Malhone • The wolf may lose his teeth, but never his nature.

Il n’y a pas de début à l’histoire que je raconte. Pas plus qu’il n’y a de fin à celle que je m’apprête à vivre. L’insolente ivresse de mon ventre gourmand me pousse à venir vous hanter. Vous accaparer. Et sourire de votre fébrilité. Du champagne et des bonbons, on fête vos testaments.

Carrie Walton-Redflied : Ma mère m’aime. Parce qu’elle est obligée. C’est ma mère, elle ne peut pas ne pas m’aimer. Elle m’aime d’un amour forcé. Mais je sais, au fond, que je n’ai jamais été son souhait. Si elle ne m’avait pas fait, elle ne m’aurait jamais regardé. Aux yeux de ma mère, je suis mon père. Alors elle ne m’a jamais vraiment aimé. Ce qui, quand j’y pense, pourrait m’arracher une larme. Pourtant, mère ne me connait que trop bien. Mon regard fourbe, mes pensées machiavéliques. C’est elle qui reconnait le mieux mon masque d’ange, le diable en dessous. Plus le temps passe, plus elle tente de se rattraper des années sans m’apprécier. Parce qu’elle culpabilise de ne jamais m’avoir voulu.
Thomas Redfield  : Dire que mon père est un homme bien serait diablement mensonger. Mon père est un salaud, un connard, froid comme la glace et dur comme l’asphalte. Et qu’on dise que je lui ressemble, ça l’a rendu fier mon père. Notre affection est née de ce duel. Même si on ne s’en dit rien. Pourtant, je le vois quand il me regarde, qu’il est fier, mon père. Quand il parle de moi, son unique, l’honneur de la famille, son fils aimé.


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Né le 26 mars 1990 à Washington. Avec une cuillère en argent dans la bouche ? Avec le vaisselier tout entier, oui ! Je suis un accident, mais l’unique. Alors, forcément, ma naissance a été une fierté pour mon père. Lui, qui a connu de mondanités, de réceptions, de fêtes ostentatoires, je l’ai vécu en pire ou mieux. En plus grand. Moi et mes costumes De Fursac, et mes cravates, et mes chaussures italiennes. J’ai toujours apprécié ces soirées, comment pouvait-on ne pas les apprécier ? Je veux dire, tout les regards sont sur vous, vous faites parties d’une sorte d’organisation secrète, l’élite du monde. Ce qu’on fait là, nos ancêtres, l’entretenaient déjà. Alors oui, j’ai toujours adoré. Me promener avec une coupe de champagne à la main, séduire les filles d’ambassadeurs, les princesses, les aristocrates, et même les roturières. Pour négocier des contrats, manoeuvrer contre mes ennemis. Alors, oui, j’adorais les grandes réceptions et les soirées. Parce que je l’ai fréquenté toutes. Les mondanités, mon théâtre personnel. Mon jeu de marionnette. C’est là que tous mes talents de stratège se sont affinés. Et quand on trompe le monde tout entier, de qui voulez vous avoir peur ?
Stratège. Probablement un des mots qui me qualifie le mieux. Et ce n’est pas pour rien que dès mon plus jeune âge, je me suis mis à jouer aux échecs. C’est l’activité la plus fascinante qui soit ! Sérieusement, abattre un ennemi avec intelligence, en calculant, en manipulant, en ayant toujours trois coups d’avance dans la tête, c’est carrément bandant ! Ma mère ne m’a jamais battu, c’est encore plus jouissif, ma supériorité inébranlable. Et comme je suis promis à un avenir surveillé, cette faculté plait beaucoup à mon père. Parce que l’héritier, celui qui portera l’image de la famille, doit apprendre les métiers de la guerre. C’est comme ça. Les métiers de la guerre et de la politique. Stratégie et Séduction. Ça me va comme un gant non ? Alors, en entrant à l’université, naturellement, j’ai étudié les Relations Internationales, et la Science Politique. Tout en alliant avec une filiale obligatoire pour mon grand projet.
J’ai été diagnostiqué HPI à mes six ans. Ce truc que les gens appellent « surdoués ». C’est marrant, parce que quand vous regardez des articles, les HPI sont considérés comme les personnes les moins emphatiques de la terre, les moins propices aux émotions. Le cerveau est en constant ébullition, il saisit tout autour, comprend les choses vingt fois plus vite qu’un cerveau ordinaire, et absolument tout s’agence dans une linéarité parfaite, comme une opération de mathématique. Mais sans aucune humanité. Stricto sensu. Je veux dire, là où les gens s’embêtent à réfléchir aux émotions, aux qu’en diras-ton, à la douleur ou aux risques, moi je propose à mon cerveau une équation toute simple : la finalité, et mon intérêt. Et pour y arriver il faut, 1) Multiplier les plaisirs, 2) contrôler les gens notamment en leur faisant croire qu’ils ont plus besoin de vous que vous d’eux, 3) Avoir toujours trois coups d’avance et une solution de replis. C’est vous le gentil de l’histoire.

