Camille ▷ Storm in the quiet...

 01) Tu es la deuxième d’une fratrie de trois, la plus mauvaise place d’ailleurs. Ta sœur, Isabel, l’aînée, le plus grand espoir de vos parents avec un destin qu’ils veulent tracés et ton petit frère, héritier prochain de l’affaire familiale et puis toi… Comment trouver ta place ? Il est vrai qu’enfant tu te posais beaucoup moins de question, tu vivais simplement, profitant de l’oisiveté familiale et de ta liberté parce que l’on attendait rien de toi. D’aussi loin que tu te souviennes tu as toujours adoré ta vie, et le fait d’appartenir aux hautes sphères de cette société. La relation avec ta sœur a toujours été chaotique. Plus jeune tu aurais voulu un lien avec elle, être Isa et Cam contre le reste du monde… Mais très vite il s’agissait plutôt de Isa et votre père contre le reste du monde Alors tu as voulu faire mieux qu’elle, montrer que tu la dépassais en tout point, tu étais plus jeune mais meilleure. Les bêtises que tu pouvais faire étaient mises au choix sur le dos de ta sœur ou de ton frère, et dans jamais te faire attraper. Naturellement, tu deviens la fille préféré de votre père, qui n’hésite pas t’encenser auprès de ta sœur et tu adorais ça… Si tu avais su… 02) Même si tu cherchais l’approbation de ton père, tu n’en restais pas moins extrêmement proche de ta mère. C’est elle qui t’a amené à tes premiers cours de danse, mais aussi à parler couramment espagnol et surtout à avoir un sens critique. Surement la meilleure chose à posséder dans ce monde, pour ainsi ne pas se perdre dans les beaux discours destinés à abuser de votre confiance ou à se servir de vous. Peut-être essayait-elle simplement de te mettre en garde même contre ton paternel d’une manière subtile. Mais tu étais si jeune, si envieuse de cette relation père-fille que tu idéalisais tant, sans connaitre tous les aspects de sa personne. 03) L’avantage d’être la file préférée c’est que quoique tu demandais tu l’obtenais. Tu l’as intégré extrêmement vite, si papa content, toi heureuse, c’était simple non ? Plus tu grandissais plus tu comprenais que tu n’étais pas la seule à se plier aux volontés de ton paternel… Certains aiment être respectés, lui inspire plutôt la crainte. Tu t’es toujours dit qu’il y avait un lien avec ses affaires et le fait qu’il ne lâchait jamais rien tel un requin refermant sa mâchoire sur sa proie. Tu l’admirais, tu enviais son aura charismatique et son aisance à l’oral, alors tu te les aies approprié. On dit que l’on apprend en observant les plus grands, c’est ce que tu as fait. Tu voulais en savoir plus, toujours plus, connaître les moindres petits secrets et les aspects de ses affaires qu’il ne montrait pas et qu’il ne t’a jamais montré. 04) Très jeune tu as compris que chaque personne possédait deux faces comme sur une pièce de monnaie. L’une d’elle publique, visible de tous, et l’autre privée, qu’il valait mieux garder pour soi… La société a fait que l’apparence est devenue le leitmotiv de tous… Qu’importe ce qu’elle peut dissimuler tant que tout ceci est agréable à la vue, tout est oublié, secondaire, pardonné. Tu as donc créés ta propre facette, celle de la petite fille modèle, sage, assidue… Mais dès lors que les projecteurs n’éclairaient plus ton spot tu te laissais aller à diverses espiègleries, en veillant toujours à ne jamais te faire prendre. Tu n’as pas du tout changé sur ce point-là. Le niveau adulte est bien plus intéressant que celui enfant et si tu t’y promènes avec facilité cela réside dans le fait que tu as deux ou trois coups d’avance, ou alors un joker dans ta manche pour assurer tes arrières. Observer, anticiper, agir. Serpentard aurait été ta maison sans le moindre doute… 05) Tu te souviendras toujours de cette journée, celle où ta sœur a décidé de tout plaquer et s’en aller. Ta première réaction fut la surprise, Isa qui été si complaisante, à ne jamais rien redire. S’en suivi le questionnement, qu’est-ce qui avait bien pu déclencher un tel revirement