Esprit éclairé mais mode de vie sombre | Archie

Archibald Hartwig nait le 14 février 1976 dans une camionnette perdue au fin fond d'une petite ruelle malfamée de Washington. Père inconnu, mère prostituée, si la date de sa naissance inspirait l'amour, la vérité cruelle des faits, elle, était toute autre: son premier cri à peine poussé, la vie lui signalait déjà que son existence ne serait qu'une vaste ironie.

Il n'a jamais connu son père. Et si certains s'imaginaient leurs paternels en héros, véritables guerriers du quotidien capables d'ouvrir -à la bonne heure !- un pot de confiture, lui, s'imaginait les pires horreurs concernant son géniteur: Comment avait-il pu lui donner la vie si c'était pour l'abandonner dès son arrivée dans ce bas monde ? ça le dépassait.

 Sa mère ayant fui la Pologne, vivait dans la précarité la plus totale depuis quelques années. Ses papiers la déclarant comme polonaise, elle est plusieurs fois sommée de quitter le pays. Perdue, sans le sou, elle tombe pour les beaux yeux de celui qui, plus tard, la fera sienne. Elle qui rêvait de contes de fée déchanta bien vite, lorsqu'elle comprit les projets  qu'il avait pour elle.

Cependant résignée, elle finit par accepter et c'est dans cette atmosphère que nait son enfant quelques temps plus tard, d'un rapport non protégé avec un client. N'ayant aucune intention de laisser ce petit, elle continue en attendant de trouver mieux et en grandissant, Archie nourrit un profond respect pour ces femmes qui comme elle, n'ont que leurs fesses pour se défendre.

 Décidé à les protéger, il passe son concours et devient flic. Censé mettre les travailleuses du sexe derrière les barreaux, il enfreint plus d'une fois les règles pour aider ces femmes -parfois ces hommes-, n'oubliant jamais de faire appel à son libre arbitre: être trop sentimental, c'est jamais bon, dans ce genre de situations surtout lorsque l'on veut garder son taff.

Malgré son parti pris et ses choix souvent discutés par ses collègues, il devient lieutenant de police, et fait équipe avec Lizzie. Forte de caractère, elle lui a tout de suite plu. Elle savait ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. Au départ, peut-être avait-il envie de la zigouiller sur place. Mais le meurtre, c'est pas légal. Et puis franchement... il se serait terriblement ennuyé, sans elle et leur petit jeu de chien et chat.

Avant qu'il puisse le comprendre, Archibald était totalement sous le charme de la jeune femme qui savait très bien jouer avec lui et ses sentiments. Marionnette entre ses doigts, la relation était toxique, il le savait, mais avec elle, il se sentait en vie. Et on ne crache pas sur un peu d'adrénaline, lorsque notre vie nous semble un peu trop morose.

Cette relation aura duré cinq ans, avant qu'il décide de la demander en mariage. D'abord déçu par la réponse hésitante de la jeune femme, il finit par avoir un oui. Franc et massif ? pas certain. Mais il préférait se rassurer: ça ne pouvait qu'être l'émotion, qui la faisait douter !

Le grand jour arriva plus vite que prévu. Et ce qui devait être le plus beau jour de sa vie finit tout bonnement par être le plus gros cauchemar de son existence. Attendant impatiemment devant l'autel, c'est la soeur de sa fiancée, qui vint l'aider à se rendre à l'évidence: Lizzie ne viendrait pas. Elle s'était jouée de lui et n'avait aucune intention de se marier.

Ridiculisé devant sa famille et ses amis et profondément écoeuré par la situation, Archie se définit dès lors comme éternel célibataire. Incapable de se ranger -il n'en a pas envie non plus- , il passe son temps à passer de bras en bras, de paires de draps en paires de draps, sans se soucier du monde autour

 Après cette histoire, il n'a plus jamais entendu parler de Lizzie qui quelques jours plus tard donna sa démission du poste. Dès lors, il prend le parti de travailler seul. Au moins, il ne pourra s'en prendre qu'à lui même, si quelque chose le décevait: et puis, il était en théorie impossible de se trahir soi même, c'était tout bénef, non ?

Pendant quelques mois, il fut amené à travailler sans relâche sur une affaire impliquant un gang. Enquête au départ lancée à cause d'un règlement de comptes, il s'avérait en réalité que les choses étaient toutes autres car non seulement de ce règlement de comptes, elle impliquait également un trafic d'armes où d'énormes intérêts étaient en jeu.

L'intervention fut préparée de longs mois. Rien n'était laissé au hasard, chacun savait ou était sa place. Pourtant, il fut grièvement blessé d'une balle dans le torse et a du arrêter sa carrière de lieutenant après cet incident. Il a mis de longs mois à pouvoir se remettre définitivement.

Choqué par la blessure qui lui a été infligée, la dépression s'empare de lui. Sans son travail pour lequel il vivait, plus dure fut la chute: incapable de reprendre son poste, encore moins d'accepter sa condition, il boit et fume beaucoup trop, se laissant plonger autant qu'il le pouvait. Le but inavoué de la manoeuvre ? donner un coup de pied au fond de la piscine pour mieux remonter à la surface.

 Pour ce faire, Archie a du suivre une thérapie chez un psychologue. Nécessaire selon son entourage; aveu de faiblesse selon lui, il a tout de même tenu bon, ses divers rendez-vous ayant été, souvent, une véritable torture pour lui... et pourtant: dire qu'elles ne lui étaient pas bénéfiques aurait été mentir, malgré tout ce qu'il semblait bien vouloir dire.

C'est d'ailleurs pour ne pas craquer, qu'Archie s'est réfugié dans son passe temps de tout temps: le dessin. De l'enfance à aujourd'hui, il n'a eu de cesse de remplir des centaines de milliers de feuilles blanches. Parfois de mots. Le plus souvent, de dessins. Et du haut de ses quarante quatre ans, il n'est pas peu fier de cette imagination qu'il aime croire sans limites... peut être n'a-t-il pas tort...

Durant sa convalescence, Archibald passe de nombreux mois auprès d'un ami artiste, qui lui apprend son métier. D'abord pour le fun... Mais voyant le talent et l'engouement de son ami, comme véritable formation. Aujourd'hui, Archie est sérigraphe, c'est son métier, son refuge. Mêler travail et passion, il l'avait toujours fait, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait arrêter.

Bien qu'ayant raccroché il y a quelques années maintenant, cela n'empêche pas Archie d'aider ses amis et anciens collègues au commissariat, que ce soit pour des enquêtes épineuses, ou encore pour conseiller les petits bleus, tout simplement.

 Pas forcément légal, lui direz-vous ? certes. Mais l'accord tacite entre ses amis et lui, c'est encore ce qui lui permet de rester là, de ne pas perdre la main, tout simplement. Ce lien avec ce commissariat qui a été comme sa seconde maison est indispensable à son équilibre. Tout autant que le dessin ou la sérigraphie, d'ailleurs...

De façon générale, Archie a toujours voulu comprendre le monde qui l'entourait. Aussi était-il primordial pour lui de garder son esprit d'analyse, ses méthodes d'enquêteur. Mais ce que ses anciens collègues ignorent, c'est que s'il garde un esprit aussi particulièrement aiguisé, c'est aussi et surtout car il compte bien retrouver ce fumier qui a bien failli lui faire la peau. Archie ? il a soif de vengeance; et il est bien déterminé à faire la peau à cette ordure.