-- Tout est intense et mordant, comme le froid et le vent.

1. Elle aimerait parler d’amour quand elle évoque sa conception ; pouvoir dire être issue d’un sentiment fort entre deux adultes consentants et amoureux, une envie partagée de créer l’apogée de leur bonheur commun. Foutaise. Sa mère a choisi un géniteur dans un magazine auprès d’une banque de sperme pour créer un bébé sur mesure ; fin de l’histoire. Pas de belles balades romanesques, juste une femme célibataire souhaitant combler un manque affectif ? Est-ce que c’est ce que Junon est à la toute base, un simple bouchon pour obstruer un trou ?

2. Née dans la matinée d’une belle journée au tout début de l’été ; sa mère, Eileen Powell, médecin urgentiste l’a tout de suite choyée comme si elle était un petit miracle, son petit miracle. Bébé en bonne santé sait se faire entendre et ça dès ses premières heures de vie puis toutes les années qui ont suivi. On lui a donné le prénom d’une déesse et traité un peu comme tel aussi ; ce que bambin voulait, bambin l’obtenait toujours.

3. Enfance pour le moins banale ; sa créativité et son intérêt pour le dessin se sont manifestés très tôt ; amatrice des pastels et de pâte à modeler dès ses trois ans puis elle s’est rapidement intéressée à tout ce qui pouvait entrer en sa possession et lui permettre de canaliser ses idées. Stylos, crayons de couleurs, pinceaux, aquarelles, argile, pâte à sel, fusain, tout devient sujet à s’exprimer entre ses petits doigts de fée.

4. Les crises d’anxiété ont commencé à l’approche de son quatorzième anniversaire ; des symptômes violents tels que des vertiges, nausées, évanouissement, fatigue et tremblements. On croit tout d'abord à des crises d'épilepsie ; mais à la même période la gamine se fait harceler très sévèrement à l’école pour tout et n’importe quoi par ses camarades. Ses tenues vestimentaires jugé comme garçon-manqué, ses cheveux crépus indisciplinés, sa couleur de peau. Tout est sujet à se moquer, à la rabaisser et autant dire que c’est que le début des emmerdes. Sur les réseaux sociaux elle reçoit des messages de menace de mort des insultes par centaine, à tel point que la jeune fille se referme totalement sur elle-même, développant une véritable phobie scolaire et sociale, à la limite de l'anthropophobie.

5. Les professeurs remarquant un décrochage scolaire sévère vers ses quinze ans, c'est tout naturellement qu'on a vivement conseillé à la mère de l'adolescente d'envoyer cette dernière consulter un psychiatre pour apaiser son mal-être ; pour la calmer on ne cherche pas à vraiment comprendre le fond du problème et le verdict est sans appel ; face à son agitation psychique et physique très forte, on lui donne des médicaments. Au début tout allait mieux, ses émotions et ses ressentis sont atténués, ce qui l'arrange dans un sens. Comme ensuquée en permanence par des anxiolytiques, la gamine réussit à passer outre les moqueries, outre son malaise en société. Plus rien ne l'importe vraiment à vrai dire et ça en dépit du fait que son accoutumance et sa dépendance sont grandissant.

6. À ça s'ajoute le fait que la jeune fille se met à fumer ; elle a environ seize ans lorsqu'elle déguste son premier joint et la sensation qu'elle en tire est à la fois intense et rassurante. La gamine intègre un nouvel établissement pour ces deux dernières années à l'école élémentaire et rejoint un nouveau groupe d'ami qui la conforte dans ce sens ; loin d'être populaires ou recommandables, ils lui apportent cependant une certaine stabilité et lui donne la sensation d'être à nouveau bien entourée. Elle participe à des soirées où la drogue et l'alcool coulent à flot ; Junon se sent enfin libre, mais à quel prix.