de situation ? Une bouffée délirante aigue peut-être ? Puis l’intérêt, tu pourrais prendre sa place… Du moins tu as essayé et ça a été un cuisant échec. Enfin la colère, après tout elle t’abandonnait. Certes vous n’aviez jamais réellement été proche, mais ça n’avait été pas faute de vouloir attirer son attention, de manière très maladroite et bien dissimulée tu peux en convenir… Ceci dit tu l’aurais voulu cette relation fusionnelle… Et là elle t’adressais un message d’avertissement et te disait de prendre soin de toi… Tu parles d’une grande sœur attentionnée ! Votre père n’a pas eu grand mal à t’interdire de la voir et dresser un portrait d’elle faux mais qui la faisait passer pour une ingrate et une égoïste. 06) La connaissance est source de pouvoir, tu l’as bien compris, mais force est de constater que l’école t’ennuie au plus haut point. Cependant pour la bonne image de la famille tu ne peux viser que l’excellence, alors tu triches. C’est aussi simple que ça ! Tu uses de stratagème divers et variés pour garder la pole position et t’assurer les félicitations de ton cher père. Si tu t’étais écoutée jamais tu n’aurais mis le moindre orteil à l’université mais « Les Jimènez ont des diplômes ! » comme si un morceau de papier était gage de qualité. Tu as fait beaucoup de première année cherchant ta propre voie. Rien qui ne te donne envie de continuer… Alors pourquoi rester ? Tout comme au lycée tu es cheerleader et que tu adores ça En étant honnête avec toi-même, si tu avais pu choisir, tu aurais tout fait pour entre à la Julliard School. La danse a toujours fait partie de toi, depuis que tu sais marcher, depuis que l’on t’a appris les premiers pas du tango, c’est ton phare au milieu de l’océan. L’instant de perdition dans ses notes qui s’entrechoquent laissant libre court aux mouvements nés de ton imagination. Tu apprends, tu te perfectionnes, tu t’améliores. 07) Une autre raison pour rester sur les bancs de l’université : les fêtes étudiantes bien évidement, incontournables ! Tu faisais partie de ces personnes organisant les soirées immanquables et qu’il fallait avoir parmi ses invités. C'était un entrainement de ta vie d’adulte car même sortie des études, concernant les diverses fêtes, il y avait toujours cette règle de : tu savais comment recevoir et en faire « the place to be », tu as des défauts, mais ta créativité et ton sens de l’organisation ainsi que tes contacts font que c’est toujours une réussite inoubliable. Bien évidemment, ta présence à celle des autres déterminait le caractère réussi ou non de la soirée. 08) Contre toute attente tu as décroché un diplôme… Enfin tu n’es pas réellement allée à tous les examens… Certains le font pour vous, il suffit d’avoir de quoi les payer… Oh mais tu peux le faire ! Donc pour parfaire à l’image de la parfaite Jimènez, tu as décroché un  Bachelor of Arts and Science en International Studies. L’avantage de voyager à travers le monde c’est que tu as pu te heurter à la barrière de la langue, mais surtout que tu as pu apprendre les rouages des autres langues et surtout beaucoup d’us et coutumes, très utile dans tes études. 09) Bien que partisane du moindre effort durant tes études, tu adores lire, mais lire réellement, pas simplement le résumé sur la page wikipedia. Tes deux domaines de prédilection : le fantastique et les romans policiers. Cela fait partie des choses que tu ne proclames pas haut et fort. On te voit plus avec un magazine de vogue entre les doigts qu’un roman de Dan Brown et pourtant… Il faut regarder parfois derrière la couverture fictive… Tout est toujours une question d’apparence. 10) Être la fille d’un magnat des affaires a énormément d’avantage, vous avez de l’argent à ne plus savoir qu’en faire… Les portes s’ouvrent devant vous sans que vous n’ayez besoin de les pousser… Vous voyagez aux quatre coins du monde… Vous expérimentez des tas d'activités différentes. Tu as un attrait particulier d'ailleurs pour la plongée sous-marine. Vous êtes courtisé par tellement de personnes d’horizons divers que votre carnet d’adresse regorge de tous corps de métier. Alors adopter le comportement de la fille riche et exubérante est une contrepartie acceptable. Après tout c’est le rôle qu’on attend d’elle non ? Sans compter que tu y prends un malin plaisir. 