Marnie ♥ Le temps fuit et sans retour emporte nos tendresses

1 | Tes parents, Josie et Michael, se sont rencontrés au lycée. Ils se sont mariés assez rapidement après, avant même d’avoir vingt ans, mais ont fait le choix d’attendre avant de fonder une famille. Ils avaient en effet tous les deux d’importantes ambitions professionnelles, et pour y parvenir, de longues études à terminer. Ton père est ainsi devenu chimiste, et ta mère océanographe. Ce n’est qu’une fois bien installés dans leurs professions respectives qu’ils se sont lancé dans le projet bébé.
2 | Tu es née peu après, par un beau jour de printemps. Ta naissance a été quelque peu compliquée, c’est pourquoi tu es restée fille unique. Mais tu étais un beau bébé, vigoureux et en bonne santé, et surtout, avec déjà une voix puissante. Tu étais plutôt calme dans l’ensemble, pour un nourrisson, tu as rapidement fait tes nuits, tu ne pleurais que très peu … mais quand cela arrivait, tout le quartier était au courant.
3 | T’as eu une enfance normale, heureuse, simple. Une vie de famille harmonieuse, une belle maison, des amis … T’étais plutôt bonne à l’école, du genre bosseuse. Tu prenais des cours de piano, et tu jouais au foot. T’étais une petite fille choyée et même gâtée par des parents qui t’adoraient plus que tout. Une période de ta vie que tu aimerais revivre, ces moments de douceur et d'innocence te manquent tant.
4 | Les premières années de ton adolescence étaient relativement similaires, si ce n’est que tes préoccupations avaient changées, comme pour tout jeune de cet âge là. Tu as commencé à t’intéresser aux garçons, aux fringues, tout en conservant un côté garçon manqué. Tu as continué le piano, et surtout le foot, malgré deux blessures assez sérieuses coup sur coup. Et surtout, tu as commencé doucement à t’interroger sur ton avenir. Tu ne te voyais pas faire de longues études comme tes parents, encore moins travailler dans un bureau toute la journée … Tu penchais vers le sport de manière professionnelle, mais le destin en a décidé autrement.
5 | Malheureusement, ce qui ressemblait beaucoup à une vie de famille parfaite s’est brutalement arrêté lorsque tu avais quatorze ans. Suite à un malaise, les médecins ont diagnostiqué à ton père un cancer. Malheureusement, la maladie était déjà bien avancée, et quelques semaines plus tard, ton père était mort. Dire que tu étais triste serait un euphémisme. Tu étais dévastée. Ton père était à la fois ton héros et ton meilleur ami, et tu as eu beaucoup de mal à te remettre de sa disparition.
6 | Puis un jour, t’as croisé un regard. Et cet instant est la cause de tout ce qui s’est passé ensuite dans ta vie. Le regard en question, c’est celui de Pablo. Ton premier amour, et sans doute le seul vrai que tu aies connu. Tu n’avais que seize ans, mais tu étais certaine d’avoir rencontré ton prince charmant, celui avec qui tu passerais toute ta vie. Le temps que vous avez passé ensemble était un peu comme un conte de fée. Encore aujourd’hui, ces souvenirs reviennent souvent te hanter, te rappelant l’espoir éphémère d’un bonheur infini.
7 | Vous étiez jeunes, naïfs, et insouciants. Et bien sûr, c’est arrivé. Tu es tombée enceinte. Tu avais seize ans, lui cinq de plus, mais vous vouliez y croire. Croire que vous seriez capable de fonder votre petite famille et de subvenir aux besoins d’un petit être. Pablo a commencé à cumuler les emplois, toi-même tu as pris un petit boulot en parallèle du lycée, parce qu’évidemment, si ta mère a fini par accepter, bien que difficilement, tes choix, il était hors de question que tu abandonnes l’école. L’espoir était permis, et même si vous saviez que la vie ne serait pas toujours simple, vous étiez solides et certains de pouvoir vous en sortir. T’étais heureuse, et persuadée que rien de pourrait venir ternir ce bonheur. Grave erreur.
