alcool sur les fauteuils du salon miteux de votre appartement des bas quartiers de Washington. Tu as donc rapidement appris à te débrouiller par toi-même quand tu fus assez âgée pour le faire. Tu en as fait des bêtises au départ, manquant de faire cramer la cuisine plus d’une fois et te blessant de nombreuses fois. Et comme si cela ne suffisait pas, cela mettait tes parents dans une colère noire et il n’était pas rare que tu prennes quelques coups ou que tu finisses enfermer dans le placard qui te servaient de chambre sans avoir pu prendre une douche ou encore sans avoir manger.

Quand tu fus en âge d’aller à l’école cela fût d’abord pour toi une libération. Cela te permettait de t’aérer l’esprit loin de l’univers toxique qui régnait chez toi. Mais tu as très vite déchanté là aussi. Tes parents ne se préoccupant pas de toi, tes habits laissaient transparaître la misère de ta vie. Alors très vite tu fis mis à l’écart par les autres. Personne ne voulait s’approcher de la petite fille sale comme ils disaient tous. Tu aurais pu alors choisir de prendre la fuite, de ne plus jamais mettre les pieds à l’école… après tout tes parents ne s’en serait jamais rendu compte, mais finalement tu as choisi de te perdre les études. Tu écoutais attentivement les cours, tu tentais de participer quand on n’essayait pas de t’en empêcher, tu te montrais comme une élève exemplaire. Bien sûr comme si la réputation de petite fille pauvre ne suffisait pas, tu pris aussi le rôle de la petite première de la classe qu’on déteste. Mais tu semblais tellement peu avoir connu le bonheur depuis ta naissance que très vite tu appris à ignorer tout ça, à ne plus y faire attention et à te concentrer uniquement sur ton objectif : devenir la meilleure pour réussir et sortir de ce monde misérable dans lequel t’avait plongé tes parents en te mettant au monde.

Heureusement pour toi, en grandissant, quelques personnes cherchèrent quand même à s’intéresser à toi et, bien que tu eusses du mal à les laisser t’approcher, tu te fis quelques amis. Ils étaient ta bouffée d’air frais, ceux qui te faisaient connaître un peu de normalité dans ta vie, qui t’aidaient quand rien n’allait et il n’était pas rare que tu ne rentres pas chez toi le soir, squattant de temps en temps chez eux pour vivre ne serait-ce qu’une nuit dans un monde meilleur, comme tu aimais le dire. Arrivée au lycée, tes objectifs étaient clairs : obtenir ton high school diploma avec mention pour obtenir une bourse afin d’entrée à la faculté de droit. Mais avant ça, tu connus un autre bonheur de la vie que tu pensais accessible qu’aux gens populaires : celui de succomber aux beaux yeux verts du grand-frère de ta meilleure amie. Une histoire sans lendemain, qui devaient rester entre vous et sans conséquences puisque vous étiez voués à ne plus jamais vous revoir.

Le jour de la délivrance arriva enfin ! Tu obtins ta bourse et pu partir en faculté de droit. Malgré tout, les galères étaient loin d’être fini pour toi. La bourse ne suffirait à payer toutes tes études. Devenir avocate était un parcours long et fastidieux. Alors avant de définitivement pouvoir dire adieu à tes « géniteurs », comme tu les appelais dorénavant, tu pris un boulot et cherchas à amasser suffisamment d’argent pour payer le loyer d’un tout petit appartement tout aussi miteux que celui que tu allais quitter dans une ville à quelques kilomètres de Washington. Ce qui t’importait à ce stade n’était pas le confort mais la liberté. Tu ne voulais plus à avoir à supporter la même vision chaque soir de deux larves assommées par l’alcool devant une télé restée allumée toute la journée et qui, lorsqu’elles trouvaient la force d’articuler deux mots c’était soit pour te faire des reproches soit pour s’engueuler entre elles.

Pendant les années qui suivirent ta vie ne se résuma plus qu’à tes cours et à ton boulot. Tu cumulais un taux de fatigue auquel tu t’étonnais encore de pouvoir survivre. Était-ce ces quelques moments de répits que tu t’accordais en te tapant certains clients du bar ou tu travaillais ou encore en arrivant à trouver une soirée de libre pour participer à une fête qui t’aidaient à tenir ou juste cette volonté de réussir qui t’animait ? Tu n’en sais rien mais quoiqu’il en soit, tout ceci fût anéanti en l’espace d’un soir. Alors que tu avais fait la fermeture du bar et que tu rentrais tranquillement dans les rues endormies de la ville, un homme te tomba dessus et commença à chercher à te déshabiller. Tu restas tétaniser par la peur et tout son refusa de sortir de ta bouche. Alors que tu voyais l’inévitable arrivait, pour une raison que tu ignores toujours, l’homme parti en courant et disparu à jamais. Tu avais échappé au pire ce soir-là, mais tu fus quand même très traumatisée. Tu enchaînas les insomnies, tes notes dégringolèrent… et tu ne trouveras finalement comme seul refuge que la drogue. Au départ tu dois l’avouer, cela eut l’effet escompté. Même si tu ne fermais toujours pas l’œil de la nuit, tu avais assez d’énergie pour continuer à cumuler école et boulot. Mais après quelques mois de consommation intensive, tes notes recommencèrent à chuter. Il te fallut un moment avant de réussir à te rendre à l’évidence que c’était la drogue qui embrouillait ton cerveau. Alors avec beaucoup de difficultés et de nombreuses rechutes, tu finis par réussir à te sortir de cette addiction.

Cet enchaînement de mauvaises expériences t’amena à te refermer une nouvelle fois sur toi-même, comme lorsque tu étais petite, et ne te concentrer plus que de nouveau à tes études et au boulot qui te permettait d’éviter de crouler sur des crédits que tu ne pourrais jamais rembourser. Si pour beaucoup cela pouvait ressembler à une bien triste vie, tu dois admettre qu’au moins cela t’avait permis d’arriver au bout de tes objectifs : l’examen du barreau était tout proche et tu venais d’être embauchée en tant que stagiaire dans un cabinet de Washington que tu convoitais depuis quelques temps déjà. Ce stage te permis de quitter ces petits boulots pour lesquels tu n’avais aucun intérêt et revenir vivre à Washington. Tu commençais enfin à voir le boulot du tunnel de tous ces efforts et sacrifices. Mais avant de pouvoir enfin savourer, il fallait encore que tu te concentres sur ton examen. Tu bossas comme une acharnée, au point de parfois t’endormir avant même d’avoir eu le temps de passer à l’acte avec tes conquêtes. Puis le verdict tomba : tu étais admise ! Tu devenais officiellement avocate du barreau de Washington, ce qui te permettait par la même occasion de signer officiellement un poste dans le cabinet où tu effectuais ton stage. Tu avais réussi !! Et cette victoire tu ne la devais à personne, seulement à toi !

Voilà maintenant 4 ans que tu as obtenu ton examen et que tu connais enfin un peu de stabilité, bien qu’il te reste encore quelques crédits à rembourser. Tu as pu te prendre un appartement un peu plus grand dans le quartier que tu voulais et tu as su faire tes preuves et monter en grade toujours dans le même cabinet. Toutefois, il y a quelques mois, alors que le cabinet était en pleine phase de recrutement, tu ne t’attendais pas à voir Connor Bennett débarquer. Qui est Connor ? Le fameux grand-frère de ta meilleure amie avec qui tu as passé juste une nuit à l’époque du lycée. Cette fameuse histoire sans conséquence car vous n’étiez pas censés vous revoir un jour…