7. Évidemment sa mère n'est pas dupe et elle finit par se rendre compte de l'état dans lequel se trouve sa fille ; le retour à la réalité est par ailleurs d'autant plus brutale que sa méthode pour soigner sa fille ne l'est aussi. Pendant les grandes vacances l'été de ses dix-sept ans, la gamine intègre un programme de "Summer camp" et se retrouve en pleine nature pendant deux mois. Autant dire que le sevrage n'a rien d'aisé au milieu de toute cette arborescence, mais cela permet à la gamine de voir autre chose. Et étrangement, passée les deux premières semaines particulièrement difficile, l'immersion est totale et la jeune fille se surprend à être vraiment enthousiaste ; jusqu'ici ses voyages s'étaient concentrés sur l'Angleterre, le pays natal de sa mère et quelques petites escales par-ci et par-là. Mais là, c'est la toute première fois que la jeune fille est séparée de sa mère et de toute civilisation ; peut-être que c'est ça finalement, la véritable liberté.

8. Sa dernière année à l'école se déroule sans encombre et ses travers ne semblent être plus qu'un lointain souvenir ; toujours solitaire, ses notes ne sont pas exceptionnelles mais de toute façon l'adolescente ne se destine pas à un parcours standard. Par la force des choses et surtout grâce à ses compétences artistiques, la jeune fille réussit à obtenir une bourse pour intégrer le prestigieux parcours d'art à la Corcoran School of the Arts and Design de la George Washington University l'année suivante. Soucieuse de son bien-être sa mère est souvent sur son dos mais malgré cela tout semble aller pour le mieux ; cependant ne dit-on pas qu'il faut se méfier de l'eau qui dort ?  

9. Chassez le naturel et il revient au galop ; les bonnes résolutions durent un temps mais l'anxiété qu'engendre ses études et son début de vie d'adulte la rattrapent et elle retombe vite les deux pieds dans le plat dans ses mauvaises habitudes. Se voilant la face la jeune femme s'est laissée convaincre que son addiction est révolue et qu'elle peut stopper les joints et les médicaments quand elle veut ; cela lui permet notamment de se détendre et de mieux se concentrer et heureusement les doses prises sont bien moins alarmantes et dangereuses qu'auparavant, même si cela n'en reste pas moins préoccupant. Au fond l'étudiante sait que c'est mal puisqu'elle se cache bien d'en parler à sa mère.

10. Actuellement en deuxième année de sa formation, elle ne sait pas encore vers quoi se destiner plus tard ; tout l'intéresse et attise sa curiosité actuellement, aussi son parcours est pour le moment assez riche et multidimensionnelle dans le domaine de l'art et du design ; notamment peinture, dessin, sculpture, architecture ou autres matières plus graphiques. En dehors des cours, la jeune femme travaille également quelques heures par semaine dans une petite boutique de loisir créatif et met ainsi à profit toutes ses connaissances auprès des clients pour leur offrir les meilleurs conseils possibles. Malgré le grabuge dans sa vie personnelle, elle semble en tout cas trouver un certain équilibre dans sa vie étudiante et professionnelle.

11. Très complice avec sa mère lorsqu'elle était enfant, l'adolescence semble avoir quelque part altérée leur relation et il est aujourd'hui difficile de recoller les morceaux. Pour la jeune fille, Eileen représentera toujours sa seule famille et l'un de ses uniques piliers. Elle l'aime de tout son coeur mais ne se sent pas comprise par sa mère à cause de toutes leurs différences et de toutes les disputes qu'elles ont pu avoir par le passé ; sa mère étant particulièrement sur son dos depuis plusieurs années, la gamine a juste l'impression d'étouffer. Pourtant au fond elle rêverait de retrouver leur relation d'avant, de faire à nouveaux des tresses avec les beaux cheveux de sa maman et de partager toutes ses pensées et secrets comme quand elle était enfant.

12. Autre point sur lequel Junon a toujours été particulièrement difficile : la nourriture. Depuis toute petite, la gamine rechigne à manger de la viande, du poisson et pas mal d'autres ingrédients pour diverses raisons qui lui sont toujours propres. Quoi qu'il en soit elle s'est très vite affirmée concernant son mode d'alimentation, refusant catégoriquement d'avaler quoi que ce soit qui provienne du règne animal et ça dès le tout début de son adolescence. De ce fait la jeune femme doit prendre des compléments alimentaires pour éviter des carences. Par ailleurs elle apprécie particulièrement les sucreries et le chocolat, la plupart des fruits et des légumes, les patates et les lentilles sous toutes leur forme, mais il est hors de question de lui faire ingurgiter quoi que ce soit à base d'aliments gluants ou épicés, de coriandre, de vanille ou de cannelle par exemple. Elle ne supporte pas non plus le mélange sucré/salé. Son alimentation est de ce fait très saine, mais elle n'a jamais été une très grosse mangeuse et son métabolisme étant ce qu'il est, elle a en plus toujours eu énormément de mal à prendre du poids.