11) Ta vie te convient, tu aimes avoir de l'argent qui ainsi te permets de faire ce que tu veux, comme tu le veux. De pouvoir assouvir la moindre de tes fantaisies à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Mais surtout, il te permet d'entrée dans le monde des affaires... Un monde à tendance très masculine, ce qui est à ton avantage, car on ne t'attend pas là, et que dire de ton âge. Pourtant tu veux montrer ce que tu vaux, tu veux montrer que tu es la digne fille de ton père. Stratégie, mensonge, manipulation, tu excelles ! Tel un ouragan tu balayes tout sur ton passage sans te soucier des conséquences, comme ton père... 12) La confiance est une denrée rare et précieuse, tu ne la donnes que très rarement, instinct de préservation sans doute. Mais il faut croire que certaines personnes savent passer entre les mailles du filet, du moins… Certaines personnes peuvent être dispensées du doute. Pourtant ton paternel t’avait bien prévenu, en affaire il ne faut faire confiance qu’à son instinct, ne jamais se fier aux autres et leurs avis. Oui tu aurais dû… Mais tu as suivi un mauvais conseil aboutissant à un investissement foireux puis un autre et encore un autre jusqu’à ce que tu n’aies finalement plus rien à investir. Le plus difficile fut d’affronter ton père, tu n’oublieras jamais le regard qu’il t’a adressé lorsqu’il apprit tes mésaventures… C’est ce jour-là que tu as compris que quoique tu fasses, ça ne serait jamais assez. 13) Tant qu’à avoir tout perdu, autant profiter de l’hospitalité parentale… Tu es presque sûre que ta mère se cache derrière cette « bonté d’âme », qu’importe ! Tu prends et tu continues à jouer le rôle de la fille modèle au bras de ton père, c’est un peu comme si tu étais rémunérée pour ça non ? Et le dernier petit avantage… Tu bénéficias d’un lieu pour l’organisation de tes soirées… Un contrat tacite très avantageux… 14) Si ça ne tenait qu’à toi tu effacerais volontiers ce qu’il s’est passé lorsque ut as célébré ton 27ième anniversaire quelques temps plus tôt. Enorme fête, plutôt réussi d’ailleurs, si l’on fait abstraction de l’invité s’étant suicidé dans l’une des chambres de la maison. Qui était cette personne, et pourquoi cela t’échappe encore aujourd’hui. Tout comme le fait que ton père a été inquiété. Que venait-il faire dans cette histoire ? Tout ce que tu sais c’est qu’à son retour, il t’a mise à la porte sans le moindre ménagement. Ses mots raisonnèrent dans tout le manoir, chacun pouvant ainsi profiter de son discours froid, blessant et teinté de haine. En prononçant le mot « honte », tu ne pus t’empêcher de revenir des années en arrière et d’entendre la mise en garde de ta sœur. 15) Maintenant tu devais te débrouiller, autant dire que c’était aussi évident que demander à un rhinocéros de résoudre un rubik’s cube ! Le travail que tu trouvas fut un concours de circonstance, ils avaient besoin de quelqu’un parlant russe, et il s’avère que toi tu le parles, tu as toujours été douée avec les langues. Concernant ton logement... Tu compris très vite que ton père avait bien plus d’influence que ce que tu ne le pensais. Tes amis te tournèrent un à un le dos, enfin amis… Fréquentation avec apport mutuel conviendrait mieux… Tu as donc décidé de te tourner vers la seule personne non soumise aux volontés de ton paternel : ta sœur. Oui tu arrives la fleur au fusil en misant sur sa générosité… Tu en peux faire autrement, si ton optimisme décide de se faire la belle… Non, tu le sais qu’elle ne te refermera pas la porte au nez, après tout… Elle n’est pas votre père… 16) Le sens de l’orientation et toi ça fait 18 au minimum ! Google maps est ton meilleur ami et si tu dois te déplacer tu fais absolument tout en voiture. Il ne sert à rien de te demander son chemin, tu les perdras plus que tu les renseigneras. La plupart du temps quand on lui demande si tu es d’ici tu réponds en espagnol pour éviter qu’on ne te pose la question fatidique de la bonne direction. Tu as pourtant une excellente mémoire, mais alors les lieux, les rues etc… Pas le moins du monde ! 