8 | Du jour au lendemain, tu t’es retrouvée seule. Pablo a tout bonnement disparu. Comme s’il n’avait jamais existé. Pas un mot, pas une lettre, pas un appel. Tu n’as jamais su ce qui lui était arrivé. T’as essayé de signaler sa disparition, mais personne ne t’as jamais pris au sérieux. Encore aujourd’hui, tu ne sais rien. Peut-être est-il mort ? Ou peut-être, comme ta mère l’a toujours cru, qu’il a fini par réaliser la folie de votre projet et a pris peur, préférant s’enfuir que de faire face à ses responsabilités. Tu ne sais pas quoi croire. Les deux hypothèses sont toutes aussi dévastatrices l’une que l’autre. Et toi, tu t’es retrouvé ainsi dans une situation impossible.
9 | C’est comme ça que tu t’es retrouvée seule, enceinte jusqu’aux oreilles, à même pas dix-sept ans. Oh bien sûr, tu avais le soutien de ta mère, mais ce n'était pas pareil. T’avais comme l’impression qu’il te manquait quelque chose, t’avais plus envie de rien, ta joie de vivre n'était plus qu’un souvenir … Comment élever un enfant dans ces conditions ? Tu as longuement réfléchi, seule et avec ta mère, avant d’en arriver à une conclusion déchirante : tu ne pouvais pas le garder. Ce n'était pas raisonnable, tant pour toi que pour le bébé. Il était plus sensé de le donner en adoption, pour lui donner une chance d’avoir une vie de famille stable. Ça a été un déchirement pour toi de laisser l’assistante sociale emmener ta fille loin de toi, même si tu savais que c’était pour le mieux.
10 | Tu as mis du temps à t’en remettre. T’as repris l’école assez vite après l’accouchement, mais le cœur n’y était pas. T’avais plus envie, et surtout, t’arrivais plus à te projeter vers l’avenir. Sur aucun sujet. Ton avenir personnel ? Tu le voyais vide et solitaire. Ton avenir professionnel ? Maintenant que l’idée d’une carrière sportive était exclue, tu étais perdue. Jusqu’au jour où ta prof de musique au lycée t'a encouragée à prendre des cours de chant. Tu t’es lancé, et tu t’y es montrée très douée. T’as toujours aimé la musique, et particulièrement l’opéra, et même si ça te rappelait quelques souvenirs malheureux, l’idée de monter sur scène à l’opéra te redonnais un peu envie de vivre.
11 | T’as donc persévéré dans cette voie là, et après avoir fait tes armes sur les scènes locales, t’as postulé et été prise dans un prestigieux programme au Metropolitan Opera de New York, ce qui t’as permis de te produire sur une des plus grandes scènes du monde, avec les artistes les plus réputés de la profession. T’as gagné en visibilité, t’as commencé à te faire un nom dans le métier, et ta carrière était lancée. Aujourd’hui, elle est florissante, tu voyages régulièrement à travers le monde pour te produire sur les scènes les plus prestigieuses pour interpréter des rôles écrits pas les plus grands, et le tout, en t’amusant.
12 | C’est au cours d’un de tes nombreux voyages que tu as rencontré Jeff, un informaticien anglais. T’étais bien avec lui, et si tes sentiments à son égard n’ont jamais atteint l’intensité de ce que tu as pu ressentir plus jeune, tu étais heureuse avec lui. T’as mis du temps, cependant, à oser t’impliquer, à lui faire vraiment confiance. Mais t’as fini par y arriver. T’as déménagé en Angleterre, et vous vous êtes mariés. T’as cru que t’avais enfin trouver le bonheur que tu cherchais.
13 | Puis, dans l’ordre naturel des choses, vous avez voulu fonder une famille. Sept mois après vos noces, tu es tombée enceinte. S’il est évident que cette nouvelle a fait remonter en toi des souvenirs douloureux, tu étais véritablement heureuse. Être mère était devenue un rêve lointain pour toi, et t’allais enfin pouvoir l’atteindre. Jeff était lui aussi très heureux, aux petits soins, même, surtout au début. Quant à ta mère, elle était enchantée de devenir enfin grand-mère, cette fois dans des circonstances adaptées.