13. L'une des autres passions de l'étudiante est l'astrologie ; grande amatrice de jeu de cartes elle pratique par ailleurs le tarot et cela l'amuse beaucoup de tirer les cartes ou de faire le thème astral à ses proches et d'interpréter les résultats. Outre l'amusement passager que cela lui procure, c'est tout de même un sujet très sérieux à ses yeux ; elle croit véritablement à l'influence des corps célestes sur le façonnement du caractère d'une personne. Par ailleurs elle aime beaucoup représenter des soleils, des lunes et des étoiles dans ses oeuvres.

14. Sur le campus de l'université elle est ordinairement assez solitaire mais la jeune femme a tout de même fait quelques rencontres dont une bande de potes auquel elle appartient désormais. C'est encore trop récent pour qu'elle puisse affirmer qu'ils seront de nouveaux piliers dans sa vie mais elle se sent plutôt bien parmi eux et se surprend déjà s'investir énormément dans ses relations. Elle n'en est pas encore à tout leur raconter sur sa vie, elle a par exemple volontairement omis de parler de son passé de grosse toxicomane et des difficultés qu'elle rencontre en règle générale avec la drogue ; mais elle est en tout cas là pour eux, prêt à les défendre ou à en découdre pour affirmer ses idéaux.

15. C'est un sujet dont elle évite souvent de parler ; elle a eu quelques amourettes au collège et au lycée, déjà embrassé des garçons, tenus leur main en public et a même déjà fais quelques préliminaires. Mais elle n'est jamais allée jusqu'au bout, ses relations s'écourtant toujours assez rapidement. Aux yeux du monde elle n'expose jamais sa virginité parce qu'elle n'en est pas forcément fière et qu'elle craint la moquerie des autres à ce sujet. Elle pourrait bien s'envoyer en l'air avec n'importe qui juste pour ne plus avoir à complexer mais un tantinet romanesque, la jeune femme aimerait dans l'idéal que ça ait du sens et que ce soit un véritable moment de partage, pas une corvée dont il faut se débarrasser par honte.

16. Malgré ses occupations artistiques, la jeune femme s'est aussi laissée séduire par plusieurs activités sportives ; à ses huit ans, sa mère lui a offert sa première paire de roller quads et bien qu'elle n'y ait pas vu grand intérêt sur le moment, elle a fini par s'y intéresser et par apprécier en faire. Elle a même rejoins il y a un peu plus d'un an une équipe de roller derby se nommant les DC Rollergirls, avec lesquelles elle s'entraine une à deux fois par semaine ; cela lui permet d'apprendre à travailler en équipe, chose avec laquelle elle a beaucoup de mal. En dehors de ça, elle apprécie passer des weekend à plusieurs heures de la ville en pleine nature, surtout depuis son immersion au Summer Camp.

17. Elle a beau être assez calme et discrète en temps normal, Junon n'en demeure pas moins très engagée politiquement. Elle déteste les injustices, que ce soit à propos d'une orientation sexuelle, d'une religion, d'une couleur de peau, d'un genre, d'un handicap ; très tolérante et ouverte d'esprit depuis son plus jeune âge, notamment car sa mère est homosexuelle et à cause de pas mal d'autres facteurs dans sa vie, tous les combats pour l'affirmation des minorités sont très importants à ses yeux et elle n'hésite par ailleurs pas à manifester dehors, à reléguer des informations, ce genre de choses ; elle est aussi pas mal portée sur l'écologie et ses combats.