17) Une promesse est une promesse n’est-ce pas ? Pour la plupart des gens il suffit de promettre et ils tiendront ce qu’ils ont dit… Pour ta part tu distribues les promesses comme un fast-food vend des frites ! Tes promesses n’ont absolument aucune valeur et si vous vous arrêtez à ça vous êtes déjà le dindon de la farce… Le seul moyen à ce que tu tiennes parole est que tu donnes ta parole plutôt… Question de sémantique diront certains, possible, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit bien de deux formules distinctes avec lesquelles tu n’hésites pas à jouer… 18) Ta peau est couverte de divers tatouages, ton corps est une toile et es dessins dessus sont de l’art. À travers chacune des illustrations il y a un sens, une histoire, un évènement. Tu ne le fais pas pour les autres, tu le fais pour toi, une sorte de purgatoire et de célébration de ce qui a été. Des cicatrices viennent créer des reliefs sur ta peau, une au genou suite à un accident de vélo, une sur ton bras dû à une morsure de chien, mais la pire reste celle en bas de ton dos. Celle-ci tu la dois à ton ex… 19) Les émotions sont le fléau de l’humanité ! La plus dangereuse d’entre elle reste l’amour... Tu l’as expérimenté une fois, cette réaction chimique libérant un combo mortel d’hormones vous poussant vers cet être tant désiré, et vous y plongez corps et âmes, vous oubliant corps et âmes… Tu t’étais jurée de toujours te faire passer avant les autres, à te choisir toi, et pourtant tu es dans son ombre, sa marionnette qu’il actionne à sa volonté t’exhibant comme sa possession. Vos querelles sont blessantes, entendues, violentes, et pourtant tu restes et tu finis par courber l’échine et ployer sous son aura dominatrice. Tu l’aimes autant que tu le hais, tu le désires autant que tu le rejettes, tu te dis que tu pars et tu restes. Puis un jour tu le fais, tu oses enfin te libérer de tes chaînes dorées, mais il n’est pas d’accord avec ce choix, alors il te suit dans chacun de tes pas, tu peux changer de numéro qu’il arrive toujours à entrer en contact avec toi. D’abord des messages de rédemption, puis vient la négociation, pour finir par les menaces. Tu es partie, il t’a perdu, il le sait alors il va avoir cette dernière action, pour que tu ne puises à jamais l’oublier… Te voilà estampillée de ses initiales au creux de tes reins, ignoble cicatrice que tu ne dissimuleras pas pour te rappeler, la leçon que tu viens d’apprendre... Tu n’as pu te sortir de cette spirale qu’en faisant appel à ton père, qui à ce moment-là était encore ta police d’assurance. 20) La sous-estimer est une erreur assez commune, on te voit comme la petite chose fragile à protéger, celle qui ne sait pas se défendre seule ou qui n’osera pas avoir de répondant. Tu ne présumes pas de tes forces, tu sais utiliser ton environnement et tu n’hésites pas à jouer selon tes règles même si elles sont peu, ou pas du tout, conventionnelles… L’important n’est pas de participer il est de gagner… Tu connais le milieu dans lequel tu évolues, tu montres une faille et les autres s’y engouffreront, tu es celle qui sait exploiter les faiblesses des autres, la réciproque ne s’applique pas… Tu aimerais bien… Mais tu trébuches aussi et c’est alors que la rancœur fait son entrée, associée avec la vengeance, un mal plus que pernicieux. Elle est là à te ronger petit à petit pour envahir la moindre de tes pensées conscientes ou inconscientes, plus rien n’a d’importance si ce n’est le fait de renchérir, de frapper plus haut, plus fort, plus profondément… « Les Jimènez ont toujours le dernier mot »…