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En 2010, l’oiseau prend son envol dans ce monde qui ne l’impressionne pas. J’obtiens mon chez moi, et y fait régner ma loi. Etudiant compliqué mais très doué, je n’ai aucun mal pour enregistrer toutes les informations offertes dans mes cours d’université.

Le temps passe, passe et passe, et beaucoup de choses vont changer. Trois années, et me vient une envie trop longtemps enfouie. Reprendre contact avec ma famille paternelle suite à l’annonce du cancer de ma tante par alliance. Car pour savoir où l’on va, faut savoir qui l’on est. Pour savoir qui l’on est, faut savoir d’où l’on vient. Alors, je veux me rapprocher des miens. Reprenant alors, le nom de papa en premier. Au risque de vexer les coincés aux gros billets.

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Les années passent encore. 2015 : L’impitoyable Malhone ne fait que grandir comme requin pour l’océan des affaires. J’entre même dans la danse. S’allier a des personnes importantes qui vont pouvoir me sortir d’affaires, ou assurer mes arrières. J’avance seul, mais avec du monde dans mon sac à dos. Comme des cartes que je vais pouvoir sortir une à une si il le faut. Attention, je ne joue pas de tout le monde, j’en deviendrais réellement l’ennemi numéro un sinon.
Comme exemple, Aedan. C’est mon avocat, celui qui gère les aléas dans ma vie mais qui, est aussi un ami sur qui je peux compter depuis plus de trois années. Comme à ma rupture en 2019, après quatre longues années de relation sérieuse. Plus épanoui, plus amoureux, je viens lui dire adieu sans vaseline.

- L’amour n’est pas ce qui guide la vie d’un homme comme moi, mais papa me répète qu’il faut que je montre une fille respectable et puissante à mon bras. Et il se charge de me trouver la candidate idéale. Comme cadeau pour mes 30 ans, j’apprends que je suis promis à une jeune femme. Pas n’importe laquelle, la fille d'une famille que l'on côtoie depuis bien longtemps. Et si l'idée de finir comme mes parents me donne la nausée, au fil des mois je trouve que ce plan n'est pas si mauvais. Cette femme, elle m'intrigue, elle m'anime, elle vaut plus que toutes celles rencontrées. Et pourtant, elle me fait plier, et ne se dérange pas pour m'envoyer chier. Ce qui a le don d'encore plus m'aimanter.


Le Diable à la gueule d'Ange.

Gueule d’ange, gueule d’amour, yeux charmeurs, air naïf. Je souris tout le temps. Constamment. Comme si mon visage transpirait la bonté. Pour me rendre encore plus agréable à regarder. Personne ne me tient tête, parce que je peux faire mine de plier. Et par-dessous, sans que la personne ne s’en rende compte, je viens l’asservir, la dominer. Je suis un faux gentil, je peux passer pour le mec ouvert d’esprit, drôle, attachant, toujours là pour les autres, très humain. Ils ne savent pas, ils ne savent pas à quel point je suis calculateur, manipulateur, stratège. J’en profite, je tourne absolument toutes les situations à mon avantage. Si je n’ai rien à y gagner, alors c’est qu’elle ne mérite pas d’être vécue. Ma seule motivation est le profit. De préférence, la satisfaction des narcisses : être adulé et commander, sans le montrer. En faisant comme si ce n’était pas ce que je cherchais. Insoumis. Réfléchis. Intelligence du mal. Vous allez m’aimer, et vous n’avez pas idée d’à quel point vous allez le regretter.