18. À cause de toutes les histoires qui oscillent autour de sa mère, Junon ne connait pratiquement pas sa famille. La jeune femme les a rencontré une seule fois en Angleterre, elle avait alors environ neuf ans et c'était pour l'enterrement de ses grands-parents. Autant dire qu'il a été assez difficile pour elle d'avoir de la peine tandis qu'elle ne les connaissait pas et que sa mère ne montrait pas forcément plus de tristesse ; elle a tout de même pu rencontrer ses cousins, ses oncles et ses tantes mais lorsqu'elle se remémore ce moment, c'est surtout un sentiment de malaise qui en découle.

19. Autant on peut louer ses facilités déconcertantes dans le domaine de l'art, autant pour ce qui est de l'apprentissage des langues et des sciences c'est une tout autre histoire. Il faut dire que Junon n'a jamais été particulièrement bonne à l'école, bien avant son décrochage scolaire dû à ses nombreux soucis, elle a toujours été "dans la moyenne" ; elle a fait le nécessaire afin de décrocher une bourse et pouvoir entrer à l'université mais aussitôt ses efforts récompensés, toutes ses connaissances se sont rapidement envolées et aujourd'hui elle serait bien incapable de résoudre une équation ou même de tenir une conversation dans une autre langue que la sienne. Elle a cependant toujours eu des facilités en géométrie dû à sa bonne représentation dans l'espace, ainsi qu'en histoire.

20. Basil est un petit chien de la race des schnauzer ; il est de couleur noir et la jeune fille est très attachée à lui. Il a trois ans, les Powell l'ayant recueilli dans un refuge juste après l'été au "Summer Camp" de l'adolescente afin de lui tenir compagnie dans cette mauvaise période de sa vie. Au final l'animal est un véritable membre à part entière de la famille et la jeune fille le considère comme son meilleur ami. Avant lui Junon avait déjà eu un autre chien, celui des voisins que ces derniers avaient abandonnés lorsqu'ils ont déménagé et laissé sur place ; c'était un Bichon Maltais qui a rejoins le paradis des animaux lorsque la jeune fille avait environ douze ans. Sa mort les a tellement affectée que la mère de Junon a grandement hésité avant d'en reprendre un deuxième.

En vrac : 21. Elle mesure un peu plus d'un mètre soixante quinze. 22. N'appréciant ni le café ni le thé (au plus grand désarroi de sa mère), elle préfèrera toujours un bon chocolat chaud. 23. Depuis peu diagnostiquée myope et astigmate, la jeune femme porte régulièrement des lunettes ou des lentilles, surtout quand elle est chez elle ou devant des écrans. 24. Son style vestimentaire a toujours été assez approximatif et considéré comme peu féminin ; il faut dire que la mode ne l'intéresse pas le moins du monde et rien ne vaut un hoodie trop large, un jean et une paire de baskets d'après elle. 25. Par ailleurs elle se maquille très rarement et ne porte pratiquement jamais de bijoux. 26. Tout comme sa mère, l'une de ses plus grandes fiertés sont ses cheveux. Elle les a longtemps détesté à l'adolescence à cause des moqueries mais c'est une époque révolue. 27. Toujours occupée à quelque chose et n'appréciant pas s'affaler pendant des heures sur son canapé à fixer un écran, elle accorde très peu de temps aux films et aux séries dont tout le monde raffole pourtant dans son entourage proche ou lointain ; elle connait bien quelques titres par simple culture générale et elle apprécie aller au cinéma de temps à autre, mais son éducation filmographique est clairement à revoir. Par contre, elle aime plutôt bien les dessins animés japonais et les mangas. 28. Peur bleue des abeilles et autres insectes volants à rayures jaunes et noires, car sa mère étant allergique, elle a toujours eu la crainte de l'être également et surtout s'en est méfiée comme de la peste depuis son plus jeune âge. 29. Elle aime bien jouer aux jeux vidéos mais seulement avec les autres, sinon ça la lasse très rapidement. Par ailleurs elle adore les jeux de société. 30. Elle ne danse pas trop mal quand elle se laisse aller. 31. Elle apprécie énormément la musique lofi et le rap. D'ailleurs elle a pas mal de flow quand ça lui prend. 32. Elle s'habille le plus souvent en friperie.