14 | Mais il faut croire que les fins de contes de fées, c’est pas fait pour toi. Ou bien tu attires les lâches. Jeff, à son tour, t’as abandonnée, enceinte de quatre mois. Et si tu n’as jamais su ce qui était arrivé à Pablo, cette fois, t’as eu droit à un mot. Une note, épinglée sur le frigo, disant en quelques mots que finalement, il n'était pas prêt à être père, et que vous seriez sans doute mieux sans lui. Un beau tissu de conneries, bien sûr. T’as appris plus tard, par une connaissance, qu’il avait tout simplement rencontré quelqu’un d’autre. Bâtard. Mais étrangement, si ça t’as évidemment blessée, ça ne t’as pas détruite comme la première fois. Est-ce parce que tu l’avais déjà vécu ? Ou parce que tu ne l’as jamais aimé comme tu avais aimé Pablo ? La question reste sans réponse.
15 | Cette fois-ci, en revanche, pas question de donner ton bébé en adoption. Tu gagnais bien ta vie, t’étais plus vieille et plus mature, et parfaitement capable d’élever un enfant, même seule. Peut-être que cela à aussi joué à réduire ta peine. Ta petite Daisy à ainsi vu le jour - douce ironie - le matin du 14 février 2018. Et t’as compris, en la voyant, que tu ne connaîtrais jamais d’amour plus fort que celui-ci. La tenir d’en tes bras à rouvert de vieilles blessures, et pendant un temps, tu refusais strictement de la lâcher, comme si une nouvelle fois quelqu’un allait venir l’emmener loin de toi. Mais cela à aussi quelque peu apaisé ton coeur. T’avais enfin de nouveau un vrai but, une vraie raison de vivre.
16 | Ce n’est que près de deux ans après que tu as eu des nouvelles de ton mari. Qui t’as envoyé les papiers pour le divorce. Pour les accompagner, une lettre pour expliquer qu’il voulait épouser sa nouvelle conquête parce qu’elle était enceinte, et que pour ça, il vous fallait divorcer. A aucun moment il n’a demandé de tes nouvelles ou de celles de la petite. L’espace d’un instant, l’idée de refuser de signer juste pour l’emmerder t’as traversé l’esprit. Mais ça aurait fait beaucoup de remous pour rien, et tu préférais le rayer à jamais de ta vie. T’es donc redevenue une femme libre.
17 | Avant la naissance de la petite, tu as quitté l’Angleterre, pour retrouver ton Amérique natale. T’as jeté ton dévolu sur la ville de Washington, sans trop savoir pourquoi. Mais tu t’y sens chez toi, et c’est tout ce qui compte. Ta mère, désormais à la retraite, a fait le choix de quitter sa Virginie natale pour venir vivre près de toi, afin de pouvoir profiter de sa petite-fille, et au passage t’aider en la gardant autant que possible lorsque tu travailles.
18 | Grâce à ton métier, tu te débrouilles dans de nombreuses langues. Tu parles ainsi plutôt correctement français, allemand, et italien, et tu connais un peu de russe et de tchèque. Et tu as bien l’intention de continuer à te perfectionner.
19 | Tu aimes tous les rôles que tu as eu la chance d’interpréter. Avec une petite préférence pour les rôles de garçons, assez nombreux dans ton répertoire. Mais tu as un attachement particulier au double rôle de Nicklausse et de la Muse des Contes d’Hoffmann. Un rôle que tu as joué dans plusieurs productions, et ce depuis tes débuts, et qui a grandi avec toi.
20 | En vrac : Même si tu as arrêté le foot depuis bien longtemps, tu restes une sportive assidue, notamment car ton métier requiert une certaine endurance. | Tu es particulièrement accro au yoga. |  Tu joues encore régulièrement du piano, notamment pour t’aider à apprendre tes rôles. | Tu as un chien, un Jack Russell nommé Frodo. | Tu détestes les champignons. | Tu n’as pas de télévision chez toi, mais tu es accro à